Désiré Écaré

Désiré Écaré
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Biographie
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Désiré Écaré, (de son vrai nom EKRARY) né le à Treichville (Côte d'Ivoire) et mort le (à 69 ans) à Abidjan[1],[2],[3],[4],[5], est un réalisateur ivoirien[4].

Biographie

Désiré Ecaré, chrétien d'origine akan[6], passe la plus grande partie de son enfance à Abidjan, dans une famille de dix enfants qui tous vont à l'école. Son père est fonctionnaire et sa mère, femme au foyer[7]. Il commence ses études secondaires au Collège Catholique de Daloa, puis au Collège d'Orientation du Plateau et enfin au Lycée Classique d'Abidjan[8]. Il fréquente le Centre d'Art Dramatique d'Abidjan en 1959. Il quitte la Côte d'Ivoire pour la France[1], le 19 septembre 1961[9], grâce à une bourse d'études du gouvernement ivoirien et, brillant élève, y obtient son baccalauréat Sciences expérimentales[8]. Son but est de faire du théâtre tout en préparant une licence ès lettres[10]. Ne pouvant entrer au Conservatoire, il intègre le Centre d'Art Dramatique de la rue Blanche où il est couronné[4], deux ans plus tard, d'un deuxième prix d'art dramatique[9]. Il laisse ses études universitaires pour rejoindre l'IDHEC en 1964 où il obtient en 1966[11],[4],[9], un diplôme de réalisateur producteur[8],[4]. Il y rencontre sa future femme d'origine finlandaise avec qui il a deux enfants[7].

Désiré Ecaré entame une carrière d'acteur au théâtre en intégrant la Compagnie du Toucan[9], la troupe de Jean-Marie Serreau[8]. Il crée sa propre maison de production, Les Films de la Lagune, pour réaliser son premier film, Concerto pour un exil[9], sur un thème proposé par sa femme Marjietta Ecaré : l'aliénation sociale et psychologique des Africains vivant à Paris[7]. Pour cela, il vend sa propre voiture et le chef du bureau du cinéma du ministère de la Coopération, Jean-René Debrix, lui confie dix rouleaux de pellicule. Après avoir vu les premiers rushs, le directeur d'Argos Films, Anatole Dauman, lui fournit les fonds nécessaires pour boucler son film[7], lequel sera coproduit avec sa propre société Films de la Lagune[10].

Concerto pour un exil est largement basé sur l'improvisation des acteurs, qui à l'exception de Claudia Chazel, sont des non-professionnels. Henri Duparc, qui a fait l'IDHEC avec Désiré Ecaré, y remplacera parfois des acteurs défaillants, de même que sa femme[7]. Il remporte le prix du jeune cinéma à Hyères[12],[9]et est sélectionné à la Semaine de la critique du festival de Cannes en 1968. Il est également primé à Oberhausen, Taschkent et aux Journées cinématographiques de Carthage[7].

En 1968, il explique aux Cahiers du cinéma le recul des gouvernements africains à soutenir les films : "Notre cinéma est une arme à double tranchant. Si vous frappez avec le tranchant, ça coupe tout le monde. Avec le plat, c'est une caresse", et il ajoute : "Si je disais tout ce que je pense, je n'aurais plus qu'à fuir l'Afrique"[13].

Il tourne à Paris, en 1970, A nous deux France ! avec Pierre Garnier, Frédérique Layne, Marie Gabrielle N'Guipie[14], encore sur l'aliénation, mais sur un mode satirique (les Africaines délaissées par les Africains venus étudier à Paris, qui leur préfèrent les Occidentales). Il est encore produit par Argos Films et les Films de la Lagune, et en boucle le montage en trois mois, avec un budget de seulement 20 000 $. Désiré Ecaré veut l'appeler Suite, mais Argos Films préfére le titre Femme nue, femme noire[15],[1], d'après le poème de Senghor. Il s'y opposa, préférant A nous deux France ! "où France est à la fois le prénom de l'héroïne et celui du pays d'accueil"[16]. La musique est de Memphis Slim qui jouera lors de sa première à Abidjan le 16 juin 1970. Il obtient le prix spécial du jury à Hyères. Le film étant basé sur l'ironie, il se joue du mouvement de la négritude, ce qui lui vaut d'être interdit au Sénégal durant toute la présidence Senghor[7].

