Charles-Albert Cingria est né à Genève le 10 février 1883 et mort le 1er août 1954 dans la même ville. C'est un écrivain, poète et musiciensuisse[1].
Biographie
Bien que né en Suisse, sa famille n'est pas originaire de Suisse et il a des ascendances turques, picardes et polonaises. La famille de son père Albert Cingria était originaire de Raguse (aujourd'hui Dubrovnik) et vivait à Constantinople, et sa mère Caroline Stryjenska (1846-1913), née à Carouge (Genève), était une peintre d'origine franco-polonaise. Son frère aîné Alexandre Cingria (1879-1945) était peintre, verrier, mosaïste, décorateur et écrivain. Ils ont une sœur cadette, Anne. Il nait à Genève, ville alors protestante, dans une famille catholique.
Charles-Albert Cingria suit des études secondaires (inachevées) à Saint-Maurice et à Engelberg. Il étudie ensuite la musique à Genève et à Rome. À ce moment-là, Cingria rencontre des jeunes écrivains, tels que Ramuz, qui fréquentaient son frère Alexandre[1]. Entre 1902 et 1909, il voyage en Suisse, en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Afrique, en Turquie, avant de s'établir à Paris en 1915[2].
En 1914, Cingria adopte un style de vie bohème à Montparnasse, où il entretient des rapports avec Claudel, Satie, Modigliani, Artaud, Stravinski, et Max Jacob[3].
À Paris, Cingria était un contemporain du peintre Jean Dubuffet, et les deux hommes se sont rencontrés[4]. La Première Guerre mondiale l’oblige à retourner en Suisse. Après un passage à Lausanne et à Genève, il s’établit à Fribourg où il trouve une misérable chambre de bonne. Après la guerre, il vit dans la pauvreté, mais garde son intérêt pour la musique de l'antiquité[3]. Il est également passionné par le Moyen-Âge.
Dans les années 1920, Cingria est un ami de Blaise Cendrars, mais leur rapport se détériore dans les années 1940 pour plusieurs raisons littéraires et culturelles[5].
En 1926, alors qu'il se trouve en Italie, Cingria est arrêté et emprisonné pendant trois mois par la police de Mussolini pour un incident à la plage d'Ostie[3].
En 1928, son premier livre, Les autobiographies de Bruno Pomposo, est publié. En 1932, Cingria reçoit le Prix Schiller pour La civilisation de Saint-Gall. En 1935, le Prix Rambert lui sera attribué pour Pétrarque[6].
Bien qu'une grande partie du travail de Cingria ait concerné l'amour, l'intimité et les relations, on en sait très peu sur sa propre vie privée. Il n'évoque jamais son homosexualité.
Pendant son séjour en Suisse, Cingria sillonne le pays à vélo. Il survit en publiant dans diverses revues de la presse locale, y compris les journaux publicitaires de la maison de vente Charles Veillon, et en donnant des conférences sur la musique[3]. En 1944, il retourne en France. Par la suite, il vit tantôt à Paris et à Aix-en-Provence, tantôt en Suisse. En 1954, il est rapatrié d’urgence à Genève, où il meurt d’une cirrhose le 1er août, jour de la fête nationale suisse[3].
Cingria est connu pour avoir écrit sur tout matériel qu'il pouvait trouver: menus, billets, papier toilette, etc.[3] Aussi, Cingria est largement connu pour ses voyages à pied et à vélo, qui ont inspiré son écriture descriptive[7].
Œuvres
Monographies
Dialogue sur le mépris de l'image et l'excellence de la lettre, Florence, Leonardo, février 1906.
À propos de la langue espéranto dite langue universelle, Genève : La Voile latine, 1906
Lurçat ou la peinture avec des phares, « Amsterdam : aux Éditions Bladzvranckx »[8], 1927
Les Autobiographies de Brunon Pomposo, Lausanne : Cahiers vaudois : Lettres de Lausanne, 1928[9]
Le Novellino : les cent nouvelles antiques ou le livre du beau parler gentil trad., présenté et enrichi de gloses par Charles-Albert Cingria, Paris : Club des Libraires de France, 1955[27]
La Grande Ourse, Paris : Gallimard, 2000
Dans Corona nova no 1 (2001), Munich : Saur, 2001[28]
Œuvres complètes, Lausanne : L'Âge d'Homme, 1967-1978, 11 vol. Une nouvelle édition, critique celle-ci, en six volumes des Œuvres complètes publiée à nouveau par L'Âge d'Homme, comprenant deux tomes de « Récits », deux d'« Essais » et deux de « Propos », a commencé de paraître en 2011[41] ; à ces six volumes devraient être adjoints deux autres pour la correspondance[42].
Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti (dir.), Œuvres complètes. Tome premier - Récits I : Itinéraires et lieux-dits, L'Âge d'Homme, 2011 (ISBN978-2-8251-1889-4) (Présentation en ligne)
Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti (dir.), Œuvres complètes. Tome deuxième - Récits II : Histoires et scènes, L'Âge d'Homme, 2011 (ISBN978-2-8251-4168-7) (Présentation en ligne)
Alain Corbellari, Maryke de Courten, Marie-Thérèse Lathion, Daniel Maggetti et Thierry Raboud (dir.), Œuvres complètes. Tome quatrième - Essais II, L'Âge d'Homme, 2016 (ISBN978-2-8251-4565-4) (Présentation en ligne)
Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti (dir.), Œuvres complètes. Tome cinquième - Propos I, L'Âge d'Homme, 2013 (ISBN978-2-8251-4193-9) (Présentation en ligne)
Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti (dir.), Œuvres complètes. Tome sixième - Propos II, L'Âge d'Homme, 2014 (ISBN978-2-8251-4307-0) (Présentation en ligne)
Couronne de Ch.-A. Cingria, numéro spécial de la N.R.F., 1955[44]
Charles-Albert Cingria, 1883-1954, n° sp. de la Revue de Belles-Lettres, 1966[45]
Charles-Albert Cingria, n° sp. de Dialogue, 1967[46]
Jacques Chessex, Charles-Albert Cingria : étude, choix de textes et bibliographie, Paris : Seghers, 1967[47] ; L'Âge d'Homme, 2008[48]
Gisèle Peyron, Bibliographie de Charles-Albert Cingria (1883-1954) dans l'Index général des Œuvres complètes et de la Correspondance générale, Lausanne : L'Âge d'Homme, 1981
Charles-Albert Cingria, n° sp. des Cahiers Bleus, 1982[49]
Les Cingria, n° sp. des Cahiers de l'Alliance culturelle romande, 1983[50]
Jacques Réda, Le bitume est exquis, Fontfroide-le-Haut : Fata Morgana, 1984
Petites Feuilles, Lausanne : Association des Amis de Ch.-A. Cingria, 1992-[51]
Nouvelle Couronne de Charles-Albert Cingria (1983-1954) , n° sp. de la N.R.F. , 1993[52]
Patrice Delbourg, Les désemparés - 53 portraits d'écrivains, Le Castor Astral, 1996, « Charles-Albert Cingria, cyclotouriste kitsch »
Érudition et liberté : l'univers de Charles-Albert Cingria : actes du colloque de l'Université de Lausanne [1997], Paris : Gallimard, 2000. Cahiers de la N.R.F[54]
Pierre Michon, Trois auteurs, Lagrasse : Verdier, 1997[55]
Yves Leclair, Bonnes compagnies, Le Temps qu'il fait, 1998, « La civilisation de Cingria »
Pierre Bergounioux, Pycniques et leptosomes (sur C.-A. Cingria), Fontfroide-le Haut : Fata Morgana, 2005
Nicolas Bouvier, Charles-Albert Cingria en roue libre, Carouge : Zoé, 2005[57]
Anne Marie Jaton, Charles-Albert Cingria : verbe de cristal dans les étoiles, Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes, 2007[58]
Marc Logoz, Charles-Albert Cingria entre origine et création, Paris : Orizons, 2012[59]
Bernard Delvaille, Vies parallèles de Blaise Cendrars et de Charles-Albert Cingria, Vevey : L'Aire bleue, 2013
Contributions de dix auteurs : Charles-Albert et Alexandre, les frères Cingria, Pierre d'angle n° 18, Aix-en-Provence, 2017
Paul Sanda, Les Constellations de Charles-Albert Cingria, Sémaphore, collection Champs Magnétiques, 2018
Pierre-Alain Tâche, "Vues sur Cingria", Vevey, Éditions de L'Aire, 2020.
Cingria. L'Extincteur et l'Incendiaire, album conçu par Océane Guillemin avec la collaboration d'Alice Bottarelli, sous la direction de Daniel Maggetti, Genève : La Baconnière, 2021
↑Contributions de René Auberjonois, Aloys-J. Bataillard, Georges Borgeaud, Paul Claudel, Jean Cocteau, René Étiemble, Jean Follain, Pierre Guéguen, Marcel Jouhandeau, François Michel, Henri Noverraz, André Pieyre de Mandiargues, Constant Rey-Millet, Jean Starobinski, Igor Stravinsky.
