Forêt domaniale de Lyons
![]() La forêt domaniale de Lyons est une des plus vastes hêtraies normandes, aux environs de Lyons-la-Forêt. Elle s'étend sur environ 10 700 hectares sur le Nord-Est du département de l'Eure et le Sud-Est de la Seine-Maritime. LocalisationElle s'étendait pratiquement jusqu'à Gisors et incluait les sept villes de Bleu[1] et la forêt de Bleu qui en a longtemps constitué une dépendance. Aujourd'hui, elle s'étend sur un espace délimité par les villages de Vascœuil à l'ouest, Lisors au sud, Neuf-Marché à l'est et Beauvoir-en-Lyons au nord. Patrimoine naturelLa forêt de Lyons est en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique[2]. HistoireAntiquitéÉpoque médiévaleLe « Pays de Bleu » avait acquis, dès le XIIe siècle, des droits dont bénéficiaient les modestes riverains de la forêt. Ces privilèges, « Coutume(s) des sept villes » furent précisés bien plus tard par le roi de France : faire paître les bêtes et utiliser le bois de la « Forêt des sept villes ». Dans deux chartes de 1305 dont les usages et coutumes vont rester en pratique jusqu'à la Révolution française, Philippe IV le Bel officialisa les droits des habitants de la forêt sans pour autant leur octroyer la propriété des terres qu’ils exploitaient. La forêt qui subsiste aujourd'hui est le reliquat d'un massif forestier ancien bien plus étendu qui couvrait jusqu'au Xe siècle le Nord du Vexin normand. Puis l'exploitation du bois et le défrichage (essartage) entaillèrent irrémédiablement le massif forestier. Le bois de hêtre, très recherché, était transporté par flottage sur la Lieure et l'Andelle jusqu'à la Seine où il était acheminé vers Paris ou Rouen. Utilisé sur place comme combustible, il permit également l'installation de verreries dès le XIIIe siècle. La dernière a fermé en 1878. Époque moderneEn 1790, elle est déclarée bien national et est livrée à la dévastation d'une exploitation anarchique. Époque contemporaineVers 1800, elle est dans un état critique, la coupe d'arbres trop jeunes empêchant sa régénération. Ce n'est qu'en 1826 que l'administration forestière, reprenant l'initiative d'une exploitation sévèrement réglementée, redonnera à la forêt de Lyons l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui. En 1999, la tempête Lothar l'a fortement touchée. En a lieu dans cette forêt une affaire criminelle où un lycéen nommé Alexandre Castaldo est abattu par ses camarades de lycée[3]. Une région verrièreL'importance de la forêt de Lyons a permis de développer pendant des siècles des industries, dont le bois faisait partie de la matière première essentielle. C’est le cas pour les fours à chaux, poteries, briqueteries, verreries,… Par les fouilles réalisées par l'abbé Cochet, il est possible de dire que les nombreux objets de verrerie usuelle, tirés du sol et des tombeaux, sont sortis de fours établis en Normandie à l'époque romaine. L’activité verrière a été particulièrement intense dans la forêt de Lyons du XIVe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle. 70 verreries s'installent en Normandie entre 1300 et 1789. Le premier site d'activité attesté est celui de la Fontaine du Houx à Bézu-la-Forêt, qui se déplace ensuite à La Haye, sur la même commune et fonctionne jusqu'en 1805. Un compte rendu au roi Philippe Le bel, daté de 1302, y fait référence. Elle était alors propriété du domaine royal, tout comme le château de la Fontaine-du-Houx dont elle dépendait. Philippe de Cacqueray[4] avait reçu de Philippe le Bel le privilège, plus tard étendu aux « Quatre Familles Verrières » de l'exclusivité de la fabrication du « Plast de Verre ». Quelques autres verreries :
Il existait à la veille de la Révolution vingt-cinq verreries en Normandie. Après 1789, seules treize d'entre elles poursuivent, tant bien que mal, leur activité. Une verrerie ne restait pas toujours au même lieu, car le bois et les fougères autour du lieu de production ne suffisaient plus après plusieurs années de travail à alimenter les feux pour la réalisation du verre. Le verrier demandait alors l'autorisation pour changer d'emplacement. Trois éléments sont nécessaires à la fabrication du verre : un élément vitrifiant, un élément fondant, un élément stabilisant. Le bois sous forme de cendre, dans la forêt de Lyons du hêtre, la fougère et plus tard la soude de varech servent de fondant. Le sable provenant de la région de Forges-les-Eaux sert de vitrifiant. Le stabilisant se trouve être de la chaux, afin de rendre le verre insoluble dans l'eau. En 1685, « la plupart du verre de France se fait en Normandie dans la forest de Lions… »[réf. nécessaire] Les familles verrières Les verriers étaient obligatoirement des nobles et ils devaient obtenir des lettres-patentes royales. Quelques familles ont dominé cette activité : les Vaillant, les Bongars, les Cacqueray, les Brossard, les de Bouju. Les familles Vaillant, Cacqueray, Brossard et Bongars avaient le privilège de fabriquer le verre à vitre. Ils devaient fournir les vitriers de Paris et Rouen, mais en 1711, après le développement de l'activité sur Paris, il leur a été interdit sous peine d'amende. Seuls les gentilshommes verriers pouvaient souffler le verre. Ces familles, obligées de garder le secret de fabrication du verre entre eux étaient interdits de travailler à l'étranger. Des alliances se sont créées, par le jeu des mariages et de l'héritage, au point que ces grandes familles verrières sont toutes liées. La seule famille locale, les Bouju, maintient son activité jusqu'au XVIe siècle. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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