Boris Charmatz est un ancien élève de l'École de danse de l'Opéra de Paris de 1986 à 1989 puis du CNSMD de Lyon. Il a collaboré ensuite comme interprète avec Régine Chopinot, Odile Duboc, Olivia Grandville, Xavier Marchand et Meg Stuart[2]. En tant que chorégraphe, il est rapidement reconnu pour ses expérimentations multiples et son approche radicale de la danse, ses pièces s'axent en général sur des interrogations de la place du danseur, son engagement et sur une recherche scénographique en prise directe avec le corps. Il fut alors l'un des chefs de file du courant de la non-danse[2]. Ainsi sa première pièce À bras le corps, créée et dansée avec son complice Dimitri Chamblas en 1993, place les deux danseurs au centre de la scène, directement entourés du public avec lequel ils interagissent. Elle remporta de nombreux prix internationaux et la reconnaissance du public[1].
En 1992, il crée l'association Edna avec Dimitri Chamblas[1]. Il développe alors des projets ouverts, des performances en lien avec divers médias (vidéo, arts plastiques, littérature, etc.). La plupart de ses pièces bousculent le genre, le renouvellent. Très jeune, il marque les esprits et s'affirme comme personnage iconoclaste au sein de la danse contemporaine française. Il propose des points de rencontre atypiques avec le public (contact direct, voire spectacle dansé pour un spectateur unique). Il amène la danse, ou du moins la « fonction » de danseur, jusqu'en terrain politique et polémique avec à chaque fois la même implication dans le danger. En 1996 avec son spectacle Aatt...enen...tionon, il obtient le Prix d'auteur des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis[1]. Il crée l'année suivante Herses, sur des musiques de Helmut Lachenmann.
En 2002, il réalise Héâtre-élévision, une installation iconoclaste pour un spectateur unique à la fois qui est allongé sur un piano et doit visionner un film sur une télévision. Ce projet deviendra un spectacle à part entière Quintet Cercle. En 2006, il chorégraphie Régi en collaboration étroite avec Raimund Hoghe, ainsi que des improvisations multiples en direct avec des musiciens, comme Archie Shepp ou Otomo Yoshihidé.
Boris Charmatz a été choisi comme artiste associé du Festival d'Avignon en 2011 ce qui constitue une première dans l'histoire de ce festival théâtral et marque la place majeure de la danse dans les arts de la scène[3]. Il y présente deux pièces Enfant et une recréation de Levée des conflits. À cette occasion fait la rencontre de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker — l'une des figures de proue mondiale de la « danse qui danse[2] » — avec laquelle il prépare durant deux ans et danse en 2013 le duo Partita 2[4],[2].
Boris Charmatz et Catherine Wood, « Entremêlements », Perspective, 2 | 2020, p. 87-106 [mis en ligne le 30 juin 2021, consulté le 28 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/perspective/20432 ; DOI : https://doi.org/10.4000/perspective.20432].