Beohar Rammanohar Sinha (hindi : व्यौहार राममनोहर सिंहा, Vyauhar Rammanohar Simha ou Ram-da, 1929-2007) est un artiste indien connu pour ses illustrations du manuscrit original de la Constitution de l'Inde, dont la page de préambule (réalisée en 1949), qui en fait l'une des plus belles Constitutions du monde[1],[2]. Il est aussi connu comme ambassadeur culturel de l'Inde ayant diffusé l'art indien dans l'Extrême-Orient, et a apporté l'art oriental en Inde[3].
Ses œuvres sont hébergées dans de nombreuses collections publiques et privées dans le monde entier[4] et ses peintures murales décorent le dôme gigantesque du Shaheed-Smarak(en) historique de Jabalpur (le mémorial des martyres).
Rammanohar signe ses œuvres en devanagari à l'encre plutôt qu'en « ram » ou « rammanohar », mais écrit rarement son nom. La plupart de ses peintures portent un seau rouge unique avec son nom Sinha, principalement en devanagari, mais parfois aussi en pinyin[5].
Adolescent, Rammanohar participe à plusieurs festivités hindoues en assistant sa mère RajRani Devi, polythéiste, en dessinant une grande variété de motifs folkloriques(en) pour ses pujas. Elle gâtait son fils en lui donnant sa part lors des prasads et en lui récitant des hymnes narratifs et mélodieux qui incluaient souvent des explications conventionnelles et autres interprétations de ces motifs. Ceci fut le fondement de ses affinités artistiques[15].
Il faut compter parmi les œuvres de Rammanohar les plus célèbres les illustrations des pages du manuscrit calligraphié original de la Constitution de l'Inde[18],[19], dont la page de préambule complète[20], qui ont été soutenues par Nandalal Bose sans la moindre modification[21],[22].
Afin que son dessin pour la Constitution indienne représente au mieux l'art original indien, Rammanohar a beaucoup voyagé dans des lieux historiques de cet art, comme Ajantâ, Ellorâ, Bagh, Badami, Sanchi, Sarnath et Mahabalipuram[1]. Il en tire des motifs comme les padmas(en), Nandis, Airavata, Vyaghras, Ashwa, Hans et Mayur[2]. Au départ, Rammanohar refuse de signer son œuvre, mais son mentor Nandalal Bose, qui a endossé la responsabilité de tout le projet, a considéré les choses sous un angle plus historique et a insisté « pour que les générations futures soient capables de reconnaître, se rappeler et célébrer l'artiste qui a décoré la Constitution de l'Inde[23]. » Rammanohar est également l'auteur de tous les autres détails picturaux du document[24].
Fresques
Dans le style nationaliste typique de l'école prônant le renouveau de l'art indien, l'École du Bengale[25], Rammanohar réalise une multitude de fresques en 1952-1953, sur les murs et les dômes du Shaheed-Smarak historique de Jabalpur (le mémorial des martyres[26]). Elles représentent plusieurs épisodes et lieux historiques de la lutte pour l'indépendance de l'Inde[27], de 1654 à la fin du déploiement des trois couleurs indiennes le jour de l'Indépendance en 1947.
Sont aussi à noter la fresque représentant le mouvement Quit India, qui a d'ailleurs été publiées dans Encyclopædia Britannica[28] et celle sur Dourgavati, une reine guerrière ayant combattu pour préserver l'indépendance de son pays[26],[29].
Pour préparer le 59e congrès annuel des leaders nationaux à Kalyani (Bengale-Occidental)(en) en 1954, Rammanohar et son équipe illuminent l'avenue entière, en particulier le portail et la scène avec des panneaux et des posters de thèmes nationalistes fabriqués avec des matériaux biodégradables locaux et avec des couleurs naturelles[32],[30]. Rammanohar est acclamé pour ces œuvres.
Quit India Movement.
Rani Durgavati fait face à l'armée d'Akbar.
Subhas Chandra Bose menant l'Azad Hind Fauj (armée nationale d'Inde).
Diplomatie culturelle
Le gouvernement indien envoie Rammanohar en Extrême-Orient comme spécialiste et émissaire culturel entre 1957 et 1959 afin d'« établir un pont interculturel et inter-civilisations direct ». En Chine, il travaille avec les grands maîtres locaux Qi Baishi, Li Keran, Chen Banding, Pan Tianshou(en), Wu Jingding, Wu Zuoren, Li Kuchan, Fu Baoshi, Yu Fei’an, et réalise plusieurs œuvres collectives dont le renommé Pont Meishan[33], qui est représenté en arrière-plan, tandis que de gros bonnets politiques sont au premier plan, à la suite de la première phase de la campagne des Cent fleurs. L'initiative créative en diplomatie culturelle de Rammanohar et les actions de Rahul Sankrityayan sont créditées des relations apaisées entre les deux pays après des disputes à leurs frontières depuis plusieurs années[34].
Rammanohar diffuse par ailleurs l'art indien dans le monde entier tandis qu'il dirige les trois écoles de peinture d'Extrême-Orient, Kung-pi, Shui-mo et Xie-yi[35],[36]. Ainsi, les influences de la peinture indienne classique sont évidentes dans l'art de Ye Qianyu, Shi Lu(en) et plusieurs autres peintres extrême-orientaux. Rammanohar a d'ailleurs été parfois appelé le « Huen Tsang d'Inde »[37].
Shikhar Samman pour l'excellence, l'extraordinaire créativité et le long dévouement aux arts, Bhopal, Inde, 1991 ;
Veteran Artist Award, AIFACS, New Delhi, Inde, 1993 ;
Award of Honor pour avoir démontré la plus grande préoccupation pour des services humanitaires et le bien être social, Lions International, 1997 ;
Le titre KalaShri, pour sa contribution exemplaire dans le champ des beaux-arts, New Delhi, Inde, 2001 ;
Il aurait été pré-sélectionné pour la plus grande décoration civile indienne, le Padma Vibhushan de 2007-08, mais il est mort avant que la liste définitive des nommés pour le prix ne soit publiée[54],[55].
Notes et références
↑ a et b(en) S. C. Mishra, « The Selfless Artist of Jabalpur », Sunday Times of India Jabalpur Plus, .
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↑(en) K. H. Potter, Encyclopedia of Indian Philosophies : Bibliographies, vol. 1-2, New Delhi, Inde, Motilal Banarasidas, , 705 p. (ISBN978-81-208-0308-4, lire en ligne), p. 1008.
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↑(en) R. R. Pateriya, Provincial Legislatures and the National Movement, New Delhi, Inde, Northern Book Centre, (ISBN81-85119-58-9, lire en ligne), p. 15.
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↑(hi) S. Dhimole, « Rango Ki Koochi Se Jeeta Jahaan » dans NaiDunia Jabalpur, 2009.
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↑(hi) A. L. Vegad, « Apratim Kalakar, Abhinn Mitr: Rammanohar Sinha », Dainik Bhaskar, Jabalpur, (lire en ligne).