Les Agnis sont un peuple d'Afrique de l'Ouest d'environ 1 200 000 personnes, vivant principalement en Côte d'Ivoire. Ils sont également présents au voisin Ghana[1],[2].
Ils ont été le premier peuple de la région à entrer en contact avec les Européens au XVIIe siècle[3].
Ethnonymie
Selon les sources et le contexte, on observe différentes formes : Agnis, Ani, Anya, Anyi, Anyis, Ndenie[4], Sanwi, etc.
Histoire
Origine
Au début du XVIIIe siècle, en provenance de l'Aowin dans l'ancienne Gold Coast, les premiers Agni traversent la frontière est de l'actuelle Côte d'Ivoire avec un autre peuple d'Akan originaires de l'Ashanti. Ce sont les Assabou qui formeront la matrice de ce qu'est aujourd'hui le peuple Baoulé en Côte d'Ivoire. Après avoir fondé le royaume Sanwi sous la houlette d'Amalaman Ano, ils poursuivent leur chemin jusqu'aux abords de la lagune Aby où une partie de ceux qui formeront les Mrôfo va peupler l'actuelle zone de Songon. Ils fondent par ailleurs le royaume de l'Indénié sur les bords de la Comoé, celui du Moronou avec les Agnis Mrôfo et le Djuablin.
Il est à noter qu'il existe d'autres sous-groupes comme les Agnis-Assonvon dans la localité d'Ebilassokro, à l'Est de la Côte d'Ivoire et une grande communauté Agni à Tiassalé.
Dans ces grandes villes, il y a eu une fracture sociale à partir de 1990 car les peuples forestiers se regroupent dans certaines zones ainsi que les peuples de la savane majoritairement émigrés[6].
Société
Le système de chefferie
Le système de chefferie des Akan est de type monarchique : le choix découle d’un mécanisme héréditaire de succession qui limite l’exercice du pouvoir aux membres d’une seule et même famille. Cela se déroulait conformément à la règle générale des successions de la tribu régnante qui dirigea un rôle historique depuis le Ghana voisin vers la fin du XVIIe siècle.
Avant la colonisation française, les Akan avaient développé un royaume avec une structure politique composée du souverain assisté par son conseil. Le reste de la société était composée de trois castes principales : les nobles, les hommes libres et les serviteurs .
Économie
Les Agnis sont des propriétaires fonciers de la forêt et sont devenus des planteurs rentiers. Étant minoritaires, ils ont su intégrer les nouvelles populations émigrées telles les Mossis en leur attribuant le rôle de métayers. Les récoltes sont divisées mais le principal bénéficiaire est le propriétaire de la terre, ce qui engendre un rapport de force dans la structure hiérarchique[7].
Ivoirité
À Ayamé, il y a eu des affrontements entre Agnis et Bozos (pêcheurs maliens) vers 1998. Auparavant, les populations vivaient en paix en Côte d'Ivoire car il y avait une prospérité économique qui profitait à tous[8].
Culture
Langue
La langue agni est de la famille des langues nigéro-congolaises. Il y aurait 250 000 locuteurs dans la région du sud-comoé.
Religion
Chez les Agnis, le féticheur est le Kômian. Dans les sociétés Akans du Ghana et de Côte d'Ivoire, ce sont toutes les personnes qui détiennent le savoir occulte. Les Kômians peuvent enseigner leur savoir aux rois ou donner des prédictions sur l'avenir. Leurs transes magico-religieuses leur permettent de comprendre des choses incompréhensibles pour le commun des mortels. Les kômians sont regroupés en sociétés secrètes[9].
Il y a eu une grande influence des pasteurs togolais de la Church of Pentecost vers les Agnis du Ghana puis de Côte d'Ivoire dans les années 1950[10]
Alimentation
Les Agnis consomment entre 20 et 50 % du riz et du foutou banane plantain avec manioc dans leur préparation[11], sans oublier bien sûr de l'igname[12].
Famille
Pour pouvoir se marier, un prétendant doit fournir trois dots :
Bla-ô-kale : aide financière pour l'entretien de la future épouse
Adyia-tila : pour l'achat du trousseau
Bé-ti-sika : lie la jeune femme et ses parents. Elle devient une promise[13].
L'adultère était traditionnellement durement réprimé. Les coupables bannies du village, tous disposaient désormais du droit de vie ou de mort sur elles[14].
Les femmes doivent avouer le nombre d'amants qu'elles ont eus pour sauver leurs enfants et leurs propres vies lors d'accouchements difficiles. Le mari doit donner son pardon[15].
↑Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littéraires de l'oralité africaine en hommage à Jean Derive Mélanges Derive Jean Tradition orale : en hommage à Jean Derive, p. 301
↑Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen : nation, conversion et délivrance en Afrique de l'ouest, p. 238
↑La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 144
↑Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine: quatrième partie : mondes non européens = punishment : fourth part : non european worlds, De Boeck Université, 1991, p. 52
↑La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 152
Voir aussi
Bibliographie
(en) S. Domowitz, « Wearing proverbs: Anyi names for printed factory cloth », African arts, 1992, vol. 25, no 3, p. 82-87
(en) Paul Parin, Fritz Morgenthaler et Goldy Parin-Matthèy, Fear thy neighbor as thyself : psychoanalysis and society among the Anyi of West Africa, University of Chicago Press, Chicago, 1980, 408 p. (ISBN978-0-226-64583-4)
Marius Ano N'Guessan, Contes Agni de l'indenié, Imprimerie Nationale, 1970, 244 pages.
