Thomas Poli, né à Lorient (France) en 1983, est musicien, compositeur et producteur.
En tant que guitariste et joueur de synthétiseur, en tant que réalisateur artistique ou arrangeur, en solo, au sein de divers groupes ou en collaboration avec d'autres artistes, il a participé depuis 2005 a plus de 70 albums ou enregistrements et se produit régulièrement sur scène.
Il a par ailleurs une activité d'ingénieur du son et de producteur, et publie des enregistrements de nombreux projets sur son propre label, Impersonal Freedom.
Son univers sonore puise autant dans le rock alternatif des années 90 que dans la musique électronique, du krautrock à la musique concrète ou encore, répétitive.
Son travail musical rejoint également le cinéma, la danse, la littérature et les œuvres plastiques.
Biographie
Thomas Poli découvre la pratique musicale à l'âge de quatre ans en suivant des cours de piano. Adolescent, en autodidacte, il s'initie à la guitare en même temps qu'à l'enregistrement au moyen d'un quatre pistes à cassettes, et adhère en 1996 aux studios de répétition de MAPL à Lorient [1] où il vit une première expérience de groupe.
Attiré par les musiques électroniques, il se procure en 2001 un synthétiseur Korg MS20 qui lui permet d'appréhender la matière sonore affranchie des canevas traditionnels de la musique pop [2].
Il emménage à Rennes la même année pour suivre une formation d'ingénieur du son, et poursuit son apprentissage au studio associatif Cocoon où il enregistre et mixe plus de quinze albums, dont le premier cinq titres Melody de Montgomery en 2005. Il rejoint ensuite le groupe en tant que guitariste, joueur de synthétiseur, choriste et compositeur. Montgomery sort un album éponyme l'année suivante (dont Thomas Poli assure aussi la production), ce qui l'amène à ses premières expériences scéniques. Parallèlement, il poursuit son activité d'ingénieur du son et contribue en tant qu'assistant à l'enregistrement de l'album Quelque Chose dans l'Ordre de Fred Vidalenc (2006). Il rencontre à l'occasion plusieurs artistes (dont Dominique Brusson, Olivier Mellano, Daniel Pabœuf ou Régis Boulard) avec lesquels il travaillera par la suite.
En 2007, après différentes collaborations dont celle avec Julie Seiller et Laetitia Sheriff sur l'album collectif Les Yeux dans l'Eau, pour lequel il occupe à nouveau les postes de musicien, compositeur et producteur, il enregistre un concert de Dominique A qui fait l'objet d'un album intitulé Sur nos Forces Motrices. C'est le début d'une association suivie puisqu'il accompagne l'artiste sur scène en 2009 pour la tournée La Musique / La Matière, puis la plupart des suivantes, et participe en tant que musicien à plusieurs albums dont Vers les Lueurs paru en 2012 et certifié disque d'or l'année suivante [3]. Par ailleurs, le « Grand prix Scène » 2013 de Académie Charles Cros sera décerné à Dominique A pour la tournée à laquelle a participé Thomas Poli[4].
Entre 2008 et 2010, Le parcours de Thomas Poli croise entre autres celui de Psykick Lyrikah, Robert Le Magnifique, Olivier Mellano, Mobiil, Laetitia Sheriff, alors que Montgomery publie un second album, Stromboli (2008), très bien accueilli par la critique comme en témoigne le magazine Les Inrockuptibles[5]. C'est à l'occasion du mixage de ce dernier au studio Black Box à Noyant-la-Gravoyère, où Thomas Poli retournera fréquemment, qu'il fait la connaissance de Peter Deimel aux côtés duquel il perfectionne ses techniques.
2010 est aussi l'année où il crée son propre label, Impersonal Freedom (le nom est issu d'une note de pochette d'un album d'Ornette Coleman), avec pour première publication une édition vinyle d'un enregistrement live de Laetitia Sheriff. La relation des deux artistes dépasse la musique puisqu'il se marient en 2011. Ils poursuivent depuis leurs collaborations très régulièrement lors de tournées et sur les disques de la musicienne.
Cette même année, Thomas Poli rejoint le groupe NestorIsBianca [6] mené par Lionel Laquerrière, qui ouvre les concerts du Spring Tour de Yann Tiersen.
En matière d’interprétation comme pour le traitement du son, Thomas Poli développe une identité qui vise à conjuguer les codes issues de la musique pop avec ceux de genres plus expérimentaux et considérés comme savants. En 2014, il explique à la revue Vacarme[2] : « J’ai toujours essayé d’amener une dimension concrète dans la musique que je fais (autant pour un groupe de rock que pour des choses très douces, des mélodies chantées). Ça m’obsédait un peu à l’époque du premier album de Montgomery, l’idée d’avoir des sons qui percent sans qu’on sache d’où ils viennent, d’avoir des éléments discrets, des blocs de matière sonore, qui sortent des enceintes. »
En outre, Impersonal Freedom lui permet de rendre public ses productions solo, essentiellement instrumentales, dont les schémas s'écartent de la musique pop et sont marquées de l'utilisation de synthétiseurs et de matériels analogiques. Plusieurs enregistrements publiés à faibles tirages sur cassette ou vinyle rendent aussi compte de l'importance accordé à l'objet (That Explosé, par exemple, en 2021).
Son premier album solo, Candor Chasma, réalisé au moyen de synthétiseurs modulaires Verbos et d'un magnétophone Revox B77, sort en 2018. Il résulte d'un cheminement démarré depuis longtemps avec d'autres musiciens, la plus visible à ce jour étant ESB (initialement nommé Elektronische Staubband), groupe formé avec Yann Tiersen et Lionel Laquerrière, qui a donné lieu à plusieurs concerts et enregistrements [7].
Candor Chasma marque aussi une étape à partir de laquelle Thomas Poli dépasse plus régulièrement le strict champ musical en liant sa démarche à d'autres disciplines artistiques. En l’occurrence pour ce disque, avec le travail plastique porté sur l'art optique et cinétique du rennais Flavien Théry[8].
Cette ouverture extra musicale se traduit entre autres en 2021 par des créations pour la danse (The Melt[N 1], Olimpia[N 2]).
Parallèlement, il enregistre et produit, notamment dans son studio installé depuis 2019 à Ballon Farm à Rennes, les albums de nombreux groupes d'esthétiques et de notoriétés variées (Mnemotechnic, Ex-Fulgur, Chapi Chapo, Totorro…) et pour certains d'entre eux, collabore aux arrangements (Ropoporose, Stuffed Foxes…), et l'interprétation (Florian Mona, Mesparrow, Daniel Paboeuf, Bumpkin Island…). Comme compositeur et instrumentiste, son succès le plus important en termes de ventes repose sur sa participation à l'album Chansons Ordinaires[9] de Miossec, certifié disque d'or, et qui selon Les Inrockuptibles, « replace Miossec sur la carte rock » [10].
Un nouvel album solo sort en mars 2022 (This Flow) alors qu'un second est annoncé pour la fin de l'année (Le Rayon Extraordinaire), conçu pour accompagner l'exposition du même nom, de Flavien Théry et Fred Murie[N 3]. Pour autant, de nombreuses autres collaborations voient le jour et continuent de nourrir son parcours prolifique.
Discographie
2005 : Compilation; L'Album de Noël (album collectif, Phantomatik)