Les activités les plus notables de cette chambre de rhétorique ne différaient en rien de celles de toute autre société littéraire semblable : monter des pièces dramatiques, telles que des esbattements ; participer aux concours auxquels les chambres étaient invitées à formuler une réponse à des questions d'ordre religieux ou moral posées au préalable et formulées dans la carte d'invitation ; organiser de tels concours ; participer aux concours héraldique d'armes peintes devant représenter des énigmesemblématiques à résoudre et à expliquer ; organiser de tels concours. En bref, il s'agissait de toutes sortes d'activités de portée littéraire par lesquelles les compagnies participantes pouvaient remporter des prix, ainsi que de l'encadrement littéraire et dramatique des célébrations et des festivités officielles[1] (telles que la Joyeuse Entrée de Philippe II en 1556[2])[1]. Le plus souvent, ce genre d'activités était ouvert au public[2]. Les affiliés de la chambre bénéficiaient de certains avantages, comme l'exemption de service dans les milices bourgeoises, en 1504 concédée à la chambre De Violieren pour le nombre limité de 75 membres au maximum ; cette décision fut toutefois révoquée lorsqu'on établit de nouveaux statuts en 1619[3].
XVe siècle
La chambre De Violieren fut constituée au sein de la guilde de Saint-Luc d'Anvers. Selon une note de l'an 1480 dans les registres du début du XVIe siècle de la guilde de Saint-Luc, la chambre obtint son nom après la victoire remportée par les « guldebruers » lors du landjuweel de Louvain, qui avait eu lieu à l'automne de 1478[4] et auquel avait assisté Maximilien Ier d'Autriche, qui se vantait d'avoir appris le néerlandais[5]. D'autres sources confirment ces données. La victoire au landjuweel ayant été notée dans les registres pour l'an 1480, les membres de la chambre De Violieren acceptèrent cette date comme celle de la constitution de leur chambre (voir, par exemple, le règlement du ). À la même année, 1480, remonte la première mention de la devise de cette chambre : Wt ionsten versaemt (« Réunis en amitié »)[4]. Dès 1490, la chambre reçut de la ville une subvention annuelle de trois livres de gros de Brabant[4].
Les Violetten van Antwerpen se produisirent à Malines en 1493, et, la même année, ils assistèrent au concours de Bruxelles[4]. Après avoir reçu une bulle papale d'Alexandre VI, octroyant à la guilde le droit de constituer une confrérie des Sept Douleurs à l'église de Notre-Dame, la compagnie représenta une pièce dont on lit dans les archives de la chambre qu'elle comptait 2 800 vers et que les spectateurs en furent si satisfaits qu'une deuxième représentation fut prévue le jour de la Mi-Carême[6].
Au XVIe siècle, les membres de la chambre De Violieren sympathisaient avec la Réforme protestante, comme le firent les élites dirigeantes partout aux Pays-Bas. Ainsi, en 1547, le maître d’école Peter Schuddemans, membre distingué de la chambre anversoise, se vit condamner à mort en raison de ses convictions religieuses, comme d'ailleurs le hoofdman, ou chef, influent et fortuné, Anthonis van Stralen, qualifié de luthérien en 1566, qui fut exécuté, quoique d'abord pour des raisons politiques[11].
Comme l'organisation d'un prochain landjuweel incombait aux gagnants de la compétition précédente et que De Violieren avait remporté le prix du concours de 1541, ce fut cette chambre-ci[12] et son facteur dynamique[13], le luthérien[11]Willem van Haecht[13], qui durent prendre en charge l’élaboration du tournoi dramatique de 1561[12], ouvert aux chambres de rhétorique de Brabant, ainsi accueillant des compagnies de Berg-op-Zoom, de Bois-le-Duc, de Bruxelles, de Diest, de Herentals, de Lierre, de Louvain, de Malines et de Vilvorde dont les nombreux rhétoriciens firent leur entrée à Anvers à cheval[14]. Comme le thème initial, retenu par la chambre, fut considéré comme « scabreux » par le cardinalGranvelle, la chambre dut établir et proposer une liste de sujets parmi lesquels la gouvernante des Pays-Bas put sélectionner les trois parmi lesquels cette société put à son tour faire le choix définitif[11].
Le concours eut lieu du 3 au et fut suivi des moralités représentées au Jeu des haies, qui avait également été octroyé par le roi et qui était ouvert[15] aux sociétés des villages et du « franc »[15] ainsi qu’aux chambres non autorisées à participer au landjuweel[16]. Ainsi, des chambres de Berchem (Anvers) et de Turnhout participèrent au Jeu à côté de celles d'Anvers et de Bruxelles, la ville résidentielle dont les chambres étaient, à cette époque, les partenaires privilégiés de celles d'Anvers[17]. Le fut la date de clôture du Jeu des haies[13].
Si Farnèse avait interdit toute activité rhétoricienne en 1584, et si les biens des chambres avaient été déclarés confisqués, ce fut tout de même au savoir-faire et à l'expérience des rhétoriciens, et de toute évidence aussi à ceux de la compagnie des Violieren, que l'on dut faire appel pour organiser le grote triomphe à l'occasion de l'arrivée à Anvers du gouverneur, victorieux de la Républiquecalviniste de cette ville[18]. En 1592, la subvention suspendue depuis 1587 à cause de la guerre de Quatre-Vingts Ans et à la suite des restrictions imposées par la Contre-Réforme fut accordée de nouveau par provision[4].
