Autodafés de 1933 en AllemagnePeu de temps après l'arrivée au pouvoir du NSDAP, en 1933, le chancelier Adolf Hitler lance une « action contre l'esprit non allemand », dans le cadre de laquelle se développent des persécutions organisées et systématiques visant les écrivains juifs, marxistes ou pacifistes. Il s'agit en fait d'une initiative organisée et mise en œuvre par des étudiants allemands sous la direction de la NSDStB, association allemande des étudiants nationaux socialistes. Le , le mouvement atteint son point culminant, au cours d'une cérémonie savamment mise en scène devant l'opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants et des membres des instances du parti nazi. Ils constituent les autodafés allemands de 1933. Campagne contre « l'esprit non allemand »Sous la république de Weimar, les universités allemandes témoignaient déjà clairement d'un esprit réactionnaire, chauviniste et nationaliste[1]. La corporation des étudiants Allemands (DSt) était passée dès l'été 1931 sous la direction d'un représentant de l'association des étudiants allemands nationaux-socialistes (NSDStB) qui avait été élu avec 44,4 % des voix. Après l'accession des nazis au pouvoir, la corporation des étudiants allemands se retrouva en concurrence avec celle des étudiants nationaux-socialistes[2]. Afin de renforcer la corporation des étudiants allemands, trois mois après l'accession d'Hitler et dans la foulée de la création du ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande, le pouvoir dota ses instances dirigeantes de leurs propres organes de presse et de propagande. Au début du mois d'avril 1933, la fédération étudiante d'Allemagne demanda à ses membres de participer, sous la houlette de Hans Karl Leistritz, à une action qui devait se dérouler sur quatre semaines, entre le 12 avril et le 10 mai, avec pour thème la lutte contre l'esprit non allemand[3]. L'action faisait référence à un autodafé de livres qui s'était déroulé au cours de la première fête de la Wartbourg en 1817, et se présentait comme une « action commune menée contre le négativisme juif ».
Dans le domaine de la politique académique, l'« action contre l'esprit non allemand » constituait le départ d'une conquête des universités par les corporations étudiantes qui se présentaient comme des « sections d'assaut intellectuelles ». PréparatifsDans un premier temps, ordre est donné de former dans les facultés des comités contre l'esprit non allemand formés de deux étudiants, un professeur, un représentant de la ligue contre l'esprit non allemand d'Alfred Rosenberg et un écrivain. La direction revient à un dirigeant de la corporation étudiante en exercice. Le travail de propagande est l'élément fondamental du combat politique mené par les étudiants. Le 2 avril 1933, au lendemain du boycott des magasins juifs, une feuille de route est élaborée[3]; le 6 avril, les différentes organisations étudiantes reçoivent une circulaire qui les avertit de l'action à venir.
— Actes de la corporation des étudiants allemands, dans l'Archive de la direction des étudiants du IIIe Reich, conservée à la bibliothèque universitaire de l'université de Wurtzbourg. La direction de la DSt misait beaucoup sur cette initiative, qui devait démontrer son zèle et sa capacité à mobiliser les étudiants dans le combat national-socialiste ; en effet, sa rivale la NSDStB (Association national-socialiste des étudiants allemands) avait, après les législatives de mars 1933, revendiqué un monopole sur l'éducation politique des étudiants. Les préparatifs voient se développer une rivalité croissante entre les deux organisations et leurs leaders respectifs, Gerard Krüger (DSt) et Oskar Stäbel (NSDStB). La veille même du début de la campagne, Stäbel donne l'ordre de ne pas soutenir l'action de la DSt, mais d'en prendre les commandes[5]. « 12 propositions contre l'esprit non allemand »Les 12 propositions contre l'esprit non allemand, synthèse des positions et des objectifs de la campagne, constituent le préambule de la campagne contre les idées du judaïsme, de la social-démocratie, du libéralisme et contre leurs représentants. Imprimées en lettres gothiques rouges, elles sont affichées dans les universités allemandes et publiées dans de nombreux journaux.
