Le cercle de Vienne, ou Wiener Kreis, est un groupement de savants et philosophes[1] qui a fonctionné à Vienne, de 1923[1] – mais officiellement 1929 sous le nom de Société Ernst-Mach[2] – jusqu'à l'assassinat de son chef de file, Moritz Schlick, le 22 juin 1936, après quoi le club se dispersa. Le Cercle existait de manière informelle déjà avant la Première Guerre mondiale. L’ouvrage de Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus (1921), est un des textes de cette époque qui servit de « Bible » à la pensée viennoise[3].
Il n’existe pas de doctrine commune au Cercle, et celui-ci se caractérise moins par des dogmes que par un programme commun.
Le Cercle développe en effet ce qu'il appelle une « conception scientifique du monde », dont trois éléments majeurs prédominent.
Les sciences doivent être unifiées dans le langage de la physique (réductionnisme des sciences empiriques) ou de la logique (logicisme), car toute connaissance est soit empirique soit formelle.
La philosophie est une élucidation des propositions scientifiques, éthiques et esthétiques par l'analyse logique ; elle ne se réduit certes pas à une théorie de la connaissance mais celle-ci en constitue toutefois le point de départ.
Cette conception affirme que les énoncés métaphysiques sont dépourvus de sens (Unsinnig) : les problèmes philosophiques traditionnels auraient été mal posés, et leurs solutions auraient été exprimées inadéquatement. Cette thèse trouve sa première formulation avec Ludwig Wittgenstein dans le Tractatus logico-philosophicus : la plupart des énoncés métaphysiques sont dépourvus de sens car ils ne peuvent être justifiés par l'expérience ; ils ne portent pas sur le monde, mais ils nous renseignent plutôt sur la façon dont le langage fonctionne (conception partagée par Rudolf Carnap en 1934[5]). Il y a eu plusieurs tentatives pour réfuter cette conception de la philosophie analytique, en particulier par Strawson, par David Lewis ou, en France, par Frédéric Nef, conduisant à la métaphysique analytique.
↑Jean-François Malherbe. Interprétations en conflit à propos du « Traité » de Wittgenstein. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 76, N°30, 1978. pp. 180-204. : (texte en ligne)
↑Qui fut admis comme l'« opposition officielle » à la Théorie de la connaissance défendue par le Cercle, mais qui n'en fut jamais membre. Dans La Quête Inachevée, Popper s'attribue même le meurtre du positivisme logique défendu par le Cercle de Vienne.
↑ Introduction de Pierre Jacob in De Vienne à Cambridge (dir. P. Jacob), collection « Tel », Gallimard, Paris, 1980, p. 14-15.
Christian Bonnet et Pierre Wagner (dir.), L'âge d'or de l'empirisme logique. Vienne, Prague, Berlin, Paris, Gallimard, 2006. coll. « Bibliothèque de philosophie » (ISBN2-07-077186-5).
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Pierre Jacob (dir.), De Vienne à Cambridge: l'héritage du positivisme logique. Paris: Gallimard, 1980.
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