La revue fut créée en 2001 par Samuel Étienne, Gérôme Guibert et Marie-Pierre Bonniol sous l'égide des Éditions Mélanie Seteun, structure associative fondée trois ans plus tôt par Étienne et Guibert[1], à l’époque jeunes doctorants désireux de proposer « des réflexions sérieuses sur les musiques populaires », selon la formule de Simon Frith[2].
Celles-ci étaient en effet généralement peu traitées en France par des approches universitaires, notamment depuis la disparition à la fin des années 1980 de la revue Vibrations. Musiques, médias, société, ou tout simplement sans l’attention qui accompagne habituellement la réflexion sur d'autres produits culturels jugés plus « légitimes », comme ont pu le remarquer des chercheurs tant français que britanniques[3]. La revue fut donc créée pour offrir en France un espace distinct des recherches de musicologie consacrées aux musiques savantes et d'ethnomusicologie consacrées aux musiques traditionnelles "du monde"[4], tout en étant ouverte à ces autres approches, dans la mesure où elles prennent pour objet les musiques populaires du XXe siècle. Pour le sociologue Bruno Péquignot, elle a contribué à faire des musiques populaires des "objets légitimes de la recherche", conquérant une place "dans le paysage intellectuel et notamment en sociologie des arts"[5], tandis que pour le politiste Denis-Constant Martin, elle est devenue un "foyer indispensable des débats sur les musiques populaires"[6].
Évolution
La revue est publiée par les Éditions Mélanie Seteun qui déclarent, par la voix de l'un de ses rédacteurs, travailler dans « un esprit de rigueur universitaire alliée à une éthique Do it yourself! »[7]. Une pause en 2009 fut faite afin de restructurer l'association et la revue : nouvelle équipe, nouvelle charte graphique, développement de la dimension internationale[8] (comité de lecture, contenu, communication), grâce au soutien du Réseau Aquitain des musiques actuelles (RAMA)[9].
Elle reçoit régulièrement des soutiens financiers de la part des laboratoires de directeurs de certains dossiers. Elle est soutenue depuis 2019 par l'Institut de Recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique (IRMÉCCEN) de l'Université Sorbonne-Nouvelle et depuis 2025 par l'équipe d'accueil Arts : pratiques et poétiques (APP) de l'université Rennes 2. En 2024, elle signe une convention de subvention avec le Centre national de la musique. Elle a quitté l'association Mélanie Seteun en 2025 pour rejoindre le catalogue des Presses universitaires de Rennes.
La revue est dirigée par Catherine Rudent[13] et Louise Barrière, qui ont succédé en 2025 à Emmanuel Parent[14]. L'équipe de rédaction est composée de Louise Barrière[15], Alix Benistant[16], Catherine Guesde[17], Gérôme Guibert, Claire Lesacher[18], Christophe Levaux[19], Emmanuel Parent, Dario Rudy, Matthieu Saladin, Jedediah Sklower[20] et Michael Spanu[21]. Volume ! compte parmi ses soutiens de grands noms français et internationaux des recherches portant sur les musiques populaires[22], dans des disciplines variées (sociologie, esthétique, musicologie, histoire culturelle, sciences politiques etc.)[23].
Masahiro Yasuda (University of Leicester, Royaume-Uni).
Diffusion
Après des années avec l'IRMA, la version papier de la revue est diffusée par Les Presses du réel depuis 2015[24].
Le , Volume ! a inauguré son nouveau site sur le portail internet OpenEdition Journals (anciennement Revues.org) du Centre pour l'édition électronique ouverte, suivi le par ses pages sur le site Cairn.info[25]. Tous les numéros sont disponibles en ligne, en accès libre (consultation en ligne et téléchargement du pdf) sur Revues.org et les quatre derniers en consultation payante sur Cairn.info. En 2016, la revue rejoint le portail RILM Abstracts with Full Texts(en)[26].
Volume ! est classée par l'AERES en 18e section "Arts" ().
