Tchank est fondée le à Paris[1]. Cette revue, qui émane d'une « Association des jeunes écrivains » formée en , se veut le porte-parole des jeunes écrivains de la diaspora arménienne de France, comme en témoigne son sous-titre, « Revue littéraire des jeunes » et son objectif d'être leur « lieu de rendez-vous »[1]. Tchank est animée par les poètes et écrivains Kégham Atmadjian et Missak Manouchian[1].
« Quand nous sommes arrivées en France début 1930, nous avons trouvé mon frère Séma et son camarade Missak Manouchian dans une chambre sombre et humide du Quartier latin, au bout de la rue des Fossés-Saint-Jacques, au numéro 2. La vision de cette pièce était terrifiante. Ça ressemblait à tout sauf à une chambre normale. Des liasses de papier et des piles d'articles, des outils d'imprimeur, des caractères dans des caisses, des pages et des clichés rangés dans des cartons… Un primus dans un coin, à côté de l'évier sous lequel étaient alignées des bouteilles pleines de lait. Lorsque ma mère, inquiète de voir cet état, a demandé s'ils ne se nourrissaient que de lait, Missak a répondu dans un bon sourire : « Petite maman, il n'y a rien de meilleur au monde que le lait… le plomb est un poison, le lait son antidote. Nuit et jour, nous avons affaire à ces caractères d'imprimerie ; si on ne boit pas de lait, on meurt… ». Kégham, tout joyeux, nous a apporté les premiers numéros de Tchank, et nous nous demandions s'il fallait nous en réjouir ou pleurer…[n 1],[8],[9]. »
La ligne éditoriale de Tchank se réclame de gauche mais ses auteurs restent critiques vis-à-vis de la « littérature prolétarienne » que l'on retrouve alors en Arménie soviétique[1].
La revue cesse de paraître en au douzième numéro pour des raisons financières rencontrées par les deux hommes[10] mais aussi un conflit rédactionnel entre eux[11].
Dans son roman consacré à Missak Manouchian, Didier Daeninckx évoque Tchank à la fin du chapitre 13[13]. Le narrateur décrit la revue comme suit :
« Tchank, ça veut dire « l'effort ». […] Elle a vu le jour en juillet 1930, […] avant de s'arrêter à l'été suivant. Elle se présente comme l'organe de l'Association des jeunes écrivains qui se résume en fait à trois membres, Manouchian, son ami Séma ainsi que la sœur de ce dernier, Marie Atmadjian. Moins de 25 ans de moyenne d'âge. On y discute des vertus comparées du surréalisme, du futurisme, de la tentation romanesque. Manouchian s'essaie à la traduction de poèmes de Baudelaire, livre les siens… […] Séma quant à lui tente de définir ce qui différencie Tchank des autres expériences littéraires, il réfléchit à la langue de l'exil, au caractère cosmopolite de l'écriture. »
« 1930ի սկիզբը երբ ֆրանսա եկանք, Փարիզի Քառթիէ Լաթէնի Ֆօսէ Սէն-Ժաք փողոցին ծայրը, թիւ 2 տան մէջ, հին, մութ ու խոնաւ տան մը վերնայարկին մէջ գտանք եղբայրս՝ Սեման եւ իր ընկերը Միսաք Մանուշեանը: Ահաւո՛ր էր այդ սենեակին պարզած տեսարանը: Ամէն ինչ էր ան բացի կանոնաւոր սենեակ մը ըլլալէ: Թուղթի փաթթոցներ ու թէզեր, տպագրական առարկաներ, տառեր՝ ստուկներու մէջ, խաւաքարտի մէջ զետեղուած՝ շարուած էջեր, քլիշէներ…: Անկիւն մը փրիմիւս. ծորակին տակ շարուած քանի մը շիշեր կաթով լեցուն: Երբ մայրս յուզուած այս սրտաճմլիկ տեսարանէն հարցուց թէ իբր սնունդ կա՞թ կը խմեն միայն: Միսաք քաղցր ժպիտով մը ըսաւ.— «Մայրի՛կ, կաթէն աղէկ ինչ կայ աշխարհի վրայ… Կապարը թոյն է, կաթը՝ հակաթոյն. գիշեր ցորեկ այս տառերուն հետ ենք. եթէ կաթ չխմենք, կը մեռնինք» Գեղամ ուրախութեամբ բերաւ մեզի ցոյց տալու «Ջանք»ի առաջին թիւերը: Իսկ մենք՝ չէինք գիտեր՝ լա՞նք թէ ուրախանանք… »
(hy) Marie Atmadjian, « Միսաք Մանուշեան : Մարմնացում մեր սերունդի խռովքին » [« Missak Manouchian : L'incarnation de l'inquiétude de notre génération »], Loussaghbiour, no 6, , p. 197-201 (lire en ligne [PDF])