Audiologiste

Audiologiste
Présentation
Secteur
Paramédical
Métiers voisins
Orthophoniste, Oto-rhino-laryngologiste (ORL), Audioprothésiste, Audicien
Codes
CITP
2266
CNP (Québec)
3141 - Audiologistes et orthophonistes

Un audiologiste, appelé aussi parfois audiologue en Belgique et en Suisse, est un spécialiste paramédical des troubles de communication humaine liés aux problèmes auditifs. Selon les pays, ce métier est reconnu ou non.

Profession reconnue

Amérique du Nord

Au Canada, l'audiologiste est un professionnel paramédical qui évalue, traite et rééduque les troubles de communication liés à l'audition, se différenciant ainsi de l'orthophoniste, qui se charge des troubles de communication liés à la voix et à l'expression. C’est aussi le professionnel de la santé qui traite, évalue et rééduque les troubles vestibulaires. L'audiologiste intervient aussi pour les problèmes suivants:

Il travaille en lien d'une part avec le médecin ORL, et le cas échéant d'autre part avec l'audioprothésiste. Le plus souvent employé d'un hôpital, d'un centre de réadaptation ou en clinique privée, il travaille au sein d'une équipe pluridisciplinaire, composée de l'orthophoniste et des autres intervenants. Le rôle des médecins de famille est important pour la prévention, l'hygiène et le diagnostic précoce[1]. Non seulement il évalue, rééduque et assure l'apprentissage de méthodes de substitution (lecture labiale, stratégies de communication, etc.), conseille sur le choix d'une aide auditive (prothèse auditive ou aides de suppléance à l'audition[2]), mais intervient également dans le milieu de vie de son patient pour informer son entourage des adaptations nécessaires afin d'avoir une meilleure qualité de vie[3],[4],[5].

Europe

En Belgique francophone, le diplôme d'audiologiste est reconnu et un projet d'arrêté royal définissant la profession et ses conditions d'accès est en cours de légalisation[6].

Suisse

En Suisse, l'audiologie est souvent appelée acoustique médicale[7].

Canada

Au Canada, le métier d'audiologiste est réglementé. Les professionnels doivent faire partie de l'Ordre associé à leur province de pratique. Au Québec, il s'agit de l'ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ). Pour pouvoir être membre de l'OOAQ, il faut posséder un diplôme de deuxième cycle universitaire en audiologie (maîtrise professionnelle en audiologie)[8].

En 2008, il y avait 307 audiologistes au Québec et en date du 31 mars 2023, il y en avait 499[9]. Des données obtenues entre 2009 et 2013 démontrent aussi qu'il y avait 1460 audiologistes au Canada dans cette période[10].

Profession non reconnue

France

En France, le métier d'audiologiste n'existe pas. Ce métier est à la croisée des chemins du médecin ORL, de l'audioprothésiste et de l'orthophoniste.

Depuis 2005, un master "Audiologie et Troubles du Langage" existe à l'Université Montpellier 1 qui est les prémices à la création d'un véritable filière "Audiologie" sur la base du système européen LMD.

Milieux de travail de l'audiologiste

Recherche et enseignement

L'audiologie en recherche et enseignement se concentre sur le développement de nouveaux outils diagnostiques et la caractérisation des pathologies auditives pour améliorer la prise en charge des patients. Le Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine (Ceriah) illustre cet engagement en établissant une connexion entre la recherche fondamentale et la clinique, travaillant sur de nouveaux examens d’exploration fonctionnelle et des méthodes innovantes pour un diagnostic plus complet et précis des troubles de l'audition[11].

Milieux publics

Centres hospitaliers

Au Canada, la majorité des audiologistes travaillant dans le domaine public se trouvent dans les centres hospitaliers.

Certains audiologistes sont en contact avec l'entièreté de leur Centres Intégrés Universitaires de Santé et Services Sociaux (CIUSSS) ou leur Centres Intégrés de Santé et Services Sociaux (CISSS) (peuvent se déplacer dans les Centre d'Hébergement de Soins Longue Durée (CHSLD) par exemple)[9].

Pratique privée

Les cliniques privées offrent des services desservant des clients de tout âge allant des bébés aux adultes et personnes âgées. Les délais d’attente en clinique privé sont généralement plus courts qu’en centre hospitalier et offrent des services en audiologie sans avoir besoin de références d’un médecin. Les clients doivent débourser un montant afin d’avoir accès à des services en clinique privé. Ce montant peut être couvert par les assurances du client.