↑Contributions de Dick Aeschlimann, Georges Borgeaud, Jacques Chessex, Bernard Christoff, Jean Follain, Gilbert Guisan, Isabelle et Robert Melley-Cingria, Roger Nordmann, André Pieyre de Mandiargues, Pierre-Alain Tâche, Pierre-Olivier Walzer.
↑Contributions de Jacques Chessex, René Étiemble, Jean Follain, Richard Garzarolli, Jean Paulhan, André Pieyre de Mandiargues, Pierre-Olivier Walzer. Reprises.
↑Contributions de Yoki Aebischer, Géa Augsbourg, Georges Borgeaud, Cingria (inédits : Chine, Faire le malin, Morale murale, Retour au cadastre, Retour aux jupes, lettre à Germaine Paulhan), Dominique Daguet, André Dhôtel, Jean-Marie Dunoyer, Edmond Humeau, Christian Noorbergen, Jacques Réda, Pierre-Olivier Walzer.
↑Contributions de Bruno Ackermann, Georges Anex, Georges Borgeaud, Maurice Chappaz, Jacques Chessex, Cingria (inédit : Déplacement), Victor Desarzens, André Desponds, Georges Duplain, Gabrielle Faure, Richard Garzarolli, Jean-Claude Genoud, Olivier Goy, Roger Guignard, Edmond Humeau, Philippe Jaccottet, Doris Jakubec, Philippe Kaenel, Jean-Louis Kuffer, Isabelle Melley-Cingria, Dominique Monnin, Henri Noverraz, Henri Perrochon, Jacques Réda, Alain Rochat, Jil Silberstein, Sven Stelling-Michaud, Charles-F. Sunier, Pierre-Olivier Walzer.
↑Contributions et reprises de Georges Arès, Dominique Aury, François Baud, Jérôme Berney, Georges Borgeaud, Michel Butor, Maurice Chappaz, Jacques Chessex, Cingria (inédits), Jean Cocteau, Alain Corbellari, Maryke de Courten, Jean-Christophe Curtet, André Dhôtel, Jean-Marie Dunoyer, Jean Follain, Marie Gaulis, Georges Haldas, Pierre-Marie Joris, Jean-Louis Kuffer, Marie-Thérèse Lathion, Pierre Leiris, Gérard Macé, François Michel, Roger Nimier, C.-F. Ramuz, Jacques Réda, Gilbert Salem, Alexandra Schopfer, Pierre Voélin, Pierre-Olivier Walzer, Frédéric Wandelère.
↑Contributions de Philippe Barthelet, Pierre Bergounioux, Richard Blin, Nicolas Bouvier, Jacques Chessex, Cingria (inédit : Richard Cœur-de-Lion), Guy Goffette, Éric Heitz, Gil Jouanard, Jean-Louis Kuffer, Yves Leclair, Pierre Michon, Dominique Pagnier, Claude-Pierre Pérez, Jacques Réda, Pierre-Olivier Walzer. Reprises.
↑Le sabordage de la Voile latine, Les prisons de Charles-Albert, L'âme antique.
↑Réunis par Maryke de Courten et Doris Jakubec. Contributions de Hédi Abdel-Jaouad, Fernand Auberjonois, Bernard Bajon, Étienne Barilier, Aline Bergé, Jérôme Berney, Brenno Boccadoro, Maureen A. Carr, Dominique Combe, Alain Corbellari, Marijke de Courten, Catherine Dubuis, Gérald Froidevaux, Jean-Claude Genoud, Pierre Grouix, Anne-Marie Jaton, Pierre-Marie Joris, Daniel Maggetti, Jean-Claude Mathieu, Valère Novarina, Jean-Loup Philippe, Amélie Plume, Jacques Réda, Michela Reich, Laura Saggiorato, Peter Schnyder, Frédéric Wandelère.
↑Le temps est un grand maigre [Balzac], La danseuse [Cingria] et Le père du texte [Faulkner].
↑Dossier H coordonné par Alain Corbellari. Contributions de Michel Butor, Jacques Chessex, Cingria (inédits : Préambule des Grands lyriques provençaux, Remember our king I pray, Réserve humaine, sept lettres), Alain Corbellari, J.-C. Curtet, Claude Frochaux, Anne-Marie Jaton, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion, Aurélia Maillard, Jérôme Meizoz, Eugène Nicole, Jacques Réda, Serge Rossier, Pierre-Alain Tâche. Nombreuses reprises.
↑Éd. prés. et établ. par Doris Jakubec. Écrivains.