L'Œuvre de l'hospitalité de nuit était une société philanthropique de charité publique française, fondée en 1878[1] pour loger temporairement les sans-abri à Paris.
Le président du conseil d'administration était le baron de Livois. Le comte des Cars et Charles Garnier étaient vice-présidents. Étienne Collet trésorier[6] et Th. Sauzier vice-trésorier. En 1886 Anselme Bucher de Chauvigné était administrateur[7].
L'œuvre de l'hospitalité de nuit offrait un abri gratuit et temporaire, aux hommes sans asile, sans distinction d’âge, de nationalité ou de religion; les conditions d'hébergement de l'œuvre stipulaient qu'on y était reçu que la nuit et seulement pendant trois nuits consécutives au maximum, on était reçu de nouveau qu’après une période de deux mois[4]. On y sert deux repas matin et soir, et à la différence des worhouses en Angleterre[9], il n'y a pas de travail obligatoire, et les conditions y sont meilleures[10],[11].
Le , un deuxième établissement est ouvert au 14, boulevard de Vaugirard[4],[8], la maison Lamaze, du nom de son bienfaiteur M. Edmond de Lamaze[8].
L'œuvre de l'hospitalité de nuit est reconnue établissement d’utilité publique par décret présidentiel, le [4],[8],[22]. L'œuvre organise des bals, fêtes et tombolas pour rassembler des fonds pour son fonctionnement, le Tout-Paris mondain de l'époque s'y donne rendez-vous[23]. Certaines fêtes organisées par l'aristocratie parisienne, en faveur de l'œuvre seront même critiquées comme "trop mondaines" par l'archevèque de Paris en 1884 par un mandement[24].
La maison de la rue Laghouat
En 1882, après une souscription du journal Le Figaro, on ouvre une troisième maison au 13, rue de Laghouat, dans le quartier de la Goutte-d’Or[4],[8],[25].
Des cercles[26] organisent aussi des événements en faveur de l'œuvre.
En 1882, un article[16] du bulletin de la ville de Paris déclare que : «pour l'année 1881, l'œuvre a recueilli dans ses maisons 27,950 pensionnaires, qui ont couché 78,006 nuits, ces pensionnaires de toutes les parties du monde se subdivisent en 24,198 Français, 3,683 européens, 37 africains, 3 asiatiques, 27 américains et 2 australiens. Sous le rapport des professions, ce chiffre se décompose comme suit : 10,114 jardiniers, vignerons, charretiers et journaliers - 5,006 charpentiers, menuisiers, ébénistes et autres ouvriers en bois - 900 ouvriers en bâtiments, 547 ouvriers en cuirs - 1,215 ouvriers en vêtements et mobiliers, tailleurs etc.. - 2,153 ouvriers du fer - 638 compositeurs, imprimeurs, relieurs - 1,414 cuisiniers, bouchers, pâtissiers, confiseurs - 1,677 domestiques, infirmiers, cochers et palfreniers - 322 coiffeurs et perruquiers - 810 sculpteurs - 568 horlogers et bijoutiers - 78 professeurs, instituteurs et interprètes - 38 artistes dramatiques et musiciens - 3 journalistes - 3 avocats - 2 architectes - 1 ingénieur civil - 4 docteurs en médecine et 4 officiers.
L'œuvre a distribué 17,312 bons de pains, 1,600 bons de journaux et 6,776 articles de vêtements ou chaussures. Elle a procuré des places à 5,251 hommes».
Exposition de l'Art français
Le , à l'hôtel de Chimay, quai Malaquais, une exposition de l'Art français sous Louis XIV et Louis XV[27],[28], au profit de l'œuvre de l'hospitalité de nuit est visitée par le président de la république Sadi Carnot[29]. Une célèbre affiche publicitaire pour cette exposition a été realisée par Jules Cheret.
La maison du boulevard de Charonne
Une quatrième maison est fondée en 1888, au 122, Boulevard de Charonne grâce à un bienfaiteur, Henri Bamberger[8],[30],[31]. Cette maison du n°122 est reconstruite entre 1928 et 1931, puis est ajouté en 1956 le bâtiment correspondant au n°120 et en 1963 le bâtiment correspondant au n°118[32].
En 1910, après le décès du baron de Livois, le vicomte d'Hendecourt, puis Pierre Morane en 1929[38], lui succède en qualité de président du conseil d'administration[39],[40].