Interventions

Diagnostic

Pédiatrie

L’audiologiste peut faire des dépistages auditifs pour des nouveau-nés à l'aide d'émissions oto-acoustiques ou potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral[12]. Si l'enfant réussit ce dépistage, on peut seulement éliminer la possibilité d'une perte importante, soit profonde. Par contre, ce test n'élimine pas la possibilité d'une perte auditive légère par exemple, qui pourrait tout de même avoir un impact sur le développement du langage de l'enfant. Il est donc important de faire une évaluation audiologique avec l'enfant vers l'âge de 2 ans ou avant, au besoin. Il y a plusieurs méthodes afin d'évaluer objectivement un enfant. Premièrement, il y a l'audiométrie par renforcement visuel (VRA) ou l'audiométrie par le jeu. Ceci permet d'évaluer l'audition de l'enfant. Ensuite, l'audiologiste peut utiliser la tympanométrie pour mesurer la rigidité du tympan, et mesurer notamment s'il y a de présence de congestion et possiblement de liquide derrière le tympan. Ceci peut être utilisée pour voir si l'enfant aurait des otites moyennes[13].

Les audiologistes peuvent aussi mener des études dépistage de surdité dans un contexte de santé publique sur des populations de jeunes enfants[14].

Adulte

Évaluation audiologique: Consiste en une évaluation complète de l'audition. Cette évaluation est faite à l'aide de plusieurs équipements, tels que l'audiomètre, impédancemètre et otoscope. Parfois, des mesures complémentaires peuvent être utiles à l'évaluation, tels que la mesure des réflexes stapédiens acoustiques et la mesure des émissions oto-acoustiques. Si une perte auditive est présente, on peut la catégoriser dans une des catégories suivantes[15] :

Audition normale 25 dB ou moins
Perte légère 26 dB à 40 dB
Perte modérée 41dB à 70 dB
Perte sévère 71 dB à 90 dB
Perte profonde Plus de 90 dB

Trouble de traitement auditif

Le traitement auditif est la capacité de traiter un signal acoustique. Il est constitué de mécanismes qui analysent, organisent et interprètent les informations provenant des oreilles. On y retrouve entre autres la séparation figure-fond, (séparer l'information du bruit environnant), la séparation ou intégration binaural (distinguer l'information provenant de chaque oreille pour la séparer ou l'additionner) et la résolution temporelle. Lorsque la performance du traitement auditif est altérée, on parle alors de trouble de traitement auditif. Cependant, c'est difficulté ne doivent pas être explicable uniquement par une perte auditive. Ce trouble touche entre 2 et 5% des enfants et près de 1% des adultes. L'audiologiste a comme rôle d'évaluer les difficultés de la personne et de faire un plan d'intervention pour réduire les impacts de ces difficultés dans différentes sphères de la vie (développement, apprentissages, intégration scolaire, scolaire, professionnelle, etc.)[16].

Réadaptation

Acouphènes: Les acouphènes sont des bruits subjectifs non-issus de l'environnement. Ceux-ci peuvent être le résultat d'une perte auditive ou d'un trauma physique ou émotionnel, ou sont simplement idiopathiques. Les patients souffrant d'acouphènes peuvent voir une réduction de leur qualité de vie[17]. Les audiologistes peuvent aider ces patients en effectuant une évaluation de besoins, du counseling en vue d'améliorer le sommeil et/ou la concentration ainsi que la recommandation du port d'un générateur de bruit blanc intégré dans un appareil auditif [18].

Gestion de cérumen

Le cérumen est sécrété dans le conduit auditif afin de lubrifier et protéger ce dernier[19]. De manière générale, le cérumen s’écoule naturellement hors de l’oreille. Cependant, dans certains cas, le cérumen peut s’accumuler et générer des bouchons qui peuvent nuire à l’audition. Le bouchon de cérumen peut causer une perte auditive temporaire, de la douleur, de l’inconfort, des démangeaisons ou des acouphènes. L’exérèse de cérumen dans la partie cartilagineuse du conduit auditif externe peut être effectué par un audiologiste, un infirmier, un ORL ou encore un audioprothésiste[20].

Les différentes méthodes pour le nettoyage[19]

  • Méthode par curetage ou par succion : un nettoyage manuel consistant à utilisant un instrument médical (curette) pour retirer la cire dans le canal auditif – peut être combiné à un otoscope comme source lumineuse. Le nettoyage peut être effectué à l’aide d’un aspirateur pour retirer la cire de manière efficace. Cependant, il ne serait pas favorable pour les personnes sensibles au bruit crée par l’aspiration.
  • Irrigation : un volume d’eau est utilisé pour chasser le bouchon de cérumen grâce à la pression générée par l’irrigation de l’oreille. Une seringue insérée à l’entrée du canal auditif externe est généralement préconisée pour cette procédure.
  • Agents ramollissants : des liquides composés d’eau ou d’huile sont souvent utilisés pour aider à ramollir, fragmenter et dissoudre le cérumen accumulé dans l’oreille. Par exemple, il est recommandé d’utiliser quelques gouttes d’huile d’olive ou d’amande par jour afin de faciliter l’expulsion de la cire.