À la tête des « comités de combat contre l'esprit non allemand » actifs dans l'ensemble du Reich, on trouve Paul Karl Schmidt. Les comités locaux doivent servir de fer de lance de la communauté étudiante contre l'« intellectualisme juif ». Schmidt est responsable de l'affichage des 12 propositions. Son rôle au sein des comités le prépare à celui qu'il jouera plus tard dans la propagande de guerre anti-juive en tant que responsable de presse au ministère des affaires étrangères et plus tard encore (après 1945) en tant que journaliste[6]. Service de presseParallèlement à la campagne d'affichage, les responsables organisent un prétendu « service de presse » qui doit en fait diffuser des déclarations de soutien de la part de responsables de la culture et d'écrivains engagés dans le courant nationaliste ; l'objectif est de sensibiliser l'opinion publique à la campagne. 66 écrivains, qui se sont illustrés par leur engagement pour la littérature allemande, se voient priés de soumettre un article ; parmi ces écrivains figurent Werner Bergengruen, Richard Billinger, Paul Ernst, Max Halbe, Karl Jaspers et Julius Streicher. Le succès de l'initiative est très mitigé. La majorité des personnalités sollicitées ne donne pas suite, même Alfred Rosenberg qui avait reçu un courrier personnel lui demandant d'écrire un texte introductif pour la campagne. Certains allèguent un délai trop court et proposent des textes déjà publiés, comme Erwin Guido Kolbenheyer, de Munich[5]. En fin de compte le service de presse ne diffusera que quatre contributions, signées notamment Alfred Bäumler, Herbert Böhme, Kurt Herwarth Ball et Will Vesper (cf. Zeitungsberichte). Boycott des enseignantsLe 19 avril voit la direction de la DSt lancer un appel à continuer la lutte en s'engageant « contre les professeurs indignes de nos facultés allemandes. » La conclusion du manifeste affirme : « L’État a été conquis, mais pas l'université ! Les troupes d'assaut intellectuelles entrent en action, levez vos étendards ! » Les étudiants sont encouragés à dénoncer les professeurs qui, après la promulgation de la Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933 avaient été contraints à la démission ; les étudiants doivent faire des déclarations sous serment ou fournir des preuves incriminantes telles que des citations de cours ou des extraits de publications. La campagne vise non seulement les juifs et les membres du parti communiste ou de la « Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold » (bannière impériale Noire-Rouge-Or), mais, selon les explications de la direction du syndicat, les « personnes qui ont « vilipendé les leaders nationaux, le mouvement de redressement national ou les soldats du front » (anciens combattants de 1914-18) ; les responsables du syndicat étudiant visent également les professeurs « dont les méthodes scientifiques trahissent leurs positions libérales voire pacifistes. » Même les professeurs dont le « comportement politique est irréprochable » doivent être signalés à la direction du syndicat dans la mesure où ils témoignent de « capacités au-dessus de la moyenne. » Presque toutes les universités participent à la campagne, avec le soutien du corps enseignant, des doyens et des recteurs. Des maîtres de conférence juifs, des membres de l'administration et des étudiants sont victimes de violences organisées, des cours sont chahutés ou boycottés, des professeurs juifs se voient empêcher l'accès à leur lieu de travail. La chasse aux sorcières va encore plus loin dans certaines universités, notamment à Rostock, Münster, Königsberg, Erlangen et Dresde, où se dressent des poteaux de deux mètres affichant la liste des professeurs incriminés, et où des œuvres littéraires sont mises au pilori :
Les étudiants de Rostock rapportent que le jour du 5 mai a lieu une « grande fête » avec l'érection d'un poteau sur lequel sont mises au pilori huit des œuvres littéraires désignées comme les « pires », celles de Emil Ludwig, Remarque, Tucholsky, Lion Feuchtwanger, Magnus Hirschfeld, Stephan Zweig, Wikki [sic] Baum ainsi que l'hebdomadaire Die Weltbühne. Collecte de livresLe seconde phase de la campagne de propagande débute le 26 avril 1933 par la collecte des « écrits à détruire. » Les étudiants doivent commencer par nettoyer leur bibliothèque et celles de leurs proches en éliminant les ouvrages « nuisibles », puis passer au crible les bibliothèques universitaires et celles des instituts. Les bibliothèques publiques et les librairies doivent également se soumettre à des perquisitions permettant d'isoler les ouvrages « méritant d'être brûlés. » Les bibliothèques municipales et publiques sont sommées de faire elles-mêmes le tri et de se dessaisir spontanément des ouvrages incriminés. Les étudiants reçoivent le soutien de leurs professeurs et des recteurs qui ne se contentent pas d'attendre de venir assister aux autodafés mais collaborent activement au sein des commissions à dresser la liste des ouvrages destinés au bûcher. Les critères de sélection vont permettre de constituer la « liste noire » du bibliothécaire Wolfgang Herrmann, âgé alors de 29 ans. L'action des étudiants reçoit un soutien sans réserves de la part des librairies et des bibliothèques. La revue spécialisée de l'union des bibliothécaires allemands et une gazette des professionnels du livre allemand, la « Börsenblatt des deutschen Buchhandels », diffusent la liste des ouvrages mis à l'index en la commentant ; la revue des bibliothécaires insiste sur le fait que le corpus à détruire comporte en majorité des ouvrages juifs. Les professionnels lésés par les mesures de saisie ne protestent pas, les responsables des bibliothèques de prêts étant même priés de signer cette déclaration :
