Campagne du LargeCampagne du Large
Notes Aucun affrontement n'a lieu pendant la campagne Guerre de la Ligue d'Augsbourg Batailles
La campagne du Large est un épisode de la guerre de la Ligue d'Augsbourg qui a lieu entre juin et . Elle marque le début de la phase de la grande guerre de course. ContexteEn 1691, la guerre fait rage depuis trois ans déjà et les finances du royaume de France sont au plus bas. L'été précédent, la flotte française, menée par Tourville, défait une flotte anglo-hollandaise au cap Béveziers, prend un temps le contrôle de la Manche, mais ne pousse pas assez son avantage. Bonrepaus, Intendant général des armées navales et de la Marine, avait établi divers projets et opérations pour 1691 ; il était persuadé qu'il fallait poursuivre les mêmes desseins stratégiques : empêcher la jonction des flottes anglaise et hollandaise en maintenant devant la Tamise 60 vaisseaux, s'emparer de points d'appui sur les côtes ennemies, en particulier des îles Sorlingues, à l'entrée de la Manche et de la mer d'Irlande. Mais le roi avait été déçu par les résultats de la campagne de Béveziers pas plus que Louvois, il n'aimait les batailles même sur terre, comportant des aléas : «… il n'était pas nécessaire de tenter, toutes les campagnes, ces sortes d'actions éclatantes… ». Bonrepaus modifie donc son premier projet : la prise des Sorlingues reste prévue ; un des motifs de la répugnance de Tourville et autres marins à combattre en Manche était l'absence de bases dans cette mer : la flotte opérera à l'ouvert de la Manche, où elle sera bien placée pour l'attaque des convois de Smyrne et de Hambourg ; la bataille ne sera risquée que dans le cas d'une supériorité numérique marquée. Seignelay meurt ; il est remplacé non par Bonrepaus, victime de cabales de cour, mais par Pontchartrain, connaissant fort peu les questions maritimes[1]. Pour renflouer les caisses de l’État, Louis XIV et le ministre de la Marine Pontchartrain chargent Tourville d'intercepter le « convoi de Smyrne », convoi anglo-hollandais de navires marchands dont la valeur des marchandises est estimée à 30 millions de livres. La prise de ce convoi soulagerait les finances royales et ruinerait de nombreux armateurs anglais. Mais, également chargé de protéger les côtes françaises des descentes ennemies, Tourville préfère ruser et attirer la flotte anglo-hollandaise en pleine mer. La campagneParti de Brest la 25 juin, l'armée navale de Tourville, va faire des rondes avec soixante-huit vaisseaux, vingt-deux brûlots et quarante-huit bâtiments de soutien[2], dans la Manche pendant quinze jours. Il y fait plusieurs prises puis, apprenant qu'une flotte anglaise plus importante (elle est composée de 86 vaisseaux[3]), commandée par l'amiral Russel, se mettait à sa recherche, il prend le large - d'où le nom de cette campagne - et passe dans l'Atlantique pendant trente-cinq jours. Dans son Histoire de la Marine française, l'historien de la marine Léon Guérin (1807-1885) fournit un compte-rendu de cette campagne :
Paul Chack (1876-1945), l'officier et écrivain de marine résume cette campagne en quelques mots :
Cependant, la maladie affecte un cinquième des équipages français[5]. Il rentre à Brest le par le raz de Sein, pendant que la flotte ennemie essuie une violente tempête sur les côtes de l'Irlande. Au cours de cette campagne, Tourville est secondé par des officiers généraux tels de Forant, le marquis de Châteaurenault, d'Amfreville, de Relingues, le marquis de Villette-Mursay, de Langeron, de Nesmond, le marquis de Coëtlogon, les de Flacourt, ainsi que par ses capitaines, parmi lesquels on comptait Jean Bart, Forbin, le marquis d'Amblimont. La plupart d'entre eux se distingueront par la suite et se verront confier d'importantes responsabilités. Des résultats contrastésLes avis quant à l'effet de cette campagne sont partagés « chef-d'œuvre d'habilité tactique » pour certains[6], « campagne stérile » pour d'autres, la vérité se situe probablement entre les deux. Cette campagne est critiquée notamment par le ministre de la Marine Pontchartrain, hostile à Tourville, qui lui reproche d'avoir fui le combat ; mais également par un certain nombre d'officiers généraux. Aussi, Tourville est contraint de présenter un mémoire en afin de se justifier. L'historien Philippe Masson est lui aussi assez critique : « En réalité, la campagne du Large s'inscrit au nombre de ces légendes destinées à satisfaire l'orgueil national et à masquer les défaites et les insuffisances de certains militaires[7]. » Louis XIV, peu satisfait du résultat, donne des ordres stricts pour la campagne suivante : il lui faudra alors se battre « fort ou faible »[8]. Michel Vergé-Franceschi résume les opérations en ces termes : « L'impossible capture du convoi (juillet-) et la stérile campagne du Large (mai-) sont ainsi à l'origine du mécontentement du ministre (), d'où l'énergie des ordres du roi () qui aboutirent à la déconvenue de La Hougue (-) »[8]. La campagne du Large a malgré tout permis de protéger les côtes de France. Quant au « convoi de Smyrne », il sera capturé deux ans plus tard à la bataille de Lagos, au large du Portugal. Notes et références
Sources et bibliographie
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