Dora Pejačević, née le à Budapest et morte le à Munich, est une compositricecroate, membre de la famille noble Pejačević. Elle introduit le lied pour une voix avec orchestre dans la musique croate[1] et sa Symphonie en fa dièse mineur est considérée par les spécialistes comme la première symphonie moderne de la musique croate[2].
Biographie
Dora Pejačević, fille du Ban croate, le comte Théodor Pejačević et de la baronne hongroise Lilla de Vaya, commence à étudier la musique enfant à Budapest avec l'organiste hongrois Karoly Noszeda puis poursuit ses études à l'Institut Croate de Musique à Zagreb. Elle commence à composer à 12 ans. Plus tard, elle suit l'enseignement de Percy Sherwood à Dresde, de Walter Courvoisier (composition) et d'Henri Petri (violon) à Munich.
Néanmoins, largement autodidacte, elle développe son talent artistique avant tout au contact des personnalités de son époque ; parmi ses maîtres spirituels, on compte la pianiste Alice Ripper, la peintre Clara Westhoff, les écrivains Annette Kolb, Rainer Maria Rilke, Karl Kraus, Sidonie Nádherná von Borutín et d'autres personnalités jouant un rôle de premier plan sur la scène culturelle européenne de l'époque. Elle souscrit à « Die Fackel » (La torche), de Kraus et montre un vif intérêt pour les questions sociales du moment.
En Croatie, Dora Pejačević vit dans la propriété familiale de Našice, mais de fréquents voyages la mènent à travers les grands centres culturels européens, tels Budapest, Munich, Prague et Vienne, où elle réside pendant d'assez longues périodes. Les dernières années de sa vie, de son mariage avec Ottomar Lümbe en 1921 jusqu'à sa mort en 1923, sont vécues principalement à Munich.
Durant sa vie, ses œuvres sont fréquemment jouées, non seulement en Croatie, mais aussi à l'étranger, entre autres à Londres, Dresde, Budapest, Stockholm, Vienne et Munich. Elles sont données par certains des musiciens les plus célèbres de l'époque : les pianistes Walter Bachmann, Svetislav Stančić et Alice Ripper, les violonistes Juan Manén, Václav Huml et Zlatko Baloković, les chefs d'orchestre Oskar Nebdal et Edwin Linder et des ensembles tels que le Thoman Trio, le Quatuor à cordes de Zagreb, l'Orchestre philharmonique de Zagreb, le Tonkünstlerorchester de Vienne et le Philharmonique de Dresde.
Pejačević est enterrée au cimetière de Našice (Croatie).
Style
Dora Pejačević laisse 58 compositions, œuvres pour orchestre, voix et instruments, musique de chambre et piano.
Son langage musical romantique tardif, enrichi d'harmonies impressionnistes, d'éléments de style expressionniste et de couleurs orchestrales somptueuses, font de Dora Pejačević une véritable enfant de l’Art Nouveau (Jugendstil) dans l'art pictural. Les œuvres de maturité de la compositrice sont marquées à parts égales par son enthousiasme pour la musique de Wagner et par sa maîtrise et sa virtuosité puissantes dans l'écriture de l'instrument pour lequel elle compose. D'une nature hypersensible, elle crée « comme un sismographe capable de répondre aux plus subtils stimuli » (Kos) et, selon ses propres mots, « dans une transe d'obsession musicale ».
La dernière œuvre complète de Dora Pejačević reflète un vigoureux développement musical que la mort arrête net dans sa plus somptueuse floraison : nous pouvons y trouver les traces d'une recherche délibérée de sa propre expression et de son propre langage musical et rencontrer une musique originale, vécue profondément et magistralement mise en forme.
Avec quelques autres musiciens de sa génération, parmi lesquels Josip Hatze et Blagoje Bersa ressortent par la haute qualité de leur art, Dora Pejačević « ouvre de nouveaux horizons pour la musique croate, où elle impose de nouveaux standards de professionnalisme » (Kos).
La plupart de ses œuvres n'ont pas encore été publiées, ni enregistrées ; on note sa symphonie en Fa dièse mineur de 1916/20, son opus 41[3], un quatuor pour piano en Ré mineur opus 25, un quintette pour piano en Si mineur opus 40, une sonate pour piano en Si bémol mineur (son opus 36, publié par Hrvatsko muzikološko društvo en 2002)[4] et une autre en La bémol majeur (opus 57), un concerto pour piano (opus 33 en Sol mineur, 1913, publié par Izdanja Muzikološkog Zavoda Muzičke Akademije en 1982) [5], deux sonates pour violon et piano (dont l'opus 26 en Ré majeur) et une sonate pour violoncelle (op. 35 en Mi mineur). Sylvie Vučić, soprano franco-croate, est en train d'enregistrer l'intégralité de son œuvre vocale[6].