Le 6 mai, le pays est le théâtre d'un pillage général des bibliothèques de prêt et des librairies, avant-dernier acte de la « campagne contre l'esprit non allemand. » Les troupes d'assaut estudiantines se chargent de la collecte et du transport des ouvrages incriminés. À Berlin, les étudiants de la faculté des sports et de l'école vétérinaire prennent d'assaut l'institut de sexologie de Magnus Hirschfeld, situé dans le quartier du jardin zoologique, et pillent une bibliothèque riche de plus de dix mille ouvrages. Hirschfeld, quant à lui, assistera à la destruction de l'œuvre de sa vie en regardant les actualités de la semaine dans un cinéma parisien. Déclarations devant le bûcherAprès les actions de propagande et la chasse aux ouvrages interdits, la troisième phase sera la mise à mort proprement dite de « l'esprit non allemand » ainsi que l'agence centrale de propagande des étudiants allemands l'a prévu : « Le 10 mai 1933, dans toutes les universités, la littérature à détruire sera confiée aux flammes. » L'autodafé est pour les étudiants un geste symbolique : dans le passé on attribuait au feu un pouvoir purificateur et thérapeutique, de même le recours au bûcher exprimera l'idée qu'« en Allemagne la nation s'est purifiée intérieurement et extérieurement[7]. » À cette fin, chaque université reçoit une circulaire destinée au corps étudiant, contenant une série de « déclarations du bûcher » qui permettront d'uniformiser le déroulement symbolique des autodafé du lendemain. Les mêmes phrases seront prononcées dans tout le pays au moment où les représentants des étudiants jetteront dans le brasier les ouvrages qui représentent la littérature « honteuse et ordurière. » Le procédé permet d'insister sur la nature symbolique de l'autodafé en lui conférant le caractère d'un rituel. Les signataires de la circulaire sont Gerhard Krüger (permanent du parti national-socialiste), la DSt, et Hans-Karl Leitstritz, chef de l'administration :
Dans le reportage radiophonique enregistré sur la place de l'opéra de Berlin, on note de légères variantes par rapport à la circulaire. On entend par exemple le mot « feu » au lieu de « flamme » dans la dernière invocation, l'utilisation du prénom de Karl Marx ou les mots « l'école de Sigmund Freud » au lieu de Sigmund Freud ; Emil Ludwig, pour la plus grande joie des spectateurs, est appelé « Emile Ludwig Cohen. » AutodafésLe doit être le point culminant de la campagne contre l'esprit non allemand. L'action devant se dérouler avec une précision toute militaire, une feuille de route détaillée est distribuée aux divers responsables locaux. Entre 20h30 et 22h, la cérémonie doit s'ouvrir sur une communication du syndicat étudiant qui aura lieu dans le grand amphithéâtre de l'université concernée. À la tombée de la nuit, une marche aux flambeaux transportera les ouvrages vers le bûcher et les festivités se termineront sur un feu de joie. Les comités étudiants sont sommés de respecter au plus près ces instructions et de les exécuter de façon aussi élaborée que possible, car entre 23h et minuit l'événement fera l'objet d'un reportage sur les ondes de la radio nationale. La récitation scrupuleuse des textes de la circulaire est également obligatoire. Dans toutes les villes, les volontaires se mettent au travail dès le matin pour construire les bûchers devant lesquels les spectateurs attendent une conférence publique, dont se chargeront dans la plupart des cas les professeurs de l'université. À Berlin, Joseph Goebbels prend également la parole, ce qui donne à l'événement un caractère officiel. 10 mai 1933 à BerlinLa marche aux flambeaux berlinoise se forme sur la place Hegel derrière l'université Humboldt avant de s'avancer le long de l'île aux Musées jusqu'à la maison des étudiants dans la rue Oranienburg. Là stationnent des camions qui sont chargés de plus de 25 000 ouvrages. Fritz Hippler, dirigeant des étudiants du Brandebourg et futur producteur du film de propagande Der ewige Jude (Le Juif éternel) se lance alors dans une diatribe qui dure jusqu'à ce que le cortège se mette en marche en direction du Reichstag, sous une pluie battante, au son d'une fanfare des SA. La tête d'un buste fracassé de Magnus Hirschfeld est promenée au bout d'un bâton. Une foule avide assiste au défilé des associations étudiantes, des corporations arborant le « Wichs » le costume de leur affiliation, de professeurs en toge, de membres des SA, des SS et de la jeunesse hitlérienne escortés par la police montée ; ils franchissent la porte de Brandebourg, empruntent l'avenue « Unter den Linden » (Sous les tilleuls) jusqu'au forum fredericianum (qui deviendra plus tard la place Bebel) avant de s'arrêter devant l'opéra national. Des orchestres SA ou SS jouent des airs patriotiques et des marches tandis que la place est éclairée