La 716e division d'infanterie (en allemand : 716. Infanterie-Division ou 716. ID) était une division d'infanterie de l'Armée allemande (Wehrmacht) pendant la Seconde Guerre mondiale.
La division est levée le 1941[1] dans la WehrkreisVI en tant qu'élément de la 15. Welle (15e vague de mobilisation).
Elle est placée sous l'autorité de la 15e armée jusqu'en .
L'unité est alors envoyée dans le secteur de Caen, rattachée à la 7e armée allemande.
Elle y restera stationnée jusqu'au . Le siège de l'État-major est basé dans la Villa Baumier.
L'unité avait un statut de division statique, du fait de l'intégration de ses moyens lourds dans des blockhaus du mur de l'Atlantique (encuvements ou casemates), et par le fait que ses troupes défendaient des positions préparées et protégées (Widerstandsnester ou WN).
Les troupes étaient donc dispersées en points de resistance défendus chacun par une section, d'une trentaine d'hommes.
Les effectifs de la division étaient de 17 000 hommes en 1943, mais elle fut sans cesse affaiblie par des transferts de troupes à l'est. Elle n'était plus évaluée qu'à 7 771 hommes[2] au . Le personnel a une moyenne d'âge élevée, certains étaient malades ou convalescents, alors que d'autres étaient des étrangers, avec une volonté de se battre fort limitée[3].
Histoire de la 716e division d'infanterie au combat
La division était initialement déployée sur un front de 50 km de littoral, de l'estuaire de l'Orne à Grandcamp.
La 352e division d'infanterie la relève sur le secteur ouest du Bessin, et conserve le contrôle des Ier et IIIe bataillon du 726e régiment d'infanterie d'Omaha Beach à l'estuaire de la Vire, ainsi que du IIIe groupe de batteries du 1716e régiment d'artillerie à Grandcamp-Maisy.
La division est employée au renforcement des défenses côtières à partir de la fin de l'année 1943.
Le débarquement de Normandie
La 716e division d'infanterie fut la force principale rencontrée par les Alliés le . En effet, dès l'aube du , la totalité des régiments de la division sont engagés, avec d'ouest en est[5] :
Omaha Beach : 3 compagnies dans les blockhaus côtiers et 1 en soutien
Gold Beach : 3 compagnies dans les blockhaus côtiers et 4 en réserve de corps d'armée, plus 4 compagnies russes soit 11 compagnies à proximité de Gold Beach
Juno Beach : 3 compagnies dans les blockhaus côtiers et 1 compagnie cycliste en réserve
Sword Beach : 3 compagnies dans les blockhaus côtiers
Totalement dispersée sur le littoral normand, la division allemande n'a jamais été en mesure de menacer les zones de débarquement alliées[6].
Même si une forte résistance a été rencontrée initialement à Omaha Beach, avec le soutien d'éléments de la 352e division d'infanterie, les contre-attaques allemandes furent toutes brisées par l'aviation et surtout par l'artillerie de marine.
Retranchés dans des positions aménagées bien conçues, les soldats de la division infligent les pertes les plus importantes des cinq secteurs.
Mais inexorablement, toutes les positions défensives de la plage sont capturées les unes après les autres[7].
À Juno Beach, la densité de troupes est un peu plus forte qu'ailleurs.
Surtout, les bombardements préparatifs ont échoué, et la synchronisation bombardements/assauts a été mauvaise, laissant le temps aux défenseurs allemands de se reprendre[8]. Aussi, les unités de la 3e division canadienne enregistrent-elles un taux de pertes sensiblement équivalent aux américains d'Omaha Beach[9].
Les faibles capacités de l'unité se révélèrent surtout à Gold Beach. La plage céda en très peu de temps à l'assaut, lequel fut secondé par les bombardements les plus efficaces de la journée. La conséquence fut l'ouverture d'une brèche vers Bayeux.
L'incident inquiéta suffisamment le commandement allemand de la 352e DI pour qu'une contre-attaque opérationnelle soit mise sur pied dans l'après-midi du [10].
Dans une moindre mesure, la résistance allemande se révéla inefficace à Sword Beach, ses maigres forces étant incapables d'empêcher la jonction entre la 3e division d'infanterie britannique et la 6e division aéroportée.
À noter que les témoins signalèrent la bonne tenue de plusieurs compagnies de supplétifs russes, notamment le 441e bataillon à Juno Beach, contre toute attente.
Très rapidement débordé, le général Richter fait appel à la 21e division blindée, en réserve autour de Caen. Jusqu'en milieu de matinée, le commandement allemand est surtout inquiété par les parachutistes largués à l'est de l'Orne.
Mais cet appui ne lui est pas donné, principalement du fait d'absence d'ordres du haut commandement de la Wehrmacht.
