Djamileh

Djamileh
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Affiche de la Première à l'Opéra-Comique, 1872
Genre Opéra
Nbre d'actes 1
Musique Georges Bizet
Livret Louis Gallet
Langue
originale
français
Sources
littéraires
Namouna d'Alfred de Musset
Dates de
composition
juillet-décembre 1871
Création 22 Mai 1872
Paris, Opéra-Comique

Djamileh est un opéra comique en un acte de Georges Bizet sur un livret de Louis Gallet librement inspiré du conte oriental Namouna d'Alfred de Musset. Composé en 1871, l'ouvrage est créé à l'Opéra Comique le [1] sous la direction d'Adolphe Deloffre.

Historique

C'est dans le recueil de ses Premières Poésies, que l'on trouve le conte Namouna, poème écrit par Alfred de Musset en 1832, troisième chant qui fait suite aux contes d'Espagne et d'Italie et au Spectacle dans un fauteuil[2].

Camille du Locle, directeur de l'Opéra-Comique, conseille en 1871 à Georges Bizet qui cherche alors un thème pour son prochain opéra, une pièce écrite quelques années plus tôt par Louis Gallet, basée sur Namouna. Après quelques hésitations, Bizet compose l'œuvre à la fin de l'été 1871[3], mais la première production fut retardée en raison de difficultés à trouver des chanteurs appropriés[4].

La première production à l'Opéra-Comique, au printemps 1871, fait partie d'un trio de nouvelles œuvres courtes : Le Passant d'Emile Paladilhe en avril[5], Djamileh de Georges Bizet en mai, et La princesse jaune de Camille Saint-Saëns en juin[6]

Georges Bizet souhaitait avoir la mezzo-soprano Célestine Galli-Marié (la première Carmen) ou la soprano Marguerite Priola pour créer le rôle-titre de Djamileh. Elles chantaient toutes les deux dans l'opéra de Paladilhe, mais il dut accepter la mezzo-soprano Aline Prelly[7].

Djamileh fut créée le 22 mai 1872 à l'Opéra-Comique, à Paris. Bien que du Locle ait apporté un soin particulier aux costumes et aux décors, le rideau se baisse après dix représentations. L'oeuvre n'est pas reprise à Paris avant le 27 octobre 1938. Hors de France, des productions sont montées à Stockholm (1889), Rome (1890), Dublin, Prague, Manchester et Berlin (1892)[8].

Peu reprise et peu appréciée, « handicapée par une Aline Prelly notoirement insuffisante dans le rôle-titre »[9] l'oeuvre a cependant suscité l'admiration de Gustav Mahler, qui, après l'avoir présenté à Hambourg le 21 octobre 1892[10], dirigea dix-neuf représentations à l'Opéra national de Vienne entre 1898 et 1903, et de Richard Strauss, qui le considérait comme une source d'inspiration pour Ariane à Naxos.

Georges Bizet considère cependant qu'il a trouvé sa voie et dans ses lettres à Edmond Galabet, il écrit « Djamileh n’est pas un succès. Le poème est vraiment antithéâtral, et ma chanteuse a été au-dessus de toutes mes craintes », mais aussi « Ce qui me satisfait plus que l’opinion de tous ces messieurs, c’est la certitude absolue d’avoir trouvé ma voie. Je sais ce que je fais »[9].

Quelques grands chanteurs se sont illustrés dans les rôles de Djamileh comme le ténor Jussi Björling qui a chanté Haroun dans une reprise en 1933 d'une production antérieure à l'Opéra royal de Suède, à Stockholm.

L'Opéra de Saint Etienne a présenté Djamileh en avril 2007 en couplage avec Il Tabarro de Puccini dans une mise en scène de Christopher Alder[11]

Des productions ont été montées en 2008 par le DCA Theater de Chicago et, en 2010, par l'Opera Theater de Pittsburgh, dirigées par Jonathan Eaton et mettant en vedette Matt Morgan dans le rôle de Haroun, Daniel Teadt dans celui de Splendiano et Christina Nassif dans le rôle-titre.

Plus récemment, à l'automne 2021, une co-production entre Bru Zane France, Opéra de Tours, Angers Nantes Opéra, l’atelier lyrique de Tourcoing, Opéra de Toulon, permet à Djamileh de bénéficier de toute une série de représentations en couplage avec La Princesse Jaune, sous la direction de Laurent Campellone, dans une mise en scène de Géraldine Martineau[12],[13].

Rôles, tessitures et distribution de la Première

Rôle Voix Première, [1]
(chef d'orchestre : Adolphe Deloffre)
Djamileh (esclave) mezzo-soprano Aline Prelly (Baronesse de Presles)
Haroun (prince) ténor Alphonse Duchesne
Splendiano (secrétaire du prince) baryton Pierre-Armand Potel
Un marchand d'esclaves rôle parlé M Julien
Chœur d'amis d'Haroun, esclaves, musiciens

Synopsis

Ouverture instrumentale[14]

Le palais d'Haroun, au Caire : au lever du rideau, Haroun et Splendiano sont en scène - Splendiano accroûpi devant une table basse et écrivant - Haroun étendu et fumant.