Maurice Delafosse, Essai de manuel de la langue agni, parlée dans la moitié orientale de la Côte d’Ivoire, Paris, 1900, 226 pages.
Ouvrage accompagné d’un recueil de légendes, contes et chansons en langue agni, d’une étude des origines et des migrations des tribus agni-achanti, de vocabulaires comparatifs des différentes langues agni-achanti, d'une bibliographie et d'une carte
Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen : nation, conversion et délivrance en Afrique de l'ouest, Karthala, 2006, 378 pages, (ISBN978-2-84586-822-9)
Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littéraires de l'oralité africaine en hommage à Jean Derive Mélanges Derive Jean Tradition orale : en hommage à Jean Derive, Karthala, 2005, 334 pages, (ISBN978-2-84586-667-6)
Jean-Louis Chaléard, Temps des villes, temps des vivres : l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, Karthala, 1996, 661 pages, (ISBN978-2-86537-635-3)
Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine : quatrième partie : mondes non européens = punishment : fourth part : non european worlds., De Boeck Université, 1991, 514 pages, (ISBN978-2-8041-1524-1)
Marc Le Pape, Claudine Vidal, Côte d'Ivoire : l'année terrible, 1999-2000, Karthala, 2002, 354 pages, (ISBN978-2-84586-317-0)
La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, 538 pages, (ISBN978-2-8041-2893-7)
Catherine Blanchard, Les statues dites "Anyi de Krinjabo" dans la statuaire en terre cuite du quart Sud-Est de la Côte d'Ivoire : étude stylistique et historique, Université de Paris 1, 1998, 683 p. 3 vol.
V. Duchesne, « Gémellité, fécondité et souveraineté chez les Anyi de Côte d'Ivoire », Quaderni de l'Uomo, 1998, no 1, p. 137-155 1998....
Claude-Hélène Perrot, Les Anyi Ndenye et les Ashanti, Université d’Abidjan, Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africains, 1974, 22 p.
Claude-Hélène Perrot, Les Anyi-Ndenye et le pouvoir aux 18e et 19e siècles, Publications CEDA, Abidjan ; Publications de la Sorbonne, Paris, 1982, 333 p. (d’après une thèse de l’Université de Paris 5, 1978)
Claude-Hélène Perrot, « Formation d'États et formation d'une ethnie : le cas des Anyi-Ndenye », Cahiers d'études africaines (Paris), 1982, vol. 22, no 87-88, p. 455-463
M. Delafosse, « Coutumes observées par les femmes en temps de guerre chez les Agni de la Côte d'Ivoire », Revue d'Ethnographie et de Sociologie, 4, 1913, p. 266-268.
S. Crapuchet, Femmes Agni du Moronou : préparation de la femme à son rôle de mère en Basse Côte d'Ivoire, École pratique des Hautes études (mémoire no 163) VIe section, Paris, 1967.
« La fête des ignames chez les Agnis », Eburnea no 26, 1969.
J. Ehouman, « L'héritage chez les Agnis Morophos », La Côte d'Ivoire Chrétienne, no 57, s.l., 1943, p. 4.
F.-J. Amon d'Aby, Les principes successoraux des tribus agni et baoulé, en Côte d'Ivoire devant l'évolution économique moderne, CHEAM, 1958, 8 p.
Barthélémy Comoé Krou, Le jeu dans la société traditionnelle agni, thèse de doctorat : lettres, Université René Descartes, Paris, 1977, 723 p.
Barthélémy Comoé Krou, La ludistique, essai sur la création d'une science du jeu (conclusion de recherches menées pendant près de dix ans sur les jeux pratiqués dans la société agni), Université d'Abidjan, 1978, 152 p.
H. Hubert, « Coutumes indigènes en matière d'exploitation des gîtes aurifères en Afrique occidentale » (Droit coutumier de la Côte d'Ivoire, chez les agni, les baoulé de Bondoukou), Annuaire et mémoire du comité d'étude historique et scientifique de l'AOF, s.l., 1917 p. 222-243.
OI. P. Amon, Études sur le droit coutumier agni (thèse de 3e cycle. Droit économie des pays étrangers. Afrique), 396 ff. dactyl. ill., 1968
V. Dolon, Coutumier du groupe agni-ashanti (Coutumier conservé aux Archives Nationales de Côte d'Ivoire, Abidjan), s.d., 72 p.
Koffi Sié, Les Agni-Diabé, histoire et société, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Université de Paris I, 1976.
Boa Kadio, Martin, « La naissance de la dot en pays Agni», Revue de la Gendarmerie Nationale, no 12, 1975, p. 27