Adèle de Romance, dite aussi Adèle Romany ou Adèle Romanée, née le à Paris et morte dans la même ville le 7 juin 1846[1], est une artiste peintre française, considérée en son temps comme une grande portraitiste.
Biographie
Adèle de Romance naît sous le nom de Jeanne Marie Mercier le à Paris ; elle est la fille naturelle d'une femme mariée, Jeanne-Marie Bernardine Mercier[2]. Par un acte en date du , Jeanne Marie Mercier est reconnue et légitimée par son père, Godefroy V, marquis de Romance[Note 1], frère de Germain-Hyacinthe de Romance ; elle adopte alors le nom d'Adèle de Romance[3].
Elle se marie en 1790 au peintre miniaturiste François Antoine Romany, qui ne lui est pas apparenté malgré la similitude des noms. Un doute subsiste quant au fait de savoir s'ils se sont mariés avant la naissance de leur fille Aglaé Emée, le à Paris, ou si l'union a été légalisée deux ans après. Le couple divorce le . Adèle de Romance donne ensuite naissance à deux autres enfants naturels :
une fille, Louise Lucie Cosnefroy de Saint-Ange, née le à Paris, fille naturelle de Charles Gabriel François Cosnefroy de Saint-Ange, comédienne au Théâtre-Français[Note 2],
Plus tard, Romance s'est occupée de l'éducation, à partir de l'âge de quatre ans, d'une de ses petites-filles, Mélanie Cosnefroy de Saint-Ange[Note 2], la plus jeune enfant de Louise Lucie.
À l'occasion de son mariage avec François Antoine Romany elle devient l'élève de Jean-Baptiste Regnault (1754-1829) dont l'atelier pour élèves féminines est dirigé par son épouse ; il n'existe pas d'autres détails sur son éducation artistique. Elle participe à son premier Salon en 1793, en tant qu’élève de Regnault. Elle en reprend la manière précise et excelle dans les rendus de matières et les détails des costumes.
Quatre-vingts de ses œuvres sont exposées aux Salons pendant quarante ans, de 1793 à 1833. Quand elle expose, elle utilise plusieurs variantes de ses noms de jeune fille ou de femme mariée, dont Romance, Romany, Romany de Romance, de Romance Romany, et après son divorce, Adèle Romance, Adèle Romanée. Elle est surtout connue pour ses portraits, bien qu'elle ait réalisé quelques peintures sur des thèmes historiques et mythologiques. Elle a représenté beaucoup d'acteurs, d'actrices et de musiciens en particulier[5]; c'est pourquoi la plus importante collection de ses œuvres se trouve à la Comédie-Française.
De 1800 à la fin du Premier Empire, elle recueille un certain nombre de commentaires approbateurs de journalistes. Au Salon de 1808, elle reçoit une médaille de seconde classe, d'une valeur de 250 Francs. Parmi ses œuvres les plus admirées, figurent son autoportrait avec ses enfants (1800), le portrait de Mlle A. P., exposé au Salon de 1806, et les portraits des actrices Mlle Raucourt (Salons de 1812 et 1814) et Mlle Emilie Leverd (Salons de 1808 et 1814).
Son excellent portrait de Talma (1818) a longtemps été attribué par erreur à François Gérard. Elle a aussi réalisé un portrait de Madame Vigée Le Brun qui était son amie. Ses œuvres tardives sont d'une moindre qualité. Adèle de Romance n'a que peu retenu l'attention de la critique après sa mort avant qu'on ne la redécouvre récemment.
À côté de ses activités artistiques, Adèle de Romance s'est engagée dans diverses spéculations financières pendant la Révolution, le Directoire et le Consulat. Elle a acheté une maison et utilisé l'hypothèque comme garantie pour des emprunts ; elle s'est apparemment servi de ces fonds pour financer d'autres entreprises. À sa mort, le à Paris, ses biens se montent à plus de 8 000 Francs. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (14e division)[6],[Note 4].
Gray (Haute-Saône), musée Baron-Martin : Portrait de Marie-Jeanne Mercier, 1799, huile sur toile, 75 × 59 cm, legs d'Albert Pomme de Mirimonde à la RMN, affecté au musée de Gray[16].
