Clarinette alto
La clarinette alto est souvent utilisée en orchestre d'harmonie, en ensemble de clarinettes et en orchestre d'anches simples. La clarinette alto se distingue de la clarinette soprano par l'adjonction d'un bocal et d'un pavillon métalliques courbés pour des besoins d'ergonomie et d'acoustique. La clarinette alto dispose généralement d'une clef supplémentaire lui permettant de jouer un mi bémol grave écrit. Elle diffère donc sur ce point des caractéristiques du cor de basset en fa qui autorise à jouer des notes jusqu'au do grave écrit.
— Albert Lavignac, La Musique et les Musiciens[1]
HistoireL'invention de la clarinette alto (en fa) a été attribuée aux travaux communs d'Iwan Müller et d'Heinrich Grenser [2],[3],[4]. Müller jouait sur une clarinette alto en fa en 1809, avec seize clefs alors que les clarinettes soprano n'avaient généralement pas plus de 10 à 12 clefs à cette période; la clarinette soprano révolutionnaire à treize clefs de Müller a été développée peu de temps après[4]. Par rapport au cor de basset, les clés d'extension jusqu'au do grave sont supprimés et le diamètre de la perce est élargi pour faciliter la projection du son. En 1828, M. Simiot, facteur d'instruments à vent à Lyon, améliore la clarinette alto (en fa), jugée plus sonore que le cor de bassette, en ajoutant des clefs de cadence et en travaillant sur sa justesse par rapport au modèle de Müller[5]. Initialement construite en fa, la clarinette alto va progressivement migrer vers la tonalité en mi puis en mi bémol dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
— Hector Berlioz, Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes (1843) [6] Néanmoins Berlioz n'emploiera jamais la clarinette alto dans ses œuvres. Au XXe siècle, le facteur Georges Leblanc Paris a fortement modernisé l'instrument et déposé de nombreux brevets (demi-trou à l'index de la main gauche, bocal réglable…). Depuis les années 1980, les facteurs ne font plus évoluer la clarinette alto, notamment à cause de son abandon dans les orchestres universitaires américains au profit de la clarinette basse ou du cor de basset qui ont été fortement améliorés au XXe siècle[7]. Dans les années 2020, le facteur allemand Dietz crée un modèle de clarinette alto en système Oehler descendant jusqu'au do grave, renouant avec l'ambitus d'origine du cor de basset. PerceLa perce des clarinettes alto va de 17 millimètres[8] à 18 millimètres[9] (0,709 pouce). La clarinette alto dispose d'une perce plus large que celle du cor de basset (15,5–15,7 mm typ. ou 0,61–0,62 pouce typ.), facilitant son émission sonore et son emploi en orchestre. LongueurLa longueur du tuyau hors pavillon est d'environ 9 décimètres. TonalitéLa clarinette alto contemporaine est en mi bémol[10]. Elle joue une quinte en dessous de la grande clarinette, une octave en dessous de la petite clarinette, une quarte au-dessus de la clarinette basse, une octave au-dessus de la clarinette contralto. La clarinette alto est très proche du cor de basset et sonne un ton plus bas. FactureLes principaux facteurs de clarinettes (Selmer, Buffet-Crampon, Yamaha …) ne proposent que des modèles professionnels de clarinette alto. Le corps droit est fabriqué généralement en bois de grenadille (ébène du Mozambique) ou de palissandre de Rio. Les clarinettes alto comportent majoritairement des plateaux afin d'aider le bouchage des trous, mais des modèles plus anciens, professionnels chez Buffet et Selmer, ou d'étude chez Bundy, étaient à trous ouverts. C'est dans un catalogue de 1962 que Selmer USA présente le modèle Alto avec un Mib grave de série, tous les catalogues jusqu'en 1961 présentent le modèle au Mi grave seulement. Il a existé également des modèles tout en métal (marque Kohlert[11]…). Les orchestres d'harmonie étant plus courants aux Etats-Unis, des modèles d'étude avec corps en synthétique (resonite) existent : Bundy, filiale de Selmer USA puis de Conn-Selmer en a fabriqué à partir de 1956. Actuellement, Conn-Selmer produit un modèle d'étude sous le nom de la marque Leblanc. Compte-tenu de son poids, la clarinette alto peut être jouée en position assise au moyen d'une béquille fixée sur la partie basse du corps de l'instrument ou d'un cordon doté d'un crochet passé dans un anneau solidaire du corps de l'instrument, ou en position debout. Becs et anchesLa clarinette alto nécessite un bec et des anches spécifiques dont la taille est située entre celle pour la clarinette soprano et celle pour la clarinette basse. Il y a cependant très peu de choix dans les marques d'anches pour clarinette alto, aussi les musiciens peuvent également utiliser des anches de saxophone alto. EnseignementCet instrument n'est pas réellement enseigné comme un instrument à part entière dans les écoles de musique mais confié à des clarinettistes expérimentés ou professionnels. Il nécessite un apprentissage dédié pour maîtriser la justesse, la projection du son et éviter les "canards" ainsi que pour maîtriser les doigtés associés au demi-trou de l'index de la main gauche pour le registre suraigu. Il existe quelques ouvrages dédiés à sa pratique:
RépertoireLe répertoire de la clarinette alto est limité. Elle est essentiellement employée dans les orchestres d'harmonie et les ensembles de clarinettes pour enrichir la palette harmonique et la couleur du pupitre de clarinettes à partir de la seconde moitié du XXe siècle et en musique de chambre. Elle est très utilisée dans les orchestres d'harmonie hollandais. Des émissions de Podcast ont été consacrées à la clarinette alto[12],[13],[14],[15] par Band Nerd Cast[16]. Il y est question du répertoire pour la clarinette alto. En dépit de son timbre unique par rapport aux autres clarinettes, elle reste peu connue des compositeurs qui lui préfèrent les clarinettes soprano et basse, voire le cor de basset à l'ambitus élargi dans le grave[7]. Musique de chambreAu delà des arrangements dérivés de la musique pour cor de basset en fa, des compositions originales dédiées pour clarinette alto et piano existent. On citera, entre autres:
AUTRES FORMATIONS:
Musique orchestralePeu après l'invention de cet instrument vers 1810, Georg Abraham Schneider compose deux concertos (op. 90, op. 105) pour cor de basset de Müller et orchestre [4], [17]. Il existe un solo notable pour clarinette alto dans la pièce Lincolnshire Posy (1937) pour ensemble à vents de Percy Grainger. D'autres compositeurs modernes ont également écrit des parties d'orchestre intéressantes pour cet instrument comme Norman Dello Joio, Aaron Copland, Ingolf Dahl (en), Vincent Persichetti… Un exemple orchestral remarquable est Threni (1958) d' Igor Stravinsky, qui nécessite un instrument en fa au lieu du traditionnel en mi , avec des extensions de clés jusqu'au do grave (ce qui représente les caractéristiques d'un cor de basset)[18], [19]. Stravinsky emploie la clarinette alto traditionnelle en mi dans Elegy for J.F.K. (1964)[20]. Opéra
JazzLa clarinette alto est également utilisée en jazz; on citera entre autres Hamiet Bluiett (en), Vinny Golia (en), J. D. Parran (en), Petr Kroutil (en), Hugues Fardao (fr), Aljaž Rendla (slov), Sébastien Texier, John Surman, Joe Lovano et Gianluigi Trovesi[21],[22]. Le clarinettiste de jazz Alphonse Picou jouait avec une clarinette alto système Albert exposée au musée The Historic New Orleans Collection (en). Musique contemporaineEn musique contemporaine, Karlheinz Stockhausen a composé pour clarinette alto et cor de basset[23]. ArrangementsAfin d'enrichir le répertoire de la clarinette alto, des arrangements à partir de pièces pour d'autres instruments sont réalisés. À titre d'exemple:
Le matériel et autres méthodes pour clarinette soprano et clarinette basse sont évidemment réutilisables pour la clarinette alto. On citera à titre d'exemple:
Arrangements issus du matériel pour cor de basset
EnregistrementsJazz
— Maria Schneider Notes et références
Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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