Activités scientifiques
Dossiers
Les numéros de la revue ont été consacrés à toute une variété de thèmes :
les studios dans les Suds (Stéphane Costantini et Vassili Rivron),
les genres musicaux (Vanessa Blais-Tremblay et David Brackett),
la question de la valeur esthétique et économique (Raphaël Nowak et Hervé Glevarec)
les rapports avec l'ethnomusicologie (Marta Amico et Emmanuel Parent),
la question de l'expertise (Christophe Levaux et Christophe Pirenne),
la musique comme travail, dans un dossier dirigé par Pierre Bataille et Marc Perrenoud ;
les processus de légitimation et d'authentification du rap en France, dans un dossier dirigé par Séverin Guillard et Marie Sonnette[30] ;
"Musique & hacking"[31], dirigé par Clément Canonne et Baptiste Bacot ;
"Paradoxal metal", sur les représentations de ce genre musical, par Gérôme Guibert ;
"Watching Music", sur les clips vidéo, dirigé par Marc Kaiser.
"Inna Jamaican Stylee". Usages et discours des musiques jamaïcaines", dirigé par Thomas Vendryes[32], à l'occasion de l'exposition "Jamaica Jamaica" à la Cité de la Musique ;
Sex Sells, Blackness Too? sur les questions de genre et de "race" dans le hip-hop (no 8-2)[45], dirigé par Malek Bouyahia, Karima Ramdani et Franck Freitas[46].
les musiques actuelles (no 4-2), sous la direction de Philippe Teillet ;
les musiciens-sociologues (no 4-1), sous la direction de Philippe Le Guern ;
le hip-hop (no 3-2), sous la direction de Gérôme Guibert et Emmanuel Parent ;
rock et cinéma (hors-série, avec le Festival du Film de Paris, 2004), sous la direction de François Ribac ;
l'électronique dans la musique et le "savant à l'épreuve du populaire" (no 3-1) ;
la nouvelle chanson française (no 2-2), avec les actes de la conférence "French Popular Music" de Manchester ()[50], sous la direction de Barbara Lebrun et Catherine Franc.
Colloques
La revue et l'association ont au fil des ans organisé un certain type de colloques et d'événements scientifiques :
Colloque de l'International Society for Metal Music Studies. Colloque de l'association internationale d'études des musiques metal, en partenariat avec le Hellfest, l'université Paris 3 au Lieu unique à Nantes en [51].
Colloque "Rock et violences en Europe (1950-1990)", colloque international organisé par le GRHIS (université de Rouen) et le 106[52].
Colloque "Conçues pour durer. Perspectives francophones sur les musiques hip-hop" : colloque international avec l’unité Cultures et Sociétés Urbaines du CRESSPA Cnrs - université Paris 8 à la Maison des Métallos[53].
Colloque "Heavy metal et sciences sociales", coorganisé avec le programme pluridisciplinaire Valeur(s) et Utilités de la culture (MSH Ange Guépin et Région Pays de la Loire), l’International Society for Metal Music Studies, le GdR en sociologie de l’art OPuS (CNRS), l’Université d’Angers et l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, à Angers les 18 et [54].
Colloque "Philosophie des musiques populaires", dirigé par Marc Cerisuelo, Danièle Cohn, Catherine Guesde et Sandra Laugier[55], en collaboration avec l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (PhiCo) et sous l’égide du programme ANR « Pouvoir des Arts. Expérience esthétique : émotions, savoirs, comportements », les 17 et .
En collaboration avec l'Université de Strasbourg, l'association allemande ASPM[56] et la branche francophone de l'IASPM, elle organise les 7 et le colloque "Changing the Tune. Musiques populaires et politique au XXIe siècle."[57]
GBH+support est un collectif de chercheurs en sciences humaines gravitant autour de Volume ! ayant proposé, entre 2004 et 2007, des conférences grand public sur les musiques populaires.
Volume ! s'est alliée à Audimat en 2018, pour proposer un abonnement annuel couplé[59].
Revue Vibrations
La revue Volume ! a entrepris avec Antoine Hennion et le portail Persée la numérisation intégrale et la mise à disposition du public en 2016 de la première revue française d'étude des musiques populaires, Vibrations. Musiques, médias, société et de l'ouvrage Rock, de l'histoire au mythe (dir. Antoine Hennion et Patrick Mignon)[60].
