Enfance (Gorki)Enfance
Enfance (russe : Детство) est le premier récit de la trilogie autobiographique de Maxime Gorki, édité pour la première fois en 1913[1]. Né en 1868 et vivant, à l'époque de l'écriture de ce récit, à Capri, en Italie (de 1906 à 1913), l'écrivain raconte son enfance comme orphelin de père dans la famille aisée de son grand-père, Vassili Kachirine, à Nijni Novgorod, en Russie. SujetGorki se souvient d'évènements datant de 40 années plus tôt, comme de l'épidémie de choléra à Astrakhan, qui a emporté son père, Maxime Savattevitch Pechkov. Son frère, nouveau-né, également dénommé Maxime, meurt peu après sa naissance. Alexeï[2], avec sa mère Varvara et sa grand-mère Akoulina, remonte la Volga en bateau jusque Nijni Novgorod, où vit son grand-père Vassili, maître dans un atelier de teinture de tissus au santal et au sulfate de fer. En plus de son grand-père, vivent dans la maison familiale ses oncles Iakov et Mikhaïl et leurs proches (deux cousins et la tante Natalia). Vit aussi avec la famille un garçon de 19 ans qui a été adopté, Ivan Tsyganok. « La haine que chacun portait aux autres emplissait comme un brouillard épais la maison de mon grand-père ; elle empoisonnait les adultes et même les enfants la partageaient »[3]. Alexeï observe les querelles de ses oncles Iakov et Mikhaïl. Ceux-ci voudraient voir partager la propriété du grand-père, mais ce dernier les considère comme des inutiles et ne se précipite pas pour procéder au partage. La tante d'Alexeï, Natalia, lui apprend la prière du Notre Père. Le grand-père Vassili dirige sa famille avec grande rigueur. Alexeï découvre avec lui l'habitude d'infliger aux petits-enfants des châtiments corporels qu'il n'avait jamais connu du vivant de son père. Le premier à faire les frais de ces punitions est son cousin Sacha, le fils de Iakov. Il est fouetté par le grand-père pour avoir glissé un dé à coudre chauffé à la flamme au doigt de maître Grigori, qui est aveugle, puis d'avoir dénoncé Alexeï qui voulait imiter les ouvriers de l'atelier en teignant une nappe de table en bleu. Le grand-père fouette Sacha puis c'est au tour d'Alexeï de subir le même sort, jusqu'à en perdre connaissance[4]. Alexeï est déçu par sa mère lors de cette punition. Elle craint avant tout le grand-père et tient rancune à son fils. Après ces scènes de punitions, le grand-père veut réconcilier tout le monde. Il offre à Alexeï une pomme, du pain d'épice et une grappe de raisins secs. Plus tard, Alexeï apprend que Tsyganok a essayé de calmer le grand-père et de placer son bras de manière à ralentir son fouet, quand il frappait Alexeï. Il s'attache alors à Tsyganok. Mais bientôt, ce dernier meurt dans un accident. Un autre ami d'Alexeï lui apprend comment vaincre un garçon voisin à la boxe (« La véritable force est dans la vitesse du mouvement »). Contrairement à la mère, la grand-mère protège toujours le petit-fils, le choie et lui raconte des histoires. D'autres évènements surviennent chez les Kachirine : un incendie d'une partie de la maison, puis la mort de la tante Natalia lors d'un accouchement. Le grand-père commence à apprendre à lire à Alexeï en parcourant le livre des psaumes. Il lui raconte aussi les évènements vécus lors de l'arrivée de Bonaparte en Russie et les contacts avec des prisonniers français. Alexeï tombe malade de la variole, et on le place dans un grenier pour l'isoler. Il y souffre de cauchemars. Sa mère se remarie avec Evgueni Maximov et Alexeï a ainsi un beau-père. Toute la famille déménage et va s'installer dans une autre quartier de Nijni Novgorod à Sormovo. Alexeï va à l'école où il reçoit le surnom d'As de Carreau[5]. Il joue quelques vilains tours au pope professeur d'instruction religieuse. Heureusement sa réputation est sauvée quand l'évêque Chrysante remarque qu'Alexeï a une excellente connaissance du livre des psaumes А Sa mère donne naissance à deux enfants après son remariage : Sacha et Nikolaï. Le premier enfant meurt peu après. Son beau-père commence à tromper sa mère Varvara et une querelle éclate entre eux. Le beau-père bat sa femme et Alexeï pour protéger sa mère blesse l'agresseur avec un couteau à manche d'ivoire, le seul souvenir de son père[6]. Alexeï déménage chez son grand-père qui a pris une maison séparée pour lui. Il retourne à l'école jusqu'à la troisième année. Mais à l'école il a de nouveaux ennuis et se fait traiter de chiffonnier. Puis sa mère meurt. Après l'enterrement, son grand-père lui dit :
Personnages du roman
ConceptionsL'écrivain reconnaît la brutalité et la laideur de la vie sauvage à la russe dans son récit. Mais il souligne pourtant que la vérité est plus importante que l'apitoiement. Il dénonce la violence conjugale, les blagues cruelles des enfants qui persécutent des chats, la pauvreté, le vol, l'ivrognerie, les détestables et ignobles jurons russes. Toute cette réalité russe doit être connue pour pouvoir être arrachée à la racine de l'âme, de la mémoire, de la vie. L'écrivain espère que l'homme russe est suffisamment sain et jeune d'esprit pour supporter tout cela, le surmonter et renaître à une vie brillante et vraiment humaine[9]. CritiquesLe critique littéraire Ettore Lo Gatto remarque que dans les trois volumes de l'autobiographie de Gorki (Enfance (1913-1914), En gagnant mon pain (1916) et Mes universités (1923)) ne se trouvent pas de traces d'idéalisme et d'abandon romantique, mais seulement du réalisme. Gorki est parvenu dans son autobiographie à une parfaite objectivation dans la peinture des caractères et dans l'équilibre des analyses psychologiques. Cela lui valut un succès indiscutable. Gorki avait entre quarante-cinq et cinquante-cinq ans lorsque nostalgiquement il se livra à ce rappel de souvenirs, mais la richesse des impressions évoquées, leur précision, donne à cette trilogie une haute valeur documentaire psychologique[10]. CinémaNotes et références
Liens externes
Éditions
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