par les projecteurs des équipes venues filmer les actualités. Comme la pluie diluvienne interdit d'allumer le bûcher, les pompiers prêtent main-forte aux étudiants en arrosant les livres d'essence. Après l’allocution du dirigeant syndical étudiant Herbert Gutjahr, qui conclut par ces mots : « Nous avons dirigé notre offensive contre l'esprit non allemand. Je jette au bûcher tout ce qui ne respecte pas l'esprit allemand ! », neuf représentants choisis des associations étudiantes s'avancent les premiers et jettent sur le brasier les livres qui correspondent aux textes de la circulaire. Puis, aux acclamations assourdissantes des étudiants et des spectateurs, c'est le tour des ouvrages transportés dans les camions qui sont jetés en vrac dans les flammes, après être passés de main en main le long d'une chaîne humaine. À la fin de la soirée, les livres de 94 auteurs, dont Erich Kästner, Heinrich Heine, Karl Marx, Kurt Tucholsky et Sigmund Freud, sont réduits en cendres. Près de 70 000 personnes participent à l'événement. Vers minuit paraît le ministre de la propagande, Joseph Goebbels, docteur en études germanistes, qui prononce un discours à la fin duquel il ne reste plus rien de la pile de livres qu'un tas de cendres encore fumantes. Les festivités se terminent avec l'exécution chorale du Horst-Wessel-Lied. Villes universitairesParallèlement aux événements de Berlin, des bûchers sont allumés le 10 mai 1933 dans 21 villes universitaires allemandes : Bonn, Brême, Breslau, Brunswick, Dortmund, Dresde, Francfort-sur-le-Main, Göttingen, Greifswald, Hanovre, Hannoversch Münden, Kiel, Königsberg, Landau, Marbourg, Munich, Nuremberg, Rostock, Worms et Wurtzbourg. En raison des fortes pluies, l'événement doit être repoussé dans certaines villes, ce qui fait qu'entre le 10 et le 19 mai on signale encore huit autodafés : le 12 à Erlangen et Halle, le 15 à Hambourg, le 17 à Heidelberg, le 19 à Mannheim et Cassel (avec 30 000 participants). L'événement prévu le 19 mai à Fribourg est annulé sine die en raison de la pluie. Le dernier bûcher s'embrase le 23 juin à Mayence alors que le premier avait eu lieu le 8 mai à Giessen. En ce qui concerne les universités de Stuttgart, Tübingen et Singen, et pour des raisons de rivalité à l'intérieur du mouvement national-socialiste, le commissaire aux associations étudiantes, l'écrivain Gerhard Schumann, interdit toute participation à l'événement et maintient son refus en dépit des protestations que certains groupes d'étudiants font parvenir à Berlin[9]. L'association des étudiants de Darmstadt fait savoir qu'en raison de la situation particulière de la ville, dont la municipalité est dominée par le Front populaire, il ne sera pas possible d'organiser une manifestation publique. Munich est le théâtre d'un double autodafé : le premier est organisé par la Jeunesse hitlérienne, le 6 mai, car la direction du mouvement a demandé aux sections de brûler « en tous lieux […] les livres et les écrits marxistes et pacifistes » ; le second, qui date du 10 mai, est à l'initiative de l'association des étudiants allemands et rassemble plus de 50 000 spectateurs sur la place Royale. Plusieurs radios bavaroises se font l'écho de l'événement[5]. Les autodafés eux-mêmes sont exécutés par l'association des étudiants allemands (Dst), association qui chapeaute les commissions générales étudiantes (AStA), et par la ligue des étudiants nationaux-socialistes (NSDStB) avec l'accord tacite de l'administration locale, et même la participation active de la police et des pompiers. De très nombreux professeurs prennent part à l'événement et arborent la robe universitaire devant les brasiers ou pour prononcer une allocution, par exemple le philosophe Alfred Baeumler à Berlin, le germaniste Hans Naumann à Bonn et les germanistes Friedrich Neumann et Gerhard Fricke à Göttingen. À Dresde, c'est Will Vesper qui se charge du discours. À Greifswald, le bûcher est organisé par la section locale de la ligue des étudiants nationaux-socialistes et s'inscrit dans une campagne « contre l'esprit non allemand » qui se déroule sur plusieurs semaines. Encadrés professionnellement par les professeurs Wolfgang Stammler et Hans Wilhelm Hagen, des étudiants postdoctoraux profitent des événements pour publier dans les journaux poméraniens des essais comparatifs sur la littérature « allemande » et les œuvres « non allemandes » destinées au bûcher. À Francfort, 15 000 personnes environ se rassemblent sur le Römerberg, notamment de nombreux étudiants en uniforme de SA, mais aussi des professeurs en robe et bonnet carré. Les livres sont acheminés vers le bûcher dans un char à bœufs. Un croc à fumier signale qu'il s'agit du transport des ordures. C'est l'aumônier universitaire Otto Fricke qui prend la parole devant le bûcher. Dans d'autres endroits, les étudiants ne se contentent pas de jeter des livres au bûcher. Ils brûlent aussi des drapeaux, notamment celui du Roter Frontkämpferbund (la branche paramilitaire du Parti communiste allemand) à Hambourg, et à Mannheim et Königsberg le drapeau noir-or-rouge de la République de Weimar. En AutricheAprès l'« Anschluss », c'est-à-dire l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, la ligue des enseignants nationaux-socialistes organise un autodafé de livres place de la Résidence à Salzbourg sous le patronage de Karl Springendschmid, le « Goebbels » salzbourgeois. Quelque 1 200 ouvrages d'auteurs religieux et juifs y sont brûlés, notamment les œuvres du Salzbourgeois d'adoption Stefan Zweig[10] et la monographie sur Max Reinhard de Siegfried Jacobson. On entend proclamer :
