Theo Vennemann, né le à Oberhausen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne), est un linguiste allemand plus connu pour ses travaux sur la linguistique historique, en particulier ses théories controversées d'un substratvascon et un superstratAtlantique des langues européennes.
Biographie
Theo Vennemann obtient son baccalauréat au lycée Hoffmann-von-Fallersleben-Schule de Brunswick. En 1957, il entreprend des études de mathématiques, physique et philosophie à l'Université de Göttingen.
En 1959, il rejoint l'Université de Marbourg, où il obtient en 1964 son diplôme d'État en mathématiques, en allemand et en philosophie.
Depuis 1996, Theo Vennemann est également membre du conseil municipal de Ried.
Théories sur la préhistoire des langues européennes
Les affirmations controversées de Theo Vennemann sur la préhistoire des langues européennes sont les suivantes :
une langue ancestrale de la famille du basque (la famille vasconique) constitue le substrat des langues européennes, notamment les langues germaniques, celtiques et italiques. Il affirme que cela pourrait être attesté par divers mots d'emprunt, des toponymes et des caractéristiques structurelles comme le word-initial accent ;
de nombreux toponymes qui sont traditionnellement considérés comme indo-européens en raison de leurs mots de tête indo-européens sont plutôt des noms qui ont été adaptés aux langues indo-européennes grâce à l'ajout d'un suffixe ;
la mutation consonantique germanique (loi de Grimm) est datée du VIe et le IIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le fait que certains mots présumés d'origine punique y ont participé.
Réceptions critiques
L'ouvrage de Theo Vennemann Europa Vasconica - Europa Semitica a été examiné dans la revue Lingua par les linguistes Philip Baldi et B. Richard Page, qui ont fait des rejets motivés d'un certain nombre de ses propositions. Néanmoins, ils ont conclu en disant :
« Nous espérons que cet examen a indiqué clairement que, même si nous sommes en désaccord avec une partie de ce que Vennemann a proposé, nous applaudissons ses efforts pour réévaluer le rôle et l'importance du contact des langues dans le développement des langues indo-européennes en Europe. Nous restons impatients d'en apprendre davantage sur cette approche fascinante de la préhistoire des langues et de la culture européenne. »
Vennemann a suggéré que la langue des hydronymes paléo-européens était agglutinante et pré-indo-européenne[2] ; cependant, cela s'oppose à l'idée plus couramment acceptée selon laquelle les hydronymes sont d'origine indo-européenne, et la théorie de Theo Vennemann a été qualifiée de « gravement défectueuse »[3]. Peter Kitson critique en particulier les limites de l'explication laryngaliste de Vennemann[3]. Ainsi, parmi les racines reconstruites par Vennemann, *iz- « eau » ne paraît pas pouvoir être identifiée à une racine originellement basque[4], et *drava-, *kara-, *pala- ou *vara- ne sont pas des racines proto-basques possibles (puisqu'en basque archaïque il n'y a pas de mots en dr- ou p-, v-, et k- est extrêmement restreint). En revanche, les nombreux hydronymes du type Isara ont été analysés avec pertinence par des spécialistes de l'indo-européen qui rejettent implicitement l'existence d'une racine *iz dans Isara. En effet, Isara à l'origine des hydronymes Yser, Isar, Isère, Oise, etc. signifierait « l'impétueuse, la rapide », car ce terme évoque immédiatement l'indo-européen *isərós [ish-rós] « impétueux, vif, vigoureux » que postulent les termes sanskritisiráh, même sens, grec hieros « sacré », etc. et repose sur une racine indo-européenne *eis(ə)-[5] et non pas paléo-européenne *iz. De même, l'idée d'une racine paléo-européenne *vara recouvre en fait la racine indo-européenne uōr- (base ur-) > *uār- « eau » postulée par le sanskrit var, vari « eau », le louvitewar-, le vieux noroisvari, etc. Cette racine a probablement existé en celtique comme en témoignent l'ethnonyme Trévires (Trēueri) et le vieil irlandais treóir « passage ou lieu de passage d'un cours d'eau », d'un celtique *trē-uori-[6].
Le linguiste bascophone Txomin Peillen a, sur la base du basque, contesté les racines basques utilisées, dénonçant de nombreux mésusages de ces racines. En particulier pour les hydronymes. D'une part les basques ne divinisèrent pas le nom des rivières et fleuves, mais ne leur donnèrent que des noms communs. D'autre part la racine *iz est impropre car ne désigne que des eaux statiques ou des liquides corporels, c'est une autre racine en *ur qui a servi à désigner les eaux courantes[7].
Œuvres
Quelques ouvrage de Theo Vennemann :
(de + en) Theo Vennemann et Patrizia Noel Aziz Hanna, Europa Vasconica, Europa Semitica., Berlin, New York, De Gruyter Mouton - Walter de Gruyter, coll. « Trends in Linguistics: Studies & Monographs », , 977 p. (ISBN3-11-017054-X et 9783110170542)
↑(de + en) Theo Vennemann et Patrizia Noel Aziz Hanna, Europa Vasconica, Europa Semitica., Berlin, New York, De Gruyter Mouton - Walter de Gruyter, , 977 p. (ISBN3-11-017054-X et 9783110170542)
↑ a et b(en) P.R. Kitson, « British and European River Names », Transactions of the Philological Society, vol. 94, no 2, , p. 73–118 (DOI10.1111/j.1467-968X.1996.tb01178.x)
↑(es) Carlos Jordán Cólera, « De la raíz *IZ- “agua” en vasco » [« De la racine *iz- « eau » en basque »], Fontes linguae vasconum, Pamplona, Institución Príncipe de Viana, vol. 78, , p. 267-279 (ISSN0046-435X, lire en ligne).
↑Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Éditions Errance, 2003, p. 191.
(en) Philip Baldi et B. Richard Page, « Review " Europa Vasconica-Europa Semitica" Theo Vennemann, Gen. Nierfeld », Lingua, no 116, , p. 2183–2220 (lire en ligne)
François-Pierre Schneider, « Les modes de communication à la préhistoire (Quelle a été la langue de l'homme de Cro-Magnon) », La Marche de l'Histoire, no 4, , p. 32-34 (ISSN2259-8243)