Le château des Tours est une ancienne forteresse du début du XVe siècle en ruine au XVIIIe siècle, sur laquelle a été rebâtie une demeure de maître dite château Blanc, en 1865, par l'avocat Pierre Blanc, qui se dresse sur la commune d'Ayse dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
L'histoire du château des Tours recouvre deux périodes, celle d'une ancienne forteresse et celle d'un château plus récent, édifié au XIXe siècle[2],[3].
Forteresse médiévale
L'ancien château-fort remonterait à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle[4]. Il devient au XIVe siècle la propriété d'une branche cadette de la famille de Montvuagnard, famille qui possède des terres tant dans le Genevois voisin qu'en Dauphiné[5]. Robert de Montvuagnard est alors bailli du Faucigny (en 1329) et son fils Hugonin est désigné comme seigneur des Tours lors de son mariage avec Alix d'Oron en 1341[5]. Leur petit-fils Robert III devient conseiller du comte Amédée VIII de Savoie et président de la Chambre des Comptes en 1433[5],[3]. La famille de Montvuagnard hérite des biens de la famille de Boëge à la suite d'un mariage en 1462[5].
En 1570[6], le château est vendu par la famille de Montvuagnard à Pierre de Rochette[Note 1]. Il est ensuite récupéré par la famille de Montvuagnard[3], qui l'abandonne cependant lors de la guerre de 1589[5]. En effet à cette période, les tensions entre le duc de Savoie, le roi de France et les cantons suisses sont nombreuses. Durant l'été 1589, des mercenaires de Genève et de Berne, sous les ordres du français Sancy, homme du roi Henri III de France, envahissent le duché de Savoie, invasion au cours de laquelle le château est, semble-t-il, détruit[5].
Le fief est toutefois maintenu et le château est reconstruit par la famille de Montvuagnard, qui le possède jusqu'au début du XVIIIe siècle où ils le perdent dans des circonstances mal connues[3]. Il entre à nouveau dans le giron de la famille de Rochette. En 1730, il est inhabitable et ruiné en 1793[3].
À la Révolution française, le château est confisqué à Jean-Marie de Rochette, lieutenant au régiment de Genevois[6].
Renaissance du château
En 1865, l'avocat savoyard, ancien député au Parlement du royaume de Sardaigne et député de la Troisième République, Pierre Blanc entreprend la construction de son château sur les fondations de l'ancien[7],[3]. Son fils, Angel Blanc, qui sera sous-préfet de Bonneville, hérite de la demeure[7]. Le château actuel doit son nom de château Blanc à cette famille.
À la veille de la Première Guerre mondiale, l'avocat Alfred Bard de Coutance, originaire de Bonneville l'achète. Il décède au cours du conflit[7].
Description
Ancienne forteresse
La construction actuelle fait suite à l'ancien château de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle[4].
La description de l'ancienne forteresse est citée dans le Theatrum Statuum Sabaudiæ d'après un document de 1658[3]. L'ancien château comprenait un corps de logis allongé d'est en ouest, avec à l'ouest une tour carrée de deux étages qui renfermait la grande salle ainsi que la chambre rouge, tous deux avec de nombreuses ouvertures[4]. À la partie sud-est du logis était juxtaposée une tourelle. À l'arrière du corps central, au nord, une tour plus haute était construite mais moins large que celle située à l'ouest[4]. Une chapelle venait complétée l'ensemble[4]. Le tout reposait sur une terrasse avec enceinte et des tours semi-circulaires[5].
Maison de maître
Le demeure, construite en 1865, sur les anciennes fondation du vieux châteaux, se présente aujourd'hui sous la forme d'un corps de logis quadrangulaire encadré à chaque angle d'une tourelle carrée[7].
Châtellenie d'Ayse
Le château d'Ayse est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[8], au sein de l'organisation comtale savoyarde. Le châtelain, devenu un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[9],[10], est chargé de la gestion de la châtellenie en percevant les revenus fiscaux du domaine et en entretenant le château[11]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[12].
Les archives départementales disposent de comptes de châtellenie de la période de 1309 à 1561, dans lesquels se trouvent les noms des châtelains d'Ayse, Ballon et Cluses pour le comte de Savoie.
Châtelains d'Ayse, Ballon et Cluses du XIVe au XVIe siècle[13],[14]
8 septembre 1309 - 14 avril 1311 (également receveur) : Estevenet de Lilans ;
8 mars 1345 - 12 mai 1346 : Tersallet de Beaumont ;
6 octobre 1345 - 13 mars 1346 : noble Tavelli, originaire de Genève ;
25 avril 1347 - 8 mars 1348 : Pierre de Beaumont ;
7 mai 1349 - 22 septembre 1350 : Richard de Virieux ;
mars 1351 - 13 mars 1352 (également receveur), puis jusqu'en 9 février 1355, 1er avril 1354 - février 1355, 14 janvier 1356 - 12 février 1359 : Perret de Saint-Arve ;
5 mars 1359 - 30 juillet 1360 : Guillaume de Liatard ;
30 juillet 1360 - 11 mars 1361, 5 avril 1362 - 10 mai 1363 : Humbert de Châtillon ;
21 juillet 1365 - 13 février 1366, 4 février 1367 - 17 février 1368 : François Turombert de Grandmont ;
26 janvier 1370 - 1er février 1372, 1er mai 1373 - 4 juillet 1374, 16 janvier 1375 - 12 mars 1376, 8 juillet 1377 - 8 septembre 1379 : Conrad de Châtillon ;
8 septembre 1378 - 9 mars 1381 : Hugonin de Verbouz ;
10 février - 29 septembre 1384 (également receveur), puis jusqu'en 19 février 1385 : héritiers d'Hugonin de Verbouz ;
8 mai 1387 - 8 juillet 1389 : Amed (Amé) de Livron ;
7 juin 1391 - 7 juin 1392 : Jean d'Avanchy ;
7 juin 1393 - 7 juin 1396 : Amed (Amé) de Livron ;
7 juin 1398 - janvier 1406, 15 janvier 1410-15 janvier 1411 : les frères Jean et Thibaud d'Avanchy (ou d'Avancher, des Avanchers ou d'Avanchier ou encore d'Avanchiers) ;
15 janvier 1412 - 15 février 1448 (également receveur) : Jean d'Avanchy (ou d'Avancher) ;
15 février 1450 - 1er février 1463 (également receveur) : Guillaume d'Avanchy (ou d'Avancher) ;
1er février 1464 - 1er février 1465 : Louis d'Avanchy (ou d'Avancher) ;
1er février 1466 - 1er février 1467 : les fils et héritiers de Guillaume d'Avanchy (ou d'Avancher) ;
1er février 1468 - 1er février 1480 : Louis d'Avanchy (ou d'Avancher), fils de Guillaume d'Avanchy ;
1er février 1481 - 1er février 1482 : Philibert Gerbaix
1er février 1483 - 1er février 1501 : Claude d'Avanchy (ou d'Avancher) ;
1er février 1502 - 1531 : Claude de Ballaison, seigneur d'Avanchy (les titres de la famille d'Avanchy passe par mariage aux Ballaison[15])
29 septembre 1557 - 29 septembre 1558 : Antoine d'Avanchy (ou d'Avancher), dit Cusinens ;
1559 : François Buisson ;
1560 : Claude Pernette, Claude Claudine, Antoine et Claude, enfants de maître Jean, fermier
[PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 3.4. La châtellenie de Sallanches (lire en ligne).
Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN978-2-8829-5117-5), p. 30.
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).