Ancre (rivière)
L'Ancre est une rivière française du nord du département de la Somme et du Pas-de-Calais, dans la nouvelle région Hauts-de-France, affluent droit du fleuve la Somme. C'est le troisième plus long affluent de la Somme et le quatrième en débit. La vallée large et humide sert d'axe ferroviaire classique Paris–Lille ou Rouen–Lille, et a encore six gares ferroviaires en service. Elle a aussi été plusieurs fois lieu de pèlerinage depuis l'époque gallo-romaine avec le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre et au XXe siècle, avec la basilique Notre-Dame de Brebières d'Albert, et axe de peuplement et rayonnement avec l'abbatiale Saint-Pierre de Corbie et l'abbaye royale Saint-Pierre de Corbie. La vallée de l'Ancre fait l'objet de quatre ZNIEFF sur son bassin versant et a de nombreux étangs. GéographieL'Ancre prend sa source sur le territoire de la commune de Miraumont dans le canton d'Albert, à 88 mètres d'altitude[6], près du lieu-dit La Fontaine et à un kilomètre au nord du sommet La Croix Maître Jean (134 m)[7]. Longue de 37,4 km[1], l'Ancre s'écoule globalement du nord-est vers le sud-ouest, dans une vallée assez large et humide, avec des bras et des étangs. Elle passe par Albert, bourg industriel d'environ 10 000 habitants, 3e ville de la Somme, avec plusieurs étangs, au nord-est d'Albert[note 1], sous la basilique en plein-centre, et avec une chute d'eau de neuf mètres de haut, à côté du jardin public (66 m à 57 m)50° 00′ 09″ N, 2° 38′ 45″ E. L'Ancre conflue en rive droite dans la Somme à la sortie d'Aubigny - pour son bras principal[1] -, un peu en aval de Corbie, à 28 mètres d'altitude[8] et juste en face de l'usine d'Aubigny[note 2]. La pente naturelle du cours d'eau est de 1,47 % et vu les neuf ou dix ouvrages installés sur son cours principal la pente réelle est de seulement 0,75 %[2]. Relief et géologie« La vallée de l’Ancre entaille mollement les craies blanches (Coniacien-Santonien) et les limons du plateau du Nord-Est amiénois : le profil de la vallée est assez évasé et permet la présence, sur les marges, de quelques prairies humides. Les sols du fond de vallée se sont développés sur des alluvions modernes, souvent riches en matières organiques (voire paratourbeuses). »[9],[10]. Communes et cantons traversésL’Ancre traverse les vingt-et-une communes[1] suivantes, rattachées à quatre cantons et situées dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais[1], dans l'ordre de l'amont vers aval, de Miraumont (source), Grandcourt, Beaucourt-sur-l'Ancre, Beaumont-Hamel, Thiepval, Mesnil-Martinsart, Authuille, Aveluy, Albert, Méaulte, Dernancourt, Ville-sur-Ancre, Buire-sur-l'Ancre, Treux, Ribemont-sur-Ancre, Méricourt-l'Abbé, Heilly, Bonnay, Corbie, Aubigny (confluence)[1]. Elle jouxte dans le Pas-de-Calais la commune de Puisieux en face de la commune de Grandcourt après la commune source de Miraumont[1]. En termes de canton, l’Ancre prend sa source dans le canton d'Albert dans la Somme, traverse les canton de Pas-en-Artois, canton de Bray-sur-Somme et conflue avec la Somme en rive droite dans le canton de Corbie, le tout dans les trois arrondissements de Péronne, d'Amiens et d'Arras. Bassin versantL'Ancre traverse une seule zone hydrographique « L'Ancre et Canal de la Somme de l'écluse numéro 14 Corbie à l'écluse numéro 15 D » (E638) de 2 204 km2 de superficie[1],[note 3]. Cette zone hydrographique ou ce bassin versant est constituée à 86,57 % de « territoires agricoles », à 6,83 % de « territoires artificialisés », à 4,94 % de « forêts et milieux semi-naturels », à 0,93 % de « surfaces en eau », à 0,72 % de « zones humides »[1]. Le bassin versant spécifique de l'Ancre est de 327 km2[2]. Les bassins versants voisins sont au nord-ouest celui de l'Authie, à l'ouest celui de l'Hallue, autre affluent aval de la Somme, au sud celui du fleuve la Somme, au nord celui du Cojeul et à l'est et au nord-est celui de la Sensée[7]. Organismes gestionnairesLa gestion du bassin de l'Ancre est prise en charge par deux organismes[11] :
Ces deux associations sont partenaires de l'AMEVA ou «syndicat mixte d'aménagement et valorisation du bassin de la Somme"[5]. Un SAGE ou schéma d'aménagement et de gestion des eaux est en cours d'élaboration dans le cadre de la Haute Somme[14],[15]. Affluents et défluentL'Ancre a onze tronçons affluents référencés[1] ou plus exactement, elle a sept affluents, un défluent et trois bras[note 4]. En détail, les affluents de moins de cinq kilomètres de longueur et les bras sont les suivants, de l'amont vers l'aval :
Principaux affluents : le Fossé et le CanalLes principaux affluents de plus de cinq kilomètres de longueur, et de rang de Strahler un (sans affluent), sont le Fossé, puis le Canal.
