L'Abbaye Notre-Dame-du-Réconfort, dite aussi de la Consolation de la Sainte Vierge, est une abbaye de moniales de l'Ordre de Cîteaux, fondée en 1235 par la comtesse de Nevers et du Forez Mathilde de Courtenay, devenue aujourd'hui une maison de convalescence. Elle est située au lieu-dit Le Réconfort au finage de Saizy, dans la Nièvre.
Historique
La comtesse de Nevers, Mathilde de Courtenay dite Mahaut, reçut ses lettres de fondation en 1244, confirmées par le pape Innocent IV qui vint consacrer l'église en 1246.
Les guerres de Religion causèrent de grands dommages à cette abbaye, qui fut avant cela très prospère, pendant quatre siècles. Vers la fin de l'administration de Jeanne VI de la Magdeleine de Ragny (1615-1633), l'abbaye est en ruine et abandonnée. Elle fut restaurée par Angélique de Viesvres de Launay qui reprend la direction de l'établissement en 1634. C'est avec le concours financier de son père qu'elle relève le monastère depuis les fondations. De nouveaux travaux furent entrepris au XVIIIe siècle avec la surélévation du bâtiment des religieuses et la construction d'une glacière dans les bois voisins.
Toutefois: le relâchement alla toujours croissant, une vie toute mondaine avait remplacé la ferveur primitive. Tel était le triste état de cette abbaye quand la tourmente révolutionnaire éclata et dispersa les religieuses[1].
La dernière abbesse, Marguerite de Seiveyrac se fit représenter aux deux assemblées du clergé qui eurent lieu aux bailliages de Nevers et de Saint-Pierre-le-Moutier. Le père Philippe Levacq, aumônier du Réconfort, fut accusé en 1793 de tenir des propos contre-révolutionnaires. Il fut condamné à mort par le Tribunal criminel de Nevers le 9 Germinal an II et il fut exécuté dans les vingt-quatre-heures sur la place Brutus de Nevers.
L'abbaye est vendue à un certain Bardet qui commence à démolir l'édifice pour en vendre les matériaux. Il est stoppé par les chefs du district de Corbigny et le cède à M. Brunier qui l'occupait en 1823.
Le baron Pierre Charles François Dupin, (1784-1873) fit l'acquisition des ruines de l'abbaye et de ses dépendances en 1825. Il en entreprit la restauration et en fit sa résidence. On lui doit les communs, la ferme et le parc qu'il aménagea, ainsi que l'étang et l'allée d'entrée où il fit poser la grille d'honneur du château de Brèves, et acheva la terrasse.
Pendant 25 ans de 1873 à 1898, ce fut son gendre le Comte Ferdinand du Hamelle de Breuil qui entreprit de gros travaux de rétablissement de la salle capitulaire, transforma les trois salles voûtées de l'entresol de gauche en 6 caves et 6 pièces au-dessus avec couloir voûté au milieu. Il fit restaurer les quatre façades en style Louis XIII, fit élever le porche de la chapelle et la porte d'honneur. Son petit-fils André reprit le flambeau et de 1898 à 1949 fit achever la restauration des façades, refit la décoration intérieure, agrandit les communs et rétablit la salle capitulaire qu'il transforma pour en faire la chapelle actuelle. Et enfin son arrière-petit-fils le marquis de Brazais qui décéda en 1972.
Architecture
Le maître d'œuvre des bâtiments nous est inconnu. Les seuls vestiges du XIIIe siècle, sont : La salle capitulaire et la sacristie. Le gros œuvre est à plan rectangulaire à deux étages carrés en pierre calcaire, moellon et enduit. Couvrement : voûte en berceau, voûte d'ogives, voûte d'arêtes. La couverture est en ardoise sur toit à long pans en batière.
Escaliers tournant à retours, décor de sculpture ornement végétal. Cet édifice ayant fait l'objet d'une étude d'inventaire général de Bourgogne:(enquête partielle), n'est pas classé, ni inscrit.
Église abbatiale
Un vestige de niche ou de lavabo avec arc brisé sur colonnettes (provenant de l'église disparue) a été remployé dans un pavillon du XIXe siècle. Le procès-verbal du fait état que: l'église abbatiale est découverte
Cloître
Il communiquait avec l'église et l'ancienne sacristie. En 1793, il est découvert.
Salle capitulaire
Elle aurait été comblée sous l'abbatiat d'Angélique de Viesvres de Launay lors des travaux de restauration de l'Abbaye. Au début du XXe siècle la salle capitulaire fut transformée en chapelle par André le petit-fils de Ferdinand du Hamelle de Breuil.
La salle capitulaire, à deux vaisseaux, est couverte de six voûtes d'ogives reposant sur deux colonnes centrales aux chapiteaux ornés de crochets et de feuilles de vigne et le long des murs sur des culots. L'ancienne sacristie voûtée en berceau communiquait avec l'église et le cloître. Elles font partie de la partie sud du rez-de-chaussée du bâtiment principal. Cette chapelle a été bénite le par Monseigneur Patrice Flynn, évêque de Nevers.