Les Éditions Mélanie Seteun se sont associées deux fois avec l'éditeur britannique Ashgate (désormais la propriété de Routledge) pour la publication d'ouvrages : Stéréo, une sociologie comparée des musiques populaires françaises et britanniques[66],[67] et Countercultures and Popular Music[68], une version internationale des deux numéros consacrés aux contre-cultures.
Un partenariat avait été mis en place en 2013 avec le site La vie des idées, pour la publication d'essais et de recensions d'ouvrages consacrés aux musiques populaires[69].
Festivals et rencontres
Elle participe également à des festivals, comme le Humanist S.K. Festival, consacré aux musiques expérimentales[70], aux rencontres PopMind 2014 organisées par les professionnels des musiques actuelles en France (Fedurok, Ferarok, RIF, Agi-Son…)[71], ou encore au festival Hip-Hop session, autour des musiques noires[72]. Elle organise occasionnellement des concerts, comme la soirée « Reprends-moi fort » consacrée aux « reprises »[73], ou encore des conférences à la Gaîté Lyrique[74], par exemple dans le cadre du festival F.A.M.E[75], au Centre musical Fleury Goutte d'Or-Barbara sur les musiques noires[76] ou les contre-cultures[77], au Point Éphémère, autour du punk[78]..
Médias
L'équipe de la revue Volume ! a tenu entre et une chronique bi-hebdomadaire dans l'émission "Francosonik" de François Saltiel sur Le Mouv'[79]. Deux de ses membres furent également invités pour discuter musiques populaires à la Radio télévision suisse, dans l'émission "Histoire Vivante", en [80].
↑Simon Frith, Taking Popular Music Seriously, Ashgate, 2007, 343 p. Cf. également cet entretien de Philip Tagg.
↑Cf. les remarques de l'universitaire britannique David Looseley sur le champ français de l'étude des musiques populaires, lors du colloque de 2007 de l'IASPM branche francophone, ainsi que les réflexions du sociologue Philippe Le Guern : "En décembre 2004, […] j’avais été invité à présenter un état des lieux de la recherche sur les musiques actuelles en France : je notais alors la relative rareté des travaux publiés dans les revues identifiées ainsi que le nombre réduit de thèses, en comparaison avec les autres domaines de la culture." Il dit en effet à l'occasion de cette présentation que "[…] la sociologie de la musique, et notamment la sociologie des formes les plus "contemporaines" de la production musicale, semble avoir été négligée en France." (Le Guern, 2007, p. 17). Cf. également Le Guern 2003, p. 7-8 ; Prévost-Thomas, 2010, p. 404.
↑Bruno Péquignot, « Volume ! La revue de recherche sur les musiques populaires, 10 ans », La Revue des revues, 2013/1 (N° 49), p. 90, en ligne : § 5.
↑Denis-Constant Martin, "Plus que de la musique…" Musiques, sociétés et politique. Caraïbes, États-Unis, Afrique du Sud, L'Esturmel, Mélanie Seteun, 2020, p. 7.
↑Ortéga Floriane, « Trois questions à Emmanuel Parent » sur le site du RAMA, 13 novembre 2009.
↑Cf. la recension par Martin Kaltenecker de l'ouvrage Reason and Resonance de Veit Erlmann consultable ici, ou l'essai "Dancing with the devil. Panorama des 'metal studies'", 5 novembre 2013, consultable ici.
Denis-Constant Martin, "Plus que de la musique…" Musiques, sociétés et politique. Caraïbes, États-Unis, Afrique du Sud, L'Esturmel, Mélanie Seteun, 2020.
Hugh Dauncey et Philippe Le Guern (dir.) (2010), Stereo: Comparative Perspectives on the Sociological Study of Popular Music in France and Britain, Farnham, Ashgate, (ISBN978-1-4094-0568-9).
Philippe Le Guern (2003), "The Study of Popular Music between Sociology and Aesthetics: A Survey of Current Research in France", in Hugh Dauncey & Steve Cannon (dir.), Popular music in France from chanson to techno : culture, identity, and society, Burlington, Ashgate: 7-26.