Emilija Jovanovic-Slavinski naît le à Belgrade[1], capitale du royaume de Yougoslavie. Selon elle, c'est son origine serbe qui explique son intérêt pour les langues. Elle fait des études dans son pays natal et en France[2].
Elle devient chercheur au CNRS en 1972. Elle s'oriente vers l'étude de Chypre et de ses écritures anciennes, domaine des recherches de son mari[2].
Elle publie des ouvrages remarqués sur les inscriptions minoennes de Chypre et d'Ougarit. Son livre qui analyse les boules trouvées à Enkomi et à Hala Sultan Tekké qui portent des noms propres[10] est qualifié d'« excellente publication »[11]. Un second volume, consacré au syllabaire chypro-minoen en élargissant le champ de ses recherches à Ougarit, est reçu comme un livre important[12],[13].
Elle fonde avec son mari en 1983 le Centre des études chypriotes[2].
Études hittites
Dans les années 1980, elle se consacre plutôt aux études hittites et à l'héritage indo-européen, étudiant notamment le sanctuaire rupestre de Yazılıkaya (Turquie)[2]. Son ouvrage sur les douze dieux représentés à Yazilikaya, dont elle cherche les origines indo-européennes, est salué comme un « ouvrage original et solidement documenté »[14] qui apporte « une éclatante confirmation des hypothèses » de Georges Dumézil[15]. Le livre qu'elle consacre à l'héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne est présenté par Bernard Sergent comme « un véritable manuel de la religion hittite »[16].
Elle publie aussi de nombreux articles et parcourt l'Europe et le Proche-Orient pour voir et toucher par elle-même les inscriptions qu'elle étudie[17].
Vallée des Merveilles
Dans les années 1990, elle s'intéresse également aux signes rupestres de la Vallée des Merveilles près du Mont Bégo[2],[17]. Son interprétation de ce site, dans lequel Émilia Masson voit un sanctuaire[18] lié aux mythes indo-européens, est d'abord accueillie favorablement dans la presse[19],[20], mais condamnée dans le monde préhistorien[21].
Une polémique, qui s'exprime par des articles parus dans les Comptes rendus de l'académie des sciences, l'oppose notamment à Henry de Lumley, qui conteste l'existence des motifs rupestres qu'Émilia Masson discerne dans ce qu'elle appelle une « grotte sacrée »[22]. Pour Henry de Lumley et son équipe, il s'agit de simples lichens et algues aérophiles[23]. Cette polémique trouve des échos dans la presse[24],[25].
En , Émilia Masson publie un livre en forme de témoignage consacré à la vie et à la mort de sa fille Ariane[26]. Émilia Masson meurt emportée par la maladie le [17] dans le 14e arrondissement de Paris[1]. Après sa mort, sa fille Diane Masson fait don au Centre d’Études Chypriotes de la bibliothèque de ses parents[27].
Principaux livres
Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (Thèse de doctorat de 3e cycle), Paris, Klincksieck, coll. « Études et commentaires » (no 47), , 128 p.[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9].
Étude de vingt-six boules d’argile inscrites trouvées à Enkomi et à Hala Sultan Tekké (Chypre), Göteborg, 1971, P. Åström, coll. « Studies in Mediterranean archaeology » (no 31, 1), , 38 p. (lire en ligne)[10],[11].
Cyprominoica : répertoires, documents de Ras Shamra : essais d’interprétation, Göteborg, Paul Åströms Förlag, coll. « Studies in Mediterranean archaeology » (no 31, 2), (lire en ligne)[12],[13].
Le panthéon de Yazılıkaya, nouvelles lectures, Paris, ADPF - Institut français d'études anatoliennes, coll. « Recherche sur les grandes civilisations. Synthèse » (no 3), , 77 p. (ISBN978-2865380121, lire en ligne).
Les douze dieux de l’immortalité : croyances indo-européennes à Yazılıkaya, Paris, Belles Lettres, coll. « Vérité des mythes » (no 4), , 231 p. (ISBN978-2251324173)[14].
Le combat pour l’immortalité : héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Ethnologies », , 346 p. (ISBN978-2-13-043775-8, lire en ligne)[16].
Vallée des Merveilles : un berceau de la pensée religieuse européenne, Dijon, Faton, coll. « Dossiers d’archéologie », , 144 p. (ISBN978-2878440119).
Kikkuli (trad. du hittite par Émilia Masson), L'Art de soigner et d'entraîner les chevaux, Favre, , 125 p. (ISBN978-2828905422).
Émilia Masson et Laurent Dubois (dir.), Philokypros : mélanges de philologie et d’antiquités grecques et proche-orientales dédiés à la mémoire d’Olivier Masson, Salamanca, coll. « Suplementos a Minos » (no 16), , 316 p. (ISSN0544-3733)[28].
