CanardièreUne canardière est un type de très grand fusil de chasse (dérivé de l'arquebuse), lourd et peu maniable, mais capable d'abattre un grand nombre de gibier d'eau en un seul tir. Cette arme était utilisée au XIXe siècle et au début du XXe siècle[1]. Canardière désignait aussi un lieu de chasse au canard, dans une zone humide. Ce mot est retrouvé dans certains lieux-dits en France et au Québec. PrincipeLe principe est d'abattre un maximum d'oiseaux d'un seul tir lorsqu'ils sont posés sur l'eau, car le bruit d'une détonation les fait s'envoler. Tirant une large gerbe de grenaille de fer ou de plombs (jusqu'à 5 onces de plomb selon l'arquebusier de la cour à Bruxelles H. Mangeot), propulsée par une double ou triple charge de poudre[2], certaines canardières pouvant abattre jusqu'à 50 oiseaux d'un coup. Comme l'arme est trop lourde et a trop de recul pour être épaulée, elle est placée sur une barque, appelée punt en anglais. Alors que le nom français canardière provient de la proie, le nom anglais punt gun provient de la barque. Le chasseur s'approche et oriente la barque à la rame, restant silencieux. La barque recule avec la détonation, puis il n'y a plus qu'à aller repêcher les proies qui flottent. HistoireSelon Mangeot, « généralement négligée par les arquebusiers, la canardière n'est utile que dans les pays marécageux, parsemés de lacs et d'étangs ou dans les lieux avoisinant les bords de la mer , les fleuves et les grandes rivières »[2]. Certains jugent qu'elle "est munie d'un canon trop long et n'ayant pas assez de fer pour supporter la charge, souvent double et quelquefois triple, dont on devrait la garnir; ou bien, la longueur démesurée du canon la rend d'un poids excessif. Chez les autres, le canon n'est pas assez long eu égard aux portées que l'on désire obtenir, et son calibre est ou trop gros ou trop étroit"[2]. D'après l'auteur anonyme du Manuel du Chasseur (Ed : Roret), « la grande canardière devrait avoir un canon de 10 pieds, un calibre de 10 à 11 lignes de diamètre, et devrait être montée de manière que le bois accompagnât le fer sur sa longueur entière. La petite serait montée de même et son canon aurait 7 pieds de long avec un diamètre intérieur proportionné, c'est-à-dire de 7 à 8 lignes. Dans quelques circonstances , il y aurait avantage à se servir d'un grand fusil de 5 à 6 pieds de long, appelé Bécassonnier, du calibre de 14 lignes » (repris par Mangeot[2]). Ces deux canardières s'utilisent « montées sur une fourche ou fourchette, tandis que le bécassonnier se tire à l'enjoue. Selon cet auteur on s'en sert pour la chasse aux canards et aux oies sauvages, sur la Saône, la Loire et dans d'autres contrées de France »[2]. Selon le lieutenant-colonel Hawker cité par Mangeot, « en Angleterre les meilleures canardières étaient fabriquées par feu Joseph Manton ; Purday, arquebusier à Londres; Westley Richard's, à Birmingham; et par le sieur Burnett, de Southampton »[2].
