Conjecture de Birch et Swinnerton-DyerEn mathématiques, la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer prédit que pour toute courbe elliptique sur le corps des rationnels, l'ordre d'annulation au centre de la bande critique de la fonction L associée est égal au rang de la courbe. Elle prédit même la valeur du premier terme non nul dans le développement limité au centre de la bande critique de cette fonction L. Ouverte depuis plus de quarante ans, la conjecture n'a été démontrée que dans des cas particuliers. Largement reconnue comme un des problèmes mathématiques les plus difficiles et les plus profonds encore ouverts au début du XXIe siècle, elle est un des sept problèmes du prix du millénaire. ContexteEn 1922, Louis Mordell a démontré le théorème de Mordell : le groupe abélien des points rationnels de toute courbe elliptique définie sur le corps des rationnels est de type fini. Il est donc isomorphe au produit d'un nombre fini de groupes cycliques : (Z/a1Z) x (Z/a2Z) × ... × (Z/akZ) × Zr, où k et r sont deux entiers positifs ou nuls et les ai sont des entiers strictement positifs. L'entier r, appelé le rang de la courbe, est un invariant important de la courbe elliptique. Il est nul si et seulement si le groupe est fini (ce qui, d'après le théorème de Faltings, est toujours le cas si la courbe est de genre > 1). Bien que le théorème de Mordell montre que ce rang est toujours fini, il ne donne pas de méthode effective pour calculer le rang de chaque courbe. Le rang de certaines courbes elliptiques peut être calculé en utilisant des méthodes numériques mais celles-ci ne peuvent pas être généralisées pour toutes les courbes. Une fonction L, L(E,s), peut être définie pour toute courbe elliptique E en construisant un produit eulérien à partir du nombre de points sur la courbe modulo chaque nombre premier p. Cette fonction L est analogue à la fonction zêta de Riemann et aux séries L de Dirichlet qui sont définies pour une forme quadratique à deux variables. C'est un cas particulier de fonction zêta de Hasse-Weil. La définition naturelle de L(E,s) converge seulement pour les valeurs de s dans le plan complexe telles que Re(s) > 3/2. Helmut Hasse a conjecturé que L(E,s) pouvait être étendue par prolongement analytique au plan complexe entier. Cette conjecture fut d'abord démontrée par Max Deuring pour les courbes elliptiques avec multiplication complexe. Dans le cas général, elle résulte du théorème de modularité, qui établit que toute courbe elliptique est modulaire, c'est-à-dire que sa fonction L est la fonction L associée à une forme modulaire. Trouver des points rationnels sur une courbe elliptique générale est un problème difficile. Trouver les points sur une courbe elliptique modulo un nombre premier donné p est conceptuellement direct, puisqu'il n'y a qu'un nombre fini de cas à vérifier. Néanmoins, pour des grands nombres premiers, cela requiert des calculs intensifs. HistoireAu début des années 1960, Bryan Birch et Peter Swinnerton-Dyer ont utilisé l'ordinateur EDSAC au laboratoire informatique de l'université de Cambridge pour calculer le nombre de points modulo p (désigné par Np) pour un grand nombre de nombres premiers p sur des courbes elliptiques dont le rang était connu. À partir de ces résultats numériques, ils émirent la conjecture que Np pour une courbe E de rang r suit la loi asymptotique pour une certaine constante C. Initialement, ceci était basé sur la tendance ténue des points d'un graphique, ce qui induisait un certain scepticisme chez le directeur de thèse de Birch, John Cassels. Cela les conduisit à faire une conjecture sur le comportement de la fonction L d'une courbe elliptique L(E,s) en s = 1, à savoir : qu'il y aurait un zéro d'ordre r en ce point. C'était une conjecture particulièrement spectaculaire car à cette époque, le prolongement analytique de L(E,s) au point s = 1 était seulement établi pour les courbes avec multiplication complexe. Une version plus précise de la conjecture fut ensuite proposée, décrivant le coefficient de Taylor principal de la fonction L en s = 1 en fonction d'invariants arithmétiques de la courbe étudiés par Cassels, Tate, Chafarevich et d'autres. ExempleConsidérons un polynôme en deux variables non nul dont les coefficients sont des nombres rationnels. Supposons que la courbe projective plane associée n'ait pas de singularités. Intéressons-nous aux solutions de l'équation en des nombres rationnels (x,y). Alors :
État actuelLa conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer a été démontrée seulement dans les cas particuliers suivants :
Rien n'a été démontré pour les courbes de rang supérieur à 1, bien que les calculs laissent à penser que la conjecture est vraie. La conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer est un des sept problèmes du prix du millénaire recensés et mis à prix en 2000 par l'Institut de mathématiques Clay. Références
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