Elsa KoeberléElsa Koeberlé Portrait à 17 ans par Lothar von Seebach (musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg)
Elsa Koeberlé, née à Strasbourg le et morte à Avignon le , est une poétesse et artiste-peintre alsacienne. Elle est notamment l'auteure de poèmes signés sous le pseudonyme Sybil O’Santry. Elle a été inhumée à la chapelle Notre-Dame de Belvezet du fort Saint-André de Villeneuve. BiographieIssue d'un milieu aisé, fille du chirurgien et professeur de médecine Eugène Koeberlé et de Jeanne Clémentine Henriet de trente ans sa cadette, elle se consacre très jeune à la poésie et participe à la Revue alsacienne illustrée (Elsässische Rundschau) avec Pierre Bucher. Elle quitte l'Alsace en 1914, puis rencontre Génia Lioubow avec qui elle partage sa vie, d'abord à Paris, puis à Villeneuve-lès-Avignon (Gard) où elle réside de 1916 jusqu'à la fin de sa vie. Ensemble les deux amies se passionnent pour la rénovation de l'abbaye Saint-André qui devient le cadre de leur existence[1]. Elsa Koeberlé se consacre alors à la peinture et reçoit ou entretient des correspondances avec des personnalités du monde des lettres et des arts. Pendant la Grande mondiale, Elsa fuit Strasbourg sans son père et part à Paris retrouver une connaissance qui se nomme Génia Lioubow avec qui elle entretenait une correspondance épistolaire. Elle fréquente ainsi de nouveaux milieux culturels. Ensemble, elles s'occupent d’œuvres de bienfaisance alsaciennes. À la fin de l'année 1915, elles quittent Paris en direction du Sud de la France dans le Grand Hôtel des Lecques à Saint-Cyr-sur-Mer. A leur arrivée, Elsa fait la connaissance d'un peintre et collectionneur français Gustave Fayet et ils se découvrent des intérêts artistiques et des amis communs. En 1916, les deux femmes emménagent à l'abbaye de Saint-André à Villeneuve-lès-Avignon, acquise par son ami Gustave Fayeʈ[2]. Ce cadre de verdure offre une magnifique vue sur le Rhône. Dans ce lieu à rénover, les demoiselles dessinent et peignent avec originalité l'abbaye avec des procédés inspirés des primitifs[3]. À la mort de son amie Génia, elle obtient l'autorisation auprès du gendre de son ami Gustave Fayet, le ministre plénipotentiaire Paul Bacou de l'enterrer dans les jardins de l'abbaye. Six ans après, elle meurt le 14 juillet 1950. La naissance d’une poétesseÀ 20 ans, Elsa envoie trois poèmes à Remy de Gourmont, l’une des personnalités les plus en vue du milieu parisien, et l’un des fondateurs de la célèbre revue du Mercure de France. Il lui répond en publiant trois sonnets dans sa revue, sous le nom qu’elle a choisi de Sybil O’Santry. Alors Elsa n’hésite pas et va rendre visite à Paris, à « l’ermite des lettres » qui tombe sous le charme de cette jeune Alsacienne à l’étrange personnalité[4]. En 1901, il lui écrit Je suis curieux de vous, surtout depuis que je vous aie vue. Deux personnes : une femme, un poète. Les reconstituer en une seule et même personne. Ne trouvez-vous pas cela un problème intéressant?[5]. Un an plus tard, toujours sous le même pseudonyme, elle publie au Mercure La Guirlande des jours. Les lecteurs découvrent la sensibilité passionnée de ses poèmes de tendance symboliste, tandis qu’au même moment, le docteur Pierre Bucher lui ouvre également les pages de la revue qu’il dirige, la Revue alsacienne illustrée. Et lorsque le Musée alsacien, dont Pierre Bucher est le principal fondateur, ouvre ses portes au public en 1907, Elsa y fait son apparition en costume de cérémonie alsacien. Elle assiste également aux représentations théâtrales données par la comtesse de Pourtalès. Mais entre deux fêtes, elle voyage, visitant l’Italie, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, le Danemark, la Tunisie et l’Espagne, rapportant des impressions qu’elle fixera dans ses poésies. Son cercle d’amis s’élargit. Certains peintres, tels Eugène Carrière, proche de la famille Koeberlé, et Georges d’Espagnat, frappés par sa personnalité, se plaisent à reproduire son portrait. Le jeune peintre Lothar von Seebach la représente en costume japonais dans une peinture sur toile datée de 1898. Elle est dépeinte dans un costume japonais tenant un éventail ouvert à l'arrière de la tête. Il s'agit probablement d'un déguisement lors des fêtes costumées dans le château de la Robertseau organisé par la comtesse de Pourtalès[6]. Des écrivains la remarquent. Francis Jammes, Charles Guérin, Anna de Noailles, Henri de Régnier lui écrivent. Dès 1908 elle collabore à la revue Vers et prose[7], dirigée par Paul Fort. Parmi son cercle d'amis, on retrouve madame Elly Heuss-Knapp qu'elle initie à la littérature française contemporaine[8]. Dans son essai de physiologie poétique : Muses d'aujourd'hui[9]; Jean de Gourmont la décrit comme une poétesse délicate «n’emprunt[ant] ses images à la nature que pour exprimer des états de sentiment», comme exprimé dans l'un de ses poèmes Guirlande des jours dont l'extrait est le suivant : Ta chambre était comme un paysage lunaire, Il y note également l'influence de Maeterlinck et de Verlaine dans ses vers. En 1910, Elsa se décide à publier sous son vrai nom; le recueil s’intitule Des jours. Deux ans plus tard, lorsque Pierre Bucher fonde sa propre publication, les Cahiers alsaciens, c’est à elle qu’il confie la rubrique “Lettres françaises”. Elle y présente notamment les écrivains de la Nouvelle revue française, Jean Schlumberger, André Gide, Charles-Louis Philippe, Alain-Fournier et Paul Claudel. Enfin, lorsque ce dernier arrive en Alsace, invité par Pierre Bucher à faire jouer sa pièce L’Annonce faite à Marie à Strasbourg, Elsa est encore aux côtés du docteur pour l’accueillir. En souvenir de cette rencontre, l’écrivain lui dédiera l’un de ses poèmes Sainte-Odile et lui fera don du manuscrit. Poésie
Livres d'artiste
Notes
Voir aussiBibliographie
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