Bibliothèque de Celsus
La bibliothèque de Celsus est une bibliothèque publique de l'Antiquité romaine, située à Éphèse (près de l'actuelle ville de Selçuk, en Turquie). Ses vestiges ont été découverts lors de fouilles, en 1903. La bibliothèque a été construite entre 117 et 125 par la famille du sénateur Tiberius Iulius Celsus Polemaeanus, consul suffect depuis l'an 92[1], nommé proconsul d'Asie en l'an 105 environ par l'empereur Trajan[2],[3]. La durée de fonctionnement de la bibliothèque est inconnue. Le bâtiment a été intégré à un immeuble d'habitation au plus tard au IIIe ou au IVe siècle. La bibliothèque de Celsus a été construite à une époque où il existait déjà de nombreuses bibliothèques publiques dans l'Empire romain. Ces établissements étaient souvent offerts par des personnages riches ou influents : ce fut le cas la bibliothèque de Celsus, également mausolée élevé en l'honneur de cet administrateur. Certaines parties du bâtiment ont été découvertes de 1903 à 1904. La très spectaculaire reconstitution de la façade, menée entre 1970 et 1978, a fait connaître le monument bien au-delà du monde professionnel. Les informations sur l'équipement, l'organisation et l'histoire de la bibliothèque ne sont connues que par les inscriptions découvertes sur place. HistoireConstruction et destructionConstruite à partir de 117, elle fut dédiée par Tiberius Iulius Aquila Polemaeanus, gouverneur de la ville, à son père Tiberius Iulius Celsus Polemaeanus (Τιβέριος Ιούλιος Κέλσος Πολεμαιανός), qui administrait la ville avant lui. Iulius Aquila, mort avant la fin des travaux, légua une somme de 25 000 deniers pour l'achat des livres. Ses héritiers achevèrent son œuvre. Abritant pas moins de 12 000 rouleaux conservés dans des placards en bois encastrés dans les murs, elle occupait le troisième rang des plus grandes bibliothèques du monde, derrière celles d'Alexandrie et Pergame. La ville d'Éphèse subit plusieurs séismes et raz-de-marée, entre 115 et 263, dont le tremblement de terre de 115, qui dévaste tout le nord de l'ancienne Syrie, touchant aussi gravement Alexandrie en Égypte, et faillit emporter l'empereur Trajan. Incendiée par les Goths en 263, elle est entièrement détruite avec tout ce qu'elle renferme. Devant la façade en ruines, les Éphésiens élevèrent une fontaine. La façade actuelle, haute de 16 mètres et large de 10 mètres, est le fruit de huit années de travaux d'anastylose. Entre 1970 et 1978, l'architecte Friedmund Hueber et l'archéologue Volker Michael Strocka travaillent presque exclusivement à sa réédification. Fouilles archéologiquesLa fouille de l'ancienne place du marché, achevée en 1903, a permis de découvrir, entre autres, des parties assez importantes d'un bâtiment non identifié. Il s'agit de la bibliothèque de Celsus, qui est reconnue un peu plus tard, située directement à l'ouest du marché[4]. Les fouilles de la bibliothèque sont effectuées par des archéologues autrichiens à l'automne 1903 et 1904. Les recherches concernent d'abord des parties de la façade, le grand escalier, les dalles de l'ancien monument parthe et la partie avant de la bibliothèque elle-même. Le reste de la bibliothèque n'est découvert que lors de la deuxième campagne de fouilles, en 1904[5]. Le directeur des fouilles est Rudolf Heberdey, qui publie des rapports préliminaires sur les résultats en 1904 et 1905[6],[7],[8]. L'architecte Wilhelm Wilberg, qui participe aux fouilles, s'occupe ensuite de la restauration de la façade, importante pour la recherche sur l'architecture impériale, et a présenté ses résultats en 1908[9]. Les sculptures et reliefs découverts n'ont été que partiellement publiés, notamment dans les rapports de fouilles et un catalogue publié en 1905 pour une exposition au Belvédère de