Château de Colombières
Le château de Colombières est une demeure fortifiée du XIVe siècle, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Colombières dans le département du Calvados, en région Normandie. Il s'agit d'une maison forte ayant évolué vers la demeure de plaisance. Le château, propriété privée, est totalement protégé au titre des monuments historiques. LocalisationLe château, surnommé « la vigie des marais », est situé à 300 mètres au nord-est de la commune de Colombières, dans le département français du Calvados. Son emplacement, dans les prairies de la vallée de l'Esque[2], au bord des marais du Bessin, était un point stratégique du dispositif de contrôle de la Basse-Normandie. HistoriqueLes premières mentions du château datent du début du XIe siècle. À l'époque la bâtisse était probablement une motte castrale occupée par la famille de Colombières : Guillaume[3], Raoul et Baudoin, compagnons de Guillaume le Conquérant lors de l'invasion de l’Angleterre en 1066 à Hastings[4]. Selon le Domesday Book, Raoul se serait ensuite installé dans le comté de Kent, où il possédait plusieurs terres[5]. En 1147, le nom de Philippe de Colombières, membre de la puissante famille Bacon du Molay, frère de Roger III Bacon est mentionné comme seigneur châtelain du fief de Colombières. Les parties les plus anciennes du château actuel datent de la fin du XIVe siècle. Alors en pleine guerre de Cent Ans, le roi de France Charles V demanda à ses vassaux du Bessin et du Cotentin, l'érection ou la rénovation des places-fortes pour contrer une éventuelle attaque de l'armée anglaise en Normandie. C'est ainsi qu'en 1371, lors du recensement des forteresses ordonnées par le roi, Régnier Le Coutellier trouva à Colombières un « ostel bien ordonné, vitaillé et garny »[6]. En 1372, Henri de Colombières, châtelain du lieu, en fait aveu au roi[7]. À cette époque, le complexe a une forme de quadrilatère entouré de douves et composé d'un mur d'enceinte de 3 mètres d'épaisseur flanqué de quatre tours rondes et d'une porte fortifiée précédée d'un pont-levis. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour unique et adossés à la courtine[8]. La conquête des places fortes normandes par Henri V d'Angleterre entraîne vengeances et expropriations : des lettres patentes du roi d'Angleterre datées du , dépouille Olivier de Colombières, chambellan de Charles VI[6], de ses biens et de sa forteresse en la faveur de Richard Drayton parce qu'il était resté fidèle à son suzerain : « Qui adhuc contra nos se tenet rebellem… »[7]. Ruinée par la guerre de Cent Ans, la forteresse ne retourna que peu de temps entre les mains de Jean de Colombières qui la vend à Roger de Briqueville, son oncle, le . Son petit-fils, Guillaume VI, construit le corps des bâtiments actuels qui datent de la fin du XVe siècle. C'est à la famille de Bricqueville que l'on doit l'ajout des deux tours Renaissance. Lors des guerres de Religion, le seigneur François de Bricqueville (1535-1574), né au château[9], un des chefs protestants les plus redoutables de Basse-Normandie profana la chapelle Notre-Dame de Rougebrèque située dans son château, y installant en lieu et place des appartements. Dans un bâtiment d'une des fermes proche du château, il établit un lieu de culte protestant. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la forteresse subit diverses transformations architecturales destinées à rendre le logis plus confortable et moins sévère : le mur d’enceinte est démoli sur le côté sud, une des tours partiellement détruite est reconstruite sous forme de donjon carré, les fenêtres sont agrandies, et la chapelle profanée par François de Bricqueville, est rétablie à l’emplacement de la caserne par son arrière-petit-fils, Cyrus-Antoine, converti au catholicisme en 1678. Celui-ci y apposa au-dessus de l'entrée, le linteau de la porte d'entrée de l'ancien lieu protestant. Ce linteau comporte des passages des versets 6 et 7 du chapitre 55 d'Isaïe encore visible de nos jours.
En 1755, René Hatte, fermier général du roi, achète les seigneuries de Bricqueville, Bernesq et Colombières. Le château restera dès lors, propriété de ses descendants. Progressivement, la forteresse se transforme en un logis à l’ordonnance plus classique. Au XIXe siècle, l’aile abritant les communs est aménagée pour accueillir famille et amis, et des jardins viennent agrémenter le pourtour intérieur des douves médiévales. Durant la Seconde Guerre mondiale, bien que situé à proximité d'Omaha Beach en plein cœur des opérations militaires du débarquement de Normandie, le château de Colombières fut épargné. Au matin du , la 2e compagnie du bataillon antichar de la 352e division allemande, composée de 10 Sturmgeschütz III camouflés depuis mars sous les ormes de l’avenue du Château, part subitement pour se diriger vers Ryes, au sud d'Arromanches[10]. Les américains décidèrent de traverser à pied le marais que les Allemands maintenaient inondé — par la destruction des portes-à-flots d'Isigny-sur-Mer — pour le rendre infranchissable. C’est ainsi que Colombières vit le passage, dans la soirée du , du Lieutenant Kermit Miller du 115e régiment d’Infanterie de la 29e division U.S. et le , le village fut libéré. DescriptionLe château de Colombières, du XIVe siècle et remanié à la Renaissance, présente un plan quadrangulaire flanqué de tours d'angle cylindriques couronnées de mâchicoulis, l'ensemble ceint de douves[11]. Le corps de bâtiment actuel a été reconstruit à la fin du XVe siècle et présente une tour octogonale. ProtectionAu titre des monuments historiques[12] :
ArmorialCet armorial présente les armoiries des familles ayant possédé la seigneurie puis le château de Colombières.
Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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