Réadaptation fonctionnelle intensive en implant cochléaire : La rééducation fonctionnelle intensive en implant cochléaire (RFI) consiste en un programme d'entraînement auditif encadré par une équipe multidisciplinaire comprenant notamment des audiologistes, des orthophonistes, des psychologues, des travailleurs sociaux et des éducateurs spécialisés. Les séances avec l'audiologiste ont lieu trois fois par semaine. La durée de la RFI varie de 2 à 10 semaines pour les adultes, en fonction des progrès auditifs réalisés et des objectifs fixés. Pour les enfants, le programme s'étend généralement sur une période de 12 semaines[21].

Notes et références

  1. Daniel Newsted, Emily Rosen, Bonnie Cooke et Michael M. Beyea, « Aborder la perte auditive », Canadian Family Physician Medecin De Famille Canadien, vol. 66, no 11,‎ , e279–e286 (ISSN 1715-5258, PMID 33208438, PMCID 8302412, lire en ligne, consulté le ).
  2. webmestreAQ, « Les aides de suppléance à l’audition (ASA) », sur Audition Québec, (consulté le ).
  3. Christine Brassard, Quand des orthophonistes et des audiologistes (se) représentent la communication : émergence de nouveaux repères pour la pratique professionnelle, Montréal, Université de Montréal, , 226 p. (lire en ligne).
  4. (en) Raymond Hétu, Lesley Jones et Louise Getty, « The Impact of Acquired Hearing Impairment on Intimate Relationships: Implications for Rehabilitation », International Journal of Audiology, vol. 32, no 6,‎ , p. 363–380 (ISSN 1499-2027 et 1708-8186, DOI 10.3109/00206099309071867, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Venessa Vas, Michael A. Akeroyd et Deborah A. Hall, « A Data-Driven Synthesis of Research Evidence for Domains of Hearing Loss, as Reported by Adults With Hearing Loss and Their Communication Partners », Trends in Hearing, vol. 21,‎ , p. 233121651773408 (ISSN 2331-2165 et 2331-2165, PMID 28982021, PMCID PMC5638151, DOI 10.1177/2331216517734088, lire en ligne, consulté le ).
  6. [Fiche métier : audiologiste].
  7. bernafon.ch.
  8. « Qui est l'audiologiste », sur OOAQ (consulté le ).
  9. a et b « Statistiques », sur OOAQ (consulté le ).
  10. (en-US) Canadian Academy of Audiology, « Message from the President », Canadian Audiologist, vol. 2, no 1,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Bruno Scala, « Le Ceriah, un puissant pour la recherche en audiologie » (consulté le ).
  12. « L’audiologie et le travail d’audiologiste – Speechneurolab », (consulté le ).
  13. Ioannis Psarommatis, Theodoros Valsamakis, Maria Raptaki et Alexandra Kontrogiani, « Audiologic evaluation of infants and preschoolers: a practical approach », American Journal of Otolaryngology, vol. 28, no 6,‎ , p. 392–396 (ISSN 0196-0709, DOI 10.1016/j.amjoto.2006.11.011, lire en ligne, consulté le ).
  14. Anne-Marie D. Talbot, Nancy A. Ethier, Elizabeth M. Fitzpatrick et Nicholas J. Barrowman, « Résultats d’un programme de dépistage de la surdité auprès d’enfants âgés de quatre à six ans », Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology, vol. 36, no 3,‎ , p. 248-257 (lire en ligne Accès libre [PDF]).
  15. statististique Canada, « Tableau explicatif 1 Catégories et seuils de perte auditive pour les personnes de 20 à 79 ans ».
  16. « Le traitement auditif », sur OOAQ (consulté le ).
  17. Pamela L. Ramage-Morin, Rex Banks, Dany Pineault et Maha Atrach, « L'acouphène au Canada », Rapports sur la santé, vol. 82-003-x,‎ (DOI 10.25318/82-003-X201900300001-FRA, lire en ligne, consulté le ).
  18. Vincent Wu, Bonnie Cooke, Susan Eitutis et Matthew T. W. Simpson, « Prise en charge de l’acouphène », Canadian Family Physician Medecin De Famille Canadien, vol. 64, no 7,‎ , e293–e298 (ISSN 1715-5258, PMID 30002038, PMCID 6042658, lire en ligne, consulté le ).
  19. a et b Justin O. Sevy, Marc H. Hohman et Anumeha Singh, « Cerumen Impaction Removal », dans StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846265, lire en ligne).
  20. « Gestion du cérumen », sur OOAQ (consulté le ).
  21. « Réadaptation-RFI, CHU de Québec-Université Laval », sur www.chudequebec.ca (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes