Eugène Koeberlé, fils de Mathias, huissier royal, et de Catherine Kretz, et descendant d'une famille originaire de Saint-Hippolyte, naquit dans la maison no 273 à Sélestat (E.C. Sélestat, acte no 5), et passa son enfance dans cette dernière ville où il s'imprégna d'une culture humaniste.
Bachelier en 1846, il s'orienta d'abord vers la chimie et la physique puis vers le droit.
Finalement, en 1848, il opta pour la médecine, à la faculté de médecine de Strasbourg. Il réussit son agrégation de chirurgie en 1855 et fut nommé chef de travaux d'anatomie la même année.
À partir de 1862, il entama une brillante carrière de chirurgien qui lui vaut aujourd'hui encore une renommée mondiale.
En 1879, il se maria avec Jeanne Clémentine Henriet, de trente ans sa cadette, et eut une fille le , Elsa Koeberlé, poétesse et artiste.
Lors de la deuxième épidémie de choléra à Strasbourg en 1854 (la première épidémie de 1849 avait amené Pasteur à Strasbourg), Koeberlé sauva de nombreux malades en leur perfusant plusieurs litres de sang.
Le , Koeberlé extirpa un kyste ovarien d'une patiente et, par la suite, fut l'un des tout premiers à procéder avec succès à des hystérectomies sur des bases scientifiques.
Initiateur de la chirurgie abdominale et gynécologique, ses résultats furent remarquables. On venait du monde entier le voir opérer à Strasbourg à la clinique de la Toussaint devenue « la Mecque de la chirurgie abdominale[5] ».
Koeberlé doit ses succès opératoires notamment à la pratique pionnière d'une asepsie rigoureuse (avant même l'ère de l'antisepsie) et de l'hémostase par la mise au point d'une panoplie d'instruments dont sa fameuse pince hémostatique à cliquet, mais également par ses innovations dans les soins pré- et post-opératoires, le drainage abdominal, etc.
Œuvres archéologiques
Lors de sa retraite, Koeberlé s'intéressa d'abord au mur païen. Sur celui du mont Sainte-Odile, il découvrit et étudia une porte qui a gardé son nom, la porte Koeberlé.
Peu avant 1900, Koeberlé racheta le château de Lutzelbourg et, après l'avoir consolidé, entreprit des fouilles archéologiques dont il transcrivit le cours dans une monographie parue en 1909. Par la suite, il s'attela à la restauration du château et réédifia la salle néo-romane.
Hommages
En son hommage, son nom a été donné à une rue de Strasbourg et au lycée Docteur-Koeberlé de Sélestat, dont le fronton du portail d'accueil porte son effigie dans un médaillon en bronze posé en 1928, à l'occasion du centenaire de sa naissance[6]. Une plaque est apposée sur la maison où il mourut à Strasbourg. Le nom du docteur Koeberlé figure également sur une plaque dans le Home of Famous Surgeons à Chicago remémorant qu'il a été le fondateur de la « chirurgie propre ». Antoine Bourdelle a sculpté son buste qui se trouve dans la salle du Conseil de la faculté de médecine de Strasbourg[7],[8].
En 1908, à l'occasion de son 80e anniversaire, le sculpteur Jean-Désiré Ringel d'Illzach a gravé une plaquette commémorative.
Œuvres et publications
De la cataracte pyramidale, 25 p., Silbermann, Strasbourg, 1858, lire en ligne sur Gallica.
Essai sur le crétinisme, 90 p., Vve Berger-Levrault, 1862, (ASINB001C6YO62).
↑Cimetière Sainte-Hélène, Guide des cimetières no 4 de la Ville de Strasbourg, 2009, p. 93
↑Myomectomie : « La myomectomie consiste en l’ablation chirurgicale de fibromes utérins, sans l’ablation de l’utérus. »
↑[Frampton 2018] (en) chap. 4 « Patent Concerns, Unpatentable Procedures », dans Sally Frampton, Belly-rippers, surgical innovation and the ovariotomy controversy (série « Medicine and Biomedical Sciences in Modern History »), Oxford, Palgrave Macmillan, , 267 p. (lire en ligne [PDF] sur library.oapen.org), p. 93-130 (voir p. 100).
↑Dr Roland Pichevin, Le Docteur Koeberlé et son œuvre
Christian Hauger, Le Professeur Eugène Kœberlé, précurseur de la chirurgie abdominale moderne, (1828-1915), l'homme et son œuvre, université Strasbourg-1, 1986, 294 p. [thèse de médecine]
Louis-François Hollender, « Eugène Koeberlé (1828-1915), père de la chirurgie moderne », in: Annales de chirurgie (ISSN0003-3944), 2001;126(6):568-581, Texte intégral.
Louis-François Hollender et Emmanuelle During-Hollender, Chirurgiens et chirurgie à Strasbourg, Coprur, Strasbourg, 2000, 240 p. (ISBN2842080688)
Gustave Lévy, « Jubilé octogénaire du docteur Eugène Kœberlé », Revue alsacienne illustrée, Strasbourg, 1908 18 p. + pl.
Francis Mantz, Guide du mur Païen, La Nuée bleue, Strasbourg, 1992, (ISBN271650234X)
René Burgun, Jacques Héran, « Eugène Koeberlé (1828-1915), pionnier en chirurgie privée de la chirurgie abdominale », Histoire de la médecine à Strasbourg, La Nuée bleue, Strasbourg, 1997, (ISBN2716502196)
Maurice Kubler Le docteur Eugène Koeberlé (1828-1915), pionnier de la chirurgie abdominale, Annuaire des Amis de la Bibliothèque humaniste de Sélestat, 1961, pp. 125,137