La commanderie de Montsaunès est située dans le département de la Haute-Garonne à 20 km à l'est de Saint-Gaudens et à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse.
Les archives de la commanderie n'ont pas conservé la charte de sa fondation. Elle existait déjà en 1142, puisque c'est l'année où le Temple de Montsaunès se voit recevoir une donation par Fourtanier de Toulouse [1]. Au fur et à mesure des nombreuses donations en terre et en biens par les seigneurs locaux entre 1156 et 1193, la commanderie se présente rapidement comme la principale commanderie de Haute-Garonne. Ce titre fut confirmé par le pape Alexandre III en 1170 lorsque celui-ci donna sa protection apostolique aux troupeaux et aux domaines.
La notoriété de la commanderie au milieu du XIIe siècle permit à certains nobles de la région de prononcer les vœux à l'ordre du Temple. On peut citer entre autres Raimon At d'Aspet (1156) et Raimon Guilhem de Couts (1168).
La principale activité de Montsaunès fut l'élevage, la culture des céréales et de la vigne.
À la fin du XIIIe siècle, les Templiers de Montsaunès octroyèrent des libertés et franchises à plusieurs villes et dépendances de la commanderie. Après la suppression de l'ordre du Temple, Montsaunès devint une des principales commanderies de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avec ses dépendances à Mazères-sur-Salat, Ausseing, Plagne, Figarol, Cadelhan, Salles, etc.[2].
Une fois sous possession hospitalière la commanderie porta son attention sur ses fortifications jugées insuffisantes, et Raymond de Lescure, alors prieur de Toulouse, fit élever à partir de 1397 un fort composé de maisons entourées d'un mur de défense[3].
Mais durant les guerres de Religion, la richesse de la commanderie s'amenuisa à tel point qu'à la fin du XVIe siècle, les rentes et redevances ne pouvaient plus être honorées.
Possession
La commanderie de Montsaunès avait des dépendances dans la région[4]..
En s'approchant, on remarque de fines sculptures sur les trois arcades du portail ouest ainsi que sur les quatre colonnettes qui l'encadrent.
La rosace est également remarquable, constituée de treize cercles (un grand et douze plus petits) représentant le Christ-Soleil et les Apôtres-zodiaque.
Intérieur
L'intérieur de la chapelle est remarquable car décoré de fresques datant du début du XIIIe siècle présentant un grand nombre de figures géométriques.
Se trouvant sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, le décor intérieur y trouve son inspiration. On peut y observer des schémas astronomiques donnant le lieu et la date précise.
Commandeurs
Liste établie à partir des travaux d'Antoine du Bourg[9], ceux-ci étant connus pour ne pas être toujours très précis concernant la période templière. Les informations erronées sont corrigées à partir de l'analyse du cartulaire de Montsaunès par Charles Higounet[10] et par la liste des commandeurs établie par Émile-Guillaume Léonard[11]:
↑D'après E.G Léonard, jusqu'en 1267[11] mais les chartes concernées ne sont pas datées, il ne s'agit que d'estimations.
↑En 1266-67, Il est maître de baillie, probablement celle de Gascogne, peut-être celle de Toulouse ?.
↑G. de Tolosa, Antoine du Bourg le nomme à tort Géraud de Toulouse.
↑E.G Léonard proposait 1150[11] sur la base d'une charte non datée que Charles Higounet situe plutôt en 1175/76. Antoine du Bourg proposait 1180-1182.
↑(la): Augerius de Cunis, Antoine du Bourg le nomme Augier des Cunset indique deux périodes qui sont 1183-86 et 1200-1201, non corroborées par les dates des chartes du cartulaire de Montsaunès.
↑Antoine du Bourg le nomme Fortanier d'Estampuras et proposait 1201-1212.
↑N'apparaît pas dans le cartulaire de Montsaunès publié par Higounet qui s'arrête en 1193 pour la liste des commandeurs. Antoine du Bourg proposait 1199-1200.
