Fluctuat nec mergitur est une locution latine utilisée comme devise de la ville de Paris, signifiant « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas ».
Traduction
En latin, Fluctuat nec mergitur signifie « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas »[1]. On trouve aussi parfois cette devise traduite avec le verbe fluctuo rendu par « flotter »[2],[3], mais cette traduction est critiquée pour son manque de sens[4],[5],[6],[7]. Les traductions varient également sur nec : la conjonction est parfois rendue par « et ne ... pas »[8] ou « sans »[2],[3], plutôt que par « mais ».
Histoire
Fluctuat nec mergitur accompagne et fait référence au navire représenté sur le blason de Paris, symbole de la puissante corporation des Marchands de l'eau parisiens au Moyen Âge, et remonterait même jusqu'aux nautes de Lutèce, corporation très importante dans la ville durant l'Antiquité gallo-romaine. Cette devise rappelle « les dangers que Paris a courus, les terribles révolutions qui l'ont agité, les crises de toute nature qu'il a subies » et exprime « l'idée de vitalité, de force, de perpétuité qui caractérise la longue et glorieuse existence de cette ville »[9].
Elle apparaît sur des jetons à la fin du XVIe siècle, d'abord dans une version légèrement différente (Fluctuat at nunquam mergitur, « elle est ballottée, mais ne sombre jamais »[10]), sur un jeton de représentant un vaisseau qui, « battu par des vents qui le poussent en sens contraires, est retenu sur les flots par une main sortant du ciel »[11] ; puis dans sa version actuelle, aux côtés des armes de Paris, sur des jetons de , , , [11] et [12].
Georges Brassens prête ces mêmes qualités (« Ses fluctuat nec mergitur, c'était pas de la littérature ») au bateau Les Copains d'abord dans la chanson et l'album du même nom.
En , dans un autre registre, le groupe de rap 1995 sort une chanson intitulée Flotte mais jamais ne sombre, sur l'album Paris Sud Minute. En sort une autre chanson de rap, de Jazzy Bazz, intitulée Fluctuat nec mergitur[16].
La locution est régulièrement utilisée par les supporters, notamment les Ultras du Paris Saint-Germain, principal club de football de la capitale. En plus d'être une devise fédératrice pour le public parisien, l'idée de se maintenir à flot malgré les obstacles peut aisément illustrer le parcours d'une équipe sportive.
Devises d'autres villes
La devise Fluctuat nec mergitur est aussi attribuée par certains auteurs à Aimargues dans le Gard ; dans ce cas elle s'applique à la croix représentée sur le blason de la ville, et non à un navire comme à Paris[23].
Par ailleurs, Albert Uderzo a dessiné en le blason du Tartre-Gaudran, une commune aux confins de la région parisienne, dans les Yvelines, en s'inspirant du blason de Paris, le navire étant remplacé par un sabot ; il lui a donné la devise Nec mergitur item (« Il ne coule pas non plus ») par allusion à la devise de Paris[24].
Blason d'Aimargues, dont la devise est aussi Fluctuat nec mergitur, qui s'applique à la croix figurant sur ce blason, plutôt qu'au navire sur le blason de Paris.
Blason du Tartre-Gaudran, dessiné en par Uderzo, qui lui a aussi choisi la devise Nec mergitur item, en référence au blason et à la devise de Paris.
↑Le verbe latin fluctuo, fluctuare a pour sens premiers : « être agité (en parlant de la mer) ; être balloté par les flots » et le sens de « flotter » n'est que figuré (voir Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, Paris, Hachette, , p. 675 [lire en ligne]). Le verbe français flotter dérive bien de ce verbe latin, mais avec le sens premier tout autre : « être porté sur un liquide » (Le Petit Robert, ). D'où le manque de sens de cette traduction selon certains auteurs.
↑Henri Tausin, Les Devises des villes de France : Leur origine, leur historique, avec les descriptions des armoiries, Paris, Honoré Champion, , 428 p., « Fluctuat nec mergitur (Il est agité par les vagues, et ne sombre pas) (Devise officielle.) : La ville de Paris », p. 128–130 [lire en ligne].
↑Lazare-Maurice Tisserand, « Note sur les travaux du service historique de la ville de Paris » (séance du à la SHPIF), Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Île-de-France, Honoré Champion, vol. 3, no 3, , p. 92 [lire en ligne].
↑Philippe Lefrançois, Paris à travers les siècles, Calmann-Lévy, , p. 38.
↑Louis Dangeau, « Sceaux, devises et armoiries de Paris », Revue nobiliaire, héraldique et biographique, vol. 7, , p. 159–189, en particulier sur Fluctuat nec mergitur, p. 186–187 [lire en ligne].
Anatole de Coëtlogon et Lazare-Maurice Tisserand, Service historique de la ville de Paris, Les armoiries de la ville de Paris : Sceaux, emblèmes, couleurs, devises, livrées et cérémonies publiques, vol. 1, Imprimerie nationale, coll. « Histoire générale de Paris, collection de documents publiée sous les auspices de l'édilité parisienne », , chap. 2 (« Les devises de la ville de Paris »), p. 177–192, en particulier sur Fluctuat nec mergitur, p. 180–181 [lire en ligne] et p. 189–192 [lire en ligne].