Bâtiments conventuels
En 1793, le bâtiment nommé le vieux pavillon, tenant d'une part à l'église et à la grande cour est détruit. Ainsi que le bâtiment tenant à l'église du côté du couchant.
Le bâtiment des religieuses fut relevé de deux étages au XVIIIe siècle et une glacière construite dans les bois.
Le bâtiment principal, complètement remanié, comprend un corps central à un étage avec deux corps symétriques à deux étages.
Trésors, sculptures
Sculpture: Tête d'apôtre ou de St Jean-Baptiste, en calcaire; Dim; H: 22 cm X La: 14 cm X Pr: 12 cm, tête barbue, fragment, nez cassé, auteur inconnu, datée du XVIe siècle, propriété privée.
Sculpture: statue de saint évêque, en calcaire taillé, revers plat et revers sculpté, Chaperon de la chape et fanons de la mitre sculptés au revers; Dim; H: 82 cm X La: 40 cm X Pr: 20 cm, œuvre mutilé, manque la tête et la main droite et le bras gauche, traces de polychromie, auteur inconnu, datée du XVIe siècle, propriété privée.
Sculpture, statue de moine au livre et aux épis, en calcaire taillé, revers plat; Dim; H: 69 cm X La: 45,5 cm X pr: 20 cm; moine présentant un livre ouvert d'une main et des épis de seigle de l'autre, manque la tête, la main gauche et la partie inférieure; nombreux éclats et épaufrures, datée du XVIe siècle, auteur inconnu, propriété privée.
Sculpture, statue dite de Mahaut de Courtenay en calcaire taillé à revers plat, tour rapportée et encastrée; traces de gradines au revers; Dim; H: 102 cm X La: 39,5 cm X pr: 29 cm (dimensions totales); Tour; H: 29,5 cm X La: 12 cm X Pr: 10 cm; écu; H: 16,5 cm X La: 15 cm, femme couronnée, portant un collier et une ceinture de perles, assise sur un siège à dossier, une tour posée sur les genoux. Le socle est orné d'un écu armorié, en relief, surmonté d'une crosse abbatiale. Les armoiries sont celles d'une abbesse: "Écartelé, au 1 de Clèves, au 2 de Blachefort, au 3 non identifié, au 4 de Bourgogne ancien". Manque le bras, nombreuses épaufrures, notamment au visage, éclats sur le socle et le bord du voile. Cette œuvre du XVIe siècle, dont l'auteur est inconnu fut trouvée en 1878 parmi les décombres de l'église.
Sculpture en demi-relief, calcaire taillé à revers plat; Dim; H: 68,5 cm X La: 78 cm X pr: 25 cm, représentant Dieu le Père, à qui il manque la main droite, un globe et nuée. Cette sculpture du XVIe siècle dont l'auteur est inconnu est propriété privée[2].
De Mathilde de Courtenay, fondatrice de l'abbaye, décédée le . Elle fut inhumée dans le cloître selon sa volonté et au XVIe siècle sa dépouille fut déplacée dans la chapelle, devant l'autel.
Dalle funéraire en calcaire gravé de Guillaume d'Arsi et de son épouse, trépassés lui en 1331, elle en 1325. Dim; H: 235 cm X La: 134 cm, figure en pied; femme en pied, ornementation main bénissant, effigies des deux personnages sous 2 arcades à remplages; encensoir au-dessus des têtes; mains bénissant dans les angles supérieurs; deux épitaphes sur le pourtour, l'une sur le bord gauche et la partie gauche du bord inférieur; l'autre sur le bord droit et la partie droite du bord inférieur. La partie supérieure refaite en ciment; épitaphe gauche: …DARSI CHEVALIERS QVI TREPASA LAN DEGRACE M&CCC XXXI LE DIMANCHE AP/RES. LA NOSTRE DAME DEMARZ.; épitaphe de droite: ..MONSEIGNEUR GVILLAUME DARSI LAQVELE TREPASSA L'AN DE GRACE MCCC [X] XV LE… SE/DE. II LAS. CESTE. Inscription peinte sur une plaque de bois posée près de la dalle: pierre tombale du chevalier Guillaume Darsi 1331 et de sa femme 1325 nom illisible qui a été trouvée culbutée parmi les décombres de cette salle en 1942 et placée où elle est. Propriété privée.
1503 & 1520 - Philiberte Berthelon fut nommée par le Pape, vers 1503 après que son élection et celles d'Anne de Viry et de Jeanne Certaines furent déclarées nulles.
1525 & 1527 - Jeanne III de Certaines, après avoir disputé cette abbaye à Philiberte à qui elle succéda.
1527 à 1535 - Jeanne IV d'Arcy ou d'Arcis, fut obligée de céder la place à la suivante
1633 à 1651 - Angélique de Vièvres de Launay, religieuse de Faremoutier, transférée de l'Abbaye de Bonlieu à celle du Réconfort le , elle décéda le . C'est elle qui releva l'abbaye de la ruine grâce à la générosité de son père.