↑Fourtanier de Séados d'après Antoine du Bourg qui n'indique que 1248. E.G Léonard mentionne 1244 et 1249. Certains auteurs le nomment Fortuné ou encore Fortaner de Seados, sans doute originaire de Ciadoux. Il a été commandeur d'Argentens (attesté en 1230, 1232, 1236 d'après Léonard) et de la baillie de l'Agenais à priori jusqu'en 1240[14]. Argentens étant le chef-lieu et le lieu de résidence des commandeurs de cette baillie.
↑Célébrun, Cénebrun et Sénebrun sont un seul et même prénom de l'époque médiévale que l'on trouve dans le sud-ouest de la France. Selon les auteurs, on le trouvera mentionné avec ces différents prénoms. À noter qu'on trouve également Célestin de Pins mais il n'y a rien qui justifie de le prénommer ainsi, la racine latine de ce prénom (Caelestinus) n'étant pas la même. Pour la fin de cette période à Montsaunès, elle est au minimum postérieure au 05 avril 1288, date à laquelle a été rédigée la charte de coutumes de Montsaunès[16] mais les périodes proposées par Antoine du Bourg (1279-1293, 1300-1302) sont erronées (Bourg 1883, p. 203) car Émile-Guillaume Léonard ne le mentionne qu'en 1278, 1280 et 1287 et d'autres noms apparaissent dans les chartes à commencer par Bernard-Guillaume d'Espello en 1279 et Arnaud de Calmont en 1290 (Léonard 1930) mais aussi en 1291 (Mondon 1924, p. 87). Par contre, on peut supposer l'existence d'un acte en 1293 car Antoine du Bourg n'a pas pu fixer la fin de cette période par hasard et il n'indique personne entre 1294 et 1297. Un templier interrogé pendant le procès indique toutefois qu'il a été reçu vers 1298 par Sénebrun de Pins, commandeur de Montsaunès. Sénébrun de Pins a donc été deux, voire trois, fois commandeur de Montsaunès puisqu'on le voit encore en février 1303, concédant la charte de coutumes de Plagne[17]. Il a sans doute été également commandeur d'Argentens et de sa baillie car rien n'indique qu'il puisse s'agir d'un homonyme mais les dates proposées par Antoine du Bourg (1286-1290, (Bourg 1883, p. 25)) se chevauchent avec une de ses périodes à Montsaunès. E.G Léonard ne le mentionne pas pour Argentens mais n'indique pas de nom pour la période 1286-1288 ni pour 1290-1296. Si on fait abstraction des dates relatives à l'Agenais proposées par Monique Sieuzac, celles-ci provenant d'Antoine du Bourg, on constate que pour Argentens elle propose deux périodes dont c.1290-1293 qui parait plausible. Ces informations demandent à être vérifiées compte tenu des nombreuses sources contradictoires.
↑(la): A. de Calmonte, Arnaldus de Calmonte, de Calomonte, de Cavomonte. Attesté comme commandeur de Toulouse (1275/76)[18] puis de Montricoux (1283-85) et enfin de Montsaunès en 1290 et 1291. Antoine du Bourg indique quant à lui 1298-1299 mais ces dates demandent à être vérifiées. Un certain Arnald de Calmont (Arnaldus de Calmon), vraisemblablement le même individu, a été commandeur de Drulhe en 1270-71[19]
↑(fr + la) Jacques Clemens, « La rumeur agenaise de l'enfermement templier au début du XIVe siècle », Revue de l'Agenais, Société académique d'Agen., vol. 124, no 1, , p. 28 (note 122) (présentation en ligne)
1240: « Fort Aner de Sanados de Agenes erat magister e de Vasades »
↑1241: Acte n°216397 dans Chartae Galliae. Edition électronique: Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2014. (Telma). En ligne / Paul Ourliac et Anne-Marie Magnou, Cartulaire de l'abbaye de Lézat, t. I, CTHS, , p. 212-213 (n°272), lire en ligne sur Gallica ; 1244: Acte n°215867 dans Chartae Galliae. Edition électronique: Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2014. (Telma). En ligne / (fr + la) Cyprien Lacave La Plagne Barris, Cartulaires du chapitre de l’église métropolitaine Sainte-Marie d’Auch. Cartulaire blanc, Paris-Auch, , p. 301-303 (n°74), lire en ligne sur Gallica ; 1249: E.G Léonard, « Tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs », dans Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317), constitué par le marquis d'Albon et conservé à la Bibliothèque nationale, E. Champion, , xv-259, chapitre "Provence", « Montissalnensis »
↑ a et bS. Mondon, « Coutumes de Montsaunès (5 avril 1288) », Revue de Comminges, t. XXV, no 2, , p. 306-307, lire en ligne sur Gallica
↑1290: Léonard 1930 ; 06 sept 1291: S. Mondon, « Coutumes de Mazères-du-Salat accordées par le chevalier Arnaud de Calmont, commandeur de Montsaunès », Revue de Comminges, t. XXXVIII, no 3, , p. 87, lire en ligne sur Gallica
Interrogatoire en 1311: « frater Guillelmus de Cardalhac ... receptus fuerat in quadam camera domus Templi de Bendra, diocesis Convenarum ..., erunt circiter XIII anni, per fratrem Senebrunum de Prani militem, de cujus vita vel morte non habet certitudinem, preceptorem tunc de Montsannes ejusdem diocesis » ⇒ Guillaume de Cardeilhac, reçu dans la chambre de la maison de Boudrac, diocèse de Comminges, il y a environ 13 ans par Sénebrun de Pins, dont j'ignore s'il est encore vivant ou mort, commandeur de Montsaunès dans le même diocèse.
