L'architecte Henri van Dievoet, créateur de l'hôtel Astoria de Bruxelles.La verrière de l'hôtel Astoria.
Construit dans un pur esprit parisien, sa façade Louis XVI lui donne un aspect aristocratique et le style Louis XV des pièces intérieures sont pleines de distinction et impressionnent par leur aspect majestueux.
Comme l'écrit Virginie Jourdain[6] : « La consultation des plans soumis aux autorités par l’architecte Henri Van Dievoet nous permet d’approcher les ambitions qui sous-tendaient ce projet : rencontrer, d’une manière inédite dans le quartier Royal, l’ensemble des exigences de services d’une clientèle fortunée, habituée au luxe et au confort moderne les plus poussés. La façade, embrassant le style académique et conservateur « Beaux-arts », en vogue à cette époque dans les milieux bourgeois, abritait 108 chambres desservies par deux ascenseurs. Au rez-de-chaussée, la porte d’entrée principale était flanquée, de part et d’autre, par six magasins de standing mis en location par les propriétaires et qui leur assurait une source de revenus très rentable ».
Après la Grande guerre il reprit sa vie mondaine brillante sous la gestion de Georges Marquet[7] qui créera bientôt de nombreux palaces à travers l'Europe.
Il figure comme l'Hôtel Sacher de Vienne, le Ritz de Paris, le Negresco de Nice ou le Pera Palace d'Istanbul parmi les endroits légendaires de l'hôtellerie de luxe. Le 21 septembre 2000, la façade Belle-Époque, le toit, ainsi qu'une partie de l'intérieur de l'Astoria font l'objet d'un classement au patrimoine architectural de la Région Bruxelles-Capitale[8].
Restauration
Nouvelle verrière de la Palm Court de l'Astoria, identique à celle d'origine.
Après avoir été exploité sous la marque Sofitel du Groupe Accor, l’hôtel Astoria est racheté début 2008 par le groupe Global Hotels and Resort, contrôlé par le cheikh saoudien Mohammed El-Khereji.
À la suite de ce rachat, l'architecte Francis Metzger, administrateur de l'atelier MA² - Metzger et Associés Architecture[9] est appointé pour mener le projet de restauration[10] et d'agrandissement[11] de l'hôtel Astoria. La famille Goossens Bara-Devillers, propriétaire historique de l'établissement[12], avait auparavant fait l'acquisition de cinq bâtiments autour de l'Astoria en vue d'un tel agrandissement futur. L'acquisition de l'hôtel comprenait donc ces espaces supplémentaires.
Après des années de fermeture, l'Astoria est racheté en 2016 par le groupe hôtelier maltais Corinthia, qui continua sa rénovation[12] avec un programme plus ambitieux. Les travaux, toujours sous la direction de Francis Metzger, accompagné de son équipe de chantier composée des architectes Monica Marteaux et Frédéric Huwaert, se poursuivront jusqu'en 2023.
Les restaurants de l'établissements sont accessibles depuis décembre 2024[13] et la réouverture complète de l'hôtel, sous le nom de Corinthia Brussels[14], est prévue pour le mois d'avril 2025.
L'hôtel Astoria comportait, avant restauration, 118 chambres. Il en propose désormais, par sa nouvelle configuration, 126, dont 31 suites et cinq suites signatures[15]. L'agrandissement du lieu exploite les cinq immeubles ajoutés au bâtiment historique classé.
La verrière magistrale de deux étages de haut sur 15 mètres de long, qui avait disparu après 1947 pour des raisons d'étanchéité, a été reconstituée d’après les photos d’époque et retrouve la parure de ses vitraux originaux, colorés et peints.
L'extension permet de développer le projet de palace et de le doter de nouveaux espaces et qualités. L'hôtel comprend aujourd'hui :
Corinthia Spa by Sisley, un spa et centre de bien-être de 1200 mètres carrés
Des salles de réunion modulaires élargies et dotées d’équipements technologiques
Under the stairs, un bar imaginé par la mixologue Hannah Van Ongevalle
Palais Royal, un restaurant gastronomique par le chef étoilé David Martin
Le Petit bon bon, une brasserie gastronomique imaginée par le chef Christophe Hardiquest
Coutume, un concept-store de marques de luxe Belges
Comme le relate l'architecte Francis Metzger[16], « Ce projet, par chacun de ses aspects, était hors norme, multiple, et probablement le plus complexe sur lequel il m’a été donné de travailler. D’abord, car il impliquait une part de restauration tout autant que de construction neuve. Ensuite, car les années écoulées depuis sa conception par Henri Van Dievoet en 1909 l’avaient vu perdre une grande part de son identité néoclassique, pourtant en pleine continuité avec le style Beaux-Arts. Enfin, car en un siècle, le monde a profondément changé. Le luxe du début du XXe siècle est bien loin de celui d’aujourd’hui. Le Corinthia Grand Hotel Astoria se destinant à être le seul palace cinq étoiles de Bruxelles, l’exception devait devenir la norme ».
