Combe-Capelle est un ensemble de gisements préhistoriques situé dans la vallée de la Couze sur la commune de Saint-Avit-Sénieur dans le département de la Dordogne (France). Découvert en 1885, il est connu pour la mise au jour en 1909 d'un squelette humain dénommé l'« Homme de Combe-Capelle ». Ce site paléolithique et mésolithique fait toujours objet de fouilles et, en 2011, la découverte d'un lissoirnéandertalien a renouvelé l'intérêt pour le site.
Le squelette est à l'origine des conférences d'été de la vallée de la Couze qui se tiennent annuellement à Montferrand-du-Périgord.
Situation
Le site de Combe-Capelle se trouve à environ 3,4 km (à vol d'oiseau) au sud-est du bourg de Saint-Avit-Sénieur, en rive droite (côté nord) de la Couze (affluent de la Dordogne), à la limite des communes de Saint-Avit-Sénieur et de Montferrand-du-Périgord. Il est longé au sud par la route départementale D 26 qui suit la vallée de la Couze[1].
Historique des fouilles
En août 1885, le site de Combe-Capelle est découvert par Michel-Antoine Landesque, curé de Lavalade en Dordogne. Il y amène les membres de la Société géologique de France en septembre 1887 pour leur montrer les résultats in situ de ses fouilles[2].
Le , un ouvrier du négociant en art et archéologue Otto Hauser, entreprenant des fouilles à l'abri sous roche du Roc de Combe-Capelle, découvre un squelette humain : l'Homme de Combe-Capelle[3].
En 1910, Denis Peyrony loue le terrain du site et commence des fouilles scientifiques, notamment en 1925 au Haut de Combe-Capelle, désigné également sous le nom d'abri Peyrony.
À sa demande, le paléontologue et préhistorien Henri-Marc Ami(en) effectue des fouilles importantes entre 1926 et 1931 à Combe-Capelle Bas.
Il y creuse une tranchée à flanc de colline de 35 à 40 mètres de long et de 2,5 à 10 mètres de large.
Denis Peyrony reprend l'étude du gisement après la mort de Henri-Marc Ami en 1931[4].
Le plateau du Ruffet fait l'objet de fouilles en 1969[5].
À la fin des années 1980 et début 1990, des fouilles sont menées par Harold L. Dibble(en) et Michel Lenoir sur les gisements du Haut de Combe-Capelle et de Combe-Capelle Bas[6],[7].
En 2009 et 2010, des fouilles à l'abri Peyrony et au Roc de Combe-Capelle sont reprises par une équipe menée par Shannon McPherron et Michel Lenoir[8].
En 2012 la même équipe, utilisant les meilleures technologies de relevés informatisés et de microscopie électronique, trouve et identifie les plus vieux outils spécialisés connus à ce jour en Europe : des lissoirs en os, servant au travail du cuir, sont mis au jour à l'abri Peyrony et au Pech-de-l'Azé (sur Carsac-Aillac), autre site néandertalien de Dordogne à environ 35 km au nord-est de Combe-Capelle[9],[10],[1].
Description
Le site de Combe-Capelle descend sur un dénivelé d'environ 40 mètres depuis le plateau de Ruffet jusqu'à la route départementale D 26.
Il est dominé au nord-ouest par une carrière exploitée depuis de nombreuses années. Orienté vers le sud-est, il comprend quatre lieux, fouillés à différentes époques (voir plus haut l'historique des fouilles).
Le Roc de Combe-Capelle est un abri sous roche s'ouvrant au pied d'une petite falaise sur la partie haute du versant. Il est connu pour la découverte en 1909 par Otto Hauser d'un squelette humain dénommé « l'Homme de Combe-Capelle »[13] (voir section plus bas).
Haut de Combe-Capelle ou abri Peyrony
Cet abri sous roche date uniquement du Moustérien[14]. Il est situé à environ 60 mètres du Roc de Combe-Capelle, au même niveau de la falaise. Il est fouillé par Denis Peyrony en 1925, par une équipe menée par Michel Lenoir et Harold Dibble en 1990, et par une équipe conjointe de l'université de Bordeaux I et du Max Planck Institute en 2009-2012. L'abri a livré une industrie lithique moustérienne de tradition acheuléenne, indiquant que le site était occupé par des Néandertaliens. Les objets recueillis sont des petits bifaces cordiformes, des racloirs, des encoches et denticulés[12],[15]. Des lissoirs en os recueillis là en 2011 sont publiés en 2011. Ces objets, fabriqués à partir d'os de cerf, sont les outils spécialisés les plus âgés d'Europe. Datés de 50 000 ans, ils ont été attribués à Néandertal car celui-ci n'a été remplacé par Homo sapiens dans cette région qu'il y a 40 000 ans[16],[17].
Stratigraphie
Terrasse basse (L-) : elle contient l'essentiel du matériel archéologique[18] ; dont :
couche L-3B, la plus basse, repose sur la riche sous-jacente. Elle est riche en artefacts et en matériel brûlé. Elle a été séparée de la couche L-3A sus-jacente par une chute de pierres[18].
couche L-3A, entièrement scellée par du carbonate de calcium, ce qui a préservé ce dépôt des perturbations potentielles ; elle a livré un foyer de combustion intact[18].
couche L-2, qui est très probablement composée de perturbations du haut de la couche L-3A. Cette couche a une surface limitée[18].
couche 01, qui recouvre le site entier et contient des débris de fouilles précédentes[18].
