Ce style consiste en une variante monumentale de l'architecture néo-classique caractérisant principalement l'architecture officielle.
Historique
Contexte international
Durant l'entre-deux-guerres se développe dans de nombreux pays européens un type d'architecture officielle consistant en une variante monumentale de l'architecture néo-classique.
L'architecte nazi Albert Speer le reconnaît lui-même dans ses mémoires : « On a plus tard affirmé que ce style (néo-classique) était la marque de l'architecture d'État des régimes totalitaires. Cela est totalement inexact. C'est plutôt la marque d'une époque, reconnaissable à Washington, à Londres ou Paris, tout comme à Rome, Moscou ou dans nos projets de Berlin »[2].
Ce style des années 1930 est la conséquence de l'affirmation des États dans le domaine architectural[Notes 2],[Notes 3], à la suite de leur intervention croissante dans l'économie provoquée par la Première Guerre mondiale puis les crises économiques et de la montée en puissance du concept de planification économique, territoriale, etc[Notes 4]. Il est donc l'expression de l'État interventionniste, qu'il soit État-providence démocratique ou état totalitaire.
Le quatrième style qui marqua l'entre-deux-guerres en Belgique, le style monumental, apparut une dizaine d'années plus tard, en 1929 (avec le stade du Centenaire), et se développa tout au long des années 1930.
Après une interruption provoquée par la Seconde Guerre mondiale, il reprendra à partir de 1948 pour connaître un deuxième essor tout au long des années 1950 et prendre fin durant les années 1960 avec la construction de la Bibliothèque royale Albert Ier.
À Bruxelles, il marqua fortement l'architecture publique (grand palais du Heysel, stade du Centenaire, gare du Nord, gare centrale, galerie Ravenstein, Banque Nationale, palais des Congrès, Bibliothèque royale Albert Ier) ainsi que celle du monde des affaires (Shell Building, Assurances Générales de Trieste, FEB, Belgolaise, bâtiment Chambon de la CGER, De Nederlanden…)
On le retrouve également en province, comme à Charleroi (palais des Expositions, palais des Beaux-Arts).
Contexte bruxellois
À Bruxelles, en dehors du plateau du Heysel, la quasi-totalité des édifices monumentalistes se concentrent sur l'axe qui regroupe la gare du Nord, le boulevard Pachéco, le boulevard de Berlaimont, le boulevard de l'Impératrice, le Cantersteen, le Mont des Arts et le boulevard de l'Empereur.
Leur concentration sur cet axe a été favorisée par la réalisation de la jonction ferroviaire Nord-Midi dont le chantier a provoqué la destruction de quartiers entiers et le percement de ces boulevards.
Architectes monumentalistes
Voici la liste des architectes actifs à Bruxelles et en province, classés chronologiquement en fonction du début de leur production monumentaliste.
Ne sont mentionnées ici que leurs réalisations monumentalistes, à l'exclusion de leurs éventuelles réalisations Art déco ou modernistes.
Nous renvoyons aux articles détaillés pour les sources et références.
1929-1930 Stade du Centenaire (connu ultérieurement sous le nom de stade du Heysel puis de stade Roi Baudouin)
1933-1935 Grand palais des Expositions du Centenaire (Grand palais du Heysel ou Palais 5, érigé dans le cadre de l'Exposition universelle de 1935 dont Van Neck était l'architecte en chef)
1929-1932 Façade arrière du siège de la Deutsche Bank, rue des Bouchers 48 (arrière du bâtiment éclectique sis rue d'Arenberg 5-9, construit en 1912-1914 sur les plans de l'architecte berlinois Jessen et terminé par Dumont de 1929 à 1932)[3],[4]
1955-1958 Siège de la « Fédération des Industries de Belgique »[Notes 5] (devenue ultérieurement « Fédération des Entreprises de Belgique » ou FEB), rue Ravenstein 4 (avec Philippe Dumont)
1955-1958 Siège de la « Fédération des Entreprises de Belgique » (FEB), rue Ravenstein 4 (avec Alexis Dumont)
1956-1958 Ancien siège de la compagnie d'assurances « Pays-Bas 1870 » (« De Nederlanden »), boulevard de l'Impératrice 60-72 (avec Georges Ricquier; actuellement occupé par Generali)[19]
1959 Aménagement du hall d'entrée du siège de la société Belgian Shell[8]
1959 Immeuble sis aux numéros 1 à 5 du boulevard de l'Empereur[Notes 7]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Laure Eggericx, Les boulevards du centre, Région de Bruxelles-Capitale, service des monuments et des sites, coll. « Bruxelles, ville d'art et d'histoire », , 50 p..
Le Patrimoine monumental de la Belgique : Bruxelles 1A, Pentagone A-D, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, (ISBN2-8021-0092-0, lire en ligne)..
Le Patrimoine monumental de la Belgique : Bruxelles 1B, Pentagone E-M, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, (ISBN2-87009-530-9, lire en ligne)..
Le Patrimoine monumental de la Belgique : Bruxelles 1C, Pentagone N-Z, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, (ISBN2-87009-530-9, lire en ligne)..
Jean-Louis Cohen, Les années 1930, l'architecture et les arts de l'espace entre industrie et nostalgie, Éditions du patrimoine, .
↑Jean-Louis Cohen parle de « stratégies monumentales propres aux pouvoirs étatiques - qu'ils soient autoritaires ou démocratiques ». Cohen 1997, p. 17.
↑Cohen 1997, p. 19 : « La première (configuration) est l'entrée en scène générale des États, qui élaborent désormais de façon centralisée des politiques architecturales pour leurs capitales et leurs villes. »
↑Cohen 1997, p. 19 : « Que leurs motivations soient nationales, socialistes ou nationales-socialistes, l'ensemble des architectes européens sacrifie au culte du plan. »