Finalement, les panzer contre-attaquent en fin d'après-midi dans un couloir entre Juno Beach et Sword Beach, et atteignent la mer.
Mais dès la fin de soirée du 6 juin, les chars refluent pour se concentrer autour de Caen. La 716e division d'infanterie perd son appui et commence à retraiter vers le sud, par petits groupes, pendant la nuit[12].
Le bilan de la journée du Jour J est sans nuances, puisque partout, la 716e DI a été battue, subissant des pertes très élevées.
On considère généralement que les pertes du premier jour se situèrent près de 3 000 hommes, soit près de 50 % des effectifs initiaux.
La 716e division d'infanterie dans la Bataille de Normandie
La division, qui était très faible le , fut très rapidement usée (sur environ 4 000 hommes, elle eut 860 tués, 1 270 disparus ou prisonnier et 520 blessés, elle dut battre en retraite voyant que la plage était perdue). La décision fut prise, dès le , de la retirer du front, et de l'envoyer dans le sud de la France. Elle était destinée à la 1re armée allemande[13].
Le , une concentration de force de la 716e DI existait autour du Mans.
Mais les organigrammes allemands du attestaient toujours de la présence des unités suivantes, rattachées à d'autres divisions[14] :
711e division d'infanterie : 300 hommes aux 1re et 3e Cie du 736e RI plus et 1re et 3e batteries du 1716e RA ;
346e division d'infanterie : 250 hommes des restes du 642e bataillon de volontaires de l'est et du 716e bataillon du génie ;
21e division blindée : 750 hommes des groupements tactiques (Kampfgruppe) Koch et Roth, restes du IIIe bataillon du 736e RI ;
352e division d'infanterie : 400 hommes rescapés du 439e bataillon de volontaires de l'est et du IIIe groupe de batteries du 1716e RA.
Les pertes de la division en Normandie sont évaluées à 6 300 hommes[15].
La 716e DI fut effectivement évacuée du front de Normandie entre le 1er et le .
La fin de la guerre
La 716e division d'infanterie fut transférée sur la Côte d'Azur, sous l'autorité de la 19e armée allemande.
En , elle était forte de 7 400 hommes.
Elle combattit ensuite dans la vallée du Rhône et en Alsace, lors de la bataille de la poche de Colmar (janvier-février 1945), où elle fut totalement détruite.
Reformée le , la division, réduite à la taille d'un Kampfgruppe, est capturé par les forces américaines à Kempten à la fin de la guerre.
Composition de la 716e division d'infanterie
La division comprend deux régiments d'infanterie à trois bataillons, renforcés par trois bataillons de volontaires de l'est (Osttruppen), un régiment d'artillerie et des unités de complément.
Elle ne dispose pas de bataillon de remplacement (Feldersatzabteilung)[2].
État Major
Commandant de la division : général Karl-Wilhelm Richter (1892-1971)
Chef d'état-major : Commandant Karl Bacchus
Infanterie
726e Régiment de Grenadiers
PC – Château de Sully, banlieue NO de Bayeux
Chef : Colonel (Oberst) Walter Korfes
Le bataillon est tactiquement rattaché à la 352e division d'infanterie.
Il est positionné pour partie dans l'isthme de Carentan et à l'est d'Isigny-sur-Mer, dans le secteur du 914e régiment d'infanterie.
Le bataillon est tactiquement rattaché au 726e régiment d'infanterie.
Il est positionné en arrière du littoral, sur une ligne Courseulles - Arromanches
Le bataillon est tactiquement rattaché au 736e régiment d'infanterie.
Il est positionné principalement à l'est de l'Orne dans le futur secteur
de la 6e division parachutiste britannique
Artillerie
Commandant : Lieutenant colonel (Oberstleutnant) Helmut Knupe.
Le régiment était à trois groupes de batteries avec en tout dix batteries.
Plus de la moitié était statique, c’est-à-dire installées dans des positions aménagées (encuvements ou casemates).
Ces batteries statiques furent débordées le Jour J, et les canons sabotés.
Il semble que seules trois batteries sur dix survécurent au [16].
La 1re Cie consistait en 10 chasseurs de chars équipés de canon de 7,5 cm Pak40. Il semble que ces engins soient des véhicules "bricolés" à partir de châssis français de prise.
La 2e Cie était composée de 11 pièces tractées, qui manquaient de camions. 2 pièces semblent avoir été des 8,8 cm Pak43/41 et 9 des 7,5 cm Pak40.
La 3e Cie devait être équipée de pièces Flak de 2 cm, mais à la date du recensement, aucune pièce n'est disponible.
716 bataillon du génie
Ce bataillon ne dispose que de deux compagnies au moment du Débarquement.