Les élections territoriales polynésiennes de 2023 se déroulent les dimanches et afin d'élire les 57 représentants de l'Assemblée de la Polynésie française.
Le parti autonomiste Tapura huiraatira au pouvoir est devancé au premier tour par le parti indépendantiste Tavini huiraatira, qui l'emporte au second pour la première fois depuis 2004.
Historiquement divisé entre autonomistes et indépendantistes, l'espace politique polynésien est sujet en 2023 à un fort sentiment de « dégagisme », accentué par les conflits internes qui touchent le parti au pouvoir[3],[4]. Confronté à la pandémie de Covid-19, le gouvernement autonomiste d'Édouard Fritch est notamment accusé de laxisme envers l'attitude de plusieurs membres haut placés du partis qui refusent l'obligation vaccinale, pourtant votée par l'Assemblée en 2021, dont le président de cette dernière Gaston Tong Sang. Opposé à cette attitude de laissez-faire, plusieurs élus du Tapura huiraatira vont ainsi jusqu'à faire scission en vue des élections, ce qui conduit à la création des partis A here ia Porinetia et Ia Ora te Nuna'a. Si la réponse à la pandémie — particulièrement meurtrière sur le territoire — en est le déclencheur, ces défections interviennent dans le contexte plus large d'une montée des mécontentements envers le gouvernement. Face au grave déficit des régimes sociaux du territoire, le gouvernement est ainsi contraint d'instaurer une très impopulaire TVA sociale de 1 %, dont le rejet est aggravé par la mauvaise communication du gouvernement sur le sujet[5].
Les élections législatives de juin 2022 voient ainsi la victoire des indépendantistes du parti Tavini huiraatira, affiliés à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui l'emportent dans les trois circonscriptions. Porté par cette victoire, le parti se présente aux territoriales de 2023 sur la base d'un programme centré sur les questions sociales, et met en retrait ses revendications indépendantistes pendant plusieurs mois au cours de la campagne[5]. A la surprise générale, le thème de l'indépendance est cependant mis en avant dans la semaine précédant le scrutin, une stratégie jugée susceptible de faire perdre des électeurs au Tavini huiraatira dans l'entre-deux tours, une partie de l'électorat s'étant porté vers lui sur la base de son programme économique sans pour autant soutenir l'indépendance[6].
Au premier tour, la liste ayant recueilli la majorité absolue des voix dans sa section se voit attribuer la prime majoritaire, puis les sièges restants sont répartis à la proportionnelle entre toutes les listes ayant franchi le seuil électoral de 5 % des voix selon la méthode de la plus forte moyenne, y compris la première liste. Si aucune liste n'obtient plus de 50 % des suffrages exprimés, il est procédé à un second tour entre toutes les listes ayant recueilli plus de 12,5 % des voix, celles ayant recueilli entre 5 % et 12,5 % pouvant fusionner avec les listes qui se sont maintenues. La liste arrivée en tête obtient alors la prime majoritaire, et les sièges restants sont répartis à la proportionnelle selon les mêmes conditions[8].
Chaque liste présente 73 candidats répartis dans les huit sections[N 1]. Chaque liste est composée alternativement d'un candidat de chaque sexe. Les listes peuvent se voir rembourser une partie de leurs frais de campagne si elles atteignent le seuil de 3 % des suffrages exprimés au premier tour, pour peu qu'elles se soumettent à des exigences de transparence comptable et à la législation sur le format des documents de propagande à destination des électeurs[9].
Le parti autonomiste Tapura Huiraatira au pouvoir est devancé au premier tour par le parti indépendantiste Tavini huiraatira, une première depuis 2004. L'entre-deux-tours voit la fusion des listes Tapura huiraatira et Amuitahiraa o te nuna'a Maohi, toutes les deux autonomistes, face à Tavini huiraatira, donné favori[14].
↑Loi organique article 106 : « Chaque liste comporte un nombre de candidats égal au nombre de sièges à pourvoir dans chaque section, augmenté de deux. ».