Œuvre
Piano
Berceuse, op. 2 (1897)
Gondellied, op. 4 (En souvenir des jours agréables à Našice de Dora, Našice, 25 juillet 1898)
Chanson sans paroles, op. 5, (1898)
Papillon, op. 6 (1898)
Menuette, op. 7 (1898)
Impromptu, op. 9a (1899)
Chanson sans paroles, Op. 10 (1900)
Albumblatt, op. 12 (1901) — œuvre perdue
Trauermarsch, op. 14 (1902)
Sechs Phantasiestücke, op. 17 (1903)
Sehnsucht
Leid
Frage
Klage
Bitte
Wahn (2 versions : A et B)
Blumenleben - Acht Klavierstücke nach der Blütenzeit im Jahresablauf komponiert [« La Vie des fleurs - Huit pièces pour piano composées selon la période de floraison, tout au long de l'année »], op. 19 (1904–1905)
Schneeglöckchen
Veilchen
Maiglöckchen
Vergißmeinnicht
Rose
Rote Nelken
Lilien
Chrysanthemen
Berceuse, op. 20 (1906)
Valse de concert, op. 21 (1906)
Erinnerung, op. 24 (1908)
Walzer-Capricen, op. 28 (1910)
Moderato
Grazioso
Im Laendler-tempo
Wiegend
Lento
Tempo giusto
Allegretto
Grazioso, allegramente
Moderato
Vier Klavierstücke, op. 32a (1912)
(perdu)
Libelle
Papillon
Abendgedanke
Impromptu, op. 32b (1912)
Sonate en si mineur, op. 36 (1914)
Con fuoco non troppo allegro
Andante con molta espressione
Allegro risoluto
Zwei Intermezzi, op. 38 (1915)
Ruhig und innig
Langsam und ausdrucksvoll
Zwei Klavierskizzen, op. 44 (1918)
An dich !
Vor deinem Bild
Blütenwirbel, op. 45, 2 versions : A et B (1918)
Capriccio, op. 47 (1919)
Zwei Nocturnos, op. 50 (1918; 1920)
Sehr ruhig, mit innigem Ausdruck
Leicht bewegt und ferträumt
Humoreske und Caprice, op. 54 (1920)
Humoreske, allegretto vivo
Caprice, vivace grazioso
Sonate en la majeur, op. 57, en un mouvement (1921)
Musique de chambre
Rêverie pour violon et piano, op. 3 (1897)
Canzonetta en ré majeur, pour violon et piano, op. 8 (1899)
Impromptu, pour quatuor avec piano, op. 9b (1903)
Trio en ré majeur, op. 15 pour violon, violoncelle et piano (1902)
Menuet en la majeur, op. 18, pour violon et piano (1904)
Romance en fa majeur, op. 22, pour violon et piano (1907)
Quatuor en ré mineur, op. 25 pour violon, alto, violoncelle et piano (1908)
Sonate en ré majeur, « Frühlings-Sonate », op. 26 pour violon et piano (1909)
Trio en do majeur, op. 29 pour violon, violoncelle et piano (1910)
Quatuor à cordes en fa majeur, op. 31 (1911) — perdu
Élégie en mi majeur pour violon et piano, op. 34 (1913)
Sonate en mi mineur, op. 35 pour violoncelle et piano (1913)
Quintette avec piano en si mineur, op. 40 pour 2 violons, alto, violoncelle et piano (1915–1918)
Sonate en si mineur 'Slawische Sonate pour violon et piano, op. 43 (1917)
Méditation pour violon et piano, op. 51 (1919)
Quatuor à cordes en do majeur, op. 58 (1922)
Orchestre
Concerto pour piano et orchestre en sol mineur, op. 33 (1913)
Symphonie en fa dièse mineur op. 41 (1916 – 1917, revue en 1920)
Fantaisie concertante en ré mineur pour piano et orchestre, op. 48 (1919)
Ouverture en ré mineur pour grand orchestre, op. 49 (1919)
Musique vocale
Lieder
Ein Lied, op. 11 (texte de Paul Wilhelm), 1900
Warum ?, op. 13 (texte de Dora Pejačević), 1901
Ave Maria, Op. 16, pour voix, violon et orgue, 1903
Sieben Lieder, op. 23 (textes de Wilhelmine Wickenburg-Almásy), 1907
Sicheres Merkmal