Il retourne en 1972 à Abidjan et y devient fonctionnaire, conseiller du ministre du Tourisme et de la Culture sur l'impact du tourisme sur le patrimoine culturel ivoirien, mais il démissionne en 1973 pour tourner Visages de femmes mais dont il doit arrêter le tournage faute de moyens. Il tente d'en réunir en démarrant un élevage de porcs, puis achète le restaurant "Le Maquis" à Ouagadougou. Revenu en 1983 à Abidjan, il termine Visages de femmes qu'il a produit et réalisé avec un budget global de 280 000 $[7]. Le film est présenté en 1985 à la Semaine de la critique du Festival de Cannes et obtient le prix Fipresci[4]. Sorti à Paris quelques semaines après, il est vu par 130 105 spectateurs sur 16 semaines, mais le film fait scandale en raison d'une longue scène d'amour explicite et est interdit en Côte d'Ivoire "pour obscénité et atteinte à la pudeur"[17], ce qui provoque de grands débats et un intérêt démultiplié du public[18].

Désiré Ecaré essaye ensuite de réaliser un scénario écrit quelques années auparavant, Affaires africaines[7]. Possiblement intitulé Indépendance cha cha, "ce serait l'histoire de tous les changements qu'a connu l'Afrique depuis les Indépendances, à travers le regard de deux paysans", indique Désiré Ecaré à Jacques Siclier. "Tout se transforme autour d'eux, sauf leur minuscule existence"[19]. Ce film sur ces êtres malmenés par les réformes administratives et sur le retour au pays des anciens émigrés après les Indépendances[3] prévoit un gros budget mais le réalisateur ne parvient pas à le financer.

Filmographie

Courts métrages

Réalisateur, scénariste

Longs métrages

Réalisateur, scénariste, producteur

Notes et références

  1. a b c et d « Le cinéma ivoirien en deuil : Le réalisateur Désiré Ecaré n`est plus - Abidjan.net News », sur news.abidjan.net (consulté le )
  2. Côte d'Ivoire: Cinéma - Désiré Ecaré n'est plus, AllAfrica.com, 17 février 2009
  3. a et b MIchel Amarger, « Visages de femmes : des Ivoiriennes fières et conquérantes », sur Africine,
  4. a b c d e f g h et i « Africiné - Désiré Écaré », sur Africiné (consulté le )
  5. allafrica, « Hommage à Désiré Ecaré » Accès libre (consulté le )
  6. Christine Delorme, « Un cinéaste du regard », Libération,‎ , p. 31
  7. a b c d e f g h et i (en) Françoise Pfaff, Twenty-five Black African Filmmakers, Westport, Connecticut, Greenwood Press, , 324 p. (ISBN 0-313-24695-5), p. 95-106
  8. a b c et d Richard Bonneau, Écrivains, cinéastes et artistes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Abidjan; Dakar, NEA, 1973, 175 p. (lire en ligne), pp. 73-75
  9. a b c d e et f « A Nous Deux, France », sur Quinzaine des cinéastes (consulté le )
  10. a et b René Prédal, « Entretien avec Désiré Ecaré », Jeune cinéma n°34,‎ , p. 4-8
  11. a b c et d « Désiré Ecaré », sur Semaine de la Critique du Festival de Cannes (consulté le )
  12. « Africiné », sur www.africine.org (consulté le )
  13. Jacques Aumont, « En marge de Hyères : entretien avec Désiré Ecaré », Cahiers du Cinéma n°203,‎ , p. 21-22
  14. a et b À nous deux, France ! sur le site IMDb
  15. a et b « Filmographie », sur www.africine.org (consulté le )
  16. Victor Bachy, Le Cinéma en Côte d'Ivoire, Paris, OCIC/ L'Harmattan, , 84 p. (ISBN 2-85-802276-3), p. 42
  17. Désiré Ecaré, « Quelques réflexions sur cinéma et liberté à propos de Visages de femmes », Présence africaine, cahier spécial Fespaco 93,‎ , p. 21-23
  18. Olivier Barlet, Les Cinémas d'Afrique noire - le regard en question, Paris, L'Harmattan, , 352 p. (ISBN 2-7384-4877-1), p. 122 et 272 pour le nombre d'entrées (source CNC / Le Film français)
  19. Jacques Siclier, « Visages de femmes de Désiré Ecaré. Les combats d'un réalisateur africain. », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant)

