Corc mac Lugaid (ou Luigthig), également appelé Conall Corc, Corc de Cashel ou Corc mac Láire[1] était un roi de Munster (en irlandais : Muman), l'un des cinq royaumes d'Irlande, qui vivait au IVe siècle.
Origine et légendes
Selon l'historienne Edel Bhreathnach, Corc serait le fils de Lugaid mac Ailill Flann Bec et de sa seconde épouse, Bolco Ban Bretnach, fille d'un « roi d'Alba ».
L'identité du père de Corc reste toutefois un mystère. Alors qu'il appartenait très probablement à la famille des proto-Eóganachta, celui-ci est appelé de façon incohérente dans les généalogies et les récits Lugaid ou Láre. Une confusion supplémentaire est causée par le fait qu'un certain Láre Fidach est désigné comme le père de Crimthann dans l'une (pas forcément la plus ancienne) de ces sources[3]. Mais il ne peut s'agir du même individu car ceci ferait de Corc et de Crimthann deux frères.
Dans les contes, Crimthann n'est désigné que comme son oncle ou son cousin[4]. David Sproule estime donc que le père de Corc devait être Lugaid Láre et que les Laud sont erronés.
Corc s'appelait à l'origine Conall. Le Livre de Munster raconte que l'enfant avait été confié en nourrice à Maghlar Dearg, de la tribu des Corca Oiche, et au poète Torna Eigeas. Il y avait à l'époque dans le royaume des sorcières qui tuaient les enfants nouveau-nés. Celles-ci vinrent dans la maison où se trouvait l'enfant, que l'on cacha sous un chaudron que l'on renversa.
Qui allons-nous détruire parmi les habitants de cette maison ? demanda l'une des sorcières.
Il n'y a que celui qui est caché sous le chaudron, répondit une autre.
Après cela, une étincelle jaillit du feu et frappa l'oreille de l'enfant, qui prit une couleur pourpre (Corcra).
De ce jour, il fut appelé Corc.
C'est en rentrant de son exil écossais que Corc se rendit par hasard en un lieu que le porcher d’Áed, roi des Múscraige, avait, à la suite d’une vision, désigné comme le siège éternel de la royauté de Muman, et découvrit puis fonda Cashel[5]. D'après le Livre de Lecan, Corc fut même roi de toute la moitié sud de l’Irlande, le Leth Moga[6].
Généalogie de Corc
Ses ancêtres proto-historiques sont connus sous le nom de Deirgtine. S'il était probablement le petit-fils d'Ailill Flann Bec, sa parenté avec Dáire Cerbba et le Haut-Roi Crimthann mac Fidaig est discutée. Crimthann est d'ailleurs souvent présenté dans les légendes comme son ennemi.
(en caractères gras, les individus ayant régné)[4]
Corc est le héros de contes irlandais décrivant l'origine légendaire de la famille des Eóganachta, qui tire son nom d'Éogan Mór, un roi mythique qui régnait au IIe siècle ou au IIIe siècle de notre ère et arrière-arrière-grand-père de Corc.
4 autres sont issus d'une fille du roi des Pictes, Feradach[8], nommée Mongfind dans les généalogies, où elle est probablement confondue avec une reine irlandaise portant le même nom qui peut avoir été (ou pas) la sœur de Crimthann mac Fidaig :
Maine Leambna (c'est-à-dire Maine de Leven, du nom du Loch Leven, en Écosse), dont sont issus les Leamhnaig d'Écosse, ancêtres putatifs des Mormaer de Lennox ;
Caipre Luachra, à l'origine de la branche des Eóganacht Locha Léin (cf. plus haut), des Aos Aiste, des Aos Alla et des Aos Greine ;
↑Du nom de sa mère adoptive, Láir Derg, Jument rouge.
↑Ouvrage collectif sous la direction d'Edel Bhreathnach, The kingdom and landscape of Tara, Tables 9, p. 356-357 : « Early Eóganacht », Four Courts Press for The Discovery Programme, Dublin (2005). (ISBN1851829547).
↑Cf. Laud 610 : Lugaid mac Ailella tres filios habuit .i. Lugaid, a quo nÚi Luigdech Éle ; Cathdubh, a quo hÚi Chathbad Chuille. Corc mac Luigdech (Meyer, 1912).
↑In tan trá ro·bás oc imchosnam ríge Muman iar n-ecaib a athar, iss and ranic Corc. Do·gníth iarum attreb les-sium fo chetóir issin Chasiul 7 ba lán-ri fer Muman ria cind sechtmaine […] Is é sein didiu atá Cassel Cuirc 7 iss ed sil 7 a femen Cuirc mac Lugdach fil i Cassiul co bráth ond uair sin. (cf. Longes Chonaill Chuirc).
↑Cf. Livre de Lecan : Ro gob Corcc Mac Luigdeach rigi leithi Erind, Hull (1930).
↑Cf. Gaël Hily, Le dieu celtique Lugus, thèse de littératures celtiques médiévales et histoire des religions, École pratique des hautes Études, Paris (2007).
↑Corc avait été exilé d'Irlande après que la femme de Crimthann l'eût injustement accusé d'avoir voulu la séduire, et ordre avait été donné à Feradach de le faire assassiner, cf. Longes Chonaill Chuirc (Exil de Conall Corc) dans le Livre de Leinster.