Es hat gleich einem Diebe
Taut erst Blauveilchen
Es jagen sich Mond und Sonne
Du bist der helle Frühlingsmorgen
In den Blättern wühlt
Es war einmal
Zwei Lieder, op. 27 (textes de Wilhelmine Wickenburg-Almásy et Ernst Strauss), 1909
Ich schleiche meine Straßen
Verweht
Vier Lieder, op. 30 (textes d'Anna Ritter), 1911
Ein Schrei
Wie ein Rausch
Ich glaub', lieber Schatz
Traumglück
Verwandlung pour voix, violon et orgue, op. 37a (texte de Karl Kraus), 1915
Liebeslied, op. 39 (texte : Rainer Maria Rilke), 1915
Zwei Schmetterlingslieder, op. 52 (texte de Karl Henckell), 1920
Goldne Sterne, blaue Glöckchen
Schwebe, du Schmetterling
Discographie
Symphonie en fa dièse mineur, op. 41 ; Fantaisie concertante pour piano et orchestre en ré mineur, op. 48 - Volker Banfield, piano & Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz ; Ari Rasilainen, direction (2011, CPO 777 418-2)
Trio pour violon, violoncelle et piano en ut majeur, op. 29 ; Sonate pour piano et violoncelle en mi mineur, op. 35 - Christian Poltéra, violoncelle ; Andrej Bielow, violon & Oliver Triendl, piano (2011, CPO 777 419-2)
Œuvres pour violon & piano : Sonate pour violon en ré majeur, op. 26 ; Canzonetta, op. 8 ; Menuet, op. 18 ; Romance, op. 22 ; Élégie, op. 34 ; Sonate pour violon en si bémol majeur, op. 43 & Méditation, op. 51 : Andrej Bielow, violon & Oliver Triendl, piano (2013, CPO 777 420-2)
Musique de chambre : Quintette pour piano en si mineur, op. 40 ; Quatuor à cordes en ut majeur, op. 58 ; Quatuor pour piano et cordes en ré mineur, op. 25 & Impromptu pour violon, alto, violoncelle & piano op. 9b - Oliver Triendl, piano & Quatuor Sine Nomine : Patrick Genet, violon ; François Gottraux, violon ; Hans Egidi, alto & Marc Jaermann, violoncelle (2013, 2 CD CPO 777 421-2)
Concerto pour piano en sol mineur, op. 33 ; Ouverture en ré majeur, op. 49 ; Verwandlung, op. 37 ; Liebeslied, op. 39 & Zwei schmetterlingslieder, op. 52 ; Oliver Triendl, piano ; Ingeborg Danz, alto & Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt ; Howard Griffiths, direction - CPO 777 916-2 (2015)
Intégrale de l'œuvre pour piano - Natasa Veljkovic, piano (2016, 2 CD CPO 555 003-2)
↑« À cette époque, Josip Hatze a composé la première cantate moderne dans la musique croate ; Dora Pejačević, Bersa et Baranovic ont introduit le lied pour voix et orchestre. » Vladimir Maleković, Vesna Lovrić Plantić, Graham McMaster, Historicisim in Croatia, 2000.
↑« Pejačević travaille sans interruption sur la Symphonie en 1916 et 1917&hellip ; c'est la première œuvre moderne de ce genre dans la musique croate. » Koraljka Kos, Dora Pejačević, Symphonie et Phantasie Concertante, CPO p. 12. 777 418-2.
(de) Koraljka Kos, Musikinformationszentrum Konzertdirektion Zagreb, Dora Pejačević:Leben und Werk, Zagreb, Musikinformationszentrum Konzertdirektion Zagreb, (OCLC24408385)
La Boite à Pépites- copyright2021- Produced by Elles Women Composers - « Quatuor avec piano en ré mineur, op.25 Andante con moto » interprète par Alexandre Pascal (violon), Léa Hennino (alto), Héloïse Luzzati (violoncelle), Celia Oneto Bensaid (piano) https://www.youtube.com/watch?v=v2l2zobKUFw