Xeroderma pigmentosum
Maladie des enfants de la Lune
Xeroderma pigmentosum
Enfant de 8 ans atteinte de xeroderma pigmentosum, au Guatemala
Décrit en 1870[1] par Moritz Kaposi, la xeroderma pigmentosum, ou maladie des « enfants de la Lune », est une maladie héréditaire d'origine génétique très rare (1/1 000 000). Elle se caractérise par une sensibilité excessive de la peau aux rayons ultraviolets, des troubles oculaires et un risque fortement accru de développer un cancer de la peau ou des yeux. Concrètement, les mécanismes de réparation de l'ADN sont inopérants et n'arrivent pas à réparer notamment les dimères de thymine. Plus précisément, ces patients sont déficients dans l'un des gènes codant les protéines participant au mécanisme de réparation par excision de nucléotides. Les mutations dues à l'environnement (surtout les ultraviolets) s'accumulent donc au cours des mitoses successives. Le xeroderma pigmentosum (XP) touche les deux sexes. En fonction de sa forme et de l'âge auquel il se déclare, il réduit significativement l'espérance de vie du malade. Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement. On ne peut que limiter les symptômes en appliquant des mesures préventives drastiques et très onéreuses. SymptômesLa moitié des personnes atteintes ont, dès le plus jeune âge (environ 2 ans), une réaction cutanée excessive à l'exposition solaire. Une des caractéristiques de la maladie est la présence de lentigines solaires semblables à des taches de rousseur importantes au niveau du visage avant l'âge de deux ans, alors que celles-ci sont rares chez les enfants. La peau est sèche et épaisse avec des anomalies variées de la pigmentation. Les troubles oculaires sont souvent limités à la chambre antérieure de l'œil impliquant une cataracte ou une kératite. Les paupières sont très fragiles avec perte des cils et pouvant aller jusqu'à la destruction totale. L'âge moyen de survenue des cancers de la peau est inférieur à 10 ans. Un tiers des individus ont des manifestations neurologiques comprenant des pertes de l'audition, une microcéphalie, des troubles du développement et des réflexes tendineux diminués ou absents. Les formes variantes du xeroderma pigmentosum se manifestent beaucoup plus tard. L'affection se caractérise dès la petite enfance pour la plupart de ses formes par des hyperpigmentations apparaissant au soleil évoluant en cancer ou complications oculaires. Le xeroderma pigmentosum peut aussi inclure d'autres problèmes neurologiques ou un nanisme. La personne atteinte doit protéger les fenêtres de sa maison, et du véhicule dans lequel elle circule, par des filtres anti-UV et porter un casque anti-UV. CausesLa dénomination Xeroderma pigmentosum recouvre un ensemble de syndromes génétiques associés à des mutations dans les différentes protéines impliquées dans la réparation de l’ADN[2]. Plus précisément, les facteurs protéiques mutés participent aux différentes étapes de la réparation par excision de nucléotides, un mécanisme spécifique de correction des lésions encombrantes et/ou étendues sur l'ADN[3]. Chez les mammifères placentaires et en particulier chez l'humain, la réparation par excision de nucléotides est le seul mécanisme de réparation des dimères de pyrimidines, des lésions de l'ADN créées par l'exposition aux UV[3]. La sensibilité particulière des malades atteints de xeroderma pigmentosum à la lumière est une conséquence de l'incapacité de leurs cellules à réparer ces lésions UV-induites. Aspects génétiquesLe xeroderma pigmentosum est une maladie qui se transmet de génération en génération. L’enfant n’héritera pas de cette maladie si le gène muté n’est présent qu’en un seul exemplaire, ce qui suppose que, pour l’avoir, il faut que les deux parents transmettent le même gène muté en un exemplaire chacun. Contrairement à l’enfant, les parents eux ne sont pas concernés par la maladie puisque porteurs que d’un seul exemplaire. Si les parents ont donné naissance à un enfant malade, la probabilité d’avoir un second enfant atteint de cette même maladie est donc de 25 %. Cette maladie concerne une à quatre personnes sur 1 000 000. Ce chiffre concerne surtout l’Europe et les États-Unis, on constate en effet une incidence plus grande en Asie et au Moyen-Orient. Différents types de xeroderma pigmentosum