Bibliographie

  • « Une nouvelle étape dans le cinéma africain : la victoire au Festival d'Hyères du réalisateur ivoirien Désiré Ecaré», Fraternité Matin, no 1033, 7 mai 1968, p. 7.
  • « Après le sénégalais Sembène Ousmane, l'ivoirien Désiré Ecaré voit son talent consacré à Cannes», Fraternité Matin, no 1061, 11 juin 1968, p. 7.
  • « Samedi 20 juin au cinéma Le Paris, grande première des galas des films de Désiré Ecaré : A nous deux, France et Concerto pour un exil », Fraternité Matin, no 1670, 1670, 16 juin 1970, p. 7.
  • Jacques Aumont, « En marge de Hyères : entretien avec Désiré Ecaré », Cahiers du cinéma, no 203, août 1968, p. 21-22.
  • « La consécration de Désiré Ecaré», Eburnéa no 37, juin 1970, p. 26.
  • Michel Capdenac, « Concerto pour un exil », Les Lettres Françaises, avril, 1970.
  • Henry Chapier, « Concerto pour un exil », Combat, 25 août 1969.
  • Michel Ciment, « Concerto pour un exil », Positif, no 97, été 1968, p. 32-36.
  • Christine Delorme, "Un cinéaste du regard", Libération, 28 juin 1985, p. 31.
  • Claude Gérard, « Le XXe Festival du cinéma français : un enrichissement général», Fraternité Matin, no 1125, 27 août 1968, p. 7.
  • Claude Gérard, « Concerto pour un exil », Fraternité Matin, no 1932, 26 avril 1971, p. 4.
  • Guy Hennebelle, « Naissance d'un cinéma ivoirien : Concerto pour un exil, opus 1 de Désiré Ecaré », Afrique Littéraire et Artistique, no 4, avril 1969, p. 75-81.
  • Guy Hennebelle, "Désiré Ecaré", Jeune cinéma n°34, novembre 1968, p.4-9.
  • Guy Hennebelle, "Entretien avec Désiré Ecaré", Ciné 71 n°152, janvier 1971, p. 138-140.
  • Guy Hennebelle, "Ecaré Désiré", Afrique Littéraire et Artistique n°44, 3ème trimestre 1978, p. 60-62.
  • « Concerto pour un exil », Jeune Afrique, 27 mai 1968.
  • « Concerto pour un exil», Les Lettres françaises, 15 mai 1968
  • « Concerto pour un exil», Les Nouvelles littéraires, 9 mai 1968.
  • René Prédal, « Désiré Ecaré », Jeune cinéma, no 34, novembre 1968, p. 4-8.
  • « Désiré Ecaré : encore un nouveau film! », Fraternité Matin, no 1260, 4 février 1969, p. 7.
  • Jean Rouch, « Le festival de d'Hyères a révélé un nouveau chef de file du cinéma africain : l'Ivoirien Désiré Ecaré », France Eurafrique, no 195, Paris, 1968, p. 47-48.
  • « La consécration de Désiré Ecaré », Eburnéa, no 37, 1970, p. 26

Liens externes