Il est notamment connu pour son Journal (débuté en 1957) qui comprend en 2020 une dizaine de volumes, et ses œuvres autobiographiques, L'Année de l'éveil et Lambeaux.
Biographie
Famille et jeunesse
Quatrième enfant (deux frères et une sœur l'ont précédé) d’une famille pauvre, le tout jeune Charles a un mois lorsque sa mère biologique est internée dans un hôpital psychiatrique (à la suite d'une tentative de suicide et pour son état mental dépressif). Il est ensuite placé à l'âge de trois mois dans une famille de paysans suisses[3] qu'il ne quittera plus.
À sept ans, pendant la Seconde Guerre mondiale, il assiste à l'enterrement de sa mère, dont il vient d'apprendre l'existence. Victime de l'« extermination douce », elle est morte de faim à trente-huit ans[3] dans l'asile où elle était placée, un de ces asiles délaissés par le régime de Vichy, et où on ne nourrissait plus les internés. La disparition de sa mère et l'attitude de son père envers lui le marqueront à jamais.
Trois ans plus tard, il abandonne ses études de médecine[3] pour se consacrer exclusivement à l'écriture. Il travaille quinze ans dans la solitude avant de voir paraître son premier livre, Fragments, préfacé par Georges Haldas.
Charles Juliet a réalisé plusieurs séries d'émissions à France Culture et deux pièces radiophoniques ont été diffusées sur les antennes de cette station.[réf. nécessaire]
« "Briser le moi" est une chose qui m’obsède. Oserais-je le dire que je ne pense qu’à cela ? […] Cette instance qui m’enjoint de travailler à m’affranchir du moi, je n’éprouve pas le besoin de la référer à un dieu. Absolument pas. J’ai au contraire le sentiment que cela la dénaturerait. Le fait qu’elle soit vécue en dehors de cette référence ne lui ôte rien. Certes, ce besoin, inscrit dans l’homme depuis le fond des temps, a engendré les religions, mais il ne s’assortit pas nécessairement d’une croyance. Je n’ai nulle croyance. Il ne faut jamais perdre de vue ce manque qui est notre lot. Cette attente d’on ne sait pas trop quoi, que rien ne vient combler. […] Pour moi, cette soif de plénitude est une réalité constante. J’écris pour essayer d’atteindre cela, et même en sachant que je n’y parviendrai pas, je sens que ma vie entière sera soumise à cette soif. Tout me semble impliqué dans cette aventure-là. On ne trahit rien en la vivant. Depuis que j’écris, je suis à la recherche de cette connaissance, qui, plutôt qu’un savoir d’ordre intellectuel, est un état de lumière et de vastitude. Il s’agit parfois d’une extrême légèreté intérieure où l’on se sent apte à comprendre ce qu’ont éprouvé les grands mystiques. Il est vrai que, en revanche, il y a des moments d’aridité où toute référence s’effondre, où on n’est plus souffrance. […] Un écrivain se doit d’être un miroir. Son rôle consiste à s’effacer au maximum et à tenter de restituer ce qui est ; ce qu’est l’homme ; ce qu’est la vie. […][7]. »
Œuvres
Ses poèmes et autres ouvrages sont traduits dans de nombreuses langues dont l'allemand, l'espagnol, l'italien, l'anglais (États-Unis), le polonais, le japonais, le vietnamien, le turc, le coréen ou le chinois[4]. Des extraits de ses œuvres figurent aujourd'hui dans les manuels scolaires[4].
Journal
1978 : Ténèbres en terre froide - Journal I (1957-1964), Hachette ; rééd. 2000, éditions P.O.L
1979 : Traversée de nuit - Journal II (1965-1968), Hachette ; rééd. 1997, éditions P.O.L
1982 : Lueur après labour - Journal III (1968-1981), Hachette ; rééd. 1997, éditions P.O.L
1994 :
Accueils - Journal IV (1982-1988), éditions P.O.L[8]
2018 : Deux lectures décisives, éditions La guêpine, coll. « Rapport à... » (ISBN978-2-9560997-0-3) Courts textes de jeunesse à propos de Robert Margerit, suivis de trois lettres inédites de celui-ci en réponse aux interrogations du jeune écrivain.