Défluent : la Boulangeriela Boulangerie sur OpenStreetMap. Le défluent, la Boulangerie, qui a servi à alimenter l'abbaye de Corbie[20], conflue dans la Somme à Corbie, donc en amont de la confluence de l'Ancre. La Boulangerie (rg), 8,2 km[21], est un canal artificiel dérivé de l’Ancre, donc défluent; elle prend sa source sur la commune d'Heilly au lieu-dit le Filet 49° 56′ 37″ N, 2° 31′ 52″ E, traverse Bonnay, pour confluer avec la Somme dans Corbie49° 54′ 18″ N, 2° 30′ 30″ E. En termes de canton, ce bras de l’Ancre, est entièrement dans le canton de Corbie. La Boulangerie aurait été creusée au VIIe siècle par les moines de l'Abbaye de Corbie pour alimenter leurs moulins. La Boulangerie passe au sud de l'abbatiale, alors que l'Ancre passe au nord, et se jette en amont de l'Ancre dans la Somme. L'abbatiale était donc juste au sud de la Boulangerie, et Corbie était dans la pointe formé par la confluence de la Boulangerie dans la Somme[16]. Rang de StrahlerLe rang de Strahler de l'Ancre est donc de deux par le Fossé. HydrologieSon régime hydrologique est dit pluvial océanique. ClimatLe bassin versant de l'Ancre possède un climat océanique typique du Nord de la France, avec des hivers relativement doux, des étés frais, et des précipitations bien réparties toute l'année. Climat de la SommeL'Ancre à BonnayUne station hydrologique[note 6] est en service à Bonnay depuis le pour un bassin versant de 222 km2 soit les deux tiers du bassin versant total de l'Ancre (327 km2[2]), mais 94 % du bassin versant de l'Ancre sans son défluent la Boulangerie à 236 km2[2] soit donc la quasi-totalité, et à 31 m d'altitude[3]. Elle fait d'ailleurs partie désormais des stations hydrologiques permettant la surveillance des crues en Somme[22]. Le module ou moyenne annuelle de son débit est à Bonnay de 2,43 m3/s[3]. Étiage ou basses eauxÀ l'étiage, c'est-à-dire aux basses eaux, le VCN3, ou débit minimal du cours d'eau enregistré pendant trois jours consécutifs sur un mois, en cas de quinquennale sèche s'établit à 1,000 m3/s, ce qui reste très confortable[note 7],[3]. CruesSur cette courte période d'observation[note 8], le débit journalier maximal a été observé le pour 5,27 m3/s. Le débit instantané maximal a été observé le [note 9] avec 6,76 m3/s en même temps que la hauteur maximale instantanée de 947 mm soit 0,947 m[3]. Le QIX 2 est de 3,5 m3/s, le QIX 5 est 4,6 m3/s, le QIX 10 est de 5,2 m3/s et le QIX 20 est de 5,9 m3/s[3]. Les QIX 50 et QIX 100 n'ont pas pu être calculés vu la période d'observation de 15 ans. En 2001, la vallée de la Somme a été touchée par des inondations d'une ampleur exceptionnelle, dues en grande partie à la remontée de la nappe phréatique (Voir le rapport de la commission d'enquête sénatoriale[26]), ce qui explique aussi la faible variabilité saisonnière. D'ailleurs le cours de l'Ancre est bordé de nombreuses résurgences formant autant de petites sources[2] par lesquelles la nappe phréatique stockant l'eau sous le plateau calcaire picard renvoie les trop-pleins dans les vallées creusées. Lame d'eau et débit spécifiqueLa lame d'eau écoulée dans cette partie du bassin versant de la rivière est de 346 millimètres annuellement, ce qui est légèrement au-dessus de la moyenne en France, à 300 mm/an. Le débit spécifique (Qsp) atteint 10,9 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[3]. ÉconomieAménagementsLa grande route la plus proche a été la route Nationale 29 de la Normandie à la frontière belge, aujourd'hui déclassée en route départementale 929. La route de fond de vallée est la route départementale 120 de Corbie à Méaulte, rejoignant la route départementale 42 rejoignant Albert, puis la route départementale 50 d'Albert à Miraumont. La vallée de l'Ancre a été utilisée pour la construction de la ligne ferroviaire Amiens-Arras sur la voie ferrée 'ex grandes-lignes' Paris-Lille (comme la vallée de la Somme entre Amiens et Corbie). Les six gares en service, le long de l’Ancre, sont ainsi, de l'amont vers l'aval, gare de Miraumont, gare d'Albert, gare de Buire-sur-l'Ancre, gare de Méricourt-Ribémont, gare d'Heilly, gare de Corbie[note 10]. Deux stations analysant la qualité de l'eau sont installées