TrempêteLa trempête est un rituel ou une superstition théâtrale ayant vocation à assurer un bon déroulement des représentations lors de l'exploitation d'un spectacle. Faire trempête consiste, avant la deuxième représentation, à partager entre comédiens et comédiennes un pain au chocolat que l'on trempe dans une bolée de cidre. La dernière goutte du verre étant lancée sur le metteur en scène. Origine établiePaul Scarron évoque dans la troisième partie du Roman comique la façon dont Triboulet aurait remplacé l'hostie et le vin de messe du curé de la paroisse, le père Gontrand Blaise par du cidre et un pâté chaud[1]. Vexé, ce dernier aurait déclaré : "Cet acteur est moins bon sur scène qu'à la trempête". Et Triboulet de répondre : "Pâté en trempête, succès en trompette"[2]. Ces relations tendues entre Église chrétienne et Théâtre s'inscrivent dans une longue tradition de provocations en réponse à l'excommunication des comédiens. On parle des "escarmouches de la foi"[3]. VariantesL'invention des pains au chocolat étant largement postérieure à cet épisode, et l'anecdote de Triboulet étant sans lien avec la deuxième d'un spectacle, l'origine de cette tradition demande à être complétée : Lors de la Fête de la Sainte-Barbe, sainte patronne des mineurs. La fanfare jouait avant la grand-messe, et jouait aussi le bal qui suivait la kermesse. Pour cette seconde représentation, afin de se donner du cœur au ventre, ils remplaçaient le vin coupé d’eau par du cidre (produit de luxe pour les mineurs) et un morceau de pain trempé dedans. Ils jouaient ainsi jusqu’à la nuit tombée. Cela expliquerait que la tradition était reprise à la deuxième puisque la fanfare reprenait après la kermesse le même répertoire (au moins en partie). Il s'agissait donc bien d'une deuxième. Marins comédiensCette autre variante, lacunaire, est relatée par Lucien Dubech[4], elle a néanmoins le mérite de donner une explication au chocolat présent dans le pain, l'attribuant au commerce triangulaire et à la découverte du cacao :
Cette source cependant est difficile à retenir. Aucune autre mention de ladite histoire n'a été trouvée dans les encyclopédies du théâtre faisant autorité. De même, il n'a jamais été avéré que les marins participant à la traite négrière se soient jamais consacrés au théâtre. On déniche également dans ce récit de légères incohérences comme le don généreux des fèves de cacao par un esclave. Or, au-delà du fait que ces fèves lui ont été probablement extorqué, un esclave provenant de la côte ouest de l'Afrique aurait difficilement pu se trouver en possession de fèves de cacao, ces dernières étant cultivées par les populations mésoaméricaines. Enfin, on peine à comprendre pourquoi des marins en si mauvaise posture auraient attendu le dernier moment pour ouvrir un tonneau de cidre. Il s'agit donc probablement d'un faux inventé de toutes pièces par Lucien Dubech que ce dernier aurait glissé malicieusement à l'intérieur de son encyclopédie. La Bibliotheca fictiva, créée par Arthur Freeman s'est intéressé de près à son encyclopédie[5]. Le boulanger RagueneauDans une interview récente, Alexis Michalik livre une version fictive qu'il reconnaît lui-même avoir inventé[6].
Il reconnaît ensuite tenir cette version d'une troupe de théâtre basée dans le Maine-et-Loire et composée de gens mauvais. Ce qui ne l'a pas empêché, lors de la deuxième d'Edmond, d'honorer la représentation d'une bonne trempête. Notes et références
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