Actions en dehors des universitésCes autodafés de livres ne sont pas les premiers qu'ait connus l’Allemagne nazie. Plusieurs cas étaient intervenus dans le sillage de la vague de terreur menée par les nazis lors des élections législatives de mars 1933 ; organisés par les SA et les SS, ils avaient touché de nombreuses villes, ainsi Dresde (8 mars), Brunswick (9 mars), Wurzbourg (10 mars), Heidelberg (12 mars), Kaiserslautern (26 mars), Münster (31 mars), Wuppertal (1er avril), Leipzig (1er avril et 2 mai), Düsseldorf (11 avril) et Cobourg (7 mai). Il s'agissait alors de s'attaquer au noyau de l'opposition qui résistait encore, notamment les presses des partis politiques, des syndicats ou de la social-démocratie qui furent envahies et pillées, mais on en profita également pour brûler certaines œuvres comme À l'Ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. L'assaut de la Maison du peuple social-démocrate de Brunswick fit une victime. Ces actions donnèrent probablement une impulsion au mouvement étudiant qui allait suivre avec la « Campagne contre l'esprit non allemand ». L'exemple du 10 mai 1933 déchaîne une vague de répliques en dehors des universités ; elle touche Neustrelitz (13 mai), Neustadt an der Weinstraße (14 mai), Offenbach-sur-le-Main (22 mai), Hambourg une nouvelle fois le 30 mai, à l'initiative de la Jeunesse hitlérienne et de la ligue des jeunes filles allemandes (le Bund Deutscher Mädel ou BDM), Neubrandenbourg le 31 mai, Heidelberg, Karlsruhe, Offenburg et Pforzheim le 17 juin, Essen, Darmstadt et Weimar le 21 juin et Mayence le 23. Le dernier événement de ce type est signalé le 26 août à Iéna. Il est impossible de donner un chiffre exact tant les petites répliques locales sont nombreuses, mais les archives font état de plus de 70 actions dans l'ensemble du pays au cours de l'année 1933[12]. En mars 1938, la branche mexicaine du parti national socialiste organise à Mexico une fête pour célébrer l'annexion définitive de l'Autriche, qui là aussi est suivie d'un petit autodafé de livres. La même année on voit encore brûler les livres de la communauté juive dans de nombreuses villes et villages, notamment dans des localités de Franconie telles que Hegenbach, Karlstadt et Steinach. En 1941, plusieurs autodafés ont encore lieu en Alsace, dans le cadre d'une action d'épuration contre les « juifs du Sud »[13]. Lieu et date des autodafésAvant les autodafés étudiants du 10 mai 1933Par ordre alphabétique :
Autodafés à l'initiative de la campagne contre l'esprit non allemand
Autodafés spontanés
Auteurs mis à l'indexLa liste noire ne comportait pas seulement des auteurs de langue allemande, mais également des français, notamment André Gide, Marcel Proust, Romain Rolland et Henri Barbusse ; les américains Ernest Hemingway, Upton Sinclair, Jack London et John Dos Passos ainsi que de nombreux écrivains soviétiques tels que Maxime Gorki, Isaac Babel, Lénine, Trotski, Vladimir Maïakovski, Ilya Ehrenbourg. Les persécutions dont furent victimes les écrivains dont les prises de positions orales ou écrite entraient en contradiction avec les idées du national socialisme et qui s'étaient refusés à participer au processus de « préparation à la résistance spirituelle » comme on le leur demandait ne commencèrent pas avec ces autodafés qui en représentèrent en fait le point culminant. De nombreux auteurs mais aussi des artistes et des scientifiques se virent par la suite frappés d'interdiction de publier ou de travailler, leurs œuvres disparurent des bibliothèques et des programmes scolaires ; certains furent exécutés (comme Carl von Ossietzky, Erich Mühsam, Gertrud Kolmar, Jakob van Hoddis, Paul Kornfeld, Arno Nadel (en), Georg Hermann, Theodor Wolff, Adam Kuckhoff et Rudolf Hilferding) d'autres perdirent leur nationalité (Ernst Toller et Kurt Tucholsky) et furent réduits à l'exil (Walter Mehring et Arnold Zweig) ou forcés à une forme de résistance passive, qui prendra plus tard le nom d'émigration intérieure et qu'Erich Kästner décrira en ces termes : « on est un cadavre vivant ». Beaucoup d'entre eux connurent le désespoir et se suicidèrent, tels Walter Hasenclever, Ernst Weiß, Carl Einstein, Walter Benjamin, Ernst Toller ou Stefan Zweig. Pour les auteurs qui se coulaient dans le moule national-socialiste, la mise à l'index d'un collègue était une aubaine professionnelle. « On les voit sortir en rampant de tous les trous, ces petites putes provinciales de la littérature », écrivait Kurt Tucholsky en 1933, « Enfin, enfin la concurrence juive a disparu… Mais maintenant ! […] Voici les biographies des nouveaux héros, l'ivresse des cimes et les edelweiss, le tapis vert des prairies et le sillon des champs, […] Vous ne pouvez pas imaginer la nullité totale ! ». TémoignagesErich KaestnerErich Kästner fut témoin de l'autodafé de ses propres livres sur la place de l'opéra de Berlin et entendit citer son nom dans la deuxième invocation devant le bûcher.