sur le cours de l'Ancre : l'une est située à Albert et l'autre à Bonnay[1]. À la sortie de Miraumont, un moulin à eau et une pisciculture sont établis50° 05′ 17″ N, 2° 43′ 14″ E. La station d'épuration, au sud-ouest d'Albert et entre Albert et Méaulte/Dernancourt49° 59′ 27″ N, 2° 38′ 47″ E, et en rive droite de l'Ancre[note 11], a été refaite en 2010 pour un coût de 7,5 M d'euros[27]. Datant initialement de , elle a une capacité de 24 000 équivalents habitants, pour une taille d'agglomération de 26 117 équivalents habitants en , derrière un réseau d'assainissement unitaire de dix déversoirs d'orage et d'une dizaine de postes de relèvement[28]. Elle ne dessert officiellement que 10 211 habitants[29]. Les organismes gestionnaires sont détaillés au paragraphe #Organismes gestionnaires. PêcheDu point de vue piscicole, l'Ancre est un cours d'eau de première catégorie[30] c'est-à-dire un cours d'eau où le peuplement piscicole dominant est constitué de salmonidés (truite, omble chevalier, ombre commun, huchon). On peut aussi pêcher dans les nombreux étangs qui jouxtent l'Ancre dont les Étangs du Vélodrome à Albert[31],[32]. Cinq AAPPMA sont concernés par ce bassin versant : Albert, Heilly, Ribemont, Meaulte et Fouilloy. Celles-ci déversent truitelles fario, truites fario et truites arc-en-ciel[2]. La Fédération de la Somme pour la pêche et la protection du milieu aquatique a actualisé en un PDPG80 ou Plan Départemental pour la protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources piscicoles de la Somme avec dix-huit contextes de gestion dont un pour l'Ancre[2]. TourismeAlbert
Ribemont-sur-Ancre
Heilly
Corbie
HydronymieCette rivière est désignée par le terme Corbiea amnis, Fluvum Corbeia en 1188, « la rivière de Corbie » (la ville de Corbie occupe un site de confluence entre le défluent la Boulangerie et la Somme, un bras de l'Ancre)[36]. Ancre ou Encre, qui a donné son nom à la rivière, a été le nom de la ville d'Albert (Somme) jusqu'en 1620[note 13]. ToponymesL'Ancre a donné son hydronyme à quatre communes : Beaucourt-sur-l'Ancre, Buire-sur-l'Ancre, Ribemont-sur-Ancre, Ville-sur-Ancre, et est aussi l'ancien nom de la ville d'Albert. HistoireL'Ancre, comme beaucoup de cours d'eau fut un axe de peuplement, relayé le par la mise en service de la ligne de chemin de fer Paris Lille. Préhistoire et gallo-romainsEpoque mérovingienne et carolingienneMoyen Âge, Renaissance et Grand SiècleEpoque industrielle et XXe siècleHydronymieCette rivière s'appelait autrefois (Moyen Âge) la Corbie ou la rivière de Corbie. Plus tard elle prend le nom de rivière de Miraumont ou rivière d'Encre (les 2 noms sont utilisés dans la carte de Cassini, par exemple). C'est la ville d'Encre qui a donné son nom à la rivière, nom qu'elle a conservé quand Encre, devenu passagèrement Ancre, est devenu Albert. ÉcologieQuatre ZNIEFF de type I sur le bassin versantLe cours de l'Ancre comprend deux ensembles considérés comme remarquables d'un point de vue écologique et classés comme ZNIEFF de type I :
Deux autres ZNIEFF de type I sont référencées :
FauneL'IPR ou indice poisson rivière était de qualité moyenne en 2011[11]. Les poissons présents dans ce cours d'eau de première catégorie sont la truite, le gardon, la vandoise, le goujon, l'épinoche, la perche, le brochet, l'anguille[44]. Plusieurs espèces animales sont présentes dans ce milieu naturel. Les rives de l'Ancre sont notamment des lieux de reproduction pour certains oiseaux : le Héron cendré, le busard des roseaux, le râle d'eau, entre autres[45]. Les inventaires réalisés dans les ZNIEFF signalent en outre le martin pêcheur, la bouscarle de Cetti, la sarcelle d'été, et le canard souchet. FloreLes inventaires réalisés dans les ZNIEFF signalent les plantes rares, remarquables ou menacées suivantes : la Thelypteris palustris ou thélyptéride des marais, la Morène aquatique, l'Hippuris vulgaris ou pesse commune, le Myriophyllum verticillatum ou myriophylle verticillé, le Potamot de Berchtold, l'Utricularia australis ou utriculaire citrine, et l'hottonie des marais.
Voir aussiLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
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