Elephant Man (film)

Elephant Man
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Titre québécois L'Homme éléphant
Titre original The Elephant Man
Réalisation David Lynch
Scénario Christopher De Vore
Eric Bergen
David Lynch
Musique John Morris
Acteurs principaux
Sociétés de production Brooksfilms
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre drame biographique
Durée 124 minutes
Sortie 1980

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Elephant Man ou L'Homme éléphant au Québec[1] (The Elephant Man) est un film américain réalisé par David Lynch et sorti en 1980.

Ce film tourné en noir et blanc est une adaptation romancée des mémoires de Frederick Treves, le médecin qui prit en charge Joseph Merrick, surnommé « Elephant Man » (« l'homme-éléphant ») du fait de ses nombreuses difformités. Dans le film, le personnage porte le prénom de « John » Merrick, d'après la dénomination erronée dans les mémoires de Treves.

Le film est un succès critique et commercial. Il est nommé huit fois aux Oscars 1981, mais n'obtiendra aucun prix. Ce film engendrera cependant la création l'année suivante de l'Oscar des meilleurs maquillages. Il a cependant obtenu trois British Academy Film Awards et de le César du meilleur film étranger en 1982.

Synopsis

Photo du véritable Joseph Merrick.

En 1884, à Londres, John Merrick, dit « l'homme-éléphant » (John Hurt), est un phénomène de foire — comme nombre d'êtres humains affectés de difformités ou d'anomalies physiques congénitales graves — « appartenant » à un nommé Bytes (Freddie Jones). Intrigué par la terrible apparence visuelle de l'homme-éléphant, le Dr Frederick Treves (Anthony Hopkins), grand chirurgien de Londres, demande à Bytes de pouvoir l'examiner. Le praticien découvre alors un être âgé de 21 ans ne semblant pas pouvoir s'exprimer oralement, horriblement déformé, présentant d'atroces difformités monstrueuses que lui, médecin réputé, n'a, de sa vie, encore jamais vues de ses propres yeux.

Le Dr Treves « emprunte » alors l'homme-éléphant à son « propriétaire » pour quelques jours, contre une somme d'argent, et l'héberge momentanément dans une chambre de quarantaine de l'hôpital, le temps de l'étudier plus en détail et de le présenter à ses confrères lors d'un de ses cours d'anatomie de la faculté de médecine, détaillant ses effrayantes difformités corporelles. Il décide ensuite de le loger à l'hôpital, plus ou moins secrètement — avec l'accord du directeur de l'établissement, Sir Carr Gomm (John Gielgud), bien que réservé au départ —, dans une chambre individuelle, pour ne pas choquer les autres patients. Mais Bytes somme le chirurgien de lui rendre l'homme-éléphant, son « gagne-pain », ce que Treves refuse, soutenu par le directeur de l'hôpital.

Progressivement mis en confiance, Merrick se met à communiquer avec Treves, récitant un passage entier d'un psaume de la Bible lors de la première visite du directeur, et s'exprimant dans un anglais parfait, malgré les défauts de prononciation dus à ses lèvres et sa bouche, terriblement déformées, et révélant une grande sensibilité doublée d'une intelligence hors norme.

Cependant, le gardien de nuit de l'hôpital, un homme sans scrupules, utilise à nouveau Merrick comme phénomène de foire, afin d'organiser clandestinement des visites nocturnes, contre de la monnaie. Par hasard, Bytes rencontre le gardien de nuit au bar où celui-ci délivre ses invitations quotidiennes aux prostituées et aux alcooliques du quartier, tandis qu'un témoin signale ces agissements au Dr Treves, qui licencie aussitôt le gardien. Ce dernier résiste, mais Mrs. Mothershed, l'infirmière en chef, réussit à l'assommer. Malheureusement, Bytes parvient finalement à s'emparer de John et à l'emmener de force sur le continent, afin de l'exhiber à nouveau dans des foires, en Belgique, dans la région d'Ostende. Bytes multiplie les mauvais traitements et terrorise John, allant jusqu'à l'enfermer une nuit dans une cage à barreaux mitoyenne de celle de babouins agressifs. Avec l'aide des autres « phénomènes » du cirque, John parvient à s'enfuir de nuit, pendant que Bytes dort. Rejoignant Ostende, il prend un paquebot pour retourner à Londres.

À son arrivée, il est poursuivi par la population, comme on chasse un monstre ou un animal dangereux. Acculé dans des toilettes publiques de la gare de Londres, il hurle, dans sa détresse, qu'il est « un être humain ». Alertés, des agents de police lui viennent en aide et le ramènent à l'hôpital où il retrouve aussitôt le Dr Treves et la sécurité de sa chambre.

