Le 1er bataillon de tirailleurs somalis, constitué en 1916 à partir de recrues de la Côte française des Somalis, est une unité appartenant à l'Armée de terre française.
Le , est mise sur pied une compagnie de tirailleurs somalis, dissoute l'année suivante[1].
Le 6e bataillon de marche somali est formé à Majunga (Madagascar), le à partir de recrues de la Côte française des Somalis. Il est rassemblé à Fréjus, le et est renommé ce même jour 1er bataillon de tirailleurs somalis[2].
Le bataillon sert à l'origine comme bataillon d'étapes mais les officiers vont valoir les demandes des Somalis de servir comme combattants et non comme travailleurs[2].
En le bataillon est rattaché au RICM. Il fait son entrée en guerre en participant à l’assaut sur le fort de Douaumont, le . Après ce fait d'armes qui a un retentissement important, le drapeau du RICM est décoré de la croix de la Légion d’honneur et les 2e et 4e compagnies du bataillon somali reçoivent également la croix de guerre avec palme (citation à l'ordre de l'armée)[2].
En , le bataillon, réorganisé comme unité combattante, est complété par l'adjonction d'une compagnie de mitrailleuses et d'un peloton de canons de 37 mm. Le bataillon hiverne à Fréjus et Saint-Raphaël[2].
En , le bataillon participe à la Bataille du Chemin des Dames au cours de laquelle il est cité à l’ordre de la division. Le , il remporte au sein du RICM la victoire de la Malmaison et obtient la première citation à l’ordre de l’armée du bataillon entier[2].
En mai et , il prend part à la 3e bataille de l’Aisne et en juillet à la 2e bataille de la Marne. En août et , le bataillon somali combat sur le front de l’Oise et en il obtient sa deuxième citation à l’ordre de l’armée ainsi que le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre[2].
Sur 2 434 tirailleurs recrutés en Côte des Somalis, 2088 sont venus combattre en Europe. Leurs pertes sont estimées à 517 tués et Modèle:Nob à 1 200 blessés[2].
Entre-deux-guerres
Le , à la suite des démobilisations, l'effectif est de
L'effectif du bataillon, dissous le , est rapidement réduit à deux compagnies, envoyées à Madagascar[2]. L'effectif est ensuite réduit à une seule compagnie de tirailleurs somalis, intégrée au 1er régiment mixte malgache. Elle est dissoute en 1932[4],[5].
Le , le bataillon de marche somali se voit confier à Djibouti, la garde du fanion tricolore du 1er bataillon de tirailleurs somalis de Première Guerre mondiale. Les premiers éléments somalis ont rejoint l'Afrique française du Nord dès mars et le bataillon de marche somali est regroupé à Sousse en septembre[6].
Le régiment est intégré au sein du Détachement d’armée de l’Atlantique (DAA), commandé par le général de Larminat, chargé de réduire la poche de Royan. Il est engagé dans la libération de Royan et de la pointe de Grave, avant de libérer Soulac en . Au cours de ces combats les pertes du bataillon somali s'élèvent à 41 tués (5 Européens et 36 tirailleurs) et 106 blessés (10 Européens et 96 tirailleurs) soit 147 hommes sur un effectif de 860.
En récompense de leurs succès en avril 1945, le régiment et ses trois bataillons reçoivent chacun une citation à l'ordre de la division le . Le , le bataillon somali reçoit une citation à l'ordre de l'armée[2].
En 1970, le 5e régiment interarmes d'outre-mer (RIAOM) hérite du patrimoine de tradition du bataillon somali, en plus de celui du 5e régiment d'infanterie coloniale. Sur son drapeau, cinq inscriptions de batailles, deux décorations et, depuis 1996, la ceinture rouge des troupes somalis rappellent aujourd’hui la mémoire des tirailleurs somalis qui se sont distingués dans l'Armée française[8].