2020 : Pour plus de lumière (poésie), coll. « Poésie/Gallimard »
2022 : Dans la lumière des saisons. Lettres à une amie lointaine, éditions P.O.L
2024 : La Fracture et autres textes (nouvelles et récits), éditions P.O.L
Éclats, frontispice de Pierre Buraglio, éditions Galerie des Sept Collines
Te rejoindre, 102 exemplaires avec une eau-forte de Anick Vinay, Atelier des Grames
2005 :
Notules, avec 5 gravures de Christiane Vielle, éditions Mirage
Ces bruits du monde extérieur, avec une photographie de M. Gourmelon, éditions Sabar
Les Autoportraits de Jean-Michel Marchetti, 17 photographies en typographie, encres originales et une peinture originale, signé et numéroté, éditions Æncrages & Co
Yves Leclair, « Charles Juliet : la remontée des enfers », L'École des lettres no 7, p. 13-34, L'École des loisirs, 1er avril 1992
Stéphane Roche, Charles Juliet : écriture de l’intime et Journal de l’écriture. Pour une esthétique du journal, Lille, A.N.R.T., 2002, 687 p.
Stéphane Roche, « Le rythme du journal », étude parue dans La Faute à Rousseau, no 26, février 2001, p. 59-61
Stéphane Roche, « Charles Juliet, Un long périple », compte rendu critique paru dans La Faute à Rousseau, no 29, février 2002, p. 76-77
Stéphane Roche, « Charles Juliet. L’autre Faim, Journal V », compte rendu critique suivi d’un entretien avec l’auteur paru dans La Faute à Rousseau, no 33, juin 2003, p. 61-62
Stéphane Roche, « Charles Juliet. L’apprentissage de l’intime : un ethos esthétique », in La Licorne, « Le journal aux frontières de l’art, » no 72, Presses universitaires de Rennes, février 2005, p. 55-69
Stéphane Roche, « Charles Juliet. Au pays du long nuage blanc », compte rendu critique paru dans La Faute à Rousseau, no 39, juin 2005, p. 81
Stéphane Roche, « "Quête de soi" et travail de deuil dans le Journal de Charles Juliet », étude parue dans Bulletin de la Société Toulousaine d’études classiques, « Le deuil dans la littérature française et francophone moderne et contemporaine », n° 217-220, décembre 2005, p. 159-175
Stéphane Roche, « Charles Juliet. Fonctions matricielles du Journal », étude parue dans Métamorphoses du Journal personnel. De Rétif de la Bretonne à Sophie Calle, sous la direction de Catherine Viollet et Marie-Françoise Lemonnier-Delpy, Éditions Academia Bruylant, coll. Au cœur du texte, no 4, Bruxelles, 2006, p. 97-116
Rencontres avec Charles Juliet, Rodolphe Barry, La Passe du vent (Aussi en film)
Lettres à Charles Juliet, Christian Lux, Calligrammes
Charles Juliet, d'où venu ?, biographie, Anne Lauricella, Le Castor Astral
La conquête dans l'obscur, Jean-Pierre Siméon, Jean-Michel Place éditeur, (2003)
Les mains de Charles Juliet, Marie-Thérèse Peyrin et Armand Dupuy, Éditions Sang d'Encre, (2006)
Notice biographique, portrait auto-biographique et socio-littéraire de Charles Juliet dans Bernard Lahire, avec la collaboration de Géraldine Bois, La Condition littéraire La double vie des écrivains Éditions La Découverte, août 2006, p. 425-430, liste de 55 titres de Juliet p. 429-430.
Attentivement, Charles Juliet / Lettres d'Ami(e)s, collectif, projet initié et coordonné par Marie-Thérèse Peyrin (Rodolphe Barry, François Bon, J-G. Cosculluela, Stéphane Roche, J-P. Siméon, Joël Vernet, ...), avec Jacques André Éditeur, (2008)
Fraternellement , Charles Juliet / Impressions de Lectures, Projet initié et coordonné par Marie-Thérèse Peyrin , avec Jacques André Editeur (2018).