Après avoir assisté à un spectacle dans un grand théâtre, sur invitation de la grande comédienne Madge Kendal (en) qui l'a pris en amitié, John meurt en décidant de s'endormir « sur le dos », pour la seule et unique fois de sa vie, comme un « homme normal ». Cette position lui sera fatale, celle-ci l'empêchant de respirer. Sa dernière pensée est pour sa mère, lui disant « rien ne meurt jamais ».

Annotations

Les génériques de début et de fin du film précisent, respectivement :

« Ce film est une adaptation cinématographique de la vie réelle de Joseph Merrick, à partir du livre biographique The elephant man and other reminiscences du Dr Frederick Treves et du livre In part on the elephant man : a study in human dignity de Ashley Montagu. »

« Ce film est fondé sur l'histoire réelle de John Merrick, l'homme éléphant, et non sur la pièce du même nom ou sur toute autre œuvre de fiction. »

Fiche technique

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Distribution

Production

Genèse et développement

Il s'agit du premier film produit par la société de production de Mel Brooks : la Brooksfilms.

Attribution des rôles

Avant que John Hurt n'obtienne le rôle-titre, Mel Brooks envisageait de le confier à Dustin Hoffman qui venait d'être récompensé d'un Oscar pour son rôle dans Kramer contre Kramer et qui était intéressé par le projet. Mais pour le producteur Jonathan Sanger (en), il fallait que l'acteur ne soit pas trop connu, afin que les spectateurs ne cherchent pas à l'identifier[5]. David Lynch, quant à lui, avait pensé en premier à son acteur d'Eraserhead, Jack Nance, mais les prestations de John Hurt, dans L'Homme que je suis où il incarne Quentin Crisp, Moi Claude empereur dans le rôle de Caligula, et de Max dans Midnight Express achevèrent de convaincre les producteurs et le réalisateur qu'il était le seul choix pour le rôle de John Merrick[6]. Pour le rôle du docteur Treves, Anthony Hopkins était le premier choix de la production pour l'incarner, mais son agent n'était pas convaincu par le film. Alors que Lynch pensait confier le rôle à Alan Bates, le scénariste Christopher De Vore envoya le script directement à Hopkins, sans passer par son agent, qui exprima sa volonté de jouer dans le film[7].

Maquillage

À l'origine du projet, David Lynch avait entrepris de concevoir lui-même le maquillage de l'homme éléphant, mais le matériau utilisé, de la mousse de polyuréthane, s'avère impropre pour la réalisation des prothèses[8]. En catastrophe, Lynch décide de faire appel au maquilleur anglais Christopher Tucker (en), réputé pour ses maquillages pour des séries historiques de la BBC comme Moi Claude empereur[9]. Christopher Tucker conçoit ses prothèses à partir de mousses de latex posées en deux couches pour les parties osseuses et les parties molles[8].

Le maquillage de John Hurt est directement élaboré par le maquilleur à partir du moulage post-mortem de la tête de Joseph Merrick. Afin de prévenir d'éventuels imprévus à Christopher Tucker, la production décide de l'assurer à hauteur de deux millions de livres[8]. Comme les séances d'application des prothèses, réalisées par Walter "Wally" Schneiderman assisté de sa fille Beryl Lerman duraient à elles seules près de 7 heures — et qu'il en fallait presque 3 pour les retirer —, John Hurt ne s'alimente alors qu'à l'aide d'une paille. Il se repose assis exactement comme son personnage, durant des journées de travail de plus de 12 heures, ce qu'il endure malgré tout avec grand professionnalisme[8],[10]. Le tollé provoqué par l'absence de récompense aux Oscars 1981 pour la prouesse que représentait le travail de maquillage sur Elephant Man conduisit à la création d'un Oscar spécifique dont Rick Baker sera le premier récipiendaire l'année suivante pour son travail sur Le Loup-garou de Londres de John Landis[11].

Tournage

Le film est doté d'un budget de 5 millions, dont 4 sont collectés auprès de Fred Silverman de NBC[12]. Le reste provient d'EMI Films[13]. Le tournage a lieu du au . Il se déroule principalement à Londres (Butler's Wharf (en), gare de Liverpool Street, Tower Bridge, Clink Street (en), National Liberal Club, South Bank, Southwark, Broadgate, Lee International Studios, ...) et ses environs (Hackney, Shepperton Studios)[14].

