Ernest Bersot, de son vrai nom Pierre-Aimé Bersot, né le à Surgères (Charente-Maritime) et mort le à Paris, est un philosophe moraliste et un journaliste français.
En 1852, ayant refusé de prêter le serment exigé des fonctionnaires à la suite du coup d'État du président élu en 1848, Louis Napoléon Bonaparte (), il est considéré comme démissionnaire et contraint de quitter l’enseignement.
Il continue d'habiter à Versailles, donnant des cours particuliers et collaborant à différents journaux. En 1859, il entre au Journal des débats, dont Saint-Marc Girardin lui confie la critique philosophique et littéraire.
« Comme philosophe, M. E. Bersot appartient à la grande école de ceux qui n'ont pas d'école : comme les Montaigne, les Vauvenargues, les Joubert, les Sainte-Beuve, M. Bersot a des opinions, il n'a pas de système. Il a des goûts et des préférences, mais il repousse la formule ; il en a horreur. Pour lui, philosopher, c'est penser et penser librement. C'est jeter en courant une vue personnelle et perçante sur la vie, les hommes et les choses humaines. Il est à la fois moraliste et psychologue : son livre sur Mesmer est un chapitre achevé sur la psychologie du merveilleux, qui est elle-même une partie d'une autre psychologie nouvelle, très à la mode depuis quelque temps, la psychologie de l'inconscient[2]. »
Le directeur de l'École normale
« Comme directeur de l'École normale, dans les discours de rentrée solennelle, en présence du ministre et des élèves, M. Bersot émet des principes de gouvernement qui pourraient avoir des applications plus étendues et s'appliquer plus haut. Nos hommes d'État devraient venir apprendre la politique à l'École normale ; ils y verraient appliquer l'art de rendre l'innovation douce et la conservation large, de marier la discipline et la liberté, l'ancien et le nouveau. C'est ainsi qu'il explique dans la perfection comment on entend à l'École normale l'histoire, la philosophie et les lettres, comment dans chacune de ces branches on peut introduire un esprit nouveau sans rien compromettre d'essentiel et sans sacrifier nos meilleures traditions[3]. »
Raymond Thamin
Le journaliste
« Bersot pratiquait le journalisme d'une façon peu commune, et qui le devient de moins en moins : l'article était longuement préparé ; et sa simplicité savante, sa parfaite mesure, le trait dégagé prestement, mais sans fracas, tout cela était l'effet d'un art qui ne s'improvisait guère, et qui réussisait à mettre d'accord ce qu'il y avait, dans la nature de Bersot, de malice et de bienveillance, d'ironie et d'émotion[4]. »
Principales publications
Doctrine de saint Augustin sur la liberté et la Providence (1843)
Du spiritualisme et de la nature (1846)
Études sur le XVIIIe siècle (2 volumes : I. Étude générale II. Études particulières. Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, 1855), reprise de :
La Philosophie de Voltaire, avec une introduction et des notes (1848)
Études sur la philosophie du XVIIIe siècle. Diderot (1851)
Études sur la philosophie du XVIIIe siècle. Montesquieu (1852)
↑Raymond Thamin, Philosophes, moralistes, écrivains et orateurs religieux in Histoire de la langue et la littérature française des origines à 1900, publié sous la direction de Louis Petit de Juleville, chap. VII, p. 470.
Voir aussi
Sources
Les éléments biographiques de l'article sont principalement issus de :
Théodore Reinach, « Ernest Bersot », La Nouvelle Revue, tome 3, 1880, p. 602-633
Bibliographie
Edmond Schérer, Un moraliste. Études et pensées d'Ernest Bersot, précédées d'une notice biographique, 1882 (Réédition : Elibron Classics, Adamant Media Corporation, 2001).
Émile Delerot et Achille Taphanel, Lettres inédites de Victor Cousin à Ernest Bersot (1842-1865), 1897 Texte en ligne
Ernest Bersot, Émile Zola, Salomon Reinach : notre École normale (textes réunis et présentés par Hervé Duchêne), , Paris, Les Belles lettres, 1994.
Félix Hémon, Bersot et ses amis, Hachette, 1911 (Études d'histoire morale collective[pas clair])