Diagnostic de la maladieGénéralement la maladie est diagnostiquée assez tôt, en effet des brûlures apparaissent dès les premières expositions au soleil. Ces brûlures très importantes attirent généralement l’attention de l’entourage de l’enfant, ainsi que du médecin. Malgré tout, certaines personnes atteintes ne présentent pas ces brûlures. La maladie n’est donc diagnostiquée qu'à l’apparition des lésions précancéreuses ou cancéreuses sur la peau. Les manifestations au niveau des yeux, en particulier la photophobie, peuvent aussi révéler la maladie. Le xeroderma pigmentosum étant d’origine génétique, le diagnostic est confirmé en analysant l’ADN. Pour cela, on prélève de la peau en profondeur grâce à une biopsie. Le xeroderma pigmentosum peut parfois être confondu avec d’autres maladies, comme le syndrome de Cockayne ou celui de Bloom. Il peut aussi parfois s’agir d’une simple photosensibilité anormale. L’examen du malade, ainsi que la biopsie de la peau permettent de distinguer les différentes maladies entre elles. Il est important de dépister cette maladie rapidement, car des mesures protectrices doivent être prises le plus tôt possible. Évolution et risquesNon ou mal protégée, la peau des sujets atteints peut présenter des lésions photosensibles : dépigmentation, hyperpigmentation, lentigos, télangiectasies, kératoses actiniques et atrophie. Le coefficient multiplicateur concernant le risque de cancer de la peau, hors mélanome, est estimé à 10 000, 2 000 pour le mélanome, avant l'âge de 20 ans[4]. De même, yeux et paupières sont particulièrement sensibles : au moins 40 % des patients présentent blépharospasme et photophobie. Sont également fréquents les érythèmes, troubles de la pigmentation, atrophies et lésions cancéreuses sur les paupières, tout comme les opacifications cornéennes et les ptérygions[4]. Mesures de protectionLe seul moyen de lutter efficacement contre la xeroderma pigmentosum est de protéger la totalité du corps des rayons ultraviolets (UV). De préférence, il faut éviter de sortir le jour et éviter l’exposition à certaines lampes dégageant des UV (lampes dites néons ou tubes fluorescents) et mesurer son taux d'UV avant d'y exposer les malades. Sinon lors des sorties, le corps doit être protégé grâce à des vêtements amples, des gants, des chapeaux à large bords et appliquer intensivement et fréquemment des crèmes solaires à indice de protection maximal. Il faut consulter très régulièrement son dermatologue et traiter tout problème dermatologique rapidement. Ces mesures sont très coûteuses et très contraignantes, pour le malade qui est souvent coincé chez lui, ce qui implique de grandes difficultés pour la scolarisation et le maintien du lien social, mais aussi pour la famille qui doit s’adapter à cette maladie. Une combinaison intégrale de protection était conçue par la NASA, mais sa production a été arrêtée en 2007[5][Quand ?]. Depuis, l'association Enfants de la Lune a mis au point, en collaboration avec la faculté des Sciences du sport de l’université de Poitiers, du centre régional d’innovation et de transfert technologique de Châtellerault (où enseigne Émilie Giret, coordinatrice du projet) et en partenariat avec le Centre national olympique et sportif français et la Fondation du sport français, un masque transparent ventilé qui a reçu la certification équipement de protection individuelle (EPI) en mars 2014 et distribués en juin 2014 à 17 enfants souffrants de cette maladie[6]. Culture populaireDans la littérature
Dans la cinématographie
Dans la musique
Notes et références
Voir aussiArticles connexesmaladie génétique | épiderme | ultraviolet | mélanine | mitose | cancer | Acide désoxyribonucléique | Syndrome de Cockayne Liens externes
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