Mme Thénard dans le rôle d'Hermione (Andromaque de Racine), vers 1800 ou après, huile sur toile, 116 × 90 cm, I 0091 (répétition d'un original conservé dans la descendance du modèle au XIXe siècle, probablement le tableau conservé au musée Carnavalet)[23];
Mme Thénard dans le rôle d'Hermione (Andromaque de Racine), non daté, huile sur panneau de bois, 40 × 32 cm, I 0305 (réduction du portrait original)[24];
↑Godefroy V de Romance de Mesmon est né le à Paris et mort le (à 84 ans) dans son Hôtel rue des Mathurins à Paris ; il est âgé de 25 ans à la naissance de sa fille. La biographie d'Adèle de Romance consultable sur le site de la Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime indique comme père d'Adèle le marquis d'Acy-Romance, Hugues-Étienne de Romance, comte d'Auteuil et seigneur de Mesmont (1699-1775), le propre père de Godefroy V, qui aurait été âgé de 70 ans à la naissance de sa fille naturelle et l'aurait reconnue trois ans après sa mort[3] ! [lire en ligne]
↑ a et bLouise Lucie Cosnefroy de Saint-Ange donne naissance à son tour à deux enfants naturels :
Caroline Louise Henriette Cosnefroy de Saint-Ange, née le à Paris ;
Cette dernière filiation est contestée par le vicomte Tony-Henri-Auguste de Reiset (1858-1925) dans son ouvrage « Les Enfants du duc de Berry, d'après de nouveaux documents » [lire en ligne]
↑Edmond-Jules Féline-Romany est responsable des ponts de Paris. Il succède à ce poste à Paul-Martin Gallocher de Lagalisserie (1805-1871) qui est ingénieur en chef entre 1848 et 1855. Son adjoint, Paul Emile Vaudrey (1824-1876), lui succédera en 1866. Edmond Jules Feline-Romany participe comme ingénieur aux ouvrages et projets suivants : le Pont de Bercy et le Pont Louis-Philippe. [lire en ligne]
↑Son fils Edmond Jules sera inhumé plus tard dans le caveau de famille.
Références
↑Archives de Paris Acte de décès reconstitué dressé le 08/06/1846, vue 34 / 51
↑Le tableau est titré Portrait of Madame Louise [sic] Vigée, sans doute une mauvaise compréhension de la dénomination sous lequel il a été vendu en 1992 : Portrait de Mme Louis Vigée, National Museum of Women in the Arts, Women Artists : the National Museum of Women in the Arts, Abbeville Press, (ISBN1-55859-890-1, 978-1-55859-890-4 et 0-7892-0411-8, OCLC31374105), p. 58 ; Wilhelmina Cole Holladay, A Museum of Their Own : National Museum of Women in the Arts, Abbeville Press, (ISBN978-0-7892-1003-6 et 0-7892-1003-7, OCLC209748496), p. 189-191.
Carlo Jeannerat, « L'Auteur du portrait de Vestris II. Adèle de Romance, et son mari, le miniaturiste François-Antoine Romany », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, no 1, , p. 52-63 (lire en ligne).
(en) Margaret A. Oppenheimer, Women Artists in Paris: 1791-1814 (thèse de doctorat en histoire de l'art), New York, New York University, Institute of Fine Arts, (présentation en ligne).
(en) Margaret A. Oppenheimer, « Four “Davids”, a “Regnault”, and a “Girodet” Reattributed : Female Artists at the Paris Salons », Apollo, vol. 145, no 424, , p. 38-44 (ISSN0003-6536, résumé).
(en) Sonia Coman, « A Community of Women Artists and Actresses at the End of the Ancien Régime: The Portrait of Madame Thénard mère in Hermione by Adèle Romany », S&F Online - Scholar & Feminist Online, Barnard Center for Research on Women, vol. 15, no 1 « Women and Community in Early Modern Europe: Approaches and Perspectives », (lire en ligne, consulté le ).
Aurélie Vandevoorde, « Adèle Romany, une portraitiste à redécouvrir », L'Estampille - L'Objet d'art, , p. 50-55, article no 436.