Bibliographie
Andreas Augustin, Hôtel Astoria Brussels, 2018.
"Astoria: Die Nobelherberge von Brüssel", dans, Bonn Journal, nov. 1972, n° 11, pp. 43 à 45.
Sven-Claude Bettinger (Text) et Markus Hilbich (Bild), Harenberg City Guide Brüssel, Dortmund (Turnhout), 1994, p.424.
Stéphanie Bocart, « L’Astoria va renaître de ses cendres » et « Leçon d’histoire », dans, La Libre Belgique, Bruxelles, vendredi , p.50. (L’Astoria subira une profonde rénovation par l’architecte Francis Metzger qui désire toutefois le préserver et lui rendre son cachet unique.)
Fanny Bouvry, "Famille van Dievoet. Artistes, de père en fils", dans, Le Vif-L'Express, n° 2903, 21-, p. 121.
Carlo R. Chapelle, Étude sur l'hôtel Astoria, Bruxelles, 2010, 600 p. (non publié).
Janine Claeys, "L'hôtel Astoria à la recherche de son authenticité", dans Le Soir, , p. 15.
(Janine Claeys), "rendons à Henri...", dans Le Soir, .
Fr. D., "L'hôtel Astoria va fermer ses portes pour se rénover", dans, Le Soir, (quotidien), Bruxelles, 6-, p. 12.
Thierry Demey, Léopold II (1865-1909), La marque royale sur Bruxelles, Bruxelles, Badeaux, 2009, p. 302.
Guy Duplat, « Reconstituer la verrière mythique de l'Astoria », dans : La Libre Belgique, Bruxelles, 15 février 2021, pp. 44-45.
Anne Hustache, "De la classe dans les enseignes", dans, Les Nouvelles du Patrimoine, n° 119, 2008, p. 20 et p. 22.
Virginie Jourdain, L'hôtellerie bruxelloise 1880-1940 : acteurs, structures et logiques spatiales d'un secteur multiforme, Bruxelles, 2011, vol. 1, p. 308 Lire en ligne.
Mathieu Ladevèze, "L'Astoria va fermer pour un an", dans La Dernière Heure, (quotidien), Bruxelles, 6-, p. 17.
Valérie Lahaye, "L'hôtel Astoria va être rénové". "L'hôtel va accroître sa capacité d'accueil de 118 à 142 chambres", dans, La Libre Belgique, vendredi . (Interview de Valérie Lahaye, du service commercial de l'Astoria).
Georges Lebouc, Bruxelles, 100 merveilles, avec des photographies de Bénédicte Maindiaux, Bruxelles, éditions Racine, 2009, p. 54 (l'hôtel Astoria).
Pierre Loze (dir.), Guide de Bruxelles XIXe et Art Nouveau, Bruxelles, Atelier Vokaer Commission française de la Culture de l'Agglomération de Bruxelles, 1985, pp. 81-82.
Pierre Loze (dir.), Guide de Bruxelles XIXe et Art Nouveau, Bruxelles, Eiffel éditions - C.F.C. éditions, 1990, p.80.
"Patrimoine en péril", dans, Sgraffito, n° 53, 2008, p.26.
Olivier Stevens, "La vie de palace. 3. L'hôtel Astoria. Palace et carnet mondain", dans, La Libre. Match, n° 256 du 3 au , pp. 88 à 95, (avec des illustrations).
Alain Van Dievoet, "L'architecte Henri van Dievoet (1869-1931)", in Sgraffito, Bulletin trimestriel, Groupe d'études et de recherches peintures murales-sgraffites culturel, GERPM-SC asbl 72, rue des Champs-Élysées 1050, Bruxelles, n°55 juillet-août-septembre 2008, pp.3-14.
Alain Van Dievoet, "Projets non réalisés de l'architecte Henri Van Dievoet", dans Sgraffito, Bulletin trimestriel, Groupe d'études et de recherches peintures murales-sgraffites culturel, GERPM-SC asbl 72, rue des Champs-Élysées 1050, n°60, Bruxelles, octobre-novembre-décembre 2009, p.26 à 28.
Herman Verelst, "Hôtel Astoria", dans Brussel Toerisme, 1984, n° 4, p. 13-16.
Guy Verstraeten, "L'Astoria astique ses étoiles. Le célèbre hôtel bruxellois cherche à retrouver son lustre d'antan, en s'associant avec de nouveaux partenaires", dans, Le Soir, Bruxelles (journal), vendredi , p.9.