La perte de l'arène publique pour les représentations de pièces dramatiques, en partie à cause de la surveillance accrue de la part des autorités, alla de pair avec un élitisme renforcé. La chambre ne jouait plus en plein air, mais pour un public restreint, à l'intérieur et dans ses propres locaux[33]. L'illustration en est offerte par la pétition de 1644, introduite par la chambre et connue par un document des archives de la ville d'Anvers, par laquelle elle demande de lui permettre de percevoir une rétribution à l'entrée de ses locaux[4].
Vers 1660, les chambres De Violieren et De Olijftak entamèrent des pourparlers dans le but de se fusionner l'un avec l'autre, ce qui aboutit à la poursuite des activités sous le nom de cette dernière société[4],[34]. De cette période féconde résultèrent plusieurs pièces de Guillielmus Ogier. Cependant, une mésentente entre la chambre et la corporation des arbalétriers conduisit à un procès dont l'enjeu était le nombre de membres titulaires de privilèges et d'immunités. Le coût du procès eut pour conséquence que la chambre, des années durant, ne put monter des représentations théâtrales coûteuses[35]. Lorsque, le , après quatorze ans, le verdict tomba et que la guilde de Saint-Luc, unie à son département littéraire, en sortit gagnant, obtenant 2 212 florins Carolus et quatre patards et demi, la chambre monta, le jour de fête de son patronsaint Luc, en célébration du succès judiciaire, une pièce comique écrite par Barbara Ogier, suivie d'une farce de son père, Guillielmus[36].
XVIIIe siècle
Au début du XVIIIe siècle, lorsque les armées de Louis XIV inondèrent les Pays-Bas méridionaux dans la guerre de Succession d'Espagne, les représentations dramatiques de la chambre des Violieren, rebaptisée De Olijftak, perdirent leur attrait après l'arrivée de la concurrence du théâtre français, bien que les chambres de rhétorique possédassent officiellement le monopole de ce genre de divertissement[37]. À partir du règne de Charles-Alexandre de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, les activités de la chambre reprirent de plus belle ; les rhétoriciens semblent s'être adaptés au goût de leur public et à la mode du jour, jouant des pièces en traduction néerlandaise telles que l’Amphitryon de Molière, représenté en janvier 1758[38]. Bien que ce genre de pièces fût très populaire auprès des spectateurs, en raison de l'un ou l'autre démêlé, et peut-être à cause du manque de zèle des rhétoriciens, la société fut dissoute en 1762[39].
XIXe et XXe siècles
En 1887, sur l'initiative de Willem Schepmans, on renoua avec les vieilles traditions en constituant une nouvelle société, qui prit le nom de l'ancienne chambre des Violieren.
Cette troupe de théâtre amateur, dont le titre complet est Koninklijke Aloude Hoofdrederijkerskamer De Violieren (la Vénérable Chambre royale de rhétorique La Giroflée), occupe une place particulière dans la vie culturelle anversoise.
Avec des hauts et des bas, cette société, sise au centre d'Anvers, continue à déployer toutes sortes d'activités principalement culturelles[40].
Peeter Goetkint Adriaen van Stalbemt (Jan Coomans) Cornelis de Vos, Jan van Meurs Carolo de Mallery Antonio Goetkind Abraham Goyvaerts Geeraert van Wolschaten Steven Wils Roelant Jacops Jan Baptist Barbe Andries Colyns de Nola (Jan Janssens, prince) Theodoor Rombouts Henderick Aertsen Eduard Snaeyers Andries de Licht Nicolaus Lauwers Francken Deken Henderick van Spagnien Joannes Galle Wilhelmus van Hamme Gillis Fabry Guiliam Lesteens Cornelis de Bailleur Henricus van Halmale Peeter Thys Gaspar Huybrechts (Henricus van Halmale) Henricus Peris (Maximus Gerardi) Martinus Huybrechts Gonzales Coques Job. Gillemans Godgaf Verhulst Peeter Clouwet Joannes Baptista Segers Peeter van Brekevelt Franciscus Huybrechts (remplaçant : Ambrosius Breugel) Josephus Dela Morlet Jacobus Bruynel Martinus Verhulst Carolus Emmanuel Biset Peeter Claessens Theodorus Verbruggen Ferdinandus van Abshoven (remplaçant : Martinus Verhulst) Martinus Huybrechts Gonzales Coques Ignatius van Coukercken Peeter Sion Philippus Werts, Martinus Deurweerders, et Godefridus Maes, peintre Jan Baptist de Vree Geeraert Donck Augustinus Graet Henricus Verbruggen Gaspar Bouttats Gaspar Pedro Verbrugghen Henricus van Soest Guillielmus Kerricx, sculpteur, et Henricus van Soest Jacobus Wattele et Gerardus Thomas Jacobus Peeters et Constantinus Francken Cornelis de Clee Thomas Maes Matthys van Afryn Peeter Scheemakers Guilielmus Jacobs Reynier Adriaenssen Joan Anthoni de Pooter Gaspar de Boudt Jacobus van Hal Franciscus Nobertus Colyns Gerardus Thomas Joannes Paulus Robyns