— Erich Kästner, Kennst du das Land, in dem die Kanonen blühen?[15] Oskar Maria GrafAvec un peu de retard Oskar Maria Graf réclama que l'on brûle ses livres lorsqu'il se rendit compte avec horreur que ceux-ci, loin d'être interdits, figuraient sur la « liste blanche » des ouvrages recommandés par les nazis. Voici la déclaration qu'il fit paraître en 1933 dans le journal des travailleurs viennois (Wiener Arbeiterzeitung) :
— Oskar Maria Graf Il faut signaler cependant que dans les villes universitaires parurent des listes d'ouvrages condamnés, par exemple dans le quotidien de Göttingen du 11 mai 1933, où figurait Oskar Maria Graf avec toutes ses œuvres, sauf Wunderbare Menschen (« Des Hommes admirables ») et Kalendergechichte (« Les Contes du calendrier »)[16]. Bertolt Brecht
DiscoursExtrait du discours du Dr Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie et Gauleiter de Berlin le 10 mai 1933 sur la place de l'opéra de Berlin. Goebbels signale cette prestation dans son journal de bord du 11 mai :
— Joseph Goebbels, Journal de bord[17].
— Joseph Goebbels[19]
— Allocution du germaniste Hans Naumann le 10 mai 1933 sur la place du Marché à Bonn (extrait)[20] Les élèves du lycée Bismarck de Dortmund récitèrent en chœur ce discours dit « de la torche » écrit et mis en scène par leur professeur, Friedhelm Kaiser.
Comptes rendus dans la presseLa presse ouvrit bien volontiers ses colonnes aux articles rédigés par les étudiants, et s'étendit avec complaisance sur les autodafés. Neues Mannheimer Volksblatt (La nouvelle gazette populaire de Mannheim) du 20 mai 1933 à propos de l'incinération des livres du 19 mai 1933 :
Le quotidien du matin de Pforzheim, la Pforzheimer Morgenblatt, datée du 19 juin 1933, évoque en ces termes un autodafé du 17 :
Le quotidien de Iéna (Jenaische Zeitung) du à propos d'un autodafé de livres survenu le 26 août :
Comme d'autres quotidiens, le Dortmunder General-Anzeiger du 31 mai 1933[21] reproduisit l'article Deutsch (Allemand) de Kurt Herwarth Ball, qui avait été le premier publié par le service de presse de la DSt :
Le Vossische Zeitung reçut un article de Theodor Heuss qui ne fut pas publié :
Réactions
Cette phrase de Heinrich Heine, extraite de la tragédie Almansor (1821), devint une triste réalité en Allemagne à partir de 1933. La citation ne fait pas référence, comme on le croit trop souvent, à l'autodafé qui avait eu lieu quatre ans auparavant lors de la fête de la Wartbourg, en 1817, mais à l'incendie du Coran lors d'une insurrection des chevaliers chrétiens à Grenade. L'autodafé nazi rencontra un vaste écho dans le pays et à l'étranger. En Allemagne, la plupart des journaux accueillirent l'événement avec enthousiasme. Il suscita néanmoins certaines critiques publiques et des actes de résistance isolés. La campagne agressive d'affichage des 12 thèses dans les universités provoqua des protestations ici et là. Le recteur de l'université Humboldt de Berlin, Eduard Kohlrausch, annonça qu'il démissionnerait si l'affiche n'était pas enlevée du hall d'entrée de l'université. L'écrivain Gerhard Schumann, chef régional de la ligue des étudiants nationaux-socialistes du Würtemberg, refusa de participer à l'« action contre l'esprit non allemand », et s'en tint à cette position malgré les protestations isolées que des groupes d'étudiants adressèrent à Berlin ; il reçut le soutien du professeur Mergenthaler, chef du gouvernement et ministre de la culture du land. Le théologien Richard Rinke est l'auteur du brouillon d'un texte de protestation signé de son nom dont personne ne sait ce qu'il est devenu. Mais en général les protestations ouvertes et la résistance active restèrent très marginales. Le 10 mai 1933, à Prague, la une de l’Arbeiter-Illustrierte-Zeitung (« Le journal illustré des travailleurs ») publiait le célèbre collage de John Heartfield montrant Joseph Goebbels, le doigt levé devant le palais du Reichstag en flammes, devant un bûcher où brûlaient des livres. La légende disait : « Par la lumière aux ténèbres ». Les écrivains en exil et leurs amis se mobilisèrent à l'étranger dès 1933 contre ce qu'Alfred Kantorowicz nomma la « date limite de