↑ a et bEmilia Masson, « Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 99, no 1, , p. 565–566 (DOI10.3406/ephe.1966.5089, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bJames Germain Février, « Emilia Masson, Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 45, no 1, , p. 193–194 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bPaul Burguière, « Émilia Masson, Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (Études et Commentaires, LXVIII), 1967 », Revue des études anciennes, vol. 71, no 3, , p. 511–512 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bJean Humbert, « 7. Masson (Émilia). Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec (coll. Études et Commentaires, LXVII) », Revue des études grecques, vol. 81, no 384, , p. 213–214 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b(en) D. M. Jones, « Semitic Loanwords in Greek - Émilia Masson: Recherches sur les plus anciens emprunts sémitiques en grec. (Études et Commentaires, lxvii.) Pp. 128. Paris: Klincksieck, 1967. Paper. », The Classical Review, vol. 22, no 3, , p. 369–370 (ISSN1464-3561 et 0009-840X, DOI10.1017/S0009840X00996975, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b(en) Oswald Szemeronyi, « Émilia Masson. Recherches sur les plus anciens emprunts somitiques en grec. (Études et Commentaires, 67.) Paris, Librairie C. Klincksieck, 1967. 128S. Gr.-8. 24,—F. », Indogermanische Forschungen, vol. 73, , p. 192-197 (lire en ligne).
↑ a et bJacques Raison, « Émilia Masson, Étude de vingt-six boules d'argile inscrites trouvées à Enkomi et Hala Sultan Tekke (Chypre), Studies in the Cypro-Minoan Scripts, 1 (Studies in Mediterranean Archaeology, XXXI, 1), 1971 », Revue des études anciennes, vol. 75, no 1, , p. 131–131 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bJacques-Claude Courtois, « Emilia Masson, Étude de vingt-six boules d'argile inscrites trouvées à Enkomi et Hala Sultan Tekke (Chypre). SIMA XXXI, 1 Studies in the Cypro- Minoan scripts, 1. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 50, no 3, , p. 465–467 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bAndré Caquot, « Emilia Masson, Cyprominoica. Répertoires, documents de Ras Shamra, essais d'interprétation (Studies in the Cypro- Minoan Scripts 2 = Studies in Mediterranean Archaeology, vol. XXXI : 2). », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 54, no 1, , p. 143–144 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bClaude Brixhe, « 2. Masson (Emilia), Cyprominoica. Répertoires, Documents de Ras Shamra, Essais d'interprétation », Revue des Études Grecques, vol. 90, no 428, , p. 116–117 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bFrançois Jouan, « 8. Masson (Emilia), Les douze dieux de l'immortalité. Croyances indo-européennes à Yazilikaya. Préface d'A. Caquot », Revue des Études Grecques, vol. 104, no 495, , p. 262–263 (lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Freu, « Emilia Masson, Les Douze Dieux de l'Immortalité. Croyances indo-européennes à Yazihkaya. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 67, no 2, , p. 531–534 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bBernard Sergent, « E. Masson, Le Combat pour l'immortalité. Héritage indo-européen dans la mythologie anatolienne », L'Homme, vol. 32, no 121, , p. 179–181 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Montagne : FR 3, 18 h sanctuaire à ciel ouvert », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Les nouvelles Merveilles Les innombrables gravures rupestres de la vallée des Merveilles et de Fontanalba sont la " mise par écrit " des mythes indo-européens », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Les Merveilles démystifiées Les 100 000 gravures de deux hautes vallées des Alpes-Maritimes permettent désormais de voyager loin dans le temps, mais près dans l'espace », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Emilia Masson, « Découverte d'une grotte sacrée au sommet du massif pyramidal qui s'érige au sein de la Vallée des Merveilles (site protohistorique du Mont Bego, [+- 3500 BP] Alpes-Maritimes) », Comptes rendus de l'académie des sciences. Série 2, Sciences de la terre et des planètes, iI a), , p. 97-104 (lire en ligne).
↑Henry de Lumley et alii, « L'abri sous bloc connu sous le nom de gias n°1 de la cime des Lacs, région du Mont Bego, Vallée des Merveilles, Tende, Alpes-Maritimes », Comptes rendus de l'académie des sciences. Série 2, Sciences de la terre et des planètes, iI a), , p. 1073-1084 (lire en ligne).
↑« Y a-t-il des peintures rupestres dans la vallée des Merveilles ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Les peintures sacrées du mont Bego seraient de simples lichens », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Yves Duhoux, « Laurent DUBOIS et Emilia MASSON (Éd.), Philokypros. Mélanges de philologie et d'antiquités grecques et proche-orientales dédiés à la mémoire d'Olivier Masson. », L'Antiquité Classique, vol. 72, no 1, , p. 497–498 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Notices biographiques
Antoine Hermary, « In memoriam Emilia Masson (1940-2017) », Cahiers du Centre d’Études Chypriotes, no 47, , p. 9–13 (ISSN0761-8271, DOI10.4000/cchyp.305, lire en ligne, consulté le ).