Scène 1 : Choeur et Rêverie

Un choeur hors scène chante à bouche fermée :« Le soleil va...ramène ta voile...C'est la fin du jour ».

Air d'Haroun : « Dans la blonde fumée...Qui monte parfumée »

Il rêve. Splendiano s'est assoupi peu à peu.

Djamileh entre par un porte latérale traverse lentement la scène et disparaît après avoir jeté un regard plein de tendresse sur Haroun qui ne la remarque pas.

Reprise des choeurs.

Scène 2 : Duo et Couplets

Duo Splendiano et Haroun : « Songez-y bien?...Vieux rhéteur, laisse donc ta pluie et ton soleil, Mon âme est un désert »

Air d'Haroun : « Tu veux savoir si je préfère, La mauresque aux yeux languissants, »

Air d'Haroun : « Dans la coupe qu'elle caresse,Ma lèvre en feu n'a qu'un trésor: »

Duo Splendiano et Haroun : « L'amour, l'amour »

Scène 3 : Trio et Ghazel

Trio Djamileh, Haroun, puis Splendiano : « Quelle pâleur est sur ta joue?....J'ai fait un rêve! »

Ghazel, prélude puis air de Djamileh : « Nour-Eddin, roi de Lahore »

Scène 4 : Scène et Choeur

Airs des Amis d'Haroun : « Quelle est cette belle, Dont l'oeil étincelle »

Scène 5 : chanson

Air des choeurs :« La fortune est femme, Pour qui la réclame »

Scène 6 : lamento

Air de Djamileh : « Sans doute l'heure est prochaine, Où je mourrai de ma peine! »

Scène 7 : L'Almée (Danse et Choeur)

Choeur des Amis d'Haroun : « Froide et lente, Indolente, Et les yeux assoupis, »

Scène 8 : Couplets

Air de Splendiano : « Il faut pour éteindre ma fièvre »

Scène 9 : Duo Final

Duo Djamileh, Haroun : « Est-ce la crainte?...O nuit, sois moi propice »

Air de Djamileh : « Qu'à ma tremblante voix sa colère réponde...Que m'importe aujourd'hui? »

Air d'Haroun : « Ah! chère enfant, c'était une épreuve! O Djamileh! mon âme, mon seul bien, »

Splendiano a paru, il fait un geste de désespoir comique! Derrière lui se montrent les amis d'Haroun, à leur vue, Haroun ramène sur le visage de Djamileh le voile qu'elle avait laissé tomber sur ses épaules, puis il passe doucement avec elle.

Argument

Dans le palais du sultan Haroun, Splendiano consulte les comptes de son maître et lorsque ce dernier s'enquiert de Djamileh, il lui répond qu'elle est dans les parages, toujours amoureuse et sans doute bientôt déçue par l'achèvement de son mois d'esclave favorite du sultan. Mais Haroun affirme son indifférence, il n'est pas amoureux et Splendiano espère alors pouvoir satisfaire son propre désir pour Djamileh.

Haroun demande qu’on lui serve le dîner. Djamileh entre, inquiète, et lui raconte son cauchemar quand elle se noyait dans la mer, cherchant vainement son mari pour la sauver. Haroun prend conscience de son attachement pour la belle esclave et la rassure.

Haroun offre un collier à Djamileh. Ses amis arrivent pour passer la nuit à jouer aux dés. Avant que Djamileh ne puisse partir, les hommes la voient et lui expriment leur admiration. Djamileh se rend compte qu'elle va perdre sa relation avec le sultan ce qui la rend très malheureuse, tandis que Splendiano est sûr de réussir sa conquête. Il explique à Djamileh qu'elle doit partir et retrouver sa liberté - et lui offre son amour. Elle ruse alors et lui propose de la présenter à Haroun, déguisée en la prochaine esclave, et promet que si elle ne parvient pas à gagner le cœur de Haroun de cette façon, elle se donnera à Splendiano. Seule, elle exprime son inquiétude quant à son destin et à la fragilité de l'amour.

Devant l'irritation d'Haroun, Splendiano interrompt le jeu pour dire que le marchand d'esclaves a amené une nouvelle fille, qui danse alors une almée ; Haroun se montre indifférent et retourne au jeu. Splendiano demande au marchand de remplacer la danseuse par Djamileh, tout en étant certain qu'elle sera bientôt sienne.

Voilée, Djamileh entre dans le costume de danseuse et, intimidée et nerveuse, fait mine de sortir. Haroun, à présent séduit, envoie Splendiano prendre sa place à la table de jeu.

Djamileh pleure, mais Haroun la console. Alors que le clair de lune illumine la pièce, Haroun la reconnaît et commence à comprendre qu'elle l'aime. Il essaie de résister à ses propres sentiments mais finit par céder. Splendiano a perdu.

Musique et orchestration

Malgré le manque de drame ou de caractérisation forte dans le livret, Bizet a réussi à surmonter ces faiblesses avec une musique fortement évocatrice.