En 1915, pendant la première guerre mondiale, la maison de la rue de Tocqueville est mise à la disposition de la Croix-Rouge pour l'hospitalisation des réfugiés[41].
L’œuvre de l’Hospitalité Familiale
Par décret du , l’Œuvre de l'hospitalité de nuit change de nom et devient l’Œuvre de l’Hospitalité Familiale (OHF), et son action se diversifie avec la création de foyers et maisons d’accueil pour jeunes filles et jeunes gens étudiants, ainsi que pour dames ou ménages retraités[42],[43],[44].
Lucia Katz, L'avènement du sans-abri, Les asiles de nuit 1871-1914, Éditions Libertalia, 2015.
Notes et références
↑Académie des sciences morales et politiques, Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques : compte rendu..., (Paris), A. Picard et fils, (lire en ligne), Page 749
↑Thomas Grimm, « L'hospitalité de nuit », Le Petit Journal, , p. 1 (lire en ligne)
↑Émile Muller, et Émile Cacheux, Les habitations ouvrières en tous pays (2e édition), Baudry (Paris), (lire en ligne), Page 124
↑ abcde et fMaxime Du Camp, La Charité privée à Paris, Revue des Deux Mondes, (lire en ligne), p. 3e période, tome 63, (pp. 80-127)
↑ a et b« Les chauffoirs publics », Le Figaro, (lire en ligne)
↑Louis Lambert, « L'œuvre de l'hospitalité de nuit », Le Gaulois, no 267, , p. 2 (lire en ligne)
↑ abcde et fRivière, Louis, Les œuvres d'hospitalité de nuit en France: leur développement, leur état actuel, leur avenir, Paris, Masson et Cie, (lire en ligne), Page 9, 10
↑« Le voyage de nos conseillers municipaux a Londres », Le Gaulois : littéraire et politique, (lire en ligne)
↑Edmond Tarbé, « Les chauffoirs publics », Le Figaro, , p. 1 (lire en ligne)
↑« A la belle étoile », La Revue des journaux et des livres, , p. 281 (lire en ligne)
↑Académie des sciences morales et politiques (France), Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques : compte rendu..., Bureau du Moniteur universel (Paris), A. Picard et fils (Paris), F. Alcan (Paris), (lire en ligne), Page 749
↑« L'œuvre de l'hospitalité de nuit », Le Gaulois, , p. 3 (lire en ligne)
↑« Petites nouvelles », Le Matin : derniers télégrammes de la nuit, , p. 2 (lire en ligne)
↑J. B. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, réglements, et avis du Conseil d'Etat, A. Guyot et Scribe (Paris), (lire en ligne), Page 135
↑Fernand Xau, « Le bal de l'hospitalité de nuit », Gil Blas, , p. 2 (lire en ligne)
↑« Charité mondaine en émoi », Le Matin, , p. 1 (lire en ligne)
↑« Inauguration de l'asile de la rue Laghouat », Gil Blas, , p. 2 (lire en ligne)
↑« L'hospitalité de nuit », Le Gaulois, , p. 2 (lire en ligne)
↑« L'hospitalité de nuit a Paris », La Grande revue : journal de variétés... : littérature, voyages, curiosités, anecdotes, musique, beaux-arts, horticulture, sport, chasse, théâtre, etc., etc., , p. 186 - 187 (lire en ligne)
↑Compte rendu - Commission du Vieux Paris - Séance plénière du 6 mars 2009, Mairie de Paris, (lire en ligne), p. 20
↑Dumas, Alexandre (1824-1895). Préfacier, Exposition Meissonier, Impr. de l'Art (Paris), (lire en ligne)
↑« Informations diverses », Entretiens politiques & littéraires, (lire en ligne)
↑« L'exposition Meissonier », Le Matin, , p. 3 (lire en ligne)
↑Jean-Bernard Litzler, « Il y a 115 ans... Le Figaro visitait un centre d’accueil de SDF », Le Figaro, (lire en ligne)
↑« Le cinquantenaire de l'œuvre de l'hospitalité de nuit », Le Gaulois, , p. 3 (lire en ligne)
↑Ligue nationale de la prévoyance et de la mutualité, « L'hospitalité de nuit », Revue de la prévoyance et de la mutualité : bulletin... de la Ligue nationale de la prévoyance et de la mutualité, no Tome XX, , p. 1017 (lire en ligne)