À la fin de la guerre, Bührle ne retourne tout d'abord pas à la vie civile, mais reste dans son unité, qui rejoint le corps franc du général Dietrich von Roeder[2].
En 1920, il épouse Charlotte Schalk, fille d'un banquier qui lui ouvre les portes de la Magdeburger Werkzeugmaschinenfabrik[2].
E.G. Bührle est envoyé en Suisse et s'installe à Oerlikon dans la banlieue zurichoise où il perfectionnera la fabrication de canons dans la Werkzeugmaschinenfabrik Oerlikon, usine créée en 1906[2].
En 1929, il rachète la moitié des parts de la fabrique puis en 1939, la totalité[3].
Dès 1938, conseillé par le marchand d'art Fritz Nathan[4], il réunit une importante collection d'art : entre des ventes d'armes importantes et des achats d'œuvres à prix « cassés », la période lui est particulièrement favorable. En 1939, sa fortune est estimée à 8,5 millions de francs suisses ; en 1945, elle s'élève à 170,6 millions[3]. De ses achats des années 1939-1945, treize se révéleront plus que douteux[5],[2], dont des œuvres ayant appartenu au marchand d'art juif Paul Rosenberg[2], et seront restitués ou rachetés.
En 1952, le marchand de tableaux parisien Max Kaganovitch le persuade de s'intéresser à la jeune peinture abstraite. C'est alors qu'il crée le Prix Bührle, décerné en 1952 à Joseph Pressmane, peintre franco-ukrainien, en 1953 à Bill Parker, peintre américain (tous deux de l'Ecole de Paris).
Vie privée
Cantonné à Magdebourg dans la maison du banquier Ernst Schalk, il fait la connaissance de sa fille Charlotte Schalk, qu'il épouse en 1920. Le couple a deux enfants, Dieter Bührle(de) et Hortense Anda-Bührle[1].
En 1937, il est naturalisé suisse, en devenant bourgeois de Zürich[6].
L'origine des collections de Bührle a suscité beaucoup de controverses. Le Kunsthaus de Zürich, qui a bénéficié de son argent et de ses collections (aujourd'hui exposées dans le nouveau bâtiment conçu par David Chipperfield), en a conscience et a essayé d'agir avec transparence. Dans un premier temps, la provenance de chaque œuvre de la collection est consultable en ligne[7]. Ensuite, l'institution a mené une enquête sur l'origine des œuvres dirigée par le professeur et historien de l'économie Matthieu Leimgruber[8]. Elle s'intitule Kriegsgeschäfte, Kapital und Kunsthaus. Die Sammlung Emil Bührle im historischen Kontext (Affaires de guerre, capital et Kunsthaus. La collection Emil Bührle dans son contexte historique) et a été publiée en 2021[9].
Cependant, l'installation de la collection Bührle dans le nouveau bâtiment en 2021 a suscité de nombreuses critiques, les recherches de provenance étant jugées partiales et lacunaires. La Ville de Zürich a donc demandé la réalisation d'une enquête extérieure[10]. Dans ce contexte, l'artiste Miriam Cahn a publié une lettre ouverte en décembre 2021 expliquant qu'elle voulait retirer ses œuvres du musée si la collection Bührle y restait sans remise en question[11].
↑Commission Indépendante d'Experts Suisse – Seconde Guerre Mondiale, La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale - Rapport Final (ISBN3-85842-602-4, lire en ligne)