la barbarie. » Dès le 27 avril, des protestations se firent entendre aux États-Unis contre le projet d'autodafé. Helen Keller intervint en compagnie d'auteurs connus tels que Sherwood Anderson et Sinclair Lewis en adressant aux étudiants allemands une lettre qui resta sans effet. Le 10 mai eut lieu à New York une manifestation à laquelle participèrent des centaines de milliers de simples citoyens, d'élus, de représentants des communautés religieuses et des institutions. Le maire de New York prononça l'allocution principale. Aux Pays-Bas, le jour de l'autodafé, radio Hilversum diffusa des extraits des livres interdits. En mai 1933, Ernst Tollner, autre réfugié, prit la parole lors du 11e congrès du PEN club à Dubrovnik pour critiquer l'attitude passive d'un grand nombre de ses membres envers le fascisme et le national-socialisme. « Des millions d'hommes n'osent ni parler ni écrire librement dans l'Allemagne actuelle, et quand je prends la parole ici, c'est au nom de ces millions qui sont désormais privés de voix. » Le PEN club refusa cependant de prendre une position claire contre les autodafés de livres en Allemagne. Bientôt les écrivains qui avaient été chassés et qui avaient fui l'Allemagne se retrouvèrent dans une nouvelle structure : la section du PEN club des auteurs allemands à l'étranger. Le groupe, formé par Rudolf Olden, Max Herrmann-Neiße, Lion Feuchtwanger et Ernst Toller, avait son siège à Londres et son premier président fut Heinrich Mann. Des écrivains membres de la section autrichienne du PEN club s'élevèrent contre les persécutions dont étaient victimes leurs collègues allemands ; parmi eux figuraient de futurs exilés volontaires tels Franz Theodor Csokor, Friedrich Torberg, Ernst Lothar et Raoul Auernheimer. Csokor, comme beaucoup d'autres écrivains dépendants du marché allemand, analysait le dilemme en ces termes le 19 mai 1933 : « Il suffit de trancher : faire de bonnes affaires ou garder une bonne conscience ? Je suis pour la seconde option en raison des dangers, ne serait-ce que l'exil, qui nous menaceraient si jamais la diablerie brune venait à s'implanter chez nous. » Les membres du PEN club viennois « germanophiles » et nazis claquèrent la porte de l'institution, notamment Richard Billinger (de), Max Mell, Josef Weinheber ou Bruno Brehm (de) et allèrent fonder la Ligue des auteurs germanophones d'Autriche. Par la suite, le 10 mai fut promu « Journée des autodafés de livres » et donna lieu à des rencontres annuelles d'auteurs en exil d'abord à Paris, mais aussi à Londres, Mexico, Moscou, New York et Prague. Le dixième anniversaire des autodafés fut célébré de façon particulièrement notable aux États-Unis. Une exposition de livres interdits fut inaugurée dès décembre 1942 dans la bibliothèque municipale de New York, des dizaines d'autres événements, commémorations, conférences et exposés contribuèrent à faire largement connaître les œuvres interdites par les nazis. Dans une allocution radiodiffusée par la BBC, Thomas Mann notait que le dixième anniversaire du 10 mai avait donné lieu à des manifestations « véritablement émouvantes » et « profondément humiliantes » pour les Allemands en exil. Peter Suhrkamp (en) prit la parole en 1947 sur la place de l'opéra de Berlin : « Les flammes qui crépitèrent d'abord sur les bûchers de livres se transformèrent en un orage de feu qui plus tard engloutit nos villes, les habitations et les hommes eux-mêmes. Ce n'est pas seulement le jour des autodafés qui doit survivre dans la mémoire, mais tout cet enchaînement qui mène du feu de joie sur cette place aux incendies des synagogues et enfin au feu du ciel descendu sur nos villes. » La République démocratique d'Allemagne décréta une « journée du livre libre » célébrée le 10 mai. SuitesDans le territoire annexé d’Alsace-Moselle, la mise au pas de la population passe aussi par des dizaines d’autodafés, organisés simultanément le soir du solstice d’hiver de 1940. Ils concernent les auteurs français, francophiles, marxistes et juifs. Cet autodafé a laissé peu de traces dans les mémoires[24]. MonumentsUne plaque de verre fixée dans du plâtre sur la place Bebel, près de