Bibliographie
Études portant sur la commanderie de Montsaunès
Pierre Augé, « Les fresques du XVIe siècle de l'église de Montsaunès », Revue de Comminges, vol. 94, , p. 723-733 (lire en ligne)(non exploité).
Pierre Augé, « L'Église des Templiers de Montsaunès : II - Les fresques du XVIe siècle », Revue de Comminges, vol. 95, , p. 79-83 (lire en ligne)(non exploité).
Charles Higounet, « Cartulaire des templiers de Montsaunès », Revue de Comminges, t. 60, no 1, , p. 1-15, lire en ligne sur Gallica ;
(fr + la) Charles Higounet, « Cartulaire des templiers de Montsaunès », Bulletin philologique et historique jusqu'à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques: Années 1955 et 1956, Paris, , p. 211-294, lire en ligne sur Gallica ;
Françoise Laborde, « L'église des Templiers de Montsaunès (Haute-Garonne) » [publié en 5 parties], Revue de Comminges, vol. 92, 1979, p. 355-373 [lire en ligne]; p. 487-507 [lire en ligne]; vol. 93, 1980, 3e partie, p. 37-51 [lire en ligne]; p. 227-241 [lire en ligne]; p. 335-355 [lire en ligne] (non exploité).
Jean Laffargue, « Les peintures templières de Montsaunès », Actes du deuxième Congrès international d'études pyrénéennes / Congrès international d'études pyrénéennes, Tome 6, Section V, Archéologie, art, histoire, droit (Luchon-Pau, 1954), Privat, Toulouse, 1957, p. 43-50. (non exploité).
Reproduit dans Actes des Congrès d'Etudes Régionales I - VII de la Fédération Historique du Sud-Ouest 1948 - 1954 : Agen, Périgueux, Cahors, Dax, La Réole, Saintes, Luchon-Pau, Fédération historique du Sud-Ouest, Bordeaux, 1997, p. 361-372
Jean Laffargue, « L'Église des Templiers de Montsaunès : I - Notes sur les peintures », Revue de Comminges, vol. 94, , p. 557-560 (lire en ligne)(non exploité).
Christine Lalanne-Belair, « Le Couserans et la commanderie templière de Montsaunès », dans Florence Guillot (dir.), Fortifications médiévales dans les Pyrénées : Comtés de Foix, Comminges, Couserans, Canens, éditions In Extenso, (ISBN979-10-91148-07-8), p. 151-162
Généralités
Antoine du Bourg, Ordre de Malte : Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France..., Toulouse, L. Sistac et J. Boubée, , lire en ligne sur Gallica
Gaetano Curzi, La pittura dei Templari, SilvanaEditoriale, coll. « Biblioteca d'arte », 2002, 141 p. (ISBN88-8215-429-7). (Consulté). p. 31.34.37-39.105-106.108-110.114-115.
Julien Frizot, Sur les pas des Templiers en terre de France, Édition Ouest-France, 2005. (Consulté).