Le chœur hors scène évoquant le coucher de soleil sur le Nil, les humeurs changeantes d'Haroun et les couplets spirituels de Splendiano (ces derniers étant plus traditionnels dans l'opéra-comique) témoignent du développement des qualités musicales orchestrales de Bizet qui s'expriment dès l'ouverture, haute en couleurs et en contrastes.

Lors de la production viennoise, le critique Eduard Hanslick a été particulièrement séduit par l'exotisme de L'Almée, danse et choeurs.

Orchestration : 2 flûtes (dont une doublant le piccolo), 2 hautbois (dont un doublant le cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 cornets, 3 trombones, timbales, percussions, harpe, cordes. Sur scène : piano et tambourin, harpe.

Discographie et vidéographie

  • Djamileh : avec Lucia Popp, Franco Bonisolli, Jean-Philippe Lafont, sous la direction musicale de Lamberto Gardelli - Munich Radio Orchestra) 1988. Label: Orfeo
  • Djamileh : avec Marie-Ange Todorovitch, Jean-Luc Maurette, François Le Roux, Jean-Louis Grinfeld, le Choeur Régional Vittoria d'Ile de France, sous la direction de Michel Piquemal, l'Orchestre National d'Ile de France sous la direction de Jacques Mercier. 1 CD RCA 1999.
  • Djemileh : représentation filmée au Théâtre impérial de Compiègne, dans la mise en scène de Pierre Jourdan, avec l'Orchestre Français Albéric Magnard sous la direction musicale de Miquel Ortega avec Marie Gautrot, Sébastien Guèze, Armando Noguera, Jean-Loup Pagésy, Pierrick Boisseau, Lionel Muzin, Stéphane Malbec-Garcia, Catherine Handis-Aumon - DVD DOM - 2009.
  • Djamileh : avec Jennifer Feinstein ; Eric Barry ; George Mosley ; Piotr Kaminski et le Chœur de chambre de Poznan (chef de chœur : Bartosz Michalowski), lOrchestre Philharmonique de Poznan, direction : Łukasz Borowicz. Enregistré en 2017 lors du Ludwig Van Beethoven Easter Festival - 1 CD Dux 2018[15]

Source

  • John Warrack, Harold Rosenthal, Guide de l'opéra Fayard 1986 p.217

Notes et Références

  1. a et b Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 127
  2. Alfred de (1810-1857) Auteur du texte Musset, Oeuvres complètes illustrées. Premières poésies, 1828-1833. Contes d'Espagne et d'Italie ; Poésies diverses ; Spectacle dans un fauteuil ; Namouna / Alfred de Musset ; illustrations de Charles Martin, 1927-1929 (lire en ligne)
  3. Winton Dean, Bizet, Soloists et Pretre, « Les pecheurs de perles », The Musical Times, vol. 119, no 1629,‎ , p. 960 (ISSN 0027-4666, DOI 10.2307/960129, lire en ligne, consulté le )
  4. Ralph P. Locke, « Djamileh: opéra-comique en un acte: op. 24 by George Bizet », Notes, vol. 78, no 1,‎ , p. 122–126 (ISSN 1534-150X, DOI 10.1353/not.2021.0079, lire en ligne, consulté le )
  5. « Le passant (Paladilhe, Émile) - IMSLP », sur imslp.org (consulté le )
  6. Camille (1835-1921) Compositeur Saint-Saëns, « Ouverture de la Princesse jaune. Opéra comique en un acte... Op. 30 », sur Gallica, (consulté le )
  7. PRELLY Mme et BIZET Georges, « Mme Prelly en Djamileh - Bru Zane Mediabase | https://www.bruzanemediabase.com/ », sur https://www.bruzanemediabase.com/sites/default/files/styles/1200xauto/public/2024-10/image_maunoury_eugene_portrait_de_pre_ph55416_364890.jpg?itok=tpRRY-E3, (consulté le )
  8. « Loewenberg, Alfred (opera) », dans Oxford Music Online, Oxford University Press, (lire en ligne)
  9. a et b Alain Cochard, « Les Archives du Siècle Romantique (55) – Djamileh : l’échec par lequel Bizet trouva sa voie (Lettres de Bizet à Edmont Galabert) », sur Concertclassic, (consulté le )
  10. Henry-Louis De La Grange, « Alma Schindler—Mahler in love—engagement (December 1901–January 1902) », dans Gustav Mahler, Oxford University PressNew York, NY, , 417–470 p. (ISBN 978-0-19-315159-8, lire en ligne)
  11. « Djamileh - Il Tabarro - Alden - Pountney - Naouri - Furlan - Esplanade Saint Etienne », sur www.forumopera.com (consulté le )
  12. « La Princesse Jaune & Djamileh », sur Opéra de Tours (consulté le )
  13. Guillaume Saintagne, « La Princesse jaune|Djamileh — Tours », sur Forum Opéra (consulté le )
  14. « Djamileh: Libretto », sur opera.stanford.edu (consulté le )
  15. Charlotte Saulneron, « Djamileh de Bizet prend des accents polonais », sur ResMusica, (consulté le )

Liens externes

 

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