G. V. , « Astoria, la suite », dans, Le Soir, Bruxelles, vendredi , p.14.
"L'Astoria doir revoir sa copie", dans, Le Soir, mercredi , p. 10: "La commission de concertation de la Ville de Bruxelles a remis un avis défavorable à la demande de permis de rénovation de l'ensemble des parties classées et à l'extension de l'hôtel Astoria, rue Royale. L'avis conforme de la Commission royale des monuments et sites (CRMS) était déjà défavorable au projet, tandis que, mardi, la Ville a ajouté trois conditions dont celle de modifier la composition de façade au rez-de-chaussée rue Royale, plus en harmonie avec la façade existante. Une nouvelle demande de permis devra être réintroduite dans les semaines à venir."
↑Henri Van Dievoet descend de Jean-Baptiste Van Dievoet (1663-1751), époux d'Anne van der Borcht (1670-1707), le frère du sculpteur bruxellois Pierre Van Dievoet (1661-1729), un des créateurs de la Grand-Place de Bruxelles. Lire : « Un disciple belge de Grinling Gibbons, le sculpteur Pierre van Dievoet (1661-1729) et son œuvre à Londres et Bruxelles », dans Le Folklore brabançon, mars 1980, n° 225, p.65 à 91 Lire en ligne. Lire aussi : Pasteur Hugh Robert Boudin, Dictionnaire historique du protestantisme et de l'anglicanisme en Belgique du 16e siècle à nos jours, Arquennes-Bruxelles, 2014, sub verbo "VAN DIEVOET, Henri, °1869 +1931" : « Né dans une vieille famille bruxelloise issue d'un des sept lignages de la ville, dont certains étaient célèbres dans le domaine des beaux-arts : l'orfèvre Philippe et le sculpteur Pierre, un des créateurs de la Grand-Place de Bruxelles. Sa grand'mère Hortense Poelaert était la sœur de Joseph ».
↑Jean d'Osta, Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Bruxelles, 1986, p. 288-289 : « les "hôtes de marque" furent nombreux et fidèles », « En 1919, après la longue occupation par des "hôtes de marque" de l'armée allemande, l'Astoria reprit sa vie brillante, cette fois sous la direction d'un gérant qui plus tard, allait créer de célèbres palaces dans toute l'Europe : M. Marquet. Aux thés dansants de l' Astoria, le Tout-Bruxelles mondain voulait se faire voir et entrevoir les hôtes illustres, tels l'Aga-Khan, le prince héritier du Japon (l'actuel empereur Hiro-Hito), le shah de Perse, le ministre Édouard Herriot, Maurice Chevalier etc. », « De toute façon, les hôtes d'importance ne firent jamais défaut. L'après-guerre de l' Astoria fut marquée, dès le début de 1945, par le séjour de Winston Churchill. Dans le livre d'or du prestigieux hôtel, on peut lire ensuite les noms de Konrad Adenauer, David Ben Gourion, du Premier ministre Edward Heath, de Yehudi Menuhin, David Oïstrakh, Khatchaturian, Rubinstein, Gérard Philipe, Pierre Fresnay, le général Haig, Salvador Dali, parmi d'autres célébrités ».
↑Michèle Goslar, Yourcenar. Biographie. "Qu'il eût été fade d'être heureux", Lausanne : L'Âge d'Homme, 2014, p. 224 : « Une conférence, reportée depuis février 1954, la ramène à Bruxelles le 1er avril. (...) malade, elle prolonge son séjour à l'hôtel Astoria jusqu'au 6 avril ».
↑Georges Lebouc, Bruxelles, 100 merveilles, Bruxelles, Racine, , 217 p. (ISBN978-2-87386-589-4), p. 54
↑Virginie Jourdain, L'hôtellerie bruxelloise 1880-1940 : acteurs, structures et logiques spatiales d'un secteur multiforme, Bruxelles, 2011, vol. 1, p. 308.
↑Jean d'Osta, Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Bruxelles, 1986, pp. 288-289 : « En 1919, après la longue occupation par des "hôtes de marque" de l'armée allemande, l'Astoria reprit sa vie brillante, cette fois sous la direction d'un gérant qui plus tard, allait créer de célèbres palaces dans toute l'Europe : M. Marquet.
↑Voir journal Le Soir, Bruxelles, samedi 19 et dimanche 20 juin 2010, p. 9 (manchette): "L'hôtel Astoria, rue Royale à Bruxelles, racheté en 2008 par le cheik saoudien Mohammed Youssef El-Khereiji (Global Hotels & Resorts), rouvrira ses portes en 2013 après de nombreux travaux qui coûteront 30 millions d'euros en tout".