Terrasse haute (U-), dont :
couche U-3, riche en matériel archéologique, dont des vestiges de combustion[18].
couche U-2, contenant des sédiments provenant vraisemblablement du plateau au-dessus de l'abri[18].
Combe-Capelle Bas
Combe-Capelle Bas s'étend de la partie basse de la colline jusqu'à la vallée. Le gisement a livré des industries rattachées au Moustérien, comprenant notamment des racloirs et des encoches/denticulés[19],[20].
L'homme de Combe-Capelle a longtemps a été considéré comme vivant au Paléolithique, il y a environ 30 000 ans. En 2011, une analyse du collagène extrait de l'une des dents du crâne conservé à Berlin a montré un âge de seulement 8550 ansavant le présent, soit un âge calibré d'environ 7600 à 7700 ans avant notre ère, correspondant au Mésolithique[21],[22].
« L'homme de Combe-Capelle » — abri sous roche du Roc de Combe-Capelle
Le squelette (Smithsonian Report, 1909. MacCurdy. Planche 17)
↑ ab et c« Saint-Avit-Sénieur, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
↑[Landesque 1887] Michel-Antoine Landesque, « Excursion à la station préhistorique de Combe-Capelle », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 15, no 3, , p. 866-869 (lire en ligne [sur biodiversitylibrary.org]).
↑ a et b[Heinzelin & Fitte 1969] J. de Heinzelin et Paul Fitte, « Deux sites paléolithiques de plein air dans la vallée de la Couze (Dordogne) », Bulletin de la Société préhistorique française. Étude et travaux, vol. 68, no 1, , p. 335-340 (DOI10.3406/bspf.1969.4188, lire en ligne [sur persee]).
↑[Soressi et al. 2013] (en) Marie Soressi, Shannon P. McPherron, Michel Lenoir, Tamara Dogandžić, Paul Goldberg, Zenobia Jacobs, Yolaine Maigrot, Naomi Martisius, Christopher E. Miller, William Rendu, Michael P. Richards, Matthew M. Skinner, Teresa E. Steele, Sahra Talamo et Jean-Pierre Texier, « Neandertals Made the First Specialized Bone Tools in Europe », PNAS, vol. 110, no 35, , p. 14186–14190 (DOI10.1073/pnas.1302730110, lire en ligne [sur researchgate.net]).
[Dibble & Lenoir 1995] (en) Harold Lewis Dibble et Michel Lenoir, The Middle Paleolithic Site of Combe-Capelle Bas (France) [« Le site du Paléolithique moyen de Combe-Capelle Bas (France) »] (monographie n° 91), Philadelphie, University of Pennsylvania Museum of Archaeology, , 363 p., sur books.google.fr (ISBN978-0-924171-38-3, lire en ligne).
[Dibble & Lenoir 1997] Harold L. Dibble et Michel Lenoir, « Données nouvelles sur le gisement de Combe-Capelle à Saint-Avit-Sénieur (Dordogne) », Gallia Préhistoire, vol. 39, , p. 31-83 (DOI10.3406/galip.1997.2149, lire en ligne [sur persee]).
[Martisius et al. 2015] Naomi L Martisius, Tamara Dogandzic, Michel Lenoir, Shannon P. Mcpherron et Teresa E. Steele, « Neandertal subsistence at the Late Mousterian site of Abri Peyrony, France », Conference: Society for American Archaeology 80th Annual Meeting, San Francisco, (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
[Heinzelin & Fitte 1969] Jean de Heinzelin et Paul Fitte, « Deux sites paléolithiques de plein air dans la vallée de la Couze (Dordogne) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 66, no 1 « Études & Travaux », , p. 335-340 (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
[Hoffmann & Wegner 2002] (en) Almut Hoffmann et Dietrich Wegner, « The rediscovery of the Combe Capelle skull », Journal of Human Evolution, vol. 43, no 4, , p. 577-581 (DOI10.1006/jhev.2002.0588, résumé).
[Hoffmann et al. 2011] (en) Almut Hoffmann, Jean-Jacques Hublin, Matthias Hüls et Thomas Terberger, « The Homo aurignaciensis hauseri from Combe-Capelle - A Mesolithic burial », Journal of Human Evolution, vol. 61, no 2, , p. 211-214 (PMID21486678, DOI10.1016/j.jhevol.2011.03.001, lire en ligne [sur persee]).
[Lenoir & McPerron 2009] Michel Lenoir et Shannon Mc Pherron, « Saint-Avit-Sénieur – Haut de Combe-Capelle et Roc de Combe-Capelle », AdlFi Nouvelle-Aquitaine, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
[Lenoir et al. 2012] Michel Lenoir, Shannon Mc Pherron, Tamara Dogandzic, Christopher E. Miller et Teresa E. Steele, « Saint-Avit-Sénieur – Haut de Combe-Capelle, Abri Peyrony », AdlFi Nouvelle-Aquitaine, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
[Rigaud 2008] Jean-Philippe Rigaud, « Les industries lithiques du Gravettien du nord de l'Aquitaine dans leur cadre chronologique » (Spécial table ronde (2e partie), juillet 2004), Paléo, Les Eyzies, no 20 « Le Gravettien : entités régionales d’une paléoculture européenne », , p. 381-398 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
[Valladas et al. 2003] (en) Hélène Valladas, Norbert Mercier, Jean-Louis Joron, Shannon P. McPherron, Harold L. Dibble et Michel Lenoir, « TL dates for the Middle Paleolithic site of Combe-Capelle Bas, France », Journal of Archaeological Science, no 30, , p. 1443-1450 (résumé).