Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier
La Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier est une association catholique essentiellement composée de laïcs. Son siège se trouve à Montpellier dans la chapelle Sainte-Foy. GénéralitésLes confréries de Pénitents sont des associations catholiques dont les membres, appelés frères ou sœurs, sont essentiellement des laïcs[1]. Les Pénitents ne sont pas un ordre religieux, chaque confrérie est indépendante des autres et est soumise à l'autorité de l'évêque du lieu[2]. Pour autant, il existe de nombreuses similitudes entre les différentes confréries dont les membres se réunissent régulièrement pour pratiquer la prière et la charité. Certaines confréries sont uniquement masculines, d'autres uniquement féminines, mais la plupart sont mixtes, comme c'est le cas des Pénitents blancs de Montpellier. On retrouve des confréries de Pénitents ou de Miséricorde (Pénitents noirs) en Espagne, dans le sud de la France, à Monaco, en Italie mais aussi dans les Balkans, en Belgique, en Pologne, en Suisse et sur le continent américain. Montpellier compte deux confréries de Pénitents, les blancs et les bleus[3]. La « dévote et respectable Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier »[4] est placée sous l'invocation du Saint Esprit, la protection de la Vierge Marie, dédiée spécialement à sainte Foy et consacrée au Sacré Cœur[5]. Sa devise est Spiritus Sanctus ubi vult spirat (L'Esprit Saint souffle où il veut). Sous sa forme actuelle c'est une association loi de 1901, reconnue d'utilité publique[6]. Son siège est sa chapelle, située au no 14 de la rue Jacques Cœur. De nos jours ses principales missions sont[7] :
La Confrérie compte 49 membres[10], hommes et femmes, de 25 à 103 ans. Tous ses officiers[11] sont élus pour un an renouvelable. Elle est dirigée par le premier d'entre eux, le prieur[12], le plus souvent laïc, et par un Conseil de direction de douze membres. Comme dans toute association, certaines fonctions, appelées dans ce cas offices, sont confiées à des membres élus, les officiers. Citons entre autres le trésorier, le maître des Cérémonies, le secrétaire, le ponctuateur (maître de chœur), l'archiviste et les syndics chargés de missions particulières. Une association regroupe, sur la base du volontariat, toutes les confréries de Pénitents de France et de Monaco, il s'agit de la Maintenance des Pénitents de France. Une nouvelles structure fédère les Pénitents au niveau international, c'est le Forum Omnium Gentium Confraternitatum. La chapelle Sainte-Foy est le siège de la Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier depuis 1518. Citée pour la première fois en 1228, elle fut construite un peu avant, vraisemblablement au XIIe siècle. Mais nous ne connaissons pratiquement rien de l'aspect de la chapelle à cette époque car elle fut détruite lors des guerres de Religion. Rendue à la Confrérie après le siège de la ville par Louis XIII en 1622, la chapelle Sainte-Foy fut reconstruite entre 1623 et 1626. Elle présente notamment un important plafond à caisson du XVIIe siècle. Les murs furent couverts de lambris en bois doré dus à l'architecte Augustin-Charles d'Aviler entre 1697 et 1706. Dans sa partie haute, des dessus de portes figurant des angelots alternent avec des médaillons, le tout peint par Antoine Ranc et son atelier à la fin du XVIIe siècle. La partie basse de ces lambris est garnie de peintures réalisées au début du XIXe siècle pour remplacer celles disparues durant la Révolution française. Le tambour de style rocaille et le portail d'entrée furent posés en 1747. Il présente des sculptures d'une grande finesse. La chapelle des Pénitents blancs de Montpellier fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du . Histoire de la ConfrérieCe type de confrérie, ou sodalité, est né au Moyen Âge de la volonté de laïcs de se rapprocher de la régularité de prière communautaire des moines tout en continuant à mener une vie de famille et une activité professionnelle. Elles furent reconnues par les autorités religieuses et notamment les Papes Honorius III[13], Grégoire X[14] et Nicolas IV[15]. Selon une ancienne tradition orale, les Pénitents blancs de Montpellier auraient été fondés au XIIIe siècle[16] à la suite d'un voyage, hypothétique, de saint François d'Assise. Mais les archives médiévales de la confrérie ayant été détruites[17] durant les Guerres de religion[18], son existence n'est avérée qu'à partir de 1517[19] où elle prend sa forme actuelle et s'installe dans la chapelle Sainte-Foy avant 1568. En 1568, la confrérie vit sa chapelle détruite et fut chassée de la ville. Elle n'en continua pas moins, parfois dans la clandestinité, ses exercices pieux. La Confrérie trouva alors refuge dans la grotte de la vestiairie, place de la Canourgues, avant de rebâtir la chapelle de la Sainte-Croix située au-dessus en 1609. Mais cette dernière fut à son tour détruite en 1621[20] et les Pénitents interdits. Revenue à partir de 1623 dans les ruines de son ancienne chapelle-Sainte Foy[21], la Confrérie connaîtra un important développement se chargeant des obsèques de ses