Tudor Arghezi (né Ion Nicolae Theodorescu le 21 ou le à Bucarest et mort le dans la même ville) est un écrivainroumain principalement connu pour ses œuvres poétiques et sa littérature pour enfants.
Ion Nicolae Theodorescu naît le à Bucarest de Rozalia Arghesi et Nicolae Theodorescu senior. Jugeant son patronyme trop banal, il prend le pseudonyme de Tudor Arghezi[2].
Surdoué, il obtient son baccalauréat en , à onze ans, au lycée Saint Sabbas[3],[4]. En 1896, à 16 ans, il publie sous le pseudonyme Ion Theo dans le magazine Liga Ortodoxă dirigé par Alexandru Macedonski.
Pour son travail exceptionnel dans la littérature il reçoit pour la première fois en 1936, à égalité avec George Bacovia, et de nouveau en 1946, le prix national de poésie. En 1955, il a été élu membre de l’Académie roumaine, et en 1965, a reçu le prix international Johann Gottfried von Herder. On a dit que Tudor Arghezi était un Baudelaire roumain. Ce genre d’analogie, fallacieux le plus souvent, n’est acceptable que dans la mesure où certains poèmes – les « Fleurs de moisissure » (Florile de mucegai), notamment – rappellent la manière des Fleurs du mal, de même que certains poèmes très crus évoquant la sexualité (Rava, Tinca). Le paradoxe est que cet écrivain revendicatif, âpre dans la lutte pour la justice sociale ou même pour la vengeance de classe, capable par exemple de narrer comment des paysans tuent un boyard, piétinent son cadavre de leurs pieds nus toute une nuit jusqu'à le réduire en bouillie, savait trouver des accents d’une exquise fraîcheur pour célébrer les jeux et les ris de son petit garçon et de sa petite fille.
Selon Petre Raileanu, Arghezi "opère dans son œuvre poétique et une synthèse entre tradition et modernisme, avec, tout de même, une forte option en faveur du renouvellement du langage poétique"[5].
Tudor Arghezi est aussi traducteur en roumain. Ecaterina Cleynen-Serghiev affirme cependant que « ses traductions de La Fontaine ou de Baudelaire sont très libres, le génie arghezien est perceptible dans chaque vers, ce sont donc davantage des variations sur un thème donné que de vraies traductions »[6].
Enfin Arghezi était aussi chroniqueur satirique, auteur de pamphlets et d'articles polémiques ; devenu communistependant la guerre mais resté d'esprit rebelle, son esprit acéré était craint jusque dans la bureaucratie du Parti unique, qui monta contre lui un procès littéraire (devant aboutir à son renvoi, mais qui échoua) en l'accusant d'être un « poète putride, d'esprit bourgeois et écrivant pour la bourgeoisie ». Le principal accusateur, Sorin Toma, rédacteur en chef du journal communiste officiel L'Étincelle (Scînteia) en 1947-1960, se trouva ridiculisé car Arghezi sut trouver en défense de ses textes des extraits de Lénine, Staline, Maïakovski et Gorki qui exprimaient les mêmes choses, et dans les publications de Sorin Toma des phrases pontifiantes et molles qu'il publia sans aucun commentaire personnel, pour « laisser les camarades lecteurs en tirer collectivement les conclusions »[7].
Publications
Cuvinte potrivite, poezii, 1927
Icoana de lemn, tablete, 1929
Poarta neagră, tablete, 1930
Flori de mucegai, poezii, 1931
Cartea cu jucării, poezii, 1931
Tablete din Țara de Kuty, povestiri swiftiene, 1933
↑Petre Raileanu, Gherasim Luca, Oxus Éditions, collection Les Roumains de Paris, Paris, 2004, p.28
↑Ecaterina Cleynen-Serghiev, « Les Belles infidèles » en Roumanie, les traductions des œuvres françaises durant l'entre-deux-guerres (1919-1939), Presses universitaires de Valenciennes, 1993, p. 90
Grigore Traian Pop, "Cînd dissidența se pedepsește cu moartea. Un asasinat ritual: Mihail Stelescu" ("Quand la dissidence est punie par la mort. Un assassinat rituel : Mihail Stelescu"), in Dosarele Istoriei, 6/IV (1999).
Henri Zalis, introduction to Lucia Demetrius, Album de familie. Nuvele alese (1935–1965) ("Album de famille. Nouvelles choisies (1935-1965)"), Editura pentru literatură, Bucarest, 1967, p. V-XXXI.