Vienne[10]. Une deuxième phase de fouilles, menées à nouveau par des archéologues autrichiens, commence en 1926 sous la direction de Josef Keil[8]. Le premier rapport sur la découverte d'un sarcophage suit en 1930[11]. Après d'autres recherches au cours de nouvelles campagnes, la publication complète sur les résultats des fouilles de la bibliothèque est finalement publiée en 1944[12]. L'un des points controversés de l'interprétation archéologique est la fonction des couloirs étroits qui entourent la salle de la bibliothèque. Ils sont généralement considérés comme une protection contre l'humidité du mur extérieur, mais il y a d'autres opinions, selon lesquelles les couloirs auraient été des espaces pour l'évacuation de l'eau entre la bibliothèque et les bâtiments voisins[13],[14]. Nom du monumentIl n'existe pas de sources littéraires pour la bibliothèque de Celsus. La tradition écrite se limite aux inscriptions dans la pierre qui étaient attachées à la bibliothèque et retrouvées plus tard à proximité. L'une des inscriptions fait référence au bâtiment comme étant la « bibliothèque de Celsus »[15]. Cette inscription est visible sur une architrave du sous-sol. Sur la façade, au-dessus de la statue de Sophia (la Sagesse), une autre inscription, plus longue, fait état de la fondation du monument. D'autres inscriptions, certaines détaillées, en latin et en grec ancien, se trouvaient ailleurs sur la façade, à l'arrière, de part et d'autre de l'escalier[16]. DescriptionD'une hauteur de 16 mètres, la façade monumentale de la bibliothèque, anastylosée et restaurée, comprend deux niveaux. Le niveau inférieur repose sur un podium légèrement courbe d'une longueur de 21 mètres, précédé de neuf marches. Il est composé de colonnes corinthiennes doubles qui précédent les trois portes du bâtiment. Celle du centre est plus haute et plus large que les portes latérales. Les quatre niches qui encadrent les portes abritent des copies de statues aujourd'hui conservées au Kunsthistorisches Museum de Vienne, Autriche. Les inscriptions sur les socles — la Sagesse (sophia), la Science (épistèmè), la Raison (ennoia) et la Vertu (arétè) — identifient les figures qui témoignaient des qualités attribuées à Celsus. Les colonnes du deuxième niveau, identiques à celles du bas, mais de taille réduite, supportaient des frontons alternativement triangulaires et semi-circulaires qui surmontaient chacun une fenêtre.
Les parois de la grande salle de lecture de la bibliothèque (10,92 m × 16,72 m) étaient recouvertes de marbres décoratifs. L'abside du mur occidental, au-dessus de la tombe de Celsus, abritait sans doute la statue de Celsus ou de son fils, retrouvée lors des fouilles et exposée aujourd'hui au musée archéologique d'Istanbul. Les rouleaux manuscrits étaient rangés dans des niches identiques à celles qui apparaissent dans la partie supérieure des murs. Un deuxième rang de niches, au niveau supérieur de la salle, était accessible par une galerie de bois. La salle pouvait ainsi contenir 12 000 rouleaux. Un vide sanitaire destiné à les protéger de l'humidité était creusé derrière les niches. L'intérieur de la bibliothèque a été la proie d'un incendie lors de l'invasion des Goths en 262, tandis que la façade ne subit pratiquement aucun dégât. Elle fut restaurée au Ve siècle, en même temps qu'un certain nombre d'autres bâtiments d’Éphèse, et dotée d'une petite fontaine placée à proximité des escaliers d'accès au podium de la façade, ornée de reliefs provenant du monument érigé en souvenir de la guerre contre les Parthes. Un séisme a détruit l'ensemble au Xe siècle[17]. Références
AnnexesBibliographieGénéralités
Publication de fouilles
Inscriptions
Études particulières
Liens externes
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