Le lieutenant-colonel Hawker rapporte plusieurs de ses expériences sur la canardière, et bien que ni concluantes, ni précises, ni clairement exposées, Mangeot en cite quelques-unes pour l'édification du lecteur[2] :
« À la distance de 60 yards (86 pas), en tirant sur 12 feuilles de papier anglais superposées, la grande canardière a mis dans le but 52 grains de plomb, dont 25 ont traversé la dernière feuille; tandis que le fusil double n'a donné que 20 plombs dans la première feuille et 18 dans la douzième. À 4 yards (64 pas), la petite canardière a porté 34 grains de plomb à travers les 12 feuilles de papier; le fusil double n'a mis que 26 grains. L'auteur ne précise ni le numéro ni de la quantité du plomb, ni le poids, ni de la qualité de la poudre quand il relate ses essais »[2]. L'auteur belge conseille au chasseur de se servir de grenaille de fer fondu, mais Mangeot juge que :
Selon Mangeot quand on fabrique une canardière , on doit :
Il n'est permis selon Mangeot de déroger à cette règle « que pour les grandes canardières dont il n'est convenable de se servir qu'aux distances considérables. Toutefois, même dans ce cas-là, on ne devra jamais dépasser la proportion de 84 fois le diamètre ; car, s'il est constant qu'une certaine longueur facilite la mise en joue, aide à ajuster, contribue à mieux rassembler et porter les projectiles, il n'en est pas moins prouvé que, dans un canon par trop allongé, le plomb est sujet, à cause des battements qu il subit dans l'intérieur du tube, soit à se déformer, ce qui lui fait perdre de sa force et de sa vitesse, soit à faire balle, ce qui détruit totalement son effet, et peut occasionner de graves accidents.) [...] La canardière qu'on tire sur une fourche doit avoir un canon renforcé au tonnerre et conditionné ainsi que suit ; longueur, culasse comprise, 1 mètre 450 millimètres. (4 pieds, 6 pouces environ) ; diamètre de l'arme, 18 millimètres (8 lignes); poids, 5 kilos (10 livres) ; d'où il suit qu'avec une monture de 2 kilos à 2,5 kilos, le poids total de l'arme ne dépassera pas 14 ou 15 livres. — La monture sera en bois de noyer, exempt de tares, et les garnitures seront en corne ou en argent-neuf. Disons, aussi, que la corne est préférable en ce que, en toute saison, elle est à l'abri de l'oxydation et, qu'en hiver, elle est moins froide que les pièces métalliques »[2].
— « C'est ici le cas où le poli longitudinal est de rigueur pour l'intérieur du canon. Quant au mode de dressage, par exception on devra choisir le conique et avoir soin de faire donner deux numéros de plus au tonnerre qu'à l'orifice du canon, c'est-à-dire que le diamètre du calibre devra aller progressivement et insensiblement en s'élargissant, à partir de la tranche de la bouche jusqu'à la culasse, auquel point il se trouvera élargi d'environ 2 millim., soit Une ligne. Que personne ne conçoive de crainte à l'endroit de cette prétendue diminution dans l'épaisseur du canon; à coup sûr, il restera toujours assez de fer à une arme de ce poids et de cette force ». — « Ainsi traitée, la canardière rassemblera et portera parfaitement, surtout si on a la précaution de la nettoyer après un nombre restreint de coups de feu. — On la tire, d'ordinaire, avec 2 onces 1/2 à 3 onces de plomb , en employant le n° 1 aux petites distances et le n° 0000 aux grandes. — Pour la chasse aux cygnes et aux oies sauvages, les chevrotines seraient d'un usage avantageux si leur tir n'était pas incertain et dangereux comme il l'est, par suite de leur écartement. Pour augmenter la précision de cette arme, surtout aux grandes distances, on doit placer une visière montante sur la bascule, afin de pouvoir la régler comme la carabine ou le pistolet de tir ». Concernant le décor et les ornementations appropriées, Mangeot juge « l'oie, le cygne, le canard, le flamand et les oiseaux aquatiques" appropriés au décor d'une canardière »[2]. InterdictionCe type de chasse est industriel et pose le problème d'être non discriminante (entre les proies femelles et mâles, adultes et jeunes) c'est pourquoi, après la diffusion des canardières, les populations d'animaux sauvages ont très rapidement diminué, et la canardière est interdite aux États-Unis progressivement de 1860 à 1918. À partir de 1942 elle est partiellement autorisée de nouveau aux États-Unis pour les particuliers, mais pas pour les chasseurs professionnels. Au Royaume-Uni elle reste autorisée pour la famille royale qui l'utilise une fois par an lors de cérémonies pour que l'usage ne soit pas interrompu. En France, à titre d'exemple dans le département de la Côte-d'Or la chasse était au XIXe siècle, en 1844 permise du 1er août au 1er avril, "avec fusil et canardière", mais hors du "temps de chasse ordinaire", il y était "interdit de descendre des barques pour tirer"[3] ; et en Alsace, il existait des étangs totalement clos et munis d’un système de canaux et de filets qui conduisaient inexorablement les oiseaux vers la canardière[4]. Références(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Punt gun » (voir la liste des auteurs).
Voir aussiArticles connexesbibliographie
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