Insigne
L'insigne de l'unité, réalisée pour la compagnie somalie, est homologué G.1080 le [1]. La tête de Somali représente les soldats de l'unité, l'inscription 1er BTS sur son col rappelle l'héritage de l'unité. Enfin, l'ancre des troupes coloniales porte sur la trabe l'inscription Somalie[7].
Chefs de bataillon
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: chef de bataillon Fortin
: capitaine Depui
et jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale : chef de bataillon Bouet
Il a droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1914-1918 qui récompense les unités citées aux moins deux fois à l'ordre de l'armée[10].
31 à l’ordre de l’armée (17 aux Européens et 14 aux Somalis).
51 citations à l’ordre du corps d’armée (41 aux Européens, 10 aux Somalis)
109 à l’ordre de la division (92 aux Européens, 17 aux Somalis)
206 à l’ordre de la brigade (132 aux Européens, 74 aux Somalis)
783 à l’ordre du régiment (148 aux Européens, 635 aux Somalis).
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 1er bataillon de tirailleurs somalis a obtenu une citation à l’ordre de l’armée et une citation à l’ordre de la division au sein du Régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie auquel il appartenait.
Citations militaires
Première Guerre mondiale
Citations à l'ordre de l'armée
« Le , renforcé du 43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, le [RICM] enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant successivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi. »
« Sous le commandement du chef de bataillon Bouet a participé le aux attaques des bataillons du régiment d’infanterie coloniale du Maroc, entre lesquels il était réparti, a rivalisé d’ardeur avec eux et triomphé dans les mêmes luttes glorieuses. »
— 1re citation à l'ordre de l'armée attribuée au 1er bataillon de tirailleurs somalis pour sa brillante attitude lors de la prise des carrières de Bohéry et du plateau de la Malmaison, Ordre général no 529 du 15 novembre 1917
« Bataillon indigène à l’esprit guerrier, sous l’énergique commandement du chef de bataillon Bouet, s’est fait remarquer dans maints combats, par son entrain, sa bravoure et son esprit de sacrifice. Du 30 au , a lutté sans répit, au prix de pertes nombreuses, sur une position très difficile et a réussi à arrêter l’ennemi. Récemment a fait preuve de belles qualités manœuvrières et d’une ardeur extrême, dans la poursuite de l’ennemi. »
— 2e citation à l'ordre de l'armée attribuée au 1er bataillon de tirailleurs somalis au cours de la Bataille de l'Aisne (1918), Ordre no 11027 D du 28 octobre 1918
Citations à l’ordre de la division
« Sous l’impulsion de son chef, le commandant Bouet, lors de l’offensive du , a fait preuve d’un courage et d’un entrain remarquables, nettoyant des abris formidablement organisés sans se laisser arrêter par la vive résistance des Allemands et coopérant ainsi de la façon la plus efficace au succès de la division. »
— Citation à l’ordre de la division attribuée au 1er bataillon de tirailleurs somalis lors de la Bataille du Chemin des Dames, Ordre général no 176 du 8 mai 1917
Citations à l’ordre du régiment
« Mise à la disposition du RICM, la 2e compagnie du 1er bataillon de tirailleurs somalis, commandée par le lieutenant Baumgartner, a participé aux attaques des 18 et , devant Longpont, et s’y est vaillamment comportée, subissant sans faiblir des pertes sévères. »
— Citation à l’ordre du régiment attribuée à la 2e compagnie du bataillon somali pour sa conduite lors des attaques devant Longpont en juillet 1918, Ordre du régiment no 11 du 21 janvier 1919
Seconde Guerre mondiale
Citations à l'ordre de l'Armée
