Ce viaduc est un projet de l'ingénieur des ponts et chausséesLéon Boyer, qui en confie la finalisation et la réalisation à Gustave Eiffel et sa société. Le chantier de construction, ouvert en , se termine en et sa mise en service est effectuée en 1888 par la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne, concessionnaire de la ligne. Cet ambitieux ouvrage métallique, long de 565 m, culmine à 122 m au-dessus de la rivière et est alors le « plus haut viaduc du monde »[1]. Finalement, son arche était, jusqu'en 1886, celle ayant la plus grande portée au monde.
: Gustave Eiffel rompt le contrat avec Théophile Seyrig, le directeur du bureau d'études ; celui-ci sera remplacé quatre mois plus tard par Maurice Koechlin.
: pour les 100 ans du viaduc, une plaque commémorative portant la mention "A Léon Boyer, de Florac, les cantaliens reconnaissants" a été posée sur l'estacade d'accès en maçonnerie en mémoire de Léon Boyer.
1992 : le viaduc est entièrement repeint en rouge Gauguin de 1992 à 1998[3].
: la découverte d'une fissure sur l'une des piles maçonnées de l'ouvrage lors d'une visite entraîne sa fermeture pour raisons de sécurité[4].
: réouverture, la vitesse des trains est alors limitée à 10 km/h sur toute la longueur du viaduc.
: fermeture de la portion de ligne entre Neussargues et Saint-Chély-d'Apcher jusqu'au mois de décembre suivant pour permettre la réalisation de gros travaux d'entretien sur le viaduc.
: voyage inaugural de la ligne Béziers-Neussargues
Histoire
À l'origine du projet, l'idée d'un pont métallique à grand arc enjambant la vallée revient à un jeune ingénieur, Léon Boyer (1851-1886). Il impose l'idée d'un tracé direct de la voie ferrée sur les plateaux et un franchissement de la Truyère à grande hauteur (120 m au-dessus du niveau d'étiage), plutôt que la solution traditionnelle qui aurait consisté à descendre la ligne par les vallées affluentes pour franchir la Truyère par un ouvrage plus modeste, solution plus coûteuse en exploitation par la suite.
Pour ce franchissement, il était exclu de recourir au pont suspendu, à cause des risques d'oscillations provoquées par le vent, et il était impossible d'envisager techniquement à l'époque des piles de plus de 65 m de haut. Léon Boyer s'est inspiré de l'exemple du viaduc Maria Pia sur le Douro (Portugal). Ce viaduc avait été conçu par l'un des associés de l'entreprise Eiffel, Théophile Seyrig, avec la participation tardive de l'ingénieur Émile Nouguier[6]. Inauguré en 1877, il comporte un arc métallique de 160 m de portée, avec une flèche d'intrados de 37,50 m.
L'inauguration de la section de Saint-Chély à Saint-Flour via le viaduc de Garabit, a lieu le . La compagnie qui avait annoncé une importante cérémonie d'inauguration a finalement choisi de faire simple en attendant l'ouverture complète de la ligne jusqu'à Neussargues qui doit intervenir prochainement. Elle n'a donc prévu que le passage d'un train transportant Mrs Arnaud, inspecteur d'exploitation, et André, inspecteur principal. Néanmoins, le temps étant beau et pas trop chaud, les habitants ont montré leur curiosité en venant en nombre dans les deux gares de part et d'autre, pour rejoindre à pied ou en convoi, le site du viaduc que d'autres, en nombre également, ont préféré voir du fond de la vallée. Un train a traversé le viaduc à 50 km/h sans que ses passagers ne ressentent la moindre trépidation[7].
Le viaduc est construit pour supporter une voie ferrée unique et relier Paris à Béziers par chemin de fer, en passant par le Massif central. C'est donc depuis plus d'un siècle que l'Aubrac Express — nom du train ayant circulé sur la voie — surplombe à chaque passage la vallée de la Truyère. Le viaduc dispose d'une caténaire et supporte une voie unique. La vitesse des trains circulant sur le viaduc est limitée à 40 km/h pour réduire les contraintes de l'ouvrage.
Caractéristiques
Le viaduc de Garabit se compose d'un tablier métallique long de 554,69 m supportant une voie ferrée unique, reposant sur sept piles en fer puddlé de hauteur variable (jusqu'à 80 m pour les deux plus hautes), dont cinq piles indépendantes reposant sur des blocs de fondations en maçonneries de moellons. Les trois travées situées au-dessus de la partie la plus basse de la vallée composent l'arc au-dessus de la rivière d'une portée de 165 m et d'une hauteur de 52 m. La superstructure métallique est encadrée par deux estacades d'accès nord et sud en maçonnerie, de 46 m et 71 m de long respectivement. La hauteur au-dessus de l'étiage de la Truyère était de 122,5 m, cependant depuis la construction en 1959 du barrage de Grandval sur la Truyère, qui a entraîné la formation d'un lac de retenue de 28 km de long, le viaduc surplombe le lac de 95 m.
: Camping 2 de Fabien Onteniente, le viaduc de Garabit est utilisé comme support au nom du film, il est présent lors du générique d'introduction.
Jean-Claude Roc, Huguette Pagès, "Les films tournés à Garabit", 90 ans de cinéma à Saint-Flour, Imprimerie La Dépêche d'Auvergne, catalogue de l'exposition au musée de la Haute-Auvergne, 1995.
Le est émis, à 4 080 000 exemplaires, un timbre postal français d'usage courant et de couleur bleu foncé représentant le viaduc de Garabit. D'une valeur faciale de 15 anciens francs, il est dessiné, gravé par Pierre Munier et fabriqué en taille-douce. Le timbre est retiré d'émission le [12].
↑Michel Lyonnet du Moutier, L'aventure de la tour Eiffel : réalisation et financement, Publications de la Sorbonne, coll. « Locus solus » (no 1), , 221 p. (lire en ligne), « Le viaduc de Gabarit », p. 23-25.
↑Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau français : lignes 601 à 990, vol. 2, La Vie du Rail, , 239 p. (ISBN978-2-918758-44-0), « [722/4] Marjevols - Neussargues », p. 87.
L. E. Dehadme, « Le viaduc de Garabit », Revue générale des chemins de fer, Paris, Dunod, no 6, , p. 295-310 (lire en ligne) — L. E. Dehadme est ingénieur du service central (travaux) de la compagnie des chemins de fer du Midi.
Gustave Eiffel, « Ponts et Viaducs : Viaduc de Garabit, près Saint-Flour », dans Annales industrielles, vingtième année, tome 2, Frédureau & Cie, , pp. 8-14 (intégral)
Gustave Eiffel (président de la société des ingénieurs civils), Mémoire présenté à l'appui du projet définitif du Viaduc de Garabit : Extrait des mémoires de la société des ingénieurs civils, Paris, Librairie Polytechnique, Baudry et Cie, Éditeurs, coll. « Textes pour l'histoire des sciences (ETH-Bibliothek) », , 182 p. (lire en ligne)
Guy Brun, Évelyne Baillon, Il était une fois Garabit, Ostal del libre, 1992, Aurillac (ISBN2-85910-131-4)
Patricia Rochès, Viaduc de Garabit, un géant d'un autre temps, éd. La Vie du Rail, 2007 (garabit.planete-auvergne.com)
Patricia Vergne-Rochès, Viaduc de Garabit, chef-d'œuvre de Gustave Eiffel, éd. La Vie du Rail, 2012 (ISBN978-2-915034-71-4)
Jean-Claude Roc, Le viaduc de Garraby, Saint-Flour, association Histoire et Patrimoine, , 100 pages (ISBN978-2-492728-04-4).