l'opéra de Berlin, évoque la mémoire du 10 mai 1933. Elle sert de fenêtre à travers laquelle on aperçoit le monument à la mémoire de l'autodafé, une bibliothèque aux étagères vides, œuvre de l'artiste israélien Micha Ullman. Deux plaques de bronze fixées au sol évoquent encore l'événement, citant l'extrait d'Almansor de Heinrich Heine, de façon malheureusement infidèle. Dans plusieurs villes allemandes des plaques commémoratives évoquent l'autodafé : à Göttingen, une telle plaque se trouve dans la Albanikirchhof, anciennement place Adolf-Hitler, et porte la citation de Heine ; sur la Römerberg, à Francfort, entre l'église Nikolai et la fontaine de la Justice, une autre plaque de bronze évoque la mémoire de l'autodafé. Dans le quartier de Eimsbüttel, à Hambourg, on rencontre un monument en plein air à la mémoire de l'autodafé près du canal Isebek, au coin du quai de l'Empereur-Frédéric et de la rue Heymann. À Landau, la plaque se trouve sur la place de la Mairie, à Essen sur la place Gerling. Erlangen, Düsseldorf, Cologne et Brême ont également leur plaque commémorative. À Munich, il n'existe encore aucun monument commémoratif de l’autodafé sur la place du Roi. Le plasticien Wolfram Kastner a plusieurs fois mis le feu à la pelouse pour dessiner un cercle de cendres noires à l'endroit où l'autodafé s'était déroulé. Il milite également pour la construction d'un centre de documentation sur le national-socialisme qui devrait se trouver sur la place Royale et où seraient recueillis les restes des ouvrages détruits. Kastner a mené d'autres actions commémoratives des autodafés dans diverses villes, telles que Cassel, Francfort, Heidelberg et Salzbourg, sous le titre « La trace des livres »[25]. Lors de la réfection de la place de la Résidence, à Salzbourg, on envisagea un moment de créer sur l'aire de stationnement un monument qui pérenniserait la mémoire du seul autodafé à s'être déroulé sur le sol autrichien. Le maire socialiste, Heinz Schaden, considérant lui qu'une plaque commémorative serait suffisante, on tomba d'accord sur un compromis en rajoutant le projet d'un monument dans le cahier des charges de l'appel d'offres. Le projet des architectes lauréats Rieder et Knittel prévoyait un monument mobile, qui devait se transformer la nuit en une sculpture de lumière animée par ordinateur. Le projet ne vit jamais le jour ; en 2009 il fut de nouveau réclamé par une initiative citoyenne[26]. Bibliothèque allemande de la libertéLe 10 mai 1934, à l'occasion du premier anniversaire des autodafés, l'écrivain Alfred Kantorowicz et ses collègues de l'union de défense des auteurs allemands à Paris fondèrent une « bibliothèque des livres brûlés » qui fut inaugurée par Egon Erwin Kisch et Alfred Kerr. Tous les ouvrages mis à l'index et brûlés en Allemagne furent rassemblés à la Cité fleurie de Paris[27] grâce aux contributions de réfugiés du monde entier. Dès le 10 mai 1934, la bibliothèque possédait plus de onze mille volumes. La collection fut détruite sous l'occupation allemande et il n'existe plus aujourd'hui de collection complète des ouvrages interdits[28]. À la fin de la guerre, Alfred Kantorowicz et Arthur Drews publièrent une anthologie à la mémoire de cette bibliothèque, anthologie intitulée « Interdits et brûlés » ; ils notaient dans la préface qu'« il ne s'agissait pas d'actes spontanés commis par une foule ignorante, mais d'une entreprise mûrement réfléchie et soigneusement organisée au nom de la raison d'état national-socialiste. De même que l'incendie du Reichstag le 28 février 1933 allumait le phare de la terreur contre les opposants au fascisme, que le boycott des juifs le constituait le premier acte des pogroms, que la dissolution et le pillage des syndicats le 2 mai 1933 sonnait la déclaration de l'oppression de la société, de même les autodafés du 10 mai 1933 furent-ils les prémisses visibles de l'aliénation et du retour à la barbarie de l'Allemagne, avec l'aide de l'administration et le recours à des méthodes terroristes »[29]. Notes et références
Notes
Références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
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