« Bataillon qui, sous le commandement calme et énergique du chef de bataillon Bentzmann a, par sa valeur, sa bravoure et son opiniâtreté, réussi le , le franchissement de vive force, sous le feu violent et ajusté de l’ennemi, de la ligne d’eau du Gua, large de plus de 400 mètres. Par son habile manœuvre a fait tomber les éléments de défense ennemis du Pont du Gua. Dans la journée du a bousculé l’ennemi sur les fortes positions d’un fossé antichars et, d’un seul élan, a enlevé le village du Vieux Soulac, ainsi que l’ensemble très fortement bétonné et vigoureusement défendu des ouvrages constituant le poste de commandement de la forteresse ennemie de la Pointe de Grave. Au cours de ces deux journées de combat, a fait 300 prisonniers. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au bataillon de marche somali du Régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie pour avoir réussi le franchissement de la ligne d’eau du Gua au cours des combats de la Pointe de Grave, Décision no 1058 du 20 août 1945
Citations à l'ordre de la Division
« A mené pendant 7 jours dans la pointe de Grave du 14 au , un combat exceptionnellement dur contre un ennemi enragé à se défendre, allant jusqu'à se faire sauter sur place plutôt que de se rendre, très fortement armé et appuyé sur des ouvrages cuirassés à toute épreuve, couvert par un terrain d’inondation dont les passes étroites étaient littéralement bourrées de mines. A tué 947 Allemands, pris 100 ouvrages bétonnés et 90 pièces de canon, fait 3 300 prisonniers. Fait d’armes qui mérite de prendre rang dans les annales de cette guerre. »
— Citation à l'ordre dela division attribuée au Régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie après les combats pour la libération de la Pointe de Grave, Ordre général no 102 du 25 avril 1945
« Ce monument, s’il est modeste, est hautement significatif. Le passant qui traversera ce carrefour aura l’œil attiré par l’Ancre de Marine. S’approchant, il lira que par deux fois des hommes différents de nous par la race et la religion, mais tout proches par le cœur sont venus de l’extrémité de la Mer Rouge, des sables semi-désertiques, pour donner leur sang en défendant un idéal de civilisation humain et libéral. Ici est inscrit un titre de noblesse qui honore grandement les Somalis, et aussi la France qui fut digne d’inspirer de tels dévouements. Que ce monument soit le témoin d’un attachement réciproque et durable entre nos deux peuples »
— Discours du général Edgard de Larminat, président de l’Association des Français libres, lors de l'inauguration du monument à Cuts (Oise) en 1961 et dédié aux combattants Somalis morts pour la France à « Douaumont 1916 - Chemin des Dames 1917 - La Malmaison 1917 - Mont de Choisy 1918 - Longpont 1918 -Pointe de Grave 1945 »
Notes et références
↑ abc et dHenri Vaudable, Histoire des troupes de marine, à travers leurs insignes: Des origines à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Service historique de l'armée de terre, (ISBN978-2-86323-092-3, lire en ligne), p. 221
↑ a et bJacques Sicard, « L'armée française face à la rébellion malgache, 1947-1949 », Armes Militaria Magazine, no 261, , p. 51-60
↑Antoine Champeaux, « Le patrimoine de tradition des troupes indigènes », Revue historique des armées, no 271, , p. 89–106 (ISSN0035-3299, lire en ligne, consulté le )
↑Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
↑De manière non réglementaire, le fanion tricolore du bataillon portera sur sa croix de guerre une 3e palme, pour rappeler la part du succès qui revient au bataillon dans la reconquête du fort de Douaumont. En fait seules les 2e et 4e compagnies somalies sont citées à l’ordre de l’armée et non le bataillon somali
Antoine Champeaux, « Les traditions du 1er Bataillon Somalis de Douaumont à Djibouti », dans Les troupes coloniales durant la Grande guerre, Paris, Economica, , 23-51 p. (lire en ligne).
Laurent Jolly, Le tirailleur somali : le métier des armes instrumentalisé (début XXe siècle - fin des années 60) (thèse d'histoire sous la direction de Christian Thibon), Université de Pau et des Pays de l’Adour, , 365 p. (lire en ligne).
Laurent Jolly, Tirailleurs de la Côte des Somalis. Des mercenaires au service de la France ?, Les Indes savantes, , 324 p.