membres et des pauvres de la ville, de l'assistance aux malades par des visites fréquentes, ainsi que de l'accompagnement des condamnés à mort au XVIIIe siècle. C'est aussi à cette époque, en 1758, que des femmes furent inscrites en grand nombre sur les registres de la Confrérie. En fait le terme de sœur employé dans les livres comptables dès 1627 laisse à penser que la Confrérie était mixte depuis l'origine[22], mais que les mentalités de l'époque[23] rendaient difficile leur admission officielle[24]. Toujours au XVIIIe siècle, la Confrérie des Pénitents blancs de Montpellier fut prise comme modèle par nombre de confréries voisines qui s'y affilièrent. Cet ensemble compta plus de 70 compagnies affiliées[25]. En 1789, afin de poursuivre son activité funéraire, la Confrérie acheta aux religieux de Notre-Dame-de-la-Merci leur chapelle Sainte-Eulalie dotée de nombreux caveaux. Distribuant de la nourriture ou des aides en argent, la confrérie affirma son rôle social. En dépit de la présence constante de nombreux petits employés, commis ou apprentis, certaines catégories étaient sur représentées dans la Confrérie, notamment les magistrats de la Cour des Comptes Aides et Finances, les médecins et à partir de 1770, les officiers des régiments en poste dans la ville. Cette forte présence des élites était indispensable à l'équilibre économique de la Confrérie qui fonctionnait comme une mutuelle. Mais au milieu du XVIIIe siècle, cela aboutit à une dérive mondaine, voire affairiste de la Confrérie qui grandit jusqu'à la démesure. Ainsi certains prieurs furent-ils choisis pour le prestige qu'ils apportaient à la Confrérie[26], la direction effective revenant alors au sous prieur. Profondément divisée[27] sur les « idées nouvelles » et surtout par la question de la Constitution civile du clergé au début de la Révolution française, la confrérie fut dissoute 1792 et sa chapelle vendue comme bien national en 1793[28]. Nombre de Pénitents de Montpellier, blancs et bleus, furent exécutés sous la Terreur. Mais dès 1797, les Pénitents blancs se réunissent dans une semi-clandestinité pour reprendre leurs prières[29]. Ils sont rejoints par d'autres catholiques, dont des Pénitents bleus, pour former la société des amis réunis[30]. Puis en 1801, la confrérie revient dans sa chapelle qu'elle loue puis rachète et restaure en 1805. Elle reprend ses activités de charité, ce qui va amener à la fin du siècle à la création d'une Société de secours mutuels, la Sainte-Foy, qui deviendra une mutuelle de santé au XXe siècle[31]. Entre 1880 et 1920, frappées par l'interdiction des processions publiques voilées et la municipalisation des funérailles[32], beaucoup de Confréries de Pénitents disparurent faute d'un recrutement suffisant[33]. Grâce notamment à l'aide du cardinal de Cabrières, évêque de Montpellier, les Pénitents blancs de Montpellier traversèrent cette période de crise. Ils donnèrent aussi asile à différentes associations catholiques[34]. Lors de sa disparition, la Confrérie de la Vraie Croix de Montpellier[35] institua les Pénitents blancs comme leurs héritiers, leur léguant leurs archives remontant au XIIIe siècle et une relique de la Vraie-Croix ramenée de croisade par le bienheureux Guilhem VI de Montpellier[36]. C'est dans la droite ligne de cette dévotion qu'à partir de 1928 la Confrérie va se charger de l'entretien et de la restauration des croix publiques de la ville. C'est cette année-là que la Confrérie va adhérer à l'Archiconfrérie des Pénitents du Gonfalon de Rome. La tenue du PénitentLa couleur blanche de la tenue évoque la pureté, le baptême et la lumière de l'Esprit-Saint. L'habit des Pénitents comprend trois éléments principaux :
L'identité est publique, la liste des Pénitents est depuis toujours affichée dans la chapelle[38]. Quelques Pénitents blancs de Montpellier célèbresNombre de Pénitents ont marqué l'histoire, en voici quelques exemples, parmi tant d'autres, par ordre d'admission dans la Confrérie : François Chicoyneau, François Gigot de Lapeyronie, Henri Haguenot qui construisit l'Hôtel Haguenot, Henri Pitot, Mathieu Dumas dit le Baron Dumas, la duchesse Matignon de Fitz-James, le maréchal Charles O'Brien de Thomond, le cardinal Charles Antoine de La Roche-Aymon, Jean-Jacques Régis de Cambacérès, le cardinal Étienne Hubert de Cambacérès, son frère, Charles-Maurice de Monaco comte de Valentinois, Marie-Catherine Brignole princesse de Monaco, Antoine-Louis Séguier, la princesse Radziwiłł, le cardinal Anatole de Cabrières, Henri de Carrion-Nizas, les félibres Albert Arnavielle et Frédéric Mistral… Ainsi les plus grands noms ont toujours côtoyé les couches populaires, petits artisans, apprentis, journaliers, au sein de la Confrérie, c'est l'une des spécificités de ses sodalités. C'était aussi une nécessité économique pour que les plus riches puissent aider les plus pauvres. En revanche les postes de direction étaient majoritairement aux mains des magistrats de la Cour des Comptes Aides et Finances sous l'Ancien Régime, puis de la noblesse au XIXe siècle. Sources et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
|
Portal di Ensiklopedia Dunia