Musique

La musique du film est composée par John Morris et interprétée par le National Philharmonic Orchestra. David Lynch utilise par ailleurs l'Adagio pour cordes pour Samuel Barber pour une scène clef du film. John Morris s'est opposé à l'utilisation de la musique, déclarant : « cette pièce va être utilisée encore et encore dans le futur... Et chaque fois qu'elle est utilisée dans un film, c'est va diminuer l'effet de la scène[15]. »

En 1980, 20th Century Fox Records publie la bande originale sous forme en LP et de cassette aux États-Unis. Sa couverture présente un John Merrick masqué sur fond de fumée, comme on le voit sur l'affiche du film. En 1994, Milan Records publie la première édition de la B.O. en Disque compact[16]

Liste des titres

Face 1
  1. "The Elephant Man Theme" – 3:46
  2. "Dr. Treves Visits the Freak Show and Elephant Man" – 4:08
  3. "John Merrick and Psalm" – 1:17
  4. "John Merrick and Mrs. Kendal" – 2:03
  5. "The Nightmare" – 4:39
Face 2
  1. "Mrs. Kendal's Theater and Poetry Reading" – 1:58
  2. "The Belgian Circus Episode" – 3:00
  3. "Train Station" – 1:35
  4. "Pantomime" – 2:20
  5. "Adagio for Strings" – 5:52
  6. "Recapitulation" – 5:35

Sortie et accueil

Critique

Box-office

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 2 443 507 entrées[17] - -
Drapeau des États-Unis États-Unis, Drapeau du Canada Canada 26 010 864 $[18] - -

Monde Total mondial N/A - -

Distinctions

Le film obtient de nombreux prix et nominations. Il est ainsi nommé huit fois aux Oscars 1981 (record de la cérémonie avec Raging Bull) mais ne reçoit aucune statuette. Après ce tollé, l'Oscar du meilleur maquillage sera créé pour récompenser une profession oubliée mais qui a fait le succès du film[11]. Par ailleurs

Récompenses

Nominations

Sortie vidéo

Pour son 40e anniversaire, le film ressort en édition limitée avec un SteelBook UHD Blu-ray le 8 avril 2020 édité par StudioCanal, dans une version restaurée 4K inédite[réf. nécessaire].

Analyses

Thèmes

Dans le film The Elephant Man, la monstration est un thème récurrent. Au 19e siècle l'exhibition de personnes ayant de lourds handicaps, pour divertir le public dans les cirques et les foires est courante[19].

La peur est également un thème important, d'habitude c'est au public d'avoir peur, dans Elephant Man, c'est le monstre John Merrick, qui a peur des gens normaux[20]. Merrick craint que les gens le voient et a une peur constante de la réaction des autres. Une scène-clef est celle où l'infirmière apporte de la nourriture à l'homme-éléphant et hurle de peur face à un Merrick terrifié par cette réaction[21].

Autres adaptations

Avant l'adaptation cinématographique, Bernard Pomerance écrit une pièce de théâtre avec Philip Anglim dans le rôle de John Merrick, sans aucun maquillage. Elle est jouée à Broadway et reprise plus tard par David Bowie.

Un téléfilm a été tourné en 1982 par Jack Hofsiss d'après la pièce de Bernard Pomerance. C'est à nouveau Philip Anglim qui reprend le rôle de John Merrick.

Notes et références

  1. « L’homme éléphant », sur Répertoire des films classés, (consulté le )
  2. « Release infos » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  3. Le distributeur a accompagné la ressortie du film avec le livret Tous des monstres, signé Alexandre Prouvèze, qui revient en une cinquantaine de pages sur la genèse du film.
  4. « Parental guide » ((en) guide parental), sur l'Internet Movie Database
  5. Sanger 2016, p. 13.
  6. Hughes 2001, p. 38.
  7. Hughes 2001, p. 39.
  8. a b c et d Pinteau 2015, p. 436
  9. Pinteau 2015, p. 435
  10. « Dune, Elephant Man, 10 séances de maquillage supplices pour les acteurs », sur AlloCiné (consulté le )
  11. a et b « Elephant Man : le film a l'un des plus beaux maquillages du cinéma mais a été ignoré par les Oscars », sur Allociné, (consulté le )
  12. (en) « The Elephant Man (1980) », sur AFI Catalog of Feature Films
  13. Desmond Ryan, « At the Movies: Seriously, Folks, There's a Serious Mel Brooks », The Philadelphia Inquirer,‎ , L.2
  14. « Filming & production » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database
  15. Richard Sandomir, « John Morris, Composer for Mel Brooks's Films, Dies at 91 », (consulté le )
  16. « The Elephant Man Soundtrack (1980) », sur www.soundtrack.net (consulté le )
  17. « Elephant Man », sur JP's box-office (consulté le )
  18. (en) « The Elephant Man », sur Box Office Mojo (consulté le )
  19. Foulds, A. F. (2015). Framing the freak: Disability as entertainment in the Nineteenth Century. The Victorianist: BAVS Postgraduates. https://victorianist.wordpress.com/2015/12/14/framing-the-freak-disability-as-entertainment-in-the-nineteenth-century/
  20. Becklo, M. (2022). “The elephant man” and the culture of contempt. Word on Fire. https://www.wordonfire.org/articles/the-elephant-man-and-the-culture-of-contempt/
  21. Kiely, E. (2022). Why “the elephant man” is such a powerful mediation on humanity and fear. Collider. https://collider.com/the-elephant-man-david-lynch-why-its-good/

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

 

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