Dans le domaine de la géographie, de l'aménagement du territoire et de la planification de l’espace maritime (cadrée en Europe par une directive[1]), une façade maritime est la zone marine située au large d'une côte, et son interface terre-mer, pour chaque « mer » (la France est ainsi divisée en quatre grandes façades[2]).
Selon la théorie géographique développée par André Vigarié, un port forme une interface (une zone de contact) entre un Hinterland (notion allemande pour désigner l'« arrière-pays » terrestre) et un Foreland (notion anglaise désignant l'« avant-pays » au-delà des mers). Cette théorie vaut pour un port isolé comme pour un groupe de ports formant une interface littorale : l'hinterland de cette façade est alors partagé.
Les ports d'une façade maritime peuvent se spécialiser pour être complémentaires entre eux, ou à cause de leur concurrence mutuelle. Cette spécialisation peut concerner un secteur économique (le port de Houston est par exemple spécialisé dans la pétrochimie) ou une fonction de hub (« moyeu » en anglais). Un hub est un port pratiquant surtout du transbordement, accueillant les plus gros navires transocéaniques (mothers-ship) pour faire des économies d'échelle, approvisionnant les autres ports de la façade grâce à des navires plus modestes (feeders : navires collecteurs)[n 1] faisant du cabotage[3]. Le port de Marsaxlokk, sur Malte, est par exemple un des hubs de la Méditerranée.
Le développement des infrastructures portuaires étant lié au développement économique de l'hinterland, les principales façades maritimes se trouvent logiquement dans les pôles de la Triade : l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie de l'Est. Des façades plus modestes émergent dans d'autres territoires, notamment dans le Sudeste brésilien, sur les deux façades indiennes, les deux façades australiennes et au Maghreb[4].
Façades nord-américaines
Les ports nord-américains peuvent se répartir en trois ou quatre grandes façades (Seaboard), selon qu'on considère l'ensemble que forment les Grands Lacs et l'axe du Saint-Laurent comme fluvial ou maritime[5]. Une autre approche est de répartir les ports en groupes plus petits (range : « rangée »)[6] :
Quatre façades maritimes ont été définies (Manche-Est - Mer du Nord[9], Nord-Atlantique - Manche Ouest[10], Sud-Atlantique[11] et Méditerranée[12]), correspondant aux zones marines qui bordent leurs côtes, chacune disposant d'un préfet maritime, d'une commission administrative dédiée[13], chargée de produire la position de l'État sur les sujets maritimes et littoraux de ladite façade (dont sur le document stratégique de façade et le plan d'action pour le milieu marin. Les Agences de l'eau et les conseils de rivage du Conservatoire du Littoral, les conseils de gestion des Parcs naturels marins, les comités de pilotage Natura 2000, certaines instances de gouvernance de syndicats mixtes, etc. sont aussi organisés en fonction des façades maritimes.
Avec l'ambition d'étudier en détail la façade littorale de la basse Normandie, un Centre d'Études et de Recherche sur la façade maritime a vu le jour en 1977[14]
Classement des principales façades
Il y a trois méthodes pour classer les ports et les façades :
soit en se basant sur le trafic total (entrant et sortant) exprimé en tonnes ;
soit en se basant sur la valeur totale des marchandises échangées ;
soit en comptabilisant seulement le trafic de conteneurs, exprimé en EVP.
Principales façades maritimes, classées selon le trafic total, en millions de tonnes[15]
↑Le nom des navires feeders vient de l'anglais to feed, « alimenter », car ces navires collecteurs alimentent en fret les autres ports ainsi que les gros navires trans-océaniques (les mothers-ship).
↑Les Américains considèrent la région des Grands Lacs comme une zone maritime.
↑Les ports de taille modeste ne sont pas comptés dans le total par façade.
Références
↑Directive 2014/89/UE du Parlement européen et du Conseil du 23 juillet 2014 établissant un cadre pour la planification de l'espace maritime.
↑Les zones marines entourant la France métropolitaine sont divisées en 4 façades maritimes en métropole (Manche-Est - Mer du Nord, Nord-Atlantique - Manche Ouest, Sud-Atlantique et Méditerranée).
↑Jean-Pierre Rissoan, « Quelques aspects de la vie maritime en Méditerranée : hydrocarbures et conteneurs », dans Vincent Moriniaux, La Méditerranée, Paris, Édition du Temps, coll. « Questions de géographie », , 399 p. (ISBN2-84274-177-3), p. 268.
↑Fatima Zohra Mohamed-Chérif et César Ducruet, « Les ports et la façade maritime du Maghreb, entre intégration régionale et mondiale », Mappemonde, no 101, (lire en ligne).
↑Michel Goussot, Espaces et territoires aux États-Unis, Paris, Belin, coll. « Belin sup. Géographie », , 239 p. (ISBN2-7011-3204-5), p. 213.
↑Alain Frémont, « L'Europe, puissance maritime », dans Clarisse Didelon, Claude Grasland et Yann Richard (sous la dir.), Atlas de l'Europe dans le monde, Paris, La documentation française, , 260 p. (ISBN978-2-11-007524-6), p. 133-144.
↑ex : arrêté inter-préfectoral du 9 juin 2016 définit le rôle et la composition de la commission administrative de la façade maritime Manche Est-mer du Nord (CAF MEMNor)
↑Clary D (1978) VI. Un Centre d'études et de recherche sur la façade littorale à l'Université de Caen. Norois, 97(1), 273-274 (résumé).
↑[PDF] (en) « World Port Ranking 2012 